Chapitre 5 - Assaut dans la vallée, partie 2
Mirriadariba, Tierraroja (5e étage de la Tour)
19 juillet 3202, à l'aube
Des cris...
Des cris partout autour de lui. Nashoba les entendait de partout. La douleur, la peur, la colère, la joie, l'exaltation, l'agonie... il y avait tout dans ces cris. Ils le rendaient à la fois confus, furieux et désespéré. Ils effaçaient presque les coups de feu et le sifflement des balles.
C'était l'hécatombe dans le camp des Despérados. Malgré la mise en place d'une solide défense à la porte nord du camp, les forces de Calamity Jane étaient entrées et les combats avaient alors commencés.
Mais un problème de taille s'était vite dressé devant les semi-humains.
SCHTANG !
« Q-Qu'est ce que c'est que ça ?! »
La première fois que Nashoba avait tiré sur l'un de ses adversaires, la balle ne l'avait pas atteint. En effet, elle avait ricoché sur la paroi dorée translucide et polyédrique qui entourait ce dernier.
« Une barrière ? » Avait intérieurement grondé le condorien en se mettant à couvert.
Son regard avait alors bifurqué en direction de la colline surplombant le village, où attendaient patiemment le prêtre et les deux-bonne sœurs qui l'accompagnaient, flanqués des deux créatures blanches et dorées à l'aura étincelante.
« Ces monstres... ils les renforcent ! » Comprit-il.
« Sors de là, la bestiole ! » Clama alors le membre de Calamity Jane qu'il avait pris pour cible.
Il approchait en ricanant, ses deux pistolets en mains. Réaffirmant sa prise sur sa carabine, Nashoba bondit hors de sa cachette et asséna un série de tirs sur son adversaire. Pris au dépourvu, celui-ci esquissa un pas de recul... avant de se rendre compte que les assauts ne l'atteignaient pas.
« Il n'a pas l'air habitué... c'est sans doute la première fois qu'il est protégé de la sorte. » Songea le condorien. « C'est peut-être notre seule chance... Bordel, d'où sortent ces monstres ?! Ce sont les impériaux qui les ont amenés ici ? Saleté ! »
Replongeant à l'abri derrière la toile d'un tipi, il sentit la balle de son adversaire lui friser les plumes.
« Je dois trouver un moyen de me débarrasser de lui ! »
Mais c'est alors qu'il tomba avec une scène cauchemardesque.
À quelques mètres de là, juste devant le tipi de la réserve de poudre, deux hommes s'étaient emparés d'un buffalien - il le connaissait bien, c'était Gaagii, le mari de la crotalienne qui l'avait interpellé la veille - et le maintenait fermement par les bras. Le pauvre diable avait beau hurler et se débattre, rien n'y faisait : leur prise était trop forte et son fusil était au sol.
Un troisième mercenaire de Calamity Jane s'approcha alors, brandissant dans sa main un long sabre fin. Avant que Nashoba ait le temps de faire quoique ce soit, l'homme brandit haut son arme au dessus de lui et décapita sèchement le semi-humain, mettant un terme à ses cris et ses pleurs en un instant. La tête roula sur le sol, et les deux autres lâchèrent le corps, qui s'effondra pitoyablement alors que des gerbes de sang s'échappaient en jet du cou sectionné.
Plus rien.
Un immense silence bourdonnait aux oreilles de Nashoba, qui ne parvenait plus à entendre quoique soit de la cacophonie ambiante. C'était commue si tout les bruits du monde s'étaient éteints.
Il avait beau avoir perdu moult camarades, il ne s'y faisait jamais. La déchainement d'émotion était toujours aussi insurmontable.
« Aaaaaah ! »
Le visage déformé par des larmes de rage, le condorien suivit son instinct et tira une rafale sur le tipi. Ce dernier contenait toute la poudre que ses amis et lui étaient parvenus à récupérer en pillant des armureries ou en attaquant des voyageurs. C'était leur précieux butin, ils avaient mis des mois à l'obtenir. C'était parfaitement stupide de le gâcher pour trois pauvres humains, mais Nashoba n'en avait que faire. Ce n'était plus la raison qui décidait, dans sa tête.
