Chapitre 15 - Déchaînement, partie 7
Greenland (1er étage de la Tour)
Hiver 3196
En arrivant à la Planque le soir venu, Matsuba entendit le son d'une vieille télévision.
Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis que lui et Shizuka étaient devenus amis, et cet endroit - en quelque sorte le symbole de la mésaventure commune qui les avait rapprochée - était devenu leur lieu de réunion favori.
Entrant dans la vieille usine abandonnée, le jeune homme se rendit jusqu'à l'échelle rouillée et l'escalada pour grimper au semi-étage. Il y retrouva l'habituel canapé vert décrépi, le vieux poste radio, le placard à provision et la télévision en question.
« Woa la tronche ! » Ricana Shizuka, vautrée sur le canapé en chaussettes. « On dirait un troll. »
Le visage de Matsuba était encore tuméfié, malgré les soins qui lui avaient étés attribués par l'infirmière de Cassian Ree.
« Très drôle. » Grogna-t-il en venant s'affaler à côté d'elle. « Matt m'a fait la même remarque. »
La lycanthrope se mit à rire, incapable de se retenir. Faisant mine d'être vexé, son ami croisa les bras sur la poitrine et regarda droit devant lui.
Plongé dans la pénombre, l'endroit n'était éclairé que par une ampoule sans lustre, mais la luminosité était quand même suffisante pour distinguer les photos épinglées sur la tableau en liège derrière la télévision :l a plupart les représentaient en train de grimacer ou de faire des têtes étranges.
Matsuba ne put retenir un demi-sourire devant le cliché qu'ils avaient pris le jour où ils avaient échangés leurs uniformes, pour plaisanter. Le moins que l'on puisse dire était que Shizuka portait mieux le pantalon qu'il ne portait les collants.
Quoique, la jupe ne lui allait peut-être pas si mal que ça.
« Ça te fait pas trop mal ? » Finit par demander Shizuka en se calmant.
Le jeune homme secoua négativement la tête.
« J'ai connu pire. »
Il constata alors que son amie avait troqué son uniforme pour un pull en laine et un pantalon ample. Un paquet de Doreyetos au paprika piquant était ouvert sur le canapé.
« Tu regardes un replay de l'examen d'entrée ? » Demanda-t-il, curieux.
« Ouais. » Répondit nonchalamment la lycanthrope en s'allongeant, posant confortablement ses chaussettes sur lui. « Année 3154. »
« Quatrième édition, celle où est passé Gleam. » Se rappela-t-il. « Excellent choix. Mais la trente-deux est bien aussi. »
« Rien ne vaudra jamais ce bon vieux Edmund. » Rétorqua Shizuka en engloutissant une poignée de chips.
« Si, moi quand j'ouvrirai le Sky Keep. » Ricana Matsuba.
« Dans tes rêves, che shera moi ! » Répliqua son amie en lui collant sa chaussette dans le nez.
« Eurgh ! T'as pris une douche ? » Fit-il en fronçant le nez.
« Ça se demande pas à une fille, crétin. » Grogna la lycanthrope en lui donnant un petit coup dans le ventre. « J'ai pas eu le temps, j'avais entraînement avec Hadia. »
À la mention de la grimpeuse - qu'il n'appréciait pas trop sans vraiment la détester - les traits du garçon s'affaissèrent et il poussa un soupire.
Le silence s'installa, uniquement rythmé par le son du replay à la télévision.
« La fille. » Commença soudainement Matsuba. « Celle qui est intervenue. Je l'ai vu tout à l'heure, à l'infirmerie. »
Il marqua un temps d'arrêt, les dents serrées.
« Elle a le nez pété. Elle va passer à l'hôpital, car a perdu l'odorat. Si ça se trouve, elle ne le récupérera jamais. Et il y a aussi des chances pour qu'elle soit défigurée à vie. »
Le regard de Shizuka s'attrista en voyant son ami crisper ses poings sur ses cuisses, l'air furieux contre lui-même.
« C'était pas ta faute. » Dit-elle. « Ces crétins l'auraient attaqué de toute façon. »
« Mais si j'avais eu une capacité, comme toi, j'aurais pu la défendre. »
Son ton était amer.
« Matsu... Tu es dur avec toi-même. »
« J'en ai assez d'être faible. » Murmura-t-il en observant sa main.
Fermant les yeux, il revit les innombrables fois où il avait regretté ne pas avoir de capacité.
« Je me demande si je réussirai quelque chose un jour. » Lâcha-t-il en secouant la tête.
Mais soudain, il sentit des mains s'agripper à ses flancs.
« Aaaah ! » Sursauta-t-il, chatouilleux.
