Chapitre 30: Une fausse coïncidence

Je ne saurais expliquer ce qu'il s'est passé dans ma tête à ce moment-là. Lui avouer qui j'étais était la pire chose que j'avais pu faire. Pourtant, il ne le prit pas mal. Il m'avait souri. Ce qui m'étonna énormément.
- Alors, tu n'as même pas la vingtaine...

Je secouai la tête pour lui dire non.

- Et... Yuan?
- C'est mon deuxième prénom, lui expliquai-je de suite.

Il hocha la tête.

Puis rien. Il n'avait rien fait!
- Pourquoi vous ne criez pas!? Pourquoi vous n'avertissez personne de ma présence dans ce train? le demandai-je perturbé.
- À quoi bon? Tu me parais plus innocent que coupable.

Je ris à sa réflexion.

- J'ai tué des gens! En quoi cela fait de moi un innocent? essayai-je de comprendre.
- J'avoue. Mais ces gens t'ont tué avant! Non? Je ne sais pas pourquoi, je n'arrive pas à te voir comme un monstre en te voyant.
- Pourtant, c'est ce que je suis.
- Petit... Tu ferais mieux de te couvrir. Si quelqu'un te voit, tu seras dans la galère.

Je le fixai un instant avant d'enfoncer ma tête dans la casquette que j'avais "acheté". Il se leva de sa place et revint peu de temps après. Il avait une petite urgence.

- Tu es fou gamin! me cria Dāku.
- Pas maintenant, lui répondis-je simplement. Je ne me sens pas bien.
- Moi non plus!!! Je ne suis pas bien andouille! Je te fais des compliments deux secondes et tu te permets de me faire ça?
- Désolé, je n'ai pas réfléchi.
- Bah la prochaine fois, fais le avant d'agir bêtement...
- Ce ne serait pas arrivé si tu ne me laissais pas dans l'ignorance!!!
- Ah... Parce que tu penses que je te cache quelque chose?

Son intonation avait changé. Ce qui ne me disait rien de bon.

- Oui! Tu me caches quelque chose Dāku! Et je trouverais quoi!

Il y eut un instant d'hésitation. Finalement il répondit avec une voix remplie de malice.

- Tu me laisses sans voix. Tu es plus malin que je ne le pensais. Bon, je ne dirais plus rien. Et le moment où tu t'attendras le moins, je resurgirai!
- T'es sérieux là!?

Il ne répondit plus. J'étais vraiment en colère contre lui. Et c'est à ce moment-là que je compris qu'il n'avait jamais été de mon côté, ni celui de la société... Il était du sien.

Quentin me dévisagea. J'arquai un sourcil me demandant quelle était la cause de ce regard insistant. Il secoua la tête et replongea dans sa lecture. La curiosité prit le dessus.
- Euh... Je pourrais savoir pourquoi vous m'avez regardé comme ça?
- Pour rien, pour rien.

Alors que je voulais me retourner vers la vitre, j'aperçus ce sourire malveillant qui me montrait que j'étais dans une mauvaise posture.
- Quentin?
Son sourire s'effaça et il se tourna vers moi
- Oui?
- Non rien.

Je devais m'en aller! J'étais en danger!

- Dāku aide moi!!!

Aucune réponse! Ce bouffon m'avait vraiment abandonné. Malgré toute l'aide que je lui avais fournie, il m'avait salement délaissé. Je me levai de ma place et me dirigeai autre part, je devais être loin de lui, mais il me saisit le bras.
- Où vas-tu?
- Aux... Toilettes.
- Traine pas alors!

Je me libérai de son emprise en restant bloqué sur son avertissement. Il était vraiment étrange cet homme. Mais c'est surtout son rire qui me perturbait. Ce rire sadique...

Je m'enfermais dans les toilettes en essayant de reprendre mes esprits. Un sentiment de peur m'avait envahi depuis que Dāku m'avait tourné le dos. Et j'avais pleinement conscience de sa puissance qui surpassait de loin celle du sorcier. Je ne valais déjà rien face à Sahotori Aka, alors je n'osais même pas imaginer face au démon.

Ce petit détour à Bruxelles semblait m'avoir fait oublier dans quel pétrin je me situais. Me reposer était vraiment une perte de temps. Je devais absolument comprendre ce qui se tramait depuis quelques années, et quel était le rapport que j'entretenais avec le véritable projet de C-H. En même temps, cela ne pouvait être que son oeuvre étant donné que Falcovy était soumis à lui.

Le train s'arrêta brusquement. Je ne compris pas de suite puisque je savais qu'il restait encore trente minutes de trajet. Je décidai de retournai à ma place lorsque j'aperçus l'armée autour du train à travers les vitres. Je lâchai un juron avant de me précipiter vers l'une des portes. Je forçai l'ouverture de celle ci et sautai sur les rails. Mais un bruit retint mon intention: celui d'un train se déplaçant à une très grande vitesse. Je me retournai et vis un TGV fonçant à tout allure sur moi.

- Je ne peux pas... JE NE PEUX PAS L'ÉVITER DĀKU!!! AIDE-MOI!!!

Il restait à peine quelques centimètres avant de me prendre la train en pleine face. Mais il ne réagit pas. Je ne voulais pas finir comme ça! Je ne voulais pas...

Un choc me propulsa sur le côté. Je sentis des bras s'accrocher à la taille et une tête contre mon torse. Nous roulâmes sur l'herbe sèche. Je me retrouvai sur le dos, et la personne avait retiré son étreinte avant d'atterrir au sol. Je retenais mes larmes qui voulaient couler depuis un certain temps. Ma peur ne faisait que s'accentuer. Mon coeur allait lâcher. Je tremblais comme une feuille. Je venais de frôler la mort.
- Skyser!!

