Chapitre 16 - Désolation, partie 1
Las Alba, Tierraroja (5e étage de la Tour)
21 juillet 3202
Sekhemkarê caressait doucement le chevelure de Néféret en contemplant son visage.
Ses paupières avaient étés fermées, et ses traits étaient paisibles. Allongée sur le sol, ses bras étaient repliés contre sa poitrine. Le lupulellien esquissa un sourire triste en songeant que disposée ainsi, elle ressemblait à la momie de la reine Rekhetrê II, exposée dans le musée d'Al-Zanur à Maahzad. Cela le fit plonger dans de lointain souvenirs.
C'était dans cette ville marchande que lui et sa camarade avaient grandi en tant qu'esclaves de combat.
Leurs victoires dans les arènes étant nombreuses, leur maître leur avait accordé légèrement plus de liberté que leurs congénères. Ils avaient ainsi été autorisés à se balader dans les bas-quartiers, sous la condition de porter un collier électrique se déclenchant en cas d'éloignement trop important, et sous le menace que le sort des autres esclaves serait terrible si ils en profitaient pour s'échapper.
Mais malgré les contraintes, ls deux semi-humains avaient néanmoins pu découvrir pour la toute première fois de leur vie la possibilité de marcher dans les rues, d'arpenter les dédales de poussière et de constructions, de contempler au loin les étendues de sable doré, et d'observer de loin les bateaux entrer et quitter le port. Ne disposant d'aucun argent, ils avaient dû se restreindre à la seule activité gratuite qu'ils avaient pu dénicher : la visite du vieux musée local, où résidait la vieille momie décrépie. Pourtant, même à la cent-vingtième visite, ils ne s'en étaient toujours pas lassés.
Car c'était ces moments qui leur faisaient entrevoir, même à travers la cage de l'esclavage, les embruns du vent de la liberté.
« Il vaudrait peut-être mieux qu'on y aille. » Fit la voix de Shayton dans son dos.
Le sourire de Sekhemkarê se fana alors qu'il revenait à l'instant présent.
Un peu plus loin, le condorien l'observait d'un air compatissant. Le petit singe de la Régulatrice était venu se loger sur son épaule lorsque celle-ci était partie à la poursuite de la vampire, et il patientait désormais sagement en émettant de temps à autres quelques ricanements simiesques.
« Tu prends la situation mieux que je ne l'aurais pensé. » Lâcha l'homme-chacal. « Je m'étais attendu à ce que tu te venges sur moi. Je l'aurais parfaitement compris. »
« Par rapport à Kaya, tu veux dire...? » Murmura Shayton.
Un peu plus tôt, le medjaÿ l'avait informé du destin de sa coéquipière. Alors qu'il fermait les yeux, un air affligé traversa furtivement ses traits. Puis, il poussa un long soupire qui sonna comme une plainte sourde.
« Ta compagne était déjà morte au moment où c'est arrivé. » Souffla-t-il d'une voix faible et lointaine. « Qui plus est, je ressens plus un grand vide que de la colère. On savait ce qu'on risquait en se lançant dans cette lutte. C'était important pour elle... ça l'était et ça l'est pour nous tous. Je dois finir le travail. Je la pleurerai quand ça sera terminé, ou je mourrai à mon tour. »
Le lupulellien l'observa, une étrange émotion gravée sur son visage. Il enfouit alors celui-ci dans sa main, alors qu'un rire étouffé et amer venait secouer ses épaules.
« Haha, moi qui me pensait courageux... quel imbécile j'étais. » Ricana-t-il.
Il se redressa et observa le plafond avec un sourire désespéré.