Les trois hommes ouvrirent la bouche, stupéfaits. Mais le tipi explosa alors bruyamment, les pulvérisant purement et simplement malgré la barrière, qui ne résista pas à un tel souffle. Voyant le cadavre de Gaagii également être carbonisé, Nashoba ferma les yeux et lui adressa un adieu silencieux, peinant à arrêter ses larmes.
« Puisse l'esprit-mère accueillir ta bravoure, mon ami... »
Un nuage de cendres et de fumée s'éleva dans le ciel alors que des débris enflammés se mettaient à pleuvoir sur le champ de bataille, entraînant l'incendie de plusieurs autres tentes. Évitant les projectiles, le chef des rebelles rejoignit le cratère noire et fumant, où il aperçut ce qui avait probablement déstabilisé le buffalien au point d'entraîner sa mort.
Une trentaine de mètres plus loin, son épouse avait été empalée sur les piques censés protéger cet endroit, la laissant agoniser comme un papillon épinglé sur une toile.
Accablé, Nashoba marcha lentement jusqu'au corps serpentin, avant de tomber à genoux devant lui. La crotalienne ne respirait plus : la vie l'avait quitté, même si son regard - autrefois plein de vivacité et de facétie - était encore ouvert. Elle avait été transpercée par des piques à sept endroits, d'où coulait encore abondamment des filets de sang.
Le chef des rebelles donna un puissant coup de poing sur le sol, ne parvenant pas à contenir l'émotion qui lui était remonté dans la gorge.
Mais un bruit assourdissant et une douleur fulgurante dans le mollet gauche vinrent brusquement le ramener à la réalité des combats.
« T'as enfin arrêté de courir... Pour ce qui est de fuir, vous êtes tous aussi doués les un que les autres. » Fit son poursuivant en s'approchant.
L'homme jeta un œil au cadavre de la crotalienne alors que Nashoba rampait dans la boue pour récupérer son arme.
« Mais vous l'êtes moins pour faire des œuvres d'art. » Ricana-t-il en secouant la tête. « C'est pitoyablement moche. »
Donnant un coup de pied au fusil que le semi-humain tentait d'attraper du bout des doigts, il vint écraser sa botte sur son torse, expulsant tout l'air que contenait ses poumons.
Opprimé de la sorte, Nashoba se sentit étouffer, ne parvenant pas à reprendre son souffle. Il se débattit en saisissant la chaussure à pleines mains, mais rien n'y faisait, il était pris au piège. Un sourire carnassier sur le visage, son assaillant leva lentement le canon de son arme en direction de son visage.
Affligé, le condorien se rendit une nouvelle fois compte qu'il était terrorisé à l'idée de mourir.
Pris d'un brusque instinct de survie, il s'aperçut que son autre jambe - celle qui n'avait pas été blessée - se trouvait à l'intérieure de la barrière entourant l'humain. Ne prenant pas la peine de réfléchir à comment elle y était entrée, il saisit cette occasion et la ramena brutalement vers lui, crochetant les pieds de son adversaire qui s'effondra sur le dos dans une exclamation de stupeur.
Nashoba agit sans tarder et lui bondit dessus de manière à l'écraser de tout son poids, usant du couteau qu'il gardait à la ceinture pour tenter de le poignarder à la gorge. L'homme ne se laissa pas faire et se saisit de la lame dans l'espoir de la repousser. Mais la rage et la position de supériorité actuelle du semi-humain eurent raison de sa résistance. Avec horreur, le mercenaire vit la pointe s'enfoncer dans sa chair. Louchant dessus en laissant échapper un cri silencieux, il cessa de bouger dès que l'arme eut touché sa carotide, tué sur le coup.