Tiens! Un nom que je n'avais plus entendu depuis un moment. Même cette voix féminine. Elle m'était familière.

- Respire! Respire bon sang!! s'écria la voix.

Des cheveux noirs firent leur apparition. Je luttais pour voir à qui ils appartenaient. Un visage matte éraflé surgit avec un sourire bien étiré.

- Tu m'as fait peur idiot!!!
-... Inès? Qu'est-ce que tu fais ici?
- Je t'aide voyons!
- Quoi?

Un homme avança vers nous avec une arme à feu.
- Stendrix Kyle Yuan, vous êtes en état d'arrestation. Rendez-vous et rien ne vous arrivera!
- Sten-quoi? Bref, le démon on se lève! On doit partir et avertir les autres de ta présence.
- Quel "autre" ?
- Charlene, Jimmy, Willy, Anna, et Jams quoi. Tout le groupe!
- Ah oui, c'est logique. Mais pourquoi...
- Tu crois vraiment que c'est le bon moment imbécile!? Je te rappelle qu'il y a une arme pointée sur toi!
- Ah oui, c'est vrai, rétorquai-je en posant mon regard sur l'homme.

Je me dressai devant lui et levai les mains.
- Je vous suis.
- Sage décision.
- Quoi!? T'es sérieux!? Je vais te défoncer là! s'écria Inès sur les nerfs. Tu ne sais même pas ce que j'ai dû enduré pour arriver ici.
- Je me posais la question en plus. Mais ne t'inquiète pas Inès. J'ai confiance en vous. Je reviendrais.
- Skyser...
- Je fais justement cela pour votre bien! Réfléchis-y et tu comprendras. Avertis juste les autres du fait que je sois en vie.
- Silence! s'écria l'homme en me menottant.
- Rends moi juste service, continuai-je en l'ignorant. Trouve Stendrix Jonathan et dis lui que la petite ne doit jamais savoir que j'ai existé. À bientôt.

Elle resta sans voix. En même temps, je venais de ruiner son travail. Une fois rentré dans la voiture, j'esquissai un sourire. Mon enquête allait enfin commencer. Et je savais que d'autres personnes me soutenaient derrière.

Alors que je tenais à mémoriser le chemin, un gaz toxique s'éleva. J'essayais de ne pas respirer, mais je savais que je ne tiendrais pas longtemps.
- Ce serait trop facile sinon! déclara le conducteur en enfilant un masque à gaz.

Mes yeux me piquaient. Je souffrais du manque d'oxygène. Je finis par m'évanouir sans avoir eu le temps de réagir.

Comprendre... C'est tout ce que je souhaitais. Je ne vais plus m'apitoyer sur mon sort en me demandant pourquoi moi... Je vais directement chercher à savoir quel est le but de leur manigance, quitte à souffrir énormément. Après tout, c'est en connaissant son ennemi qu'on peut le combattre.

Combien de jours se sont écoulés? Aucune idée. Mais je sais qu'une longue période s'était écoulée. Je faisais des allers-retours entre les douches, et la cellule. On me "nourrissait" (si on peut appelée ça de la nourriture). Mais on ne me parlait pas. J'étais seul dans cet endroit avec les gardiens qui me gardaient par dizaine.

Je pouvais agir contre eux, cependant, je ne faisais rien. Je devais comprendre d'abord avant de me mettre à l'action. Je devais avoir des informations nécessaires avant de me battre.

Ce jour-là, on m'emmena dans une autre pièce. On me ligota contre une chaise dans cette pièce toute sombre et on m'enferma. Je ne me plaignis même pas. Ce qui avait le don d'agacer ceux qui me gardaient.

Un écran s'alluma et éclaira un tout petit peu la pièce. Je plissai les yeux avant de m'habituer à cette lumière qui était intense. Un homme au visage masqué surgit dans l'écran. Il était vêtu d'une blouse blanche. Un badge était accroché au niveau de son torse. On pouvait y lire "C-H"
- Bien le bonjour! commença-t-il. Tu as bien grandi! Je suis heureux de voir que tu te portes bien.

J'haussai un sourcil, bien que je pensais qu'il ne me voyait pas.

- Ce silence cache beaucoup de question. Je vais t'y répondre, juste pour pimenter la chose...
- Pimenter?
- Oui! C'est bien ce que j'ai dit. Si tu veux tout savoir, mes plans n'échouent jamais.

Je laissai échapper un rire nerveux.
- Oui, tout est calculé..., renchéris-je.
- Exactement gamin! Tout. Absolument tout et dans les moindres détails. Mais tu vois, je m'ennuie. J'aimerais qu'il y ait un peu plus de péripéties dans cette histoire.

Mon coeur se resserra. Je voulais le dégommer ce vantard! Mais ma conscience me criait patience. Ce qui me calmait peu à peu.

- Alors pour commencer, le projet Eg-code-y avait pour but de me créer des sous-fifres assez puissant pour une histoire qui ne te concerne pas. Mais directement, un livre est venu interférer dans mes plans. Cela ne m'a pas tant gêner puisque tu es là devant moi. Mais bon, toutes les rencontres que tu as faites jusqu'ici n'étaient pas une coïncidence, et je dis bien toutes!
- Comment ça?
- À toi de voir tiens! Ce serait trop beau si je te disais vraiment tout. En tout cas, certaines personnes ont une partie de la réponse. Demande leur! Je te laisse cinq jours pour y arriver, et pas plus. À bientôt!

L'écran s'éteignit et une fente lumineuse apparue et s'épaissit de plus en plus avant d'engloutir toute la pièce dans la lumière.

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