« Prend ça, monsieur la déprime ! » Ricana Shizuka alors qu'il tentait de reculer, en vain. « Je vais t'apprendre à baisser les bras, moi ! »
« A-Arrête ça tout de suite ! » Glapit-il entre deux rires. « Tu cherches la guerre ?! »
Voyant que son amie ne l'écoutait pas le moins du monde, il s'attaqua à son pied, qui reposait toujours sur ses cuisses.
« Hiiii ! » S'écria la lycanthrope alors que son poil se hérissait. « C'est de la triche ! »
« C'est toi qui a ouvert les hostilités ! » Rétorqua-t-il en poursuivant ses assauts.
« S-Stop ! » Hurla alors la lycanthrope, les larmes aux yeux. « J-Je négocie un cessez-le-feu en échange de chips ! »
Docile, Matsuba obtempéra et ouvrit la bouche.
Shizuka se saisit aussitôt de quelques Doreyetos et lui enfourna brusquement dans le gosier, manquant l'étouffer. Elle éclata de rire alors qu'il toussait, et il ne tarda pas à la rejoindre. Tous deux rirent comme deux imbéciles pendant encore plusieurs minutes avant de se calmer.
Finalement, leur attention revint sur l'écran de télévision. La nuit commençant à tomber, la fraicheur s'installait et ils s'équipèrent d'une couverture pour finir le replay.
« Bonne nuit, Matsu. » Murmura sa camarde en fermant les yeux. « Je te préviens, si tu prends encore toute la couverture à deux heures du matin, je te balance... dans le... vide... »
Elle s'était endormie au milieu de sa phrase.
« Bonne nuit, Shizu. » Répondit Matsuba, même si elle ne pouvait plus l'entendre.
Son sourire disparut peu à peu. Malgré les efforts de son amie, il ne parvenait pas à éradiquer la frustration et l'impuissance qu'il ressentait.
Cette sensation le tiraillait chaque jour.
Et ce, depuis le jour où il avait appris qu'il n'aurait jamais de capacité.
***
DE RETOUR AU PRÉSENT (21 juillet 3202)
Las Alba, Tierraroja (5e étage de la Tour)
« Hahahaha...! »
Le rire de Matsuba, faible mais joyeux, retentit sur la place alors qu'il se redressait pour se mettre assis.
Face à lui, Crispin pencha la tête, intrigué.
« Tu as perdu l'esprit ? »
« Peut-être bien ! » S'amusa le garçon en essuyant une larme de rire.
Toute peur avait disparu : il s'en était libéré.
« J'ai eu tord d'espérer. » Continua-t-il avec un sourire triste. « Au fond, je n'aurai jamais de capacité, c'est comme ça. Je le sais depuis longtemps. Mais je peux quand même m'assurer de te faire chier avant de mourir. »
« Qu'est ce que tu racontes...? » Soupira le démon, las.
Le sourire du jeune homme s'élargit.
« Je suis Matsuba Kawakami ! » S'exclama-t-il. « Le petit crétin arrogant qui prend toujours les décisions les plus stupides... et les plus imprévisibles ! »
Alors que le duc lui jetait un regard indécis, Matsuba ouvrit le coffret que lui avait confié Raijū.
« E-Eh...! » Intervint celle-ci, incertaine. « Qu'est ce que tu comptes faire avec ça ?! »
Ignorant sa question, le jeune homme extirpa ce qui se trouvait au fond de la boite : c'était un globe oculaire tout décrépi, encore raccroché à son nerf optique et à ses muscles oculomoteurs. Le garçon dévisagea son iris d'un bleu électrique, qui semblait lui rendre son regard avec intensité.
« Un truc dangereux qui l'a transformé en gros monstre casse-couille. »
« Comment ça ? C'est un genre de super vitamine ? »
« Idiot. Ce sont les restes d'un shahanshah, un roi des monstres. »
« A-Arrête ! » Glapit Raijū, comprenant ce qu'il avait l'intention de faire. « Ne fais pas ça ! Tu vas y laisser ton esprit ! »
« Eh, connard ! » Hurla soudainement Matsuba à l'intention du démon.
Celui-ci le dévisageait avec stupéfaction. Un sourire s'étira sur les lèvres du jeune homme.
« On se rejoindra en enfer ! Je pars en premier ! »
« NON !! » S'écria Raijū derrière lui.
Matsuba leva l'œil maudit au dessus de sa bouche...
...et l'avala d'une traite.
***
Pendant ce temps, à l'autre bout de Las Alba...
