Chapitre 10 - Concertation

Bar de l'hotêl Crossroads, Tierraroja (5e étage de la Tour)

Le soir du 20 juillet 3202

La quasi-totalité des invités à cette réunion fantasmagorique semblaient s'être mis d'accord sur une même stratégie comportementale : garder le silence en dévisageant tour à tour les autres participants. De ce fait, aucune parole n'était échangée ici bas, et l'on entendait que la paisible mélodie d'un joueur de banjo diffusée depuis un gramophone - appareil qui n'avait rien à faire dans un étage comme Tierraroja, et qui avait vraisemblablement été placé là par leur hôte.

Six personnes étaient réunies dans ce bar à l'ambiance tamisée. Groupés autour d'une table haute, ils attendaient de voir ce qui allait se passer, assis sur leur siège.