Chapitre 15 - Déchaînement, partie 6

Las Alba, Tierraroja (5e étage de la Tour)

21 juillet 3202

Fuyant toujours la vampire, Sekhemkarê se réfugia dans un bâtiment, espérant s'y cacher. Complètement démoralisé, il s'accroupît dans un coin d'une pièce en enfouissant sa tête dans ses genoux.

Il ne réagit même pas lorsqu'il entendit une arme être pointée sur lui.

« T-Toi, la bestiole ! » Glapit celui qui le menaçait. « Q-Qu'est ce que vous avez foutu, hein ?! C'est quoi ces saloperies de piafs ?! Ils sortent d'où ?! »

En levant la tête, le lupulellien reconnut le général Fauster, qu'il avait combattu quelques heures plus tôt. Le lui de ce temps là lui aurait bondi dessus pour l'égorger, mais pour l'heure il se contenta de le fixer sans rien dire. Plus rien ne semblait compter à ses yeux que la survie.

« Tu m'as entendu ?! » Beugla le général en écrasant le canon de son arme sur sa tempe.

Mais Sekhemkarê ne réagissait toujours pas.

Perdant patience, Jaboc allait faire feu lorsqu'un projectile perça son crâne. Incrédule, le général ouvrit la bouche, vomit une gerbe de sang, puis s'écroula, mort.

Affichant une mine stupéfaite, le medjaÿ tourna la tête vers la responsable.

« Nef... » Murmura-t-il en reconnaissant son amie.

Alors qu'un peu de joie refaisait surface dans son cœur, elle fut aussitôt noyée lorsqu'il remarqua la tige de bois qui lui transperçait le crâne. Esquissant un mouvement de recul, Sekhemkarê ouvrit de grands yeux horrifiés.

« Q-Qu'est ce que...?! »

« Ne cours pas s'il-te-plaît, Sekh. » Dit la crocodylienne d'un ton indifférent, en tendant la main vers lui.

Son ami la contempla avec incompréhension.

« C-Comment...? » Murmura-t-il.

Mais au moment où il commençait à formuler sa question, il vit des écailles se détacher des avants-bras de sa camarade pour foncer dans sa direction. Fort heureusement, il avait beau être un ascensionniste à l'âme brisée, il conservait ses réflexes. Il parvint donc à éviter l'assaut.

« N-Nef ! Qu'est ce qu'il te prend ?! »

« Ne cours pas, s'il-te-plaît. » Répéta la crocodylienne avec le même ton morne, en le visant à nouveau.

« NEF ! » Beugla son compagnon en évitant une nouvelle attaque.

Une marée d'écaille s'envola à sa poursuite. Se réfugiant derrière une table renversée, Sekhemkarê serra les dents avec désespoir. Quelque chose clochait, il le sentait.

« Réveille-toi ! Souviens toi de moi ! » Implora-t-il en entendant sa camarade approcher.

Sortant de sa cachette, il fit face à la crocodylienne, qui ne semblait pas l'entendre. Le regard vide et impassible, elle avançait lentement, la main tendue vers lui.

Les écailles se rassemblèrent, prêtes à lui fondre dessus.

N'ayant de toute façon pas la force de faire face à son amie, le medjaÿ ferma les yeux, décidant de tout miser sur une autre stratégie. Il inspira un grand coup, et essaya de se détendre.

« Linanzur 'iilaa alnujum... » Commença-t-il doucement à fredonner.

Des écailles vinrent se planter dans son torse, alors que Néféret continuait d'avancer, immuable. Mais Sekhemkarê ne se découragea pas.

« ...amsak yadi, la tatrukuni... » Poursuivit-il.

Il sentit des impacts sur son bras et sa jambe.

Les projectiles étaient amortis par son aura mais parvenaient néanmoins à s'enfoncer d'un ou deux centimètres dans sa chaire. Il grimaça de douleur, mais ne s'arrêta pas pour autant.

« ...mutahidun nahlum... »

Les écailles cessèrent enfin leurs assauts. Néféret s'était stoppée. Arborant toujours le même regarde vide, elle semblait regarder à travers son compagnon.

« ...ywman ma sanakun ahraran taht alshams. » Termina celui-ci en rouvrant les yeux.

Un infime tristesse se lisait dans ses iris vertes.

« C'était notre chanson ! Celle qui nous inspirait l'espoir ! » La supplia-t-il.

Il serra les poings, à bout de force.

« Je t'en prie, reviens... »

Une étincelle d'espoir germa en lui lorsqu'il vit la main de son amie - toujours tendue vers lui - frémir de manière presque imperceptible.