« Vraiment, il semble que l'on doive tout faire soi-même de nos jours ! C'est d'une exaspération sans nom ! » Grinça Brighella, visiblement agacée.
Secouant la tête, la vampire reporta son attention sur Sekhemkarê, qui la regardait avec inquiétude.
« Je vous prie de m'excuser pour cette distraction. Reprenons, si vous êtes disposé. »
« Je vais vous demander d'arrêter. »
Lupulellien et vampire se figèrent.
Une présence terrifiante venait d'apparaître dans l'encadrement de la porte. Tournant la tête en même temps, ils virent une grande femme le fixer du regard, droite comme un i et les bras croisés sur la poitrine. Un petit macaque ricanait sur son épaule, et un insigne dorée en forme d'œil ailé brillait sur sa veste.
Sekhemkarê écarquilla aussitôt les yeux en reconnaissant ces cheveux pourpres et ce regard rose dont l'intensité était légendaire.
« Vous êtes...! » Commença-t-il, sous le choc.
« ...Jìng Líng. » Termina Brighella avec une grimace.
Elle ne souriait plus du tout. Au contraire, elle semblait affreusement contrariée et se mordillait le pouce, nerveuse.
« Une Régulatrice de haut rang... »
« L'une des Dix Doigts en personne. La Guilde aurait donc été informée de ce qui se tramait ici bas ? Je n'en connais point la raison, mais voilà qui est fort embarrassant... »
L'employée de la Guilde s'avança d'un pas.
« Veuillez décliner votre identité. » Lui somma-t-elle sévèrement. « J'ignore ce qu'il se passe ici, mais cela mérite une enquête, et je veux savoir à qui j'ai affaire. »
« Ah...! » Ne put retenir Sekhemkarê.
La tension venait de monter d'un cran.
Percevant la menace imprégnant les auras dégagées par les deux femmes - mauve sombre pour la Régulatrice, rouge sang pour la vampire - le lupulellien fut pris d'un frisson. Il avait l'impression d'être un caniche coincé entre deux tigres se montrant les dents.
Mais les choses n'étaient peut-être pas aussi simple que ce qu'il imaginait...
***
« Aaaah, la poisse ! »
Si son expression corporelle avait été à la hauteur de ses pensées, Jìng aurait tremblée de tous ses membres.
Humaine de vingt-sept ans née dans le 38e étage, elle était depuis toujours ce que l'on appelait une première de la classe. Dotée dès son plus jeune âge d'une attitude scolaire exemplaire, d'un grand sens de la justice et d'une allergie au non-respect des règles, elle s'était lancée dans des études de Droit tout en passant l'examen d'entrée de la Guilde.
Étudiant avec acharnement, elle avait amassée une quantité phénoménale de connaissances en l'espace de quelques années, et était ainsi rapidement devenue la major de sa promo. S'engageant ensuite dans les rangs des Régulateurs, elle avait peu à peu monté en grade jusqu'à atteindre le sommet. Et à ce jour encore, personne ne l'égalait sur le plan théorique.
Mais il subsistait un problème.
« Je suis une quiche en pratique ! Je confonds sans arrêt ma droite et ma gauche, et je me foule la cheville dès que j'encaisse un coup ! »
« T'es une grosse bille, ouais. C'est bon, on sait. »
Jìng Líng était une piètre combattante. Et encore, piètre était un mot puissant pour la qualifier. Depuis son enfance, de nombreux maitres en art martiaux et techniques de combat avaient tentées de lui inculquer des bases à plusieurs reprises, mais rien à faire : elle n'était tout simplement pas fait pour ça.
Elle était cependant doué pour paraître impressionnante. Son regard était - selon ses proches - d'une intensité redoutable et d'une force de dissuasion terrifiante. C'était à un point où l'un de ses subordonnés d'autrefois avait démissionné en expliquant « ne plus supporter être désossé du regard à chaque minute de la journée ».
« C'est quand même pas faute ! Ce sont les yeux que j'ai hérité de ma mère, je n'y suis pour rien ! Déjà au lycée, tout le monde pensait que je foudroyais les autres du regard ! »
« Eh la lourdasse, tu nous fais quoi, là ? Tu fais la morte ? »
« La ferme, je panique ! »
« Sans façon. » Lâcha soudainement la mort-vivante, l'extirpant à ses pensées.
Le visage de Jìng resta impassible, mais son soi intérieur se mit à suer à grosses gouttes.
