Chapitre 8 - L'Alba's Express, partie 2

À bord de l'Alba's Express, Tierraroja (5e étage de la Tour)

Matin du 20 juillet 3202

« A-Arrêtez-la ! »

« Tirez ! Faîtes feu ! »

« Mais abattez-la, bon sang ! » 

Il pleuvait un déluge de feu et de métal à l'intérieur du wagon. Coincés à l'extrémité, près de la porte, un groupe de cinq pacificateurs tentait désespérément d'abattre leur assaillante à l'aide de leurs carabines. Mais celle-ci était loin de se laisser intimider.

Se faufilant avec grâce, Kaya parvenait à éviter toutes les balles - qui la frôlaient sans jamais la toucher. Cela n'avait pourtant rien d'un quelconque miracle.

« J'entends vos tirs... je sais où vous visez. » 

La capacité innée de Kaya Novaja, <Jackalope - Oreille absolue> permettait deux améliorations de son audition.

Pour commencer, <Amplification sonore> démultipliait sa porté d'écoute et sa capacité à entendre des sons de faible intensité. Kaya pouvait donc entendre d'infimes murmures à plus de trois cent mètres.

Ensuite, <Perception tridimensionnelle> faisait en sorte que lorsqu'une onde sonore parvenait aux longues oreilles de la femme-lièvre, celle-ci était capable de déterminer avec une précision chirurgicale la direction et la distance d'où elle avait été émise.

Ces deux versants combinés, la leporienne était apte à anticiper le tir d'une balle via le mouvements des mains des paladins - grâce au frottement de leurs gants - et à déceler sa trajectoire via le sifflement dégagé par sa propulsion. La vitesse moyenne d'un projectile expulsé par une carabine Estherwinch - dont étaient équipés les paladins tierrarojiens - étant d'environ trois-cent-cinquante mètres par seconde, à vingt mètres de distance cela ne laissait à Kaya qu'une demi-seconde pour réagir à chaque fois.

Or, cet exploit était possible non pas grâce à un miracle, mais grâce à une concentration intense et à des réflexes extrêmes acquis par l'effort, mêlés à un talent naturel pour les pas de danse et les déplacements anticipatifs.

« Un de plus ! » Dit la leporienne en envoyant un uppercut sous le menton de l'un des soldats blancs, qui s'effondra aussitôt.

Se baissant pour éviter deux nouveaux tirs, la semi-humaine fit un pas en avant et fit tomber deux nouveaux adversaires au sol à l'aide d'un simple coup sur la nuque.

« J-Je te tiens ! » Beugla désespérément le dernier paladin en dirigeant le canon de son fusil sur sa tempe.

Mais à cet instant, un bras couvert d'un étrange gantelet tacheté - terminé par de longues griffes - surgit d'au dessus de lui pour le saisir par le col de son armure. Le soulevant avec aisance, le bras le fit basculer en arrière et le plaqua violemment au sol.

« Je... je rêve ?! » Hallucina le soldat en sentant tout l'air de ses poumons être expulsé de force. « Il est passé à travers le plafond du train ! »

Mais il ne put en voir d'avantage. Natherod l'expédia au pays des songes d'un simple coup de talon en pleine figure.

Sa compère et lui échangèrent un rapide coup d'œil, et ils s'approchèrent de la porte menant à la rame suivante. Kaya apposa sa main dessus et se concentra quelques secondes.

« Vu les respirations que j'entend, ils sont cinq. » Dit-elle, les yeux fermés, ses oreilles de lièvre bougeant pour capter les sons. « Deux postés au fond et trois quelque mètres derrière la porte. »

Tous deux hochèrent alors la tête en même temps, avant d'entrer en action.

***

Au moment où la porte sembla exploser, les pacificateurs sursautèrent.

« A-Abattez tout ce qui rentrera ! » Lança courageusement le décurion - membre le plus haut gradé de la bande.

Mais ils se rendirent alors compte que, loin d'être partie en fumée, la porte avait simplement été sortie de ses gongs par une force surprenante, celle de la personne qui s'en servait à présent comme bouclier pour remonter le wagon à toute vitesse.

