Épilogue - Alors, nous nous retrouverons

SIX MOIS PLUS TARD

Maison des Kawakami, Greenland (1er étage de la Tour)

17 juillet 3202

Matsuba ouvrit brusquement les yeux.

Brusquement... car aujourd'hui était un grand jour. Aujourd'hui signait celui des retours et d'un changement dans ce quotidien barbant et rasoir qu'était devenu le sien depuis quelques temps.

En quelques mots simples : Matsuba Kawakami s'ennuyait à mourir, au point d'en déprimer parfois. Voilà pourquoi ce jour avait de quoi le remettre de bonne humeur.

Bondissant hors de son lit avec l'énergie d'une sauterelle, le jeune homme se rua sous la douche, où il se savonna en deux temps trois mouvements. Dix minutes plus tard, il traversait le salon de sa maison - où sa grand-mère lisait paisiblement le journal du jour - les cheveux encore mouillés et des vêtements propres fraîchement enfilés.

« J'y vais ! » Lança-t-il en ouvrant la porte.

« Tu bouffes rien, crevette ? Il y a des toasts, du bacon et autre sur la table, si tu veux. »

Matsuba ouvrit la bouche pour refuser... et se ravisa en entendant son estomac crier famine, embarquant à la va vite un scone et un œuf dur qu'il commença à dévorer à peine eut-il fermé la porte derrière lui.

« Quelle chaleur... »

En cette matinée d'été, le soleil brillait de toute sa hauteur dans le ciel, condamnant Windy Hollow à une insupportable canicule. C'était comme ça tous les jours depuis deux semaines.

« Il va falloir songer à renommer cet étage Yellowland en été... » Songea le jeune homme en contemplant l'état du gazon. « Quoique... j'ai entendu dire qu'il continuait de pleuvoir sur Karenbourg. »

Son petit déjeuné avalé, Matsuba s'empressa de filer vers sa destination.

Il passa par la place centrale du village, où des dizaines d'ouvriers transportaient des planches de bois, installaient des banderoles et décoraient les lampadaires de guirlandes multicolores.

« Fais gaffe ! » Cria l'un d'eux lorsqu'il le frôla dans sa course.

« Désolé ! »

En passant, le jeune homme jeta un coup d'œil nostalgique à la mairie.

« Ça va faire six mois... »

« Mettez ça là ! Oui voi... non, un tout petit peu plus à gauche ! Oui ! Voilà, c'est ça ! Parfait, c'est euh... c'est euh... bref, j'ai oublié. Eh Kawakami, tu veux pas venir te rendre utile, garçon ? »

Tournant la tête en direction de la voix, Matsuba reconnut immédiatement le maire. Il lui fit un signe de main de loin, mais continua sa route, car il n'avait pas le temps de s'arrêter.

« Pas le temps, je suis à la bourre ! »

« Mmpf ! Toujours les bonnes excuses pour tirer au flanc ! Il va être temps que tu te reprennes et que tu euh... que tu... euh... »

Mais Matsuba l'ignora et poursuivit son trajet.

Cinq minutes de course effrénée plus tard, il arriva enfin là où il voulait aller : la gare Queen's Spire se dressait fièrement devant lui. Entrant dans le grand bâtiment à la hâte, il s'aperçût que le train qu'il attendait était déjà arrivé.

« Merde, j'suis en retard...! »

Se faufilant à travers la foule qui descendait du véhicule, il chercha désespérément quelqu'un des yeux. Une main se posa alors sur son épaule, le faisant sursauter.

« Vous ne chercheriez pas quelqu'un, à tout hasard ? » Fit une voix familière.

Lentement, Matsuba se retourna. Face à lui se dressait un jeune homme de son âge plus grand que lui. Des bagues ornaient ses doigts et il arborait un anneau à son oreille gauche. Ses cheveux bruns, désormais long, étaient attachés derrière sa tête. Quant à ses yeux gris clairs, ils le dévisageaient avec suspicion.

Interdit, Matsuba le contempla pendant une bonne minute, les yeux écarquillés, sa bouche se tordant en des formes bizarres.

Puis...

« T'as... grossi un peu, non ? » Demanda-t-il d'un ton éberlué.

Matthew haussa un sourcil dubitatif.

« Et toi, t'as rapetissé, non ? » Répliqua-t-il en croisant les bras contre sa poitrine, les sourcils froncés.