Levant les yeux vers son visage dans une prière silencieuse, il vit une larme de sang s'écouler lentement sur sa joue.

« Nef...? »

Un éclat de tristesse traversa le regard de sa camarade de toujours. Elle ouvrit lentement la bouche, comme si elle allait dire quelque chose...

...puis s'effondra sur le sol.

« Nef ! » Cria Sekhemkarê en se précipitant vers elle.

Soulevant délicatement son corps dans ses bras, il constata aussitôt qu'elle ne respirait plus.

« Nef ! NEF ! » Hurla-t-il en la secouant.

Mais le regard de Néféret s'était clos.

Elle était partie.

Secoué de sanglots, le lupulellien serra doucement le corps de la crocodylienne contre lui, comme si il espérait l'empêcher de s'en aller.

« Voilà qui est fort intéressant. » Intervint une voix amusée. « J'avais lu une théorie selon laquelle la construction de l'âme serait intimement liée à celle du corps. »

Sekhemkarêt ne tourna même pas la tête vers la vampire, qui était assise non loin. De toute évidence, elle l'avait rattrapé.

« Pensez-vous qu'une fraction de son âme résidait encore en son cadavre ? » Demanda-t-elle, un sourire amusé aux lèvres.

Le medjaÿ ne répondit pas.

« Ma foi, une servante qui refusait de se soumettre à mes ordres ne présentait plus la moindre utilité. »

Visiblement décidée à mettre fin à cette partie de chasse, la vampire se leva et s'avança jusqu'à sa proie.

L'homme-chacal la sentit approcher, mais il ne s'enfuit pas. Il n'en avait plus ni la force, ni le courage.

« Est ce que je peux au moins savoir qui vous êtes...? » Murmura-t-il sans cesser d'étreindre Néféret.

Le sourire de la vampire s'étira.

« Vous pouvez m'appeler lady Brighella. »

De longues griffes émergèrent de son gant alors qu'elle tendait la main vers le grimpeur. Celui-ci ferma les yeux, prêt à rejoindre sa camarade.

Mais soudain, l'atmosphère sembla changer.

C'était comme si la tension accumulée dans l'air s'était dissipée.

« Mais...? Mais que peut-donc bien être en train de faire cet imbécile ? » S'exclama la Zanni, troublée. « Comment cet oiseau a-t-il pu trouver la mort ?! »

***

À l'autre bout de Las Alba

Matsuba entendait le rire du démon derrière lui.

C'était comme lors de sa poursuite par le wendigo, mais en pire. La peur qui lui déchirait les entrailles était plus terrible encore. Qui plus est, l'effroi qu'il avait décelé dans les yeux de Raijū ne quittait pas son esprit.

« C'est ma faute...! Encore de ma faute ! Toujours à cause de moi ! »

Le démon l'avait visé, et la kitsune l'avait protégé, se faisant capturer à sa place. Si il n'avait pas été un tel fardeau, si il ne l'avait pas suivi en s'agrippant à elle, les choses se seraient passées différemment.

« Elle a eu peur pour moi, alors que c'est à cause de moi si elle a été faite prisonnière. »

Sans lui, la grimpeuse n'aurait pas été inquiétée d'être repérée par un transport clandestin. Elle n'aurait pas eu à le protéger du wendigo dans la forêt, et aurait pu tranquillement continuer sa route. Elle n'aurait pas épuisé ses réserves de Leyposa pour lui.

Et elle n'aurait pas été capturée.

« C'est encore à cause de moi ! » Déplora le jeune homme alors qu'un torrent de larmes se déversait sur ses joues. « Je suis désolé ! Si désolé ! Dame Raijū, je suis tellement désolé d'exister et d'être un tel boulet ! »

Soudainement, une prise se saisit de lui à l'arrière du col et le tira violemment en arrière. Propulsé dans les airs, Matsuba vola à travers une vitre et roula sur le sol en s'écorchant sur les éclats de verre avant de s'immobiliser.

Alors qu'il se trouvait toujours à terre, un coup l'atteignit à l'estomac, le propulsant contre le mur. Le garçon sentit une vive douleur l'assaillir au niveau des côtes alors que tout l'air de ses poumons était expulsé de force.

Pris d'un haut-le-cœur, il recracha un filet de sang.

« Il court il court, le furet... » Sifflota le démon en s'approchant.

Matsuba se redressa tant bien que mal. Il tremblait de tous ses membres : il était terrorisé. Cette chose était un monstre à la puissance écrasante, plus encore que le wendigo. Lui n'était qu'un sans-pouvoir ridicule. Un minable qui n'aurait en temps normal même pas suscité l'intérêt d'un être pareil.