« Bon sang ! Tirez ! Abattez-la ! »

« Merde ! »

Les tirs fusèrent, mais les balles ne parvinrent pas à traverser la paroi, laissant l'assaillante parvenir jusqu'aux premiers pacificateurs et neutraliser les trois membres de l'avant-garde. Le décurion esquissa un mouvement de recul effrayé.

« I-Impossible ! Une simple porte en bois ne peut pas arrêter une pluie de ba...! »

Mais avant qu'il n'ait pu finir sa phrase, un véritable déluge s'abattit sur lui et l'autre soldat blanc encore indemne : sortie de nulle part, une ombre venait de remonter toute la rame en nageant en spiral dans les murs, le plafond et le sol. L'instant d'après, la silhouette l'un latranien émergeait dans le dos des deux pacificateurs pour les endormir d'un coup à l'arrière du crâne.

Les deux corps s'effondrèrent en même temps avec un bruit sourd, ramenant brusquement le silence au sein du wagon, uniquement rythmé par le bruit des roues du train sur les rails.

« Bien, l'arrière du train est maîtrisé. » Affirma Natherod, satisfait, en finissant de sortir du sol.

Le semi-humain épousseta ses vêtements puis leva les mains, les gantelets tachetés bleu-verts qui recouvraient ses avant-bras s'évanouissant aussitôt.

La capacité de Natherod, <Les bracelets du Mishibizhiw>, lui donnait les caractéristiques d'un monstre typique du 5e étage, appelé panthère d'eau. En outre, les gantelets qu'il faisait apparaître lui offraient la faculté de se faufiler à travers n'importe quelle surface comme si il s'agissait d'un liquide, après l'avoir touché.

« J'espère que Shay s'en sort à l'avant... » Fit Kaya, inquiète.

« On ne vas pas tarder à le rejoindre, ne t'en fais pas. »  Affirma son camarade. « Pour l'instant, passons au wagon suivant. C'est bien là que se trouvent les prisonniers ? »

La leporienne se concentra quelques instants, avant de hocher positivement la tête.

« Oui, il y en a quatorze ici, surveillés par six pacificateurs. Les autres sont plus loins. »

Natherod fit craquer sa nuque.

« Allez... au boulot ! »

***

Pendant ce temps...

« Le pont s'est effondré ! » Constata Carl en tordant le coup pour regarder à travers la vitre.

« Non, on l'a fait s'effondrer. » Conclut aussitôt le shérif, qui affichait un calme olympien. « Tu as entendu l'explosion ? La rame arrière était la loge des pacificateurs, et vu la position du train il est à parier qu'elle se trouvait sur le pont au moment où celui-ci s'est écroulé. On pourrait imputer une cause accidentelle, mais ce wagon était notre principale source de défense, même si c'était une info normalement tenue secrète. Une coïncidence ? Je ne crois pas. Conclusion... »

Truster dégaina les deux fusils à canon sciés qui pendaient jusqu'alors à sa ceinture.

« C'est un hold-up. » Dit-il férocement, prêt à en découdre.

« Merde... vous pensez que des complices des bandits étaient à bord du train ? » S'exclama son adjoint, les dents serrés.

« C'est ce que nous allons véri... »

Mais à cet instant, ils écarquillèrent les yeux : des coups de feu retentirent, provenant du wagon juste à l'avant de celui dans lequel ils se trouvaient.

« Je crois que nous avons notre réponse. » Gronda le shérif en ouvrant la porte du compartiment.

« Je passe par les toits ! » Lança aussitôt Carl en passant ses bras à travers la fenêtre. « Comme ça, je pourrais surprendre les adversaires. »

« Entendu. Je n'ai pas l'agilité pour te suivre, mais je ferai office de diversion. Carl, nous nous devons d'être efficaces : la sécurité des passagers de ce train en dépend ! »

« Entendu, chef ! »

***

Carl parvint à se redresser malgré la puissance du vent provoqué par la vitesse de l'engin. Debout sur le toit du train, il fit quelques pas hésitants, luttant contre les bourrasques qui le poussaient à tomber.