« Je vois. » Dit-elle froidement sans rien laisser paraître. « Dans ce cas, au nom de la Guilde des ascensionnistes et en vigueur du décret numéro 36-b du Lex Acensus Codex, je me dois de procéder à votre arrestation immédiatement. »
« Au secours, sortez moi de là ! C'est une vampire, non ? Quelle horreur ! »
« Yep, et pas trop mal, d'ailleurs... hirk hirk. Vise-moi un peu ce joli minois, y en a qui tueraient pour des yeux pareils. En plus, vu ses fringues, ça doit être une bourge. »
« E-Elle parle... mon dieu, ça doit être un genre de monstre de haut rang terrifiant ! Je veux rentrer chez moi ! »
Inconsciente des pensées qui traversaient la Régulatrice, Brighella fléchit lentement les genoux avant de bondir dans sa direction. Sekhemkarê hoqueta.
« Le monstre en question nous fonce dessus, là. Alors bouge-toi les miches ou on va prendre tarif ! »
« Aaaah ! À l'aaaaide !! »
Surgissant devant Jìng en une fraction de seconde, la vampire leva ses griffes, prête à frapper...
...et asséna un coup dans le vide.
***
Malgré ses impressionnantes compétences théoriques, Jìng Líng n'aurait jamais pu atteindre le rang des Dix Doigts si elle avait été faible.
Car les Dix Doigts n'étaient pas des individus ordinaires. C'était une troupe d'élite, une brigade crainte par tous les Clandestins pour sa férocité, sa force et son inflexibilité. Ils se tenaient au sommet des Régulateurs. Ils étaient efficaces, rapides, et charismatiques.
Et lorsqu'ils attrapaient la cible qu'ils traquaient, ils ne la laissaient jamais s'échapper.
***
« Hum...? » Fit la mort-vivante en constatant qu'elle n'avait pas fait mouche.
« Elle fait usage d'un bond pour éviter mon assaut... »
Brighella observa la Régulatrice, qui se trouvait à présent à l'autre bout de la pièce, accroupie sur une table. Le petit singe sur son épaule avait filé rejoindre Sekhemkarê.
« Curieux... son apparence a changé. »
C'était en effet pour le moins flagrant : de la fourrure avait poussée sur les coudes, les épaules et le visage de son adversaire, dont les traits étaient à présent plus simiesques qu'humains. Ses yeux avaient viré à l'or pur, ses oreilles s'étaient légèrement décollées, et des poils avaient recouvert ses joues. Par ailleurs, une longue queue de ouistiti dansait à présent derrière elle.
Arrachant sa veste d'une main pour dévoiler un justaucorps sans manche, Jìng descendit de son perchoir pour aller fouiller dans un placard. Intriguée, la vampire la regarda faire sans comprendre.
« Aaaah, je me disais bien qu'il devait y en avoir dans le coin, ça sentait ! » S'exclama la Régulatrice en extirpant une bouteille de bourbon miraculeusement intacte. « J'aurais préféré un bon vieux baijiu, mais bon. »
S'asseyant à même le sol, elle engloutit une bonne quantité d'alcool avant de lâcher un râle de satisfaction.
« Point que son apparence, sa personnalité également a subi une variation. » Constata Brighella.
« Pourrais-je savoir à quoi est ce que vous jouez ? » Grinça la vampire, irritée.
Jìng esquissa un sourire arrogant.
« J'aime me battre, et j'aime boire. » Expliqua-t-elle en engloutissant une nouvelle gorgée généreuse de bourbon.
S'essuyant la bouche d'un revers de manche, elle se redressa en faisant rouler ses épaules pour les faire craquer.
« Mais j'aime encore plus quand je fais les deux. »
La pièce sembla soudain exploser.
Arrachant un sursaut à Sekhemkarê - qui suivait la discussion d'un air perdu depuis plusieurs minutes - Jìng franchit la distance qui la séparait de la mort-vivante en un instant. Celle-ci plaça ses avant-bras devant sa poitrine pour se protéger du puissant coup de paume que son assaillante s'apprêtait à lui asséner dans l'estomac, mais en vain : elle fut expulsée du bâtiment et fila s'encastrer dans un autre en face.
La bouteille toujours en main, la Régulatrice brisa lentement la posture de wǔshù qu'elle avait adoptée pour frapper, et sortit à son tour pour rejoindre son adversaire. Celle-ci s'était extirpé du bâtiment, et ses bras finissaient de se régénérer.
Skehemkarê lui, n'osait pas intervenir. De toute façon, il n'aurait fait que gêner au milieu de ces monstres.
« Mieux vaut qu'on file de là. » Fit une voix dans son dos.
Le lupulellien se tourna vers celui-ci qu'il avait senti approcher dans son dos : un condorien au plumage noir et blanc.
« Shayton. » Se présenta-t-il en l'aidant à se relever.