« Quand je suis arrivé ici, j'étais persuadé que mes démons étaient restés derrière moi, enfouis dans les terres de sable. Mais quand j'ai fait face à ce... monstre, puis quand j'ai perdu Néféret... j'ai eu l'impression que toutes mes convictions, tout mon passé n'avaient plus aucun sens. J'ai redécouvert la peur. La vrai peur. Et j'ai pris la fuite. Quand je vois la façon dont toi tu as réagi, je me sens couvert de honte. Brighella avait raison, en fin de compte : je ne vaux pas grand chose. Hahaha...! C'est pitoyable. »
Il s'approcha du cadavre de sa camarade, extirpant des haillons qui lui servaient de vêtements sa Clé de passage.
« Tu es fort, Shayton Nayoteeka. Plus que moi, malgré notre différence de rang. »
Une nouvelle fois, il secoua la tête avec un sourire triste.
« Et je suis désolé, vraiment désolé. Je m'apprête à faire quelque chose de profondément lâche, égoïste et hypocrite. Mais pour tout t'avouer, je ne me sens plus capable de brandir la moindre arme contre qui que ce soit. Aussi, je pense que je vais... »
« ...rentrer chez toi ? » Compléta calmement Shayton, qui avait suivi ce qu'il voulait dire. « C'est vrai, tu as raison lorsque tu qualifies ça de lâche, égoïste et hypocrite, après le merdier que vous avez foutu ici. »
Le condorien poussa un profond soupire.
« Mais je ne peux pas dire que je ne comprend pas ce que tu ressens. Quand une lame s'est brisée aussi violemment, il n'est pas aisé de s'en servir à nouveau. Aussi, je ne t'empêcherai pas de partir. De toute façon, je pense que ni toi ni moi ne serons d'une quelconque utilité dans les combats au sein de cette ville, au vu des monstres qui s'y sont invités. »
Il repensa à la vampire et au démon dont il avait croisé la route et ne put réprimer un frisson. Qui plus est, quelques minutes plus tôt, une intense aura froide et poisseuse dont il ignorait la nature avait plongé la capitale dans un marécage de terreur.
« Le destin de Las Alba est entre les mains de la Régulatrice et de la renarde, à présent. »
Sekhemkarê n'avait aucune idée de quelle renarde il parlait, mais il hocha néanmoins la tête, parfaitement d'accord. Puis, il se tourna vers l'homme-vautour et le fixa droit dans les yeux.
« Je considère que j'ai une dette envers toi et ton équipe, et je la rembourserai un jour. » Annonça-t-il, sincère. « Mais pour le moment, je vais repartir pour offrir à Néféret des funérailles dignes de ce nom... et pour réfléchir au sens de mon existence, dont je ne suis plus certain. »
Il s'agenouilla aux côtés de sa camarade et posa une main pleine de douceur sur les siennes - aussi froides que la pierre.
« Au revoir, Shayton. » Prononça-t-il en lançant un dernier regard imprégné de regrets au condorien.
Celui-ci hocha la tête, lui offrant un salut avec son chapeau.
« Au revoir, Sekh. »
Et sur ce, Sekhemkarê régla sa Clé de passage, actionna le bouton principal, et disparut en emportant le corps de la corocodylienne avec lui. Sitôt qu'il fut parti, Shayton poussa un long soupire dans lequel se trouvait toute la fatigue de son monde. Le petit macaque sur son épaule émit un ricanement en sautillant.
« Oui, il nous reste encore du pain sur la planche. » Dit-il en caressant l'animal du bout de sa serre encore indemne. « Commençons déjà par aller retrouver la trace de ta maitresse. »
Il fronça les sourcils.
« Et tâchons d'en savoir plus sur cette abominable aura qui s'est installée dans la ville. »
***
À l'autre bout de Las Alba...
« Fascinant. La dernière fois que je suis venu ici, les tribus indigènes construisaient ce genres de sculptures toute en hauteur. »
Une scène pour le moins étrange se déroulait sur la petite place.
Dans un périmètre de dix mètres de rayon, des débris en bois et en pierre étaient figés dans les airs. Suspendus dans le temps de leur action, ils flottaient au dessus du sol telle une rangée d'astéroïdes dans le vide spatial.