« Bon sang... je dois me dépêcher, avant qu'il n'y ait des victimes ! »

Avançant d'un pas déterminé, les avant-bras en avant pour protéger son visage, l'adjoint parvint à l'extrémité de sa rame et sauta sur celle d'après. N'osant pas se pencher pour regarder à travers la vitre, de peur d'alerter un assaillant, il préféra se rendre jusqu'à l'autre extrémité du wagon pour descendre entre celui-ci et celui d'après.

Atterrissant avec souplesse, il commença par bloquer la porte de la rame contiguë, puis sortit son revolver, posant son oreille sur la porte menant au wagon où ils avaient entendus les coups de feu. Il ne perçut cependant que des voix.

« Allez Carl... concentre-toi. Tu n'as pas droit à l'erreur. » Se convainquit-il en fermant les yeux une seconde.

Poussant alors brusquement la porte, il chercha instantanément l'individu menaçant. Il le repéra aussitôt quelques mètres plus loin, dos à lui, un six-coup à la main. Avant même d'avoir eut le temps de réfléchir, l'adjoint du shérif agit de manière cortico-sous-cortical et tira dans sa direction. Grâce à son entraînement et à son sang froid, il avait effectué toute cette action en moins de deux virgule vingt six secondes.

Mais le bandit avait semblé sursauter dès que la porte était rentré en mouvement. Comme pris d'instinct, il se jeta sur le côté, évitant un tir mortel. La balle percuta néanmoins son avant-bras, lui arrachant un cri de douleur, et il se réfugia aussitôt dans un compartiment ouvert, son chapeau tombant dans son sillage.

Les cris affolés des quelque passagers présents dans les autres compartiment retentirent dans la rame.

« Merde ! » Songea Carl, les dents serrées.

« Je suis l'adjoint du shérif de Las Alba ! » Cria-t-il en se cachant à son tour. « Au nom du président des états fédérés de Tierraoja, et de la justice d'état, je vous somme de vous rendre immédiatement ! »

Il n'obtint aucune réponse.

« Zut... » Grogna-t-il intérieurement. « J'aurais espéré une négociation pacifique, mais c'était visiblement trop naïf de ma part. »

« Je l'ai senti passer, celle là... » Grogna alors la voix masculine du bandit.

Incrédule, Carl observa la situation dans le couloir à l'aide d'un petit miroir de poche et n'en crut pas ses yeux : l'homme était sorti de sa cachette ! Il se dressait à présent tranquillement dans l'allée centrale, attendant que l'adjoint se montre.

L'homme... ou plutôt le semi-humain. Même si un foulard lui masquait toujours le visage, Carl pouvait l'affirmer.

« Un condorien... » Constata-t-il en observant les plumes qui ornaient le crâne du bandit avant que celui-ci ne remette en place son chapeau. « Surement un membre des Despérados... c'est bien notre veine. »

Soufflant un grand coup, le jeune homme se décida à agir.

« Il ne sait pas où je me suis réfugié... »

Se saisissant d'une pièce dans sa poche, il la jeta alors dans le compartiment opposé afin de détourner l'attention de son adversaire. Se redressant alors brusquement, il se jeta dans l'allée centrale, revolver levé, prêt à tirer.

Mais ce qu'il vit le stupéfia.

Le condorien esquissait un sourire amusé : il n'avait pas le moins du monde détourné les yeux de sa position et attendait patiemment, son arme braquée sur lui.

« Comme si il savait déjà où j'étais et quand j'allais sortir ! »

BLAM !

« Argh ! » Gémit Carl en sentant une balle lui perforer l'épaule.

Lâchant son pistolet, il s'effondra au sol, comprimant sa blessure pour limiter l'hémorragie.