Tout deux se dévisagèrent froidement pendant quelques secondes.

Puis...

...il éclatèrent de rire comme deux idiots, avant de ses prendre dans les bras.

« Oh l'enflure...! » Ne put retenir Matsuba, hilare, en l'étreignant avec force. « Je fais toujours un mètre soixante-huit ! »

« Non ! C'est pas vrai ? » Répondit Matthew en le lâchant, d'un tel ton sarcastique qu'il les fit de nouveau rire tous les deux. « T'as toujours pas atteint le mètre soixante dix ?! En quoi... deux ans...? »

« Oh... la ferme ! » Lâcha Matsuba, même si son visage rayonnait de bonheur.

Heureux de retrouver son ami, il le déchargea de l'une de ses valises et ils quittèrent la gare, retrouvant l'éclairage brûlant du soleil. Plusieurs minutes de trajet durant, Matsuba ne put alors s'empêcher de dévisager ses cheveux longs.

« Je ne suis pas certain d'aimer. » Dit-il finalement en les désignant. « Ça te donne l'air d'un vieux. »

Son camarade ricana.

« Tu peux pas comprendre, c'est le style. Je prépare un bouquin depuis un an, et j'ai dû faire des soirées de la haute, comme ils disent. »

Matsuba plissa les yeux.

« C'est le genre de trucs où on mesure la taille du balais qu'on a dans le...? »

« Oui, c'est tout fait ça ! » S'exclama Matthew, les larmes aux yeux. « Tu les verrais, avec leurs smokings ! Et on joue au Scrabble ! »

« Comme à la maison de retraite ! L'angoisse ! C'est donc ça la vie d'étudiant en lettres ? Ne me dis pas que tu fumes en plus, maintenant ?! »

Matthew posa les mains sur ses hanches, l'air faussement indigné.

« Qu'est ce que c'est que ces clichés, Matsuba Kawakami ? Tous les étudiants en littérature fument, selon toi ? Alors je pars deux pauvres années et tu sombres dans les préjugés ? »

« Bon, c'est vrai, pardon. » S'excusa l'autre, penaud.

Matthew haussa les épaules.

« Bon, je fume, c'est vrai. Mais ça ne veut pas dire que c'est le cas de tout le monde. »

« Oh l'enfoiré ! Il ment en plus ! Et ta santé ?! »

Un nouveau rire partagé vint les obliger à s'arrêter quelques secondes, le temps de reprendre leur sérieux. Heureux, Matthew posa une main pleine de gratitude sur l'épaule de son ami.

« Tu m'avais manqué, Matsu. »

Celui-ci lui rendit son sourire.

« Toi aussi. »

***

Un peu plus tard...

« Tu sais vers quelle heure est censée arriver Shizuka ? » Demanda Matthew en observant la ville avec nostalgie.

« En fin d'après-midi, normalement. » Soupira Matsuba, l'œil vague.

Son ami lui adressa un regard étonné.

« Tu n'es pas content qu'elle revienne te voir ? »

Matsuba secoua tristement la tête.

« Si bien sûr. C'est simplement que... »

Ses iris écarlates se posèrent sur les ouvriers qui œuvraient sur la place centrale, sous les cris d'exigence du maire.

« ...que j'ai l'impression d'attendre une star du rock, alors que j'aimerais juste revoir une amie. » Acheva-t-il, dubitatif.

Matthew éclata de rire.

« C'est sa nouvelle célébrité qui te chiffonne ? On ne peut nier que depuis sa fondation, l'équipe Gyakushū a entamé une série de records impressionnants. »

« Oui, c'est clair... »

En voyant son air abattu, l'étudiant en lettre lui frictionna le dos.

« Alors tu souhaites toujours t'inscrire...? » Demanda-t-il.

Matsuba ne répondit pas tout de suite, observant l'horizon avec mélancolie. Cela faisait maintenant presque sept ans qu'il rêvait de partir à la recherche du Sky Keep. Pourtant, il n'avait fait quasiment aucun progrès. Sans capacité, le gouffre de compétences qui le séparait de la lycanthrope n'avait fait que s'accentuer.

« Désolé, je gâche un peu l'ambiance. Je suis heureux pour Shizu mais je... je n'arrive pas à éliminer cette sensation de mal-être que je ressens depuis plusieurs mois. » Avoua-t-il finalement.