Le chef des rebelles ne chercha pas à comprendre comment il était parvenu à le toucher malgré la barrière d'or, et bondit sur ses pieds pour aller ramasser son arme à la hâte. L'esprit embrouillé, il ne lui restait que la peur de perdre ceux qui lui étaient chères.
« Amarok ! » Paniqua-t-il en balayant désespérément le champ de bataille du regard. « Où est Amarok ? »
D'autres tipis avaient pris feu partout dans le camp. Des semi-humains couraient, chassés par des mercenaires, tandis que des échanges de tirs résonnaient comme des coups de tonnerres dans tous les sens, arrachant ici et là quelques hurlements de douleur.
« Je dois la trouver ! » S'inquiéta le condorien, mortifié, en s'élançant à corps perdu dans ce théâtre chaotique.
***
« C'est drôle, de les voir courir comme ça partout. » Commenta Jared, perché sur une branche d'arbre. « C'est comme si on avait soufflé sur une fourmilière. »
« Ne relâchez pas votre vigilance pour autant. » Intervint Marchus, dont le regard impassible parcourait le massacre. « Ces bêtes possèdent une capacité de survie que nous autres, frêles humains, ne possédons pas. »
« Faut viser la tête. » Plaisanta le cow-boy avec un ricanement.
Quelques mètres plus loin, son frère Joe émit son habituellement grognement.
« Au fait. » Lança Jared à l'intention du prêtre. « J'ai demandé à ce qu'on capture les adultes qui voulaient bien se rendre. »
« Parfait. Les autres n'ont aucune valeur, vous pouvez faire le ménage. » Approuva Marchus avec un signe de tête.
Un sourire carnassier vint se dessiner sur le visage du membre de Calamity Jane.
« Vous me filerez bien un petit pourcentage, n'est ce pas ? »
Marchus lui adressa un regard froid, qui fut vite remplacé par un air chaleureux.
« Naturellement. » Dit-il avec bonne humeur.
« Aaah...! » Fit soudainement un cri.
Les trois hommes se tournèrent vers un semi-humain blessé et couvert de suie, qui arrivait en courant, son fusil brandi devant lui. Il tira quelques rafales, qui s'écrasèrent aussitôt contre les boucliers de la Principauté du rempart.
Marchus ne prit même pas la peine de regarder l'assaillant. Celui-ci, désespéré, criait et pleurait tout en vidant inutilement son chargeur sur la paroi translucide, qui accueillait les balles comme des piqûres de moustiques. Lorsqu'il fut à sec, le semi-humain ouvrit son arme pour la recharger, mais au moment où il se saisissait de ses munitions, une hache vint violemment s'encastrer dans son crâne. Un air béant sur le visage, il s'effondra au sol en vomissant un vrai geyser écarlate.
Joe s'avança impitoyablement vers lui, ses pas lourds faisant trembler le sol. Il écrasa alors son pied sur le torse de sa victime, broyant toutes les cotes de son cadavre, et retira l'arme de là où elle s'était logée. L'essuyant rapidement, il regagna sa place comme si de rien n'était.
Perché sur sa branche, Jared adressa un pouce levé à son frère, ainsi que son plus beau sourire.
« Vous voyez ? Faut viser la tête. Joli lancé, ça doit te faire cinquante points. »
Ignorant l'enthousiasme du cow-boy, Marchus leva un regard impitoyable sur le camp en flammes, d'où s'élevait d'intenses panaches de fumées. L'aube approchait : les prémices des deux soleils commençaient à émerger à l'horizon.
« Cette fois, c'est là fin. Ce matin, nous célèbrerons la victoire de l'humanité. »
***
« Amarok ! Amarok ! » Criait désespérément Nashoba, courant entre les tipis à vive allure.
C'était la débandade, de partout. Des gens couraient dans tous les sens en hurlant et en tirant. Un vacarme assourdissant empêchait d'entendre une quelconque réponse.
Le condorien gémit.