« Bon sang...! Comment a-t-il su ?! »

« Vous ne manquez pas de courage, monsieur l'adjoint. » S'amusa le semi-humain en venant ramasser son arme. « Mais parfois, ça ne suffit pas. »

« Je vous ai... touché... au bras...! » Geignit Carl, les dents serrées. « Comment pouvez-vous... encore tenir votre arme ?! »

« Oh, ça ? »

Le bandit défit sa manche, dévoilant un bleu sur son poignet. L'adjoint écarquilla les yeux, stupéfaits.

« Mais comment...? » Articula-t-il faiblement.

Et soudain, il corrompit.

« Un stigmate... »

« Bingo. » Répondit l'assaillant. « Mon aura n'est pas encore assez puissante pour refouler complètement une balle... mais elle me permet d'éviter de me faire trouer comme un gruyère. »

« Merde... » S'agita intérieurement Carl, crispé. « C'est sans doute l'un des ascensionnistes dont on parlait tout à l'heure. On avait aucune chance. »

Il braqua un regard inquiet vers la porte du fond.

« Et le chef qui n'arrive toujours pas... peut-être que ce condorien a des complices ? Bon sang, j'espère qu'il n'a pas eut de problèmes ! »

« Bon, je vais te faire dormir un p... » Commença le bandit.

Mais soudain, la porte d'un compartiment claqua avec fracas. Le semi-humain se retourna brusquement, car quelqu'un venait d'émerger dans le couloir quelques mètres derrière lui : une cow boy à la chemise et au regard mauve.

« C'est fini, ce bordel ?! » Aboya-t-elle, visiblement énervé.

Derrière elle, un jeune homme en poncho rouge essayait vainement de la retenir par le bras.

« J-Je crois qu'on ferait mieux d'attendre dans le compartiment... » Tenta-t-il doucement.

Mais l'autre l'ignora.

« Allez faire votre spectacle ailleurs ! J'essaye de pioncer ! » Continua-t-elle en pointant le condorien du doigt.

Celui-ci était stupéfait, tout comme l'adjoint. Par un formidable hasard, humain et semi-humain furent saisis de la même pensée au même moment :

« C'est qui, cette cinglée ?! »

Le bandit fronça les sourcils.

« Eh, toi ! » Lança-t-il à la femme. « Rentre bien sagement dans ton compartiment, avant que je m'énerve ! »

« Huuh ?! » Fit la concernée, son visage affichant une mine écœurée. « Redis-moi ça, pour voir ? »

Le condorien pointa son revolver dans sa direction.

« Ne jouez pas à ça ! » Lança désespérément l'adjoint, craignant que tout ça ne dégénère. « Je m'en occupe, ne vous...! »

« Tu t'occupes de rien du tout, monsieur l'adjoint. » L'interrompit l'assaillant, irrité. « C'est moi qui vais m'occuper de son cas à elle. On dirait que madame a des envies de mourir jeune... Approche, si tu tiens tant que ça à te faire tirer dessus ! »

« Non ! » S'écria Carl. « Ne...! »

Mais la cow-boy ignora son cri et se plaça au milieu du couloir, faisant face au bandit sans trembler une seule seconde.

« Je serais curieuse de voir ça... » S'amusa-t-elle.

***

Truster allait mettre la main sur la poignée de la porte, prêt à passer dans la rame suivante pour intercepter le ou les bandits, lorsqu'il fut pris d'un instinct.

Aussitôt, il leva ses deux fusils à canon sciés et tira.

BLAM !

La première balle atterrit sur le visage d'un bandit ayant brusquement surgit de nulle part sous ses pieds, et la seconde percuta le ventre d'une bandit venant de briser la fenêtre pour l'attaquer.

Les deux assaillants furent repoussés par la violence de l'impact et roulèrent dans le couloir central avant de se stabiliser.

« Carl... on dirait que tu n'es pas le seul à avoir pensé à passer par les toits. » Songea impitoyablement le shérif en observant les débris de verre brisés

Il releva alors vivement la tête, percevant un mouvement dans son champ de vision, et n'en revint pas : les deux bandits se relevaient comme si de rien était !