Poussant un hurlement rauque, le jeune homme brandit son taser en direction de son poursuivant, qui n'esquissa en réponse qu'un petit mouvement de main, un sourire aux lèvres.

Les yeux écarquillés, Matsuba vit sa main planer devant lui avant d'atterrir plus loin sur le sol.

« AAaaaaAAAhh ! » Hurla-t-il en tombant à genoux.

Agripant son moignon, il tentait désespérément d'empêcher le sang de s'écouler de son avant-bras sectionné. Le taser glissa avec un petit bruit sec jusqu'aux pieds de Crispin, qui l'écrasa du talon.

« Alala... » Fit le monstre en secouant la tête. « C'est dangereux ça, tu sais ? Tu aurais pu blesser quelqu'un avec. »

Mais Matsuba continuait de hurler, l'ignorant complètement. La douleur et l'horreur d'avoir perdu un membre avaient eu raison de lui. Agacé, le démon soupira, puis s'accroupit à sa hauteur.

« En voilà une vilaine blessure. » S'amusa-t-il sans parvenir à couvrir les cris de sa victime. « Eh, tu m'écoutes ?! »

Il tendit alors le doigt, activant une capacité, et le saignement cessa. Matsuba se tut peu à peu, le regarda dans le vide.

« Ça y est, la crise est terminée ? »

À travers les orbites du masque, le garçon décela une certitude dans les yeux verts à l'iris fendue qui le dévisageait : cette chose s'amusait. Si il n'était pas encore mort, c'était uniquement parce qu'il voulait faire durer la chasse et le poursuivre encore un peu.

Étouffant un sanglot, il se releva en vitesse - sous les yeux du monstre qui le laissa faire - et prit la fuite après avoir ramassé l'artéfact de sa main encore valide.

« J'aime mieux ça. » Fit le poursuivant, satisfait.

***

Matsuba parcourut une vingtaine de mètres à l'extérieur du bâtiment avant qu'un rire ne s'approche de lui dans son dos.

Il ferma les yeux, une grimace aux lèvres, conscient qu'il était rattrapé. Comme pour confirmer ses craintes, un puissant coup de pied s'enfonça dans ses lombes et le propulsa de plusieurs mètres dans les airs. Il eut à peine le temps de lâcher un hurlement de douleur qu'une seconde attaque lui percutait le flanc, l'expédiant dans un toit.

Le garçon traversa les tuiles et l'armature avec brutalité, venant s'écraser durement sur le plancher en bois d'un grenier. Tout son corps le faisait souffrir. Du sang avait envahi sa bouche et ses narines. Ses forces l'avaient abandonnée. Mais malgré tout ça, il n'avait pas lâché l'artéfact : c'était l'objet que lui avait confié Raijū, il devait s'y cramponner à tout prix, même à une main.

Une main griffue se chargea de la relever en lui saisissant les cheveux. Traîné sur plusieurs mètres, Matsuba tenta de lutter mais ne parvint pas à se défaire de la prise. La poigne qui le tenait était aussi ferme qu'une pince d'engin de chantier.

« Un peu de toboggan, ça te tente ? » S'amusa le démon, arrivé au sommet de l'escalier liant le grenier à l'étage inférieur.

Et il abattit brusquement le garçon sur le sol. Posant un pied à l'arrière de son crâne, il lui fit dévaler les marches en lui écrasant la tête dessus. Moins d'une seconde suffit pour détruire toutes les planches en bois.

Arrivé en bas, Matsuba cracha une nouvelle gerbe de sang, mais fut de nouveau attrapé avant d'être balancé contre une armoire à la porte vitrée, qui se brisa aussitôt sous le choc. Toute la vaisselle qui se trouvait à l'intérieur se déversa sur le sol en explosant au contact du plancher.

Ne laissant pas de répit à sa victime, Crispin donna un coup dans son abdomen, le pliant en deux. Matsuba l'avait bien perçu : il aurait pu l'achever en un coup mais prenait son temps.

« Haha ! Le manque de lumière met plutôt bien en valeur ton désespoir. » S'amusa le démon.

L'extirpant sans vergogne de l'armoire, il le souleva d'une main - comme si il avait aussi léger qu'une plume - et le fit passer à travers la porte menant au balcon avant de le jeter par dessus la balustrade.

Mastuba s'écrasa trois mètres plus bas avec un bruit sourd. Étouffant une plainte, il se recroquevilla autour du coffret, sentant ses forces l'abandonner. Comme rien ne venait, il finit par ouvrir les yeux, et découvrit avec horreur que le démon l'avait ramené à son point de départ.