Sa blessure à la jambe le lançait malgré le bandage improvisé qu'il avait serré autour. Miraculeusement, la balle n'avait touché ni l'os, ni l'artère, ce qui lui permettait de boiter avec les quelques forces que lui conféraient l'adrénaline. Mais il serait bientôt à bout de force.
Du coin de l'œil, il vit un autre de ses camarades hurler alors que deux hommes se ruaient sur lui. Les deux barrière entrèrent en collision, réduisant en un instant le semi-humain à amas de chair informe qui s'effondra au sol.
Réprimant ses larmes avec difficultés, le chef des rebelles ferma les yeux un instant tout en poursuivant sa route.
« On doit... on doit fuir ! »
Déterminé à sauver un maximum de son peuple, il leva haut la tête.
« À tous les survivants ! Despérados, on lève le camp ! Trouvez une monture et fuyez dans toutes les directions ! »
Son cri se répercuta dans l'hécatombe. Peut-être n'avait-il même pas été entendu. Pourtant, il suffit à attirer l'attention d'un homme sur lui, qui braqua sa carabine dans sa direction. Nashoba se baissa juste à temps, mais la balle qu'il tira en retour ricocha sur la protection dorée de l'individu.
« Cette saleté de triche ! » Ne put-il s'empêcher de penser, désemparé.
Il parvint alors juste devant l'homme, qui se saisit de l'occasion pour le prendre par surprise et lui planter son couteau dans le flanc.
« Argh ! »
Une fois encore, la blessure ne fut que superficielle, mais la douleur fut telle que le chef des rebelles perdit la force de tenir debout et s'effondra aux pieds de celui qui se désignait comme son futur bourreau.
Déterminé à lui ôter la vie, l'homme récupéra son arme et la leva au dessus de lui, prêt à frapper.
« Non...! Pas comme ça...! » Supplia intérieurement Nashoba, à bout de forces. « Il faut... il faut que je sauve ma sœur d'abord ! »
Secoué de sanglots, il ferma les yeux avec tristesse, n'osant pas affronter la mort dans les yeux.
Mais alors que son adversaire allait l'achever, une ombre se faufila discrètement dans son dos et apposa la lame d'une épée courte sur son cou. Aussitôt, le corps de l'humain se raidit, et il s'effondra au sol, paralysé.
Derrière lui, sous le regard stupéfait du condorien, apparurent les cheveux noirs et les yeux rouges du jeune homme qu'il avait ramené au camps hier. Abasourdi, Nashoba le dévisagea sans parvenir à articuler quoique ce soit.
De son côté, Matsuba contemplait son arme avec un mélange de surprise et d'émerveillement.
« Elle fonctionne vraiment ! »
« T-Toi...! » Intervint subitement le semi-humain, le faisant sursauter. « Qu'est ce que... qu'est ce que tu fiches ici ?! »
Matsuba se tourna vers lui, puis lui tendit la main.
« C'est pas évident ? Je viens vous prêter main forte ! »
***
Un peu plus tôt...
Les deux étrangers contemplaient avec stupéfaction la condorienne qui s'était aplatit au sol.
« Je vous en supplie...! » Lança Amarok d'un ton désespéré, son front touchant la terre. « Nous avons besoin de votre aide, à tout prix ! Les miens se font massacrer, là dehors ! »
La mine de Matsuba s'attrista, mais Raijū elle, fronça les sourcils.
« Je vous ai déjà donné ma réponse. » Dit-elle en croisant les bras.
La condorienne conserva sa position.
« Sans vous, notre village est perdu... pitié ! »
Mais la kitsune n'en démordit pas.
« Vous perdez un temps précieux. Si vous voulez aider vos camarades, aller les soigner. »
« J-Je ne peux pas... Il... il y a des ennemis partout dehors ! Je... je n'ai même pas de tente où placer les blessés... et je... de toute façon... je n'aurais jamais le temps de les ramener jusque là... je... »
La semi-humaine sortit alors précipitamment quelque chose de sa poche, et le tendit vers la femme-renarde, toujours agenouillée. Celle-ci écarquilla les yeux.