Assis en tailleur sur l'un de ces débris, un être étrange - à la peau et aux yeux d'un bleu éclatant - contemplait quelque chose, la tête appuyée sur sa main. Il n'était pas bien grand, mais il se dégageait de lui une aura particulièrement dissonante : les traits de son corps faisaient frémir l'air autour de lui.
Quelques mètres plus loin, Nashoba et Natherod s'étaient figés sur place, comme plongés dans de l'azote liquide.
« Bouger... je ne peux plus bouger... »
« Il faut que je me lève... me lever... pour partir... que je parte loin d'ici ! »
Mais ils étaient incapables d'esquisser un seul mouvement. Tous leurs muscles semblaient s'être liquéfiés. Même leur diaphragme fonctionnait au ralenti, donnant à leur respiration une tonalité sifflante et saccadée.
La présence du monstre les clouait sur place.
« T'en penses quoi le jeunot ? » Lança soudainement celui-ci en baillant sans retenue. « C'est à ton goût ? »
Il ne s'était pas adressé à eux - il leur accordait autant d'importance qu'un tigre en aurait eu envers des moucherons - mais les deux semi-humains sentirent comme des milliers de fourmis leur dévorer les intestins de l'intérieur.
« Bouger... je dois bouger ! »
« Me lever ! Me lever ! Me lever ! »
« Pas de réponse... La politesse se perd. »
Le shahanshah descendit de son perchoir - ignorant toujours les deux semi-humains - et s'avança lentement vers Raijū, toujours prisonnière des ronces du masque de fer.
« Une kitsune à une seule queue. C'est plutôt rare. » Commenta-t-il, curieux, en se plantant devant elle. « Je me demande si ça change le goût de la chaire. »
La grimpeuse lui rendit un regard haineux, les dents serrées. Le shahanshah s'assit devant elle alors qu'un demi-sourire s'étirait sur son visage.
« Allez, courage, courage. » Ricana-t-il comme si il encourageait un petit chiot. « Si tu tires un peu plus fort, ça finira bien par céder... »
Les traits de Raijū se durcirent et ses muscles se contractèrent alors qu'elle tentait de forcer ses liens pour descendre faire ravaler au monstre ses propos insolants. Mais rien à faire : privée de son aura, les ronces étaient trop solides pour elle.
L'être bleu bailla nonchalamment mettant sa main devant sa bouche.
« C'est à pisser d'rire. » Lâcha-t-il sur un ton las.
Il se tourna vers le quelque chose qu'il observait quelques minutes plus tôt.
« On se lasse jamais du désespoir au fond de leurs yeux, hein ? Pas vrai, le jeunot ? »
Amassé là en une tour improbable, les morceaux de Crispin - bras, jambes, tronc et tête - formaient désormais un genre de totem.
Les traits déformés par une grimace, le démon semblait lutter sans parvenir à se mouvoir. Il était toujours en vie : de temps à autre, une mimique faisait frémir son visage, et quelques uns de ses doigts étaient secoués de fasciculations.
« Bien, bien, bien... » Soupira le shahanshah en s'étirant. « Il est temps de se dérouiller. »
Se retournant vers la kitsune, il forma un genre de signe en joignant les doigts de ses deux mains.
« <Vajra de purification> »
Il y eut comme une bruit de succion, et les ronces qui retenaient l'ascensionniste prisonnière disparurent soudainement. Le masque de fer redevint inerte et tomba sur le sol avec un bruit métallique, alors que la femme-renarde atterrissait avec souplesse un peu plus loin.
La respiration haletante, le poil hérissé, elle observa le shahanshah faire craquer sa nuque et ses doigts.
« Je vais m'amuser un peu. » Déclara-t-il sans broncher. « J'ai dormi longtemps, et ça fait une éternité que je ne me suis plus battu. Il faut que je stimule mes réflexes. »
Raijū étouffa un grognement, mais réactiva tout de même son aura, comprenant qu'elle n'avait de toute façon pas le choix. Elle fit apparaitre <Ernö> en forme <Praker> et leva doucement l'arme en direction du monstre, tendue.