« Je les ai pourtant touché...! » 

Stupéfait, Scott constata alors qu'effectivement, aucune trace de sang n'avait taché les murs. En observant de plus près, il vit que la joue de l'un des attaquants - qu'il était sensé avoir pulvérisé à l'aide d'une balle de gros calibre -  était rouge et enflée, mais indemne.

« Des détenteurs de pouvoirs... » Murmura le shérif, pensif. « Dois-je en conclure que j'ai affaire à l'équipe qui se fait appeler West's Spirit ? »

Les deux opposant sursautèrent en concert, et Truster vit malgré leurs foulards qu'ils étaient surpris.

« Je suppose que vous êtes ici pour libérer les prisonniers que ce convoi transporte en secret... » Continua-t-il. « Sans doute l'avez vous déjà fait pour ceux qui se trouvaient au fond. Pour ce qui est des autres, je suis prêt à négocier leur libération, si vous cesser cette attaque ici et maintenant et que vous laissez les passagers tranquilles. »

« Vous n'êtes pas en position d'exiger quoique ce soit. » Lui rétorqua l'un des semi-humains, l'homme.

Scott soupira.

« Ils sont trop tendus... j'ai la sensation que les négociations ne mèneront à rien. »

« Je... » Commença-t-il.

Mais c'est alors qu'une secousse fit de nouveau trembler tout le train. Sur le coup, les trois opposants écarquillèrent simultanément les yeux, mais les bandits furent les premiers à se ressaisir : profitant du fait que Truster ait été distrait, Natherod plongea dans le sol.

Lorsque le shérif tourna de nouveau la tête vers ses cibles, le latranien émergea sur sol juste sous lui et lui asséna un direct du droit qui l'envoya au pays des songes.

« Bien joué. » Approuva Kaya en le rejoignant. « Mais qu'est ce que c'était que...? »

« Allons-voir si Shay n'a rien ! » L'interrompit son camarade, inquiet.

Ils se précipitèrent alors en direction du wagon suivant.

***

Shayton observa la cow-boy inconnue avec froideur.

« Qu'est ce qui lui prend, à celle là ? Elle est suicidaire ? »

« J'ignore ce que vous avez en tête, mais je vous déconseille de tenter quoique ce soit. » Lui lança-t-il sans ménagement. « Et vous l'adjoint, si jamais vous essayez de m'avoir pendant que j'ai le dos tourné, et croyez-moi je le sentirai, j'abattrai cette inconsciente d'une balle dans la tête ! »

La concerné laissa échapper un petit rire.

« Sans blague ? » Argua-t-elle, sarcastique.

Les traits du condorien se crispèrent.

« Tu l'auras cherché... » Marmonna-t-il.

Il activa <Impasse des duellistes>.

Raijū observa avec une curiosité modérée la petite étoile lumineuse qui était apparue sur sa poitrine. Elle leva alors un sourcil dubitatif.

« Une aura... » Constata-t-elle en observant celui qui la menaçait.

« Comme tu peux le voir, j'ai une capacité innée. Alors je te conseille de... eh ? »

« Eh ? »

« Eh ? »

Shayton, Matsuba et Carl venait de faire le même son de stupéfaction simultanément.

BRAOUM !

Un énorme fracas retentit alors que toutes les vitres du wagon exposaient en même temps.

Incrédule, Carl tourna lentement la tête, refusant presque de croire ce qu'il venait de se produire. Sur sa gauche, l'inconnue avait violemment écrasé la tête du bandit en arrière sur le sol, détruisant le bois du plancher qui avait volé en éclat. Protégé par son aura, Shayton n'était pas mort, mais il avait instantanément sombré dans l'inconscience.

L'adjoint ouvrit la bouche, mais aucun mot ne voulut en sortir. Quelques mètres plus loin, le jeune homme en poncho rouge était tout aussi incrédule.