« T'as peur qu'on ait plus d'importance à ses yeux ? Tu sais pourtant bien que c'est pas le cas... »

« Non, je le sais bien... »

Matthew lui donna un discret coup de coude.

« En plus, elle a toujours eu un faible pour toi. Sans doute le côté grandiloquent. »

Cela chassa la tristesse du jeune homme, au profit de l'étonnement.

« Qu'est ce que tu veux dire par là ? »

« Qu'il n'y a qu'avec toi qu'elle se montre attentionnée, fufu. » Fit son camarade, un étrange demi-sourire aux lèvres.

Matsuba lui adressa un regard éberlué.

« Tu... tu penses vraiment que... »

Matthew hocha la tête et lui tendit son pouce, sûr de lui.

« ...que c'est une manière de me montrer qu'elle me considère comme son plus grand rival ? »

Son ami écarquilla les yeux.

« Hein ? »

« Je ne connais pas vraiment les traditions du 8e... c'est peut-être une façon de marquer la compétition entre nous ? »

« Euh... p-peut-être... » Marmonna Matthew, abasourdi. « Je ne sais pas... »

« T'es le seul à qui elle écrit, et pourtant t'es sans doute le dernier à pas l'avoir remarqué, Matsu... »

« Faudra que je lui pose la question. »

« S-Sans doute... »

Désespéré, l'étudiant en lettre observa son ami continuer sa route, fier de son hypothèse, avant de se pincer l'arrête du nez.

« J'avais oublié à quel point il pouvait être à côté de la plaque, quand il s'y met sérieusement. » Soupira-t-il.

« Tu viens ? » Lança Matsuba, au loin.

« J'arrive ! » Répondit Matthew en le suivant, dépité.

***

« Tu préfère la rose ou la bleue...? » Demanda Linda en effectuant un tour sur elle-même.

« Mmm... je pense que je préfère la bleue. Ça va mieux avec tes yeux. » Répondit Liam, une main sur le menton.

« Oh... tu trouves ? »

Quelques mètres plus loin, Riley et Connor échangèrent un coup d'œil exaspéré.

« Je savais qu'on tiendrait la chandelle. » Murmura le second, écœuré.

« Pareil... » Maugréa l'autre.

« Yo. Vous faîtes quoi, les nazes ? » Fit une voix blasée dans leur dos.

Intrigués, les deux camarades se retournèrent.

« Qui c'est que tu traites de naze, le débile ? » Grommela Connor en reconnaissant Matsuba.

« Tiens, salut Matt. » Fit Riley en voyant qui l'accompagnait. « Ça se passe, les études à Black Meadow ? »

Le concerné haussa les épaules.

« Plutôt oui. Et de votre côté ? »

Connor haussa les épaules.

« On fait avec. »

« Ils sont drôlement rapides. » Constata Matsuba en jetant un œil aux ouvriers. « La scène n'était pas là quand je suis passé tout à l'heure. »

« C'est pour quoi faire, la scène ? » Demanda son ami, intrigué.

« Y aura de la musique, apparement. » Fit Liam au loin.

Matsuba soupira.

« On a l'impression qu'on reçoit sa majesté le Roi en personne, avec tout ça. »

« On en est pas loin, tocard. » Grogna Connor en levant les yeux au ciel. « Que ça te plaise ou non, Shizuka a déjà commencé à marquer le monde de l'ascension... plus que tu ne le feras jamais de toute ta vie. »

« Commence pas à faire le lourd... » Rétorqua Matthew en soupirant. « J'aimerais que tout le monde soit sympa, aujourd'hui. »

« Shizu est une véritable reine-née... » Fit Riley, admirative. « Elle a fondé la plus jeune équipe à rafler dix Fragments Célestes depuis Gleam, elle a un membre des J.E.W.E.L.S comme vice-capitaine, et elle a fini première de son édition de l'examen d'entrée. J'ai grandi avec une star ! La classe ! »

Exaspéré, Matsuba mima un gonflement de la tête de ses mains, arrachant un sourire à Matthew.

« ALERTE ! » S'écria soudainement une voix, les faisant sursauter. « Monsieur le maire ! Alerte ! Alerte ! »

Les étudiants se tournèrent pour voir arriver un homme à bout de souffle sur la place centrale. Wordomith vint aussitôt à sa rencontre.