« Matsu... »
Le shahanshah ne put retenir une grimace exaspérée.
« Oh sérieux, t'y crois encore ? Il faut laisser tomber à un moment, ça devient ridicule. »
Une intense lueur brillant dans son regard, il leva la main et le totem sanglant s'embrasa soudainement derrière lui, des flammes d'un mauve sombre venant dévorer les morceaux de chaire. Un hurlement intense et inhumain s'échappa du charnier, mais le shahanshah n'en eut cure et s'avança en direction de sa future adversaire.
Mais alors qu'il n'avait fait qu'un pas, il se stoppa brusquement et haussa un sourcil avant de se retourner.
« Y en manquait un bout... » Lâcha-t-il, surpris.
Ses yeux trouvèrent rapidement la responsable : quelques mètres plus loin, la tête de Crispin - dont le corps commençait lentement mais surement à se régénérer - avait échappé au brasier et se trouvait désormais entre les griffes d'une armure écarlate recouverte de pique.
Le heaume dissimulait complètement les traits de l'individu, mais les formes de son plastron ne laissait aucun doute quant à sa féminité.
« Le <Rempart draculéen>. » Constata le shahanshah, impassible. « C'est une capacité du genre casse-burne. »
Il pencha la tête et poussa un long soupire.
« J'en ai déjà marre... Bon, tu es peut-être plus en état que lui pour combattre ? »
Mais contrairement à ce à quoi il s'attendait, la femme en armure ne s'attarda pas d'avantage.
Elle leva le bras et brisa un genre de sablier. Sous ses pieds, le sol s'ouvrit comme si une trappe s'était trouvée exactement à cet emplacement, et elle disparut dans le sol, le passage se refermant derrière elle.
« Un <Terrier de lapin blanc> » Observa le shahanshah, impassible.
Il aurait pu arrêter la fuyarde, mais il l'avait laissé filé, n'ayant ni l'envie ni la patience de la poursuivre.
« Bah, cette lâche s'est fait la malle. » Murmura-t-il en haussant les épaules.
« Tu me piques ma... hic !... réplique. » Grogna une voix de femme.
Ayant parfaitement perçu l'arrivé d'une tierce personne dans son dos, le monstre n'en fut pas surpris et se tourna vers la nouvelle venue en haussant un sourcil. Celle-ci était assise sur un rocher, sa queue de singe se balançant à un rythme agacé dans son dos. Ses traits simiesques étaient tordus par une moue ennuyée.
Le shahanshah se gratta le front, visiblement ennuyé.
« Oh, toi... ça fait un moment qu'on s'était pas croisé. Tu pourchassais cette vampire ? »
La Régulatrice pencha la tête, suspicieuse.
« On s'connait ? T'es... hic !... qui, d'abord ? »
Son hoquet incessant et la rougeur de ses joues concordaient parfaitement avec le fait que la bouteille de bourbon qu'elle tenait à la main était déjà à moitié vide.
« Visiblement, tu ne te souviens pas de moi. » Marmonna le monstre. « Ça ne me surprend pas. Tiens, tu as un hôte féminin cette fois ? »
« Jìng ! » Sursauta Raijū, surprise.
La femme-singe se tourna vers la kitsune. Un sourire goguenard illumina alors son visage.
« Salut la... hic !...renarde. Toujours aussi sexy. »
Mais soudain, elle attrapa sa propre mâchoire avec sa main gauche, comme si elle cherchait à s'étrangler.
« C-Cesse de dire des insanités avec mon corps ! » S'écria-t-elle d'une voix aiguë. « Et q-qui t'as autorisé à t'enivrer alors qu'on est en... hic !... fonction ?! En plus, tu as laissé la... hic !... vampire filer ! »
Une mimique agacée était apparue sur son visage, mais ses hoquets n'avaient pas disparu pour autant. Toujours secouée à intervalle régulier, elle pointa un doigt accusateur en direction de la femme-renarde.