« Eh ! C'est à moi, ça ! » S'étonna-t-elle en reconnaissant le portefeuille.
« Je vous le rend... avec mes excuses. Mon frère voulait savoir à qui il avait affaire. Mais justement, vous... »
« Tiens donc... ça se permet des petites réunions à l'abri des regards ? » Fit une voix amusée.
Le trio se tourna vers l'entrée, où un membre de Calamity Jane venait d'apparaître, revolver en main. Un sourire sur le visage, il s'approcha d'Amarok qui, bien qu'encore au sol, recula prestement. L'humain pointa son arme sur elle, mais son regard se posa sur Raijū.
« Et ben... tu bouges pas, toi ? La peur t'as fait perdre l'usage de tes jambes ? »
« Je n'ai pas l'intention d'intervenir. » Intervint sèchement la kistune. « Réglez-ça entre vous. »
L'homme pouffa en se tournant vers elle.
« Quelle audace ! » S'exclama-t-il, les yeux pétillants. « J'adore quand vous êtes impertinents. Ça rend d'autant plus savoureux l'éclat de votre regard au moment de mourir. »
« Si tu t'approches, c'est toi qui vas mourir. » Le prévint la grimpeuse, impassible.
« Hoho, savoureux ! De plus en plus savoureux ! Décidément, tu es... »
SPRATCH !
Au moment où l'homme avait fait quelques pas vers elle, le poing de Raijū était brusquement venu le percuter sur le menton. La puissance de l'impact avait complètement arraché la mâchoire inférieure.
Incrédule, l'individu loucha sur le sang qui s'échappait abondamment de son visage, sans parvenir à articuler le moindre mot - sa langue ayant été emportée avec le reste.
« La surdité est un problème incommodant. » Commenta froidement la kitsune. « Je te conseille les appareils auditifs. »
Levant haut la main, elle abattit la tranche de celle-ci sur le crâne de l'homme à une vitesse improbable. Il y eut un bruit de coquille d'œuf brisée, et celui-ci s'effondra lourdement, la voûte crânienne en miettes. Son sang se répandit sur la terre.
« Quel crétin... » Soupira Raijū en s'essuyant la main.
Elle se tourna alors vers Amarok, qui la regardait avec ébahissement, comme si elle avait été frappée par la foudre.
« Rend moi mes affaires. » Lui demanda l'ascensionniste.
La condorienne reprit aussitôt sa position de supplication.
« Vous... vous êtes encore plus impressionnante que je ne l'avais imaginée ! » Lança-t-elle. « Je vous en prie, la force d'une ascensionniste de haut rang telle que vous nous assurerait de survivre ! Nous avons désespérément besoin de vous ! »
Dans la précipitation, le porte feuille qu'elle tendait s'était ouverte. À l'intérieur se trouvait une carte blanche portant le symbole de la Guilde - un œil ailé représentant M - ainsi qu'une immense lettre « B» en bleu foncé.
Voyant cela, Matsuba hoqueta, consterné.
« Le rang B ! »
« Toi aussi, tu es sourde ? » Fit sèchement Raijū en se hâtant de récupérer son bien. « Je t'ai dis que... »
Mais elle s'interrompit soudainement : son regard avait intercepté quelque chose. Sur la poitrine d'Amarok, un petit talisman s'était extirpé de sous ses vêtements du fait de sa position. Intriguée, la kitsune le dévisagea quelques instants.
« C'est une relique terrarojienne ? » Demanda-t-elle en se penchant pour saisir l'objet et le détailler.
« O-Oui... ! » Répondit aussitôt sa propriétaire, surprise.
Raijū sembla réfléchir quelques instants. Puis, un demi-sourire apparut sur ses lèvres.
« Tu sais quoi ? J'ai un marché à te proposer. » Fit-elle.
« Je vous écoute ! » L'implora Amarok, déjà prête à accepter.