« Qu'est ce qu'il se passe ? » Demanda le maire, inquiet.

« Un haggis, monsieur ! Un énorme haggis sauvage fonce sur la ville depuis la forêt de Bushy ! »

Le maire se crispa, tendu.

« Merde... pour l'instant, tâchez de barricader la porte ouest ! Nous allons tenter de... euh... de... »

Alors qu'il se perdait dans ses propos, les ouvriers s'arrêtèrent pour venir donner un coup de main, bien décidés à défendre la cité de cet assaut inattendu.

De son côté, Matsuba eut soudain un éclair de génie.

« C'est l'occasion rêvée ! » S'exclama-t-il en se tournant vers Matthew, faisant sursauter les autres étudiants.

« Quoi...? » Fit son ami, ne comprenant pas où il voulait en venir.

« Si je m'occupe de ce haggis, peut-être qu'on reconnaîtra enfin ma valeur ! Je dois essayer, Matt ! »

Connor, Liam, Riley et Linda s'entre-regardèrent, puis explosèrent de rire.

« Il y croit vraiment, c'est ça le pire ! » S'esclaffa Liam.

« Au secours... j'ai mal au ventre ! » Pleura Linda.

Inquiet, Matthew éloigna son ami des autres pour le prendre à part.

« Matsu... tu... tu es sûr que...? » Demanda-t-il.

« Sûr et certain. » L'interrompit son ami, ignorant la réaction de ses camarades. « Je dois avoir une pelle chez moi, attends moi à la sortie ouest. »

Et sûr de lui, il fit volte face et partit en courant. Peiné, l'étudiant en lettre l'observa s'éloigner avec un mauvais pressentiment.

Les haggis sauvages étaient les monstres les plus dangereux de Greenland.

Si son ami échouait...

...il ne restait plus qu'à espérer que quelqu'un viendrait le sauver.


Et ce quelqu'un venait justement d'apparaître, accompagné de deux autres personnes, dans la forêt de Bushy.

***

Desveropolis, Oneirokhora (58e étage de la Tour)

Au cœur de la cité des rêves - sous la pluie diluvienne et au centre de toutes les lumières nocturnes - s'élevait L'œil de Dodone, un gratte-ciel à la longueur et à la finesse irréelles. Cette bâtisse n'avait ni queue, ni tête, se tortillant sur elle-même comme un chewing-gum que l'on aurait étiré. 

Ceux qui s'étaient déjà perdus dans la contemplation de sa monstrueuse structure avaient d'ailleurs remarqué qu'elle bougeait, oscillait de temps à autre, comme bercée par un vent inexistant.

Ceux-là même si se demandaient quelle main, quel œil immortel pouvait avoir façonnée son effroyable symétrie.

Au plus haut de cette tour, une chambre surplombait Desveropolis. Les murs y étaient sombres et tachetés, comme le vide de l'univers. Les meubles n'y étaient pas droits - chacun de leur pied ayant une longueur différente - et beaucoup semblaient même avoir fondu. Les portes et les fenêtres y étaient biscornues. Du sol au plafond - qui culminait à bien trois ou quatre mètres - virevoltaient lucioles, cartes de jeu, cadres tourmentées aux contours erratiques, poulets fraîchement rôtis à la béchamel et canards jaunes en plastique.

Shhhhhhhhh...

Au centre de la pièce se dressait une table aux pieds fins comme des allumettes, recouverte d'un drap noir, sur laquelle reposait une vieille télé noir et blanc affichant de la neige visuelle.

Une femme était assise face à elle. Son corps était drapé dans un châle d'un bleu nébuleux, et son visage était camouflé sous un chapeau de sorcière trois fois plus gros qu'elle, qui retombait moelleusement autour de sa tête.

« La fin du rêve approche... et ses instigateurs avec elle. Qui sont ceux qui auront assez pour payer leur passage ? » Murmura-t-elle, les yeux dans le vague.

Un haggis sauvage déchaîné apparut alors à l'écran, face à face avec un jeune homme aux yeux écarlates armé d'une unique pelle. Le regard de la femme se posa sur la télévision. D'autres images défilèrent, montrant d'autres personnes : un jeune homme aux cheveux bleus, une elfe aux cheveux roses, une femme en robe rouge portant un masque à bec, un homme en costume vert émeraude arborant un masque de carnaval...