« Q-Qu...! »

« Pffff... quel blaireau. » Grommela la cow boy en se frottant les mains. « Et je me suis retenue, en plus. La plupart des gens se pensent immunisés dès qu'ils ont réussi à lancer leur capacité. »

« E-En une semi-seconde... »

Comment la femme s'était déplacé restait un mystère pour Carl. Il lui avait semblé qu'elle s'était tout simplement téléporté sur son adversaire.

« Elle... elle aussi, se serait une grimpeuse ? A-Avec une capacité de déplacement instantané ? »

Mais en réalité, il était complètement à côté de la plaque. Raijū n'avait usé d'aucune capacité que ce soit, simplement de son aura et de sa vitesse. L'adjoint n'avait tout bonnement pas été en mesure de suivre son mouvement.

« Génial ! Cet abruti avait un stock de Leyposa ! »

Revenant à la réalité, Carl s'apparut que la vainqueur valait fouillé le condorien, dénichant un petit flacon d'onguent caractéristique qu'il reconnut aussitôt.

« Euh... » Commença-t-il intimidé.

Ce n'est pas à vous : avait-il voulu dire. Mais lorsqu'il avait croisé le regard de l'individu, aucun son ne franchit ses lèvres.

« N-Non... rien. » Dit-il en baissant les yeux.

C'est alors que quelque chose d'improbable se produisit : un autre bandit sortit brusquement du sol comme un dauphin émergeant de l'océan, s'empara du corps inconscient du condorien et disparut aussitôt à nouveau dans les entrailles du train.

« Il s'enfuit ! » S'écria alors Carl, sortant de sa torpeur.

Mais l'autre se contenta de lui jeter un regard indécis.

« Et alors ? » Fit-elle, imperturbable. « Ce n'est pas mon problème. »

L'adjoint ne trouva rien à répliquer à cela.

***

Une heure plus tard

Il était midi et le train était bien arrivé en gare de Las Alba. Tous les passagers avaient étés évacués et rassemblés pour pouvoir être interrogés, sauf Raijū et Matsuba, qui avaient étés mis à part.

« Je ne saurais vous remercier... » Répéta le shérif en s'inclinant pour la troisième fois. « Grâce à vous, les bandits ont pris la fuite sans faire de victimes parmi les passagers. »

« Je vous ait dit que ce n'était qu'un concours de circonstances. » Lui répliqua la kitsune, toujours grimé en humaine. « Si cet imbécile ne m'avait pas attaqué, je n'aurais rien fait. »

« Qu'importe, ce qui est fait, est fait. Vous avez défendu ce train pendant que j'étais étalé au sol comme un incapable. Un coup dur pour mon insigne... »

« Vous avez fait face à deux adversaires, chef. » Lui rappela Carl à sa droite en posant une main réconfortante sur son épaule.

Un bandage recouvrait son épaule, là où il avait été blessé. Fort heureusement, la balle n'avait fait que traverser un peu de chair sans endommager d'os ou de vaisseaux.

« Bref, il est temps pour nous de vous dire adieu. » Fit la grimpeuse en tirant Matsuba par le col pour s'éloigner d'un pas vif.

Et elle les planta sur place. Après les avoir regardés partir, le shérif Truster perdit soudain son air bienveillant et fronça les sourcils.

« Carl, c'est comment ? » Demanda-t-il, soucieux.

L'adjoint frissonna.

« C'est du lourd. Le genre dragon sauvage. Si elle avait aidé les bandits, on serait morts. »

« Mmmm... » Fit son supérieur, pensif. « Qu'est ce qu'une grimpeuse de son niveau fait ici...? Je n'y connais rien au classement de la Guilde mais... »

« Rang C. » L'interrompit Carl. « Minimum. »

« Elle a dit qu'elle était une ascensionniste chasseuse de primes... y a-t-il actuellement à Tierraroja un clandestin d'un niveau de dangerosité assez élevé pour attirer une telle personne ici ? »

« Je ne sais pas, chef. » Répondit l'adjoint, soucieux. « Mais je vérifierai auprès du siège de la Guilde. »

Sky Keep ARC 2 - Chapitre 8, partie 2 : FIN

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