« Je ne vous aiderai pas gratuitement... mais vous pouvez toujours m'engager, n'est-ce pas ? »
« V-Vous engager ? »
« Exactement. » Approuva la femme-renarde. « Je vais vous prêter main forte. Et en échange... »
Elle se pencha jusqu'à regarder la condorienne droit dans les yeux.
« ...je veux ce talisman, ainsi que tout ce que toi et ton groupe possédez. »
« Tout... tout ce qu'on possède ? » Répéta Amarok, estomaquée.
« Tu sais faire autre chose que radoter mes fins de phrases ? » Grogna la grimpeuse, l'air renfrogné. « C'est ce que j'ai dit. Tout. Absolument tout. Si je vous débarrasse de ces types là... »
Elle désigna le corps du cow-boy baignant dans son sang.
« ...alors, vous me devrez une dette qui équivaudra à tout ce que vous avez. En d'autres termes, qu'importe ce que je vous demande, vous devrez vous débrouiller pour me le fournir. Est ce que ça te convient ? »
La rebelle sembla hésiter une fraction de seconde, puis elle se pencha à nouveau.
« Très bien, je m'y engage personnellement ! »
***
L'aube pointait cette fois-ci bel et bien le bout de son nez. La lueur orangée des soleils jumeaux commençait à tremper la forêt, s'ajoutant à la lumière des flammes dévorant le camp des semi-humains.
« Ça sera bientôt terminé... » Constata Marchus, satisfait. « On a essuyé quelque pertes, mais en dehors de ça la victoire est totale. »
Il ne restait plus que lui, les anges et les bonne-sœurs sur la colline, Joe et Jared étant descendu prêter main-forte à leurs troupes.
« Quelle belle journée pour une victoire... » Savoura le prêtre en écartant les bras, souriant.
« Je ne te le fais pas dire. » Intervint une voix féminine.
Marchus sursauta. L'espace d'un instant, il avait eu l'impression qu'un frisson remontait le long de son échine.
« Sans doute un courant d'air... » Se rassura-t-il.
Alors que des bruits de pas faisaient frémir l'herbe, Marchus vit une ombre s'approcher sur le sol, grandissant jusqu'à l'engloutir. Levant les yeux, il aperçut la silhouette à qui elle appartenait, et qui lui parut aussi grande qu'une montagne.
« Décidément, la nuit blanche et la lumière matinale me jouent des tours. » Songea le prêtre en secouant la tête.
Ce n'était pas une montagne, mais bien une parjurienne qui se dressait devant lui. Ses cheveux blancs flottant au vent, elle était pourvu d'un pelage tout aussi immaculé, et d'une paire d'oreilles très évocatrice de son appartenance aux canidés.
« Encore une qui vient pour mourir... il y a des tas de gens disposés à cet effet en bas, pourquoi diantre vous fatiguez-vous tous à monter jusqu'ici ? » Soupira-t-il, ennuyé.
« Salut, le curé. Je m'appelle Raijū, et je... »
« Je n'ai que faire de la façon dont on te nomme, immonde bestiole. » L'interrompit sèchement Marchus. « Aucun de vous ne devrait être autorisé à être appelé. Par ailleurs, ta vie s'arrête ici. Principauté...! »
« J'ai une proposition pour toi. » Lança la kitsune, sans se laisser démonter.
Le prêtre leva les yeux au ciel sans lui accorder plus d'attention. Mais au moment où il allait lancer son ordre à l'ange, il croisa le regard mauve de la semi-humaine. De nouveau, il fut parcouru d'un frisson.
« Que...? »
« Si tu te rend maintenant, ça ira vite. » Commença l'intruse. « Dans le cas où tu aurais la stupide idée de me forcer à combattre... »
Elle écarta alors les avant-bras, comme si elle l'invitait à l'acclamer. Ses iris à la pupille fendue n'exprimaient que froideur.
« ...je te ferais connaître le désespoir avant de te laisser mourir. »
Sky Keep ARC2 - Chapitre 5, partie 2 : FIN
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