Ce fut plus fort que lui : un rire nerveux et amer s'extirpa de sa gorge et secoua ses épaules.

« Je vois... » Murmura-t-il faiblement. « Même fuir, c'est trop compliqué pour un minable. »

« Je suis content que tu ai enfin saisi ta place. » S'amusa Crispin dans son dos. « Cette prise de conscience n'est pas donnée à tout tes congénères, malheureusement. »

Le jeune homme l'ignora. Il faisait preuve d'une robustesse qui étonnait son poursuivant : malgré ses nombreux traumatismes crâniens, ses jambes brisées et sa main en moins, il n'avait toujours pas sombré dans l'inconscience.

« Dame Raijū... » Articula-t-il doucement.

La kitsune, toujours prisonnière des ronces du masque de fer, l'observait avec une expression indéchiffrable.

« Vous vous faites encore du soucis pour moi, malgré tous les ennuis que je vous ai causé... » Constata-t-il, ému.

« Matsu... »

Malgré sa situation, il parvint à esquisser un demi-sourire.

« Merci. » Dit-il en se retournant sur le dos.

Les yeux vers le ciel, il tendit sa main vers les nuages.

Il allait mourir.

Il l'avait su dès que le démon l'avait rattrapé. Mais la peur avait peu à peu disparu. Il n'y avait plus rien, plus qu'un calme apaisant, désormais.

Au fond, n'était-ce pas la le juste prix de son arrogance ? N'était-il pas destiné à finir ainsi pour avoir cru qu'un minable dans son genre pouvait un jour devenir un grimpeur ?

« Au moins, j'aurais essayé. »

« C'était fort amusant. Et maintenant vient le clou du spectacle ! » Fit le Zanni en atterrissant non loin.

Il vint se planter devant la kitsune prisonnière, qui le fixait avec rage.

« Tu vas le regarder mourir. » Lui annonça-il fièrement.

Plus loin, Natherod et Nahsoba observaient la scène, tremblant de tous leurs membres.

« I-Il faut qu'on intervienne... » Murmura le condorien d'une voix blanche. « Il va le tuer ! »

« Et comment...?! » Clama l'autre dans un cri rauque. « Tu l'as entendu, Shay est mort ! Il n'est plus restreint, il peut nous atteindre ! Et nous, on est... on est que des insectes pour lui. »

Abattu, le latranien s'effondra à genoux.

« C'est fini... on a perdu. »

***

SIX ANS PLUS TÔT

Windy Hollow, Greenland (1er étage de la Tour)

Décembre 3196

Ce soir là en sortant du lycée Cassian Ree, Matsuba était tombé sur un attroupement. Se frayant un chemin à travers la foule, il avait vite vu la raison de cette agitation : cinq étudiants portant un uniforme blanc et vert : celui de Blazebud, un autre établissement.

Le jeune homme fronça du nez.

Blazebud n'était pas réputé pour la gentillesse de ses élèves. On racontait même que les enseignant avaient peur d'y travailler, et que les vols et bagarres y étaient légion.

« Qu'est ce qu'il se passe ? » Demanda-t-il à un autre étudiant de Cassian Ree. « Qu'est ce qu'ils nous veulent ? »

« Apparemment, ils sont venus après avoir entendu parler de Shizuka. » Lui souffla l'autre.

Comme pour illustrer ses propos, l'un des inconnus s'avança en faisant craquer sa nuque. L'un de ses bras était couvert de tatouages et une cigarette était coincée dans sa bouche.

« Alors les bouffons, ça vient ?! » Beugla-t-il.

« On sait que y a un monstre parmi vous ! » Brailla l'un de ses compères, un grand baraqué aux cheveux coupés ras. « On vous a dit de lui demander de rappliquer ! Vous voulez qu'on vous défonce ?! »

Agacé par ces menaces, Matsuba allait s'avancer lorsqu'une fille le dépassa. À peine plus grande que lui, elle était brune avec des lunettes. Ce n'était pas la première fois qu'il la voyait, mais il ignorait son nom.

« Shizuka n'a rien à dire à des types dans votre genre ! » S'exclama-t-elle sévèrement. « Repartez d'où vous venez avant qu'on fasse venir un prof ! »

« Hein ? » Fit le tatoué en haussant un sourcil.

L'instant d'après, son poing s'écrasait en plein sur le visage de la fille. Un craquement sec retentit en même temps qu'un cri étouffé, et elle s'écroula, sonnée.