« Les candidats se succèdent. » Nota la pythie en caressant l'écran d'une main gantée de soie.

« En effet. » Fit une voix métallique. « L'un d'eux attire-t-il particulièrement votre attention ? »

Dans son dos se tenait un automate d'or, dépourvu d'yeux et affublé d'une toge mauve, dont la tête était surplombée par une couronne de lauriers flottante.

La sorcière bleue hocha négativement la tête avant de répondre :

« Dans ce spectacle à l'issue incertaine, tous sont des acteurs dont la danse peut faire trembler les fils de la toile du destin. » 

Elle jeta alors un furtif regard à l'œil ailé gravé sur la porte, qui semblait contempler le monde avec omniscience.

« Reste à savoir si l'araignée qui a tissée cette toile les laissera faire... et si oui jusqu'à quel point. » 

Un certain silence inquiétant emplit soudainement la pièce.

« Je vois... » Dit finalement l'automate en penchant la tête.

La pythie se retourna vers l'écran.

« Ceci dit, une rencontre va bientôt jouer un rôle déterminant pour cette fantasmagorie dans laquelle nous baignons tous. »

Elle se leva alors, passant devant l'automate qui la dévisageait sans comprendre, et se dirigea doucement vers la sortie, son châle brumeux laissant comme une trainée de poudre étincelante dans son sillage.

« Elle pourra nous permettre de nous élancer dans les mêmes cieux que ceux que nous avons toujours observé voler avec envie... »

La sorcière bleue atteignit la porte tordue et l'entrouvrit.

« ...ou nous faire sombrer dans le même abysse que ceux qui s'y sont essayé sans succès. »

Et elle quitta la pièce, laissant l'automate en pleine réflexion.

***

Marendeim, Sylva (21e étage de la Tour)

Arrivé en périphérie de la ville - près du grand mur - l'elfe noir ne tarda pas à repérer l'établissement qu'on lui avait indiqué.

Ouvrant la porte avec fracas, comme à son habitude, il s'avança rapidement vers le bar.

« Salut, boss. » Lança-t-il en svartalfin, la langue locale, à celui situé derrière. « Il parait que t'as un client pour moi. Je suis tout ouïe. »

Le barman lui adressa un haussement de sourcil, tout en saisissant un verre pour l'astiquer.

« Elle est dans la pièce du fond. »

« Ça marche. File-moi deux shots et une bouteille de mezcal. »

L'autre elfe noir lui tendit sa demande en grognant, avant de retourner à ses activités. Satisfait, le premier s'empara de son dû et se dirigea vers la salle qu'on lui avait indiqué.

Il toqua à la porte, mais n'obtint pas de réponse. Intrigué, il choisit de pénétrer quand même dans la pièce.

Celle-ci était plongée dans la pénombre, et ne disposait que d'une table et de deux chaises. On aurait presque dit une cellule. Une silhouette portant un chapeau se dressait de l'autre côté, dos à lui, observant par la fenêtre.

« Vous parlez le kazéen ? » Demanda-t-elle sans se retourner.

Une voix féminine et mature. L'elfe haussa un sourcil surpris.

« Peu beaucoup... mais je essayer du mieux que je pouvoir. » Lança-t-il avec un fort accent.

Son kazéen n'était pas parfait, loin de là. Mais si c'était ce que souhaitait sa cliente, alors il le ferait.

« Navré pour retard. » Poursuivit-il en s'asseyant.

« Vous connaissez les vieilles ruines du Kuatlu moacla ? » Enchaîna son interlocutrice, ignorant son excuse.

L'elfe haussa les épaules.

« Est-ce là que nous se rendre ? » Demanda-t-il, intrigué, en servant le mezcal dans les verres.

« Exactement, fufu. »

La femme se retourna vers lui, interrompant son geste. La première chose que vit l'elfe fut l'éclat mauve de ses yeux à la pupille fendue, brillant dans la pénombre juste en dessous de son chapeau.

Alors qu'il ouvrait une bouche stupéfaite, elle l'interrompit en se saisissant de l'un des verres et en le vidant d'un trait.

« Voyez-vous, il se trouve que je suis archéologue. » Dit-elle avec un grand sourire. « Et j'ai grand besoin d'un larbin pour porter mes valises. »

Sky Keep ARC 1 - Épilogue : FIN

Sky Keep ARC 1 - FIN

À suivre...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top