« Raijū Ikazuchi, j'ai... hic !... avec moi un mandat d'arrêt à ton encontre ! Tu vas faire l'objet d'une... hic !... enquête pour suspicion de transport Clandestin et...! »
« <Aiguillon perce-muraille>. »
Dans un mouvement si vif qu'il en fut flou, la Régulatrice recula d'un pas, esquivant de justesse le pieux d'acier qui avait émergé de la main du monstre. Le trait la frisa en emportant quelques mèches de ses cheveux pourpres avant de figer dans un mur un peu plus loin.
« Vaudrait mieux que tu m'laisse... hic !... le contrôle, la lourdingue. » Lâcha-t-elle dans un soupire, ayant une nouvelle fois changé d'attitude. « Tu sens pas l'aura que dégage ce... hic !... type ? »
« Alors tu travailles pour la Guilde, maintenant ? » Fit le shahanshah, la main toujours tendue vers elle. « Ça m'étonne de ta part, Grand Sage Égal au Ciel. Toi qui n'aime pourtant recevoir d'ordres de personne. »
Jìng fronça un sourcil, visiblement frustrée.
« Alors on s'est vraiment déjà... hic !... croisé. » Bougonna-t-elle. « C'est bizarre, vu ta gueule, je devrais me... hic !... souvenir de... hic !... toi. Bah, peut-être que ma mémoire me reviendra à force de boire. »
Sans prévenir, elle leva sa bouteille et engloutit une nouvelle généreuse gorgée d'alcool. Son comportement se mit alors à fluctuer de plus en plus rapidement.
« A-Arrête, tu as assez bu !! »
« Tu ne connais... hic !... rien aux plaisirs de la vie, grosse nerd. »
« C-concentre-toi sur... hic !... l'ennemi ! »
Ignorant la remarque de son autre elle, Jìng se tourna vers Raijū.
« Eh la renarde, file-moi un... hic !... coup de main. »
La kitsune hocha distraitement la tête sans rien dire. Son regard était toujours fixé sur le monstre, qu'elle dévisageait avec une expression préoccupée.
Décidant de passer à l'action, Jìng frappa son poing dans la paume de son autre main et activa sa compétence.
Son stigmate s'illumina de mille feux, et ses vêtements de haut-gradée laissèrent place à un ensemble plus protecteur. Une armure rouge et or au style shangyun vint abriter ses épaules et son cou, un ample pantalon pourpre et des bottes de cuire brodées de perles vinrent couvrir ses jambes - laissant tout de même sa queue libre dans son dos - et un diadème d'or pourvu de deux longues plumes de phénix vint encercler son front.
Le nom de cet ensemble était Armure divine des roi-dragons souverains des mers et des océans.
« Toi ! » Lança la Régulatrice à l'intention du shahanshah. « J'ignore qui tu es et... hic !... ce qu'il se passe vraiment ici, mais t'es super louche alors je... hic !... t'arrête ici même ! »
« Espèce d'idiot ! C'est l'être dont les... hic !... restes étaient dans le Sceau ! »
Le conflit intérieur de Jing sembla aussitôt cesser, son côté nonchalant calmant ses ardeurs comme si une douche froide s'était abattue sur lui.
« Je vois. Alors on a des... hic !... questions à te poser, toi. » Fit-elle d'un ton sévère en adoptant une posture de wǔshù.
À côté d'elle, Raijū enclencha la couleur noire de <Praker>, toujours sans dire un mot.
« La Guilde est la meilleure pour savoir faire chier l'monde. » Maugréa le shahanshah en grinçant des dents.
Il s'avança vers les deux femmes, marquant le début du combat.
Sky Keep ARC 2 - Chapitre 16, partie 1 : FIN
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