« Tu es...! » Murmura le medjaÿ en voyant la longue plaie qui ornait sa poitrine.
« Disons que j'ai échappé de peu à un destin funeste. » Fit le capitaine de West's Spirit avec une grimace. « Heureusement, mon adversaire était pressée et m'a laissé pour mort. Ceci dit, si la Régulatrice ne m'avait pas trouvé en train d'agoniser dans la rue, j'y serais resté. »
Un grand tumulte attira leur attention sur l'extérieur, où le combat se poursuivait.
« Je n'arrive même pas à suivre leurs mouvements... » Soupira l'homme-chacal.
« Bienvenu au club. » Grogna Shayton en haussant les épaules.
Mais quelque chose interrompit leur discussion.
Un genre d'onde de choc venait de les traverser, hérissant respectivement leurs plumes et leurs poils. La décharge poursuivit sa route en laissant derrière elle un tension électrique.
« Qu'est ce que...?! »
Plus loin, Brighella et Jìng s'étaient stoppées, observant le ciel avec étonnement. Des centaines d'oiseaux-tonnerres filaient en direction du désert en émettant des cris terribles.
« On dirait qu'ils prennent la fuite. » Nota Shayton, perplexe. « Mais pourquoi...? »
« De toute évidence, la situation là-bas semble avoir dégénéré. » Fit Brighella, soucieuse. « Je vais devoir prendre congé. Au plaisir de vous revoir. »
Des familiers suggèrent soudainement de son ombre alors qu'elle bondissait en direction des toits.
Avant que les deux hommes n'aient le temps d'ouvrir la bouche, Jìng partit à sa poursuite et disparut elle aussi dans les rues.
***
À l'autre bout de Las Alba...
Incrédule, Crispin regarda le crétin qu'il avait poursuivi s'effondrer en se tenant la gorge. Puis, il éclata de rire.
« Incroyable ! Ce débile vient vraiment d'avaler le sceau maudit ? Les humains ne cesseront jamais de me surprendre par leur stupidité ! »
Alors qu'il s'esclaffait, Raijū observait le corps secoué de spasmes du jeune homme, l'air abattue.
« Sombre imbécile... » Murmura-t-elle, une sincère tristesse imprégnant sa voix. « Pourquoi est ce que t'as fait ça ? »
« T'en fais pas va. Je vais rapidement l'achever. » Dit le Zanni en saisissant le jeune homme à la gorge.
Raijū baissa la tête, une grimace aux lèvres. Un peu plus loin, Nashoba et Natherod firent de même, désespérés.
« Vois-tu, même si regarder cet idiot se changer en monstre et tous vous tuer m'enchanterait, j'ai un étage à détruire. » Poursuivit le démon. « Alors je compte bien... »
« Bouge de là. »
« ...finir ce que j'ai à faire ici au plus vite. » Acheva-t-il. « Hein ? »
Baissant les yeux vers le corps du jeune homme, il s'aperçut que celui-ci l'observait avec dédain.
« Je t'ai dis de dégager. » Répéta celui-ci.
Raijū, Noshoba et Natherod ouvrirent de grands yeux. Crispin lui, ouvrit la bouche mais quelque chose le percuta de plein fouet, l'expédiant instantanément dans un bâtiment qui s'effondra sur lui.
S'extirpant maladroitement des décombres, le duc essayait de comprendre ce qu'il venait de se passer.
« Il m'a frappé avec la main qu'il avait perdu ? Elle s'est régénérée ? »
Incrédule, il regarda le garçon se relever et épousseter ses vêtements.
« I-Impossible ! Il devrait avoir perdu la raison ! Il a réussi à surmonter le sceau maudit ?! »
Raijū partageait la même incompréhension.
« M-Matsu...? »
Le jeune homme observait ses mains avec intérêt et pour cause : sa peau virait au bleu vif.
« Quelle curieuse sensation... » Lâcha-t-il, intrigué.
Un petit ricanement s'échappa de sa bouche, alors qu'une aura sombre et poisseuse envahissait toute la ville comme un étau glacé.
« Peut-être celle de la liberté... après des millénaires coincé dans cette saloperie. »
La kitsune ouvrit les yeux avec horreur.
« Non, il n'a pas surmonté le sceau maudit... »
Matsuba n'avait ni perdu l'esprit, ni résisté à la folie. Un autre scénario, que ni Raijū ni Crispin n'avait anticipé, s'imposa comme la terrible vérité qu'il était dans l'esprit de la femme-renarde.
« Le shahanshah a pris possession de lui ! »
Sky Keep ARC 2 - Chapitre 15, partie 7 : FIN
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