« Fais gaffe à comment tu me parles, sale merde. » 

Un murmure inquiet se répandit parmi les étudiants de Cassian Ree, qui se mirent à reculer en comprenant que les intrus n'étaient pas là pour rigoler. Tous, sauf un.

« Par ici, gros con ! »

Schbam ! 

L'uppercut lancé par Matsuba fit vaciller le tatoué, qui tomba sur les fesses. Secouant la tête, il écarquilla les yeux un instant, puis son visage se tordit de rage.

« Connard, je vais refaire la gueule. » Gronda-t-il en se relevant comme un taureau déchaîné.

Mais Matsuba était un combattant entraîné qui pratiquait plusieurs art martiaux. Évitant le bras de son assaillant d'un simple quart de tour, il s'en servit comme levier pour le soulever de terre et le retourner, écrasant son dos sur le sol en béton. Il lui fut ensuite aisé de l'immobiliser avec une solide clé de bras.

« C'est ma pote que vous cherchez, les tocards. » L'avertit le jeune homme. « Et vous avez clairement pas le niveau. Laissez tomber, c'est pour votre bien. »

« Sale fils de...! »

Mais Matsuba n'entendit pas le reste de l'insulte.

L'un des autres étudiants de Blazebud venait de lui asséner un coup de skateboard à l'arrière du crâne. Laissant échapper un grognement de douleur, le garçon voulut se retourner pour corriger l'insolent, mais deux de ses compères virent lui attraper les bras, l'empêchant de se défendre.

« À nous deux, bâtard. » Cracha le tatoué en se relevant.

Contournant le prisonnier, il vint le toiser de haut en face de lui. Puis, sans prévenir, il lui asséna un violent crochet du droit. Sentant sa jouer devenir brûlante, Matsuba cracha quelques gouttes de sang, avant de fixer son adversaire avec colère.

Autour d'eux, les autres élèves de Cassian Ree n'osaient pas intervenir, trop intimidés.

Se saisissant du skateboard de son collègue, le tatoué donna plusieurs coups à Matsuba. Celui-ci tenta de reculer pour amortir le choc, mais les deux autres le maintenaient fermement en place. Sentant une terrible douleur lui déchirer le visage et l'abdomen, le jeune homme toussa violemment en laissant un filet de bave s'écouler de sa bouche.

Un sourire carnassier s'imprégna sur les traits de l'attaquant lorsqu'il leva une nouvelle fois le skateboard.

Mais lorsqu'il voulut l'abattre sur le crâne de sa cible, il n'y parvint pas. Il eut beau tirer dessus, l'objet était coincé dans les airs, retenu par une main.

« Tu sembles te complaire dans le courage. » Intervint une voix féminine et ironique « Tant qu'à faire, j'en aurais aussi mis un pour lui maintenir les jambes. »

Le skateboard prit soudainement feu.

Effrayé, le tatoué le jeta par terre en poussant un petit cri aigu. Puis, il se retourna pour faire face à la nouvelle venue. Il écarquilla alors les yeux, faisant face à une jeune fille à la chevelure auburn où siégeaient deux oreilles de louve. Ses yeux d'un orange vif à la pupille fendue le fixait avec intensité, comme deux petites flammes.

« Il parait que tu me cherches ? » Demanda la lycanthrope en haussant un sourcil.

Des acclamations enthousiastes et des cris d'encouragement explosèrent au sein de la foule. 

« Shizuka ! »

« Met-lui la misère, à ce pauvre type ! »

« Éclate-le ! »

L'étudiant de Blazebud avait la mâchoire crispée et le regard brûlant. Poussant soudainement un hurlement, il expédia son poing en direction du visage de Shizuka.

La seconde d'après, il décollait dans les airs.

Usant de sa capacité, la lycanthrope l'avait envoyé au tapis en lui projetant une <Nova incandescente> en pleine figure. Retombant comme un sac de chiffon, le tatoué s'affala au sol et y resta, évanoui. De la fumée s'échappait de ses vêtements.

« Y a d'autres volontaires ? » Lança Shizuka en faisant danser une flammes entre ses doigts.

Les autres élèves de Blazebud la dévisagèrent un instant avec incertitude, puis choisirent de laisser tomber. Alors qu'une volée d'insultes et de sifflements leur pleuvait dessus, ils ramassèrent leur camarade et filèrent sans demander leur reste.

« Ça va...? » Demanda Shizuka, soucieuse, en venant soutenir Matsuba.

Ce dernier accepta l'accolade.

« Intervention un peu tardive... mais bienvenue. »

Sky Keep ARC 2 - Chapitre 15, partie 6 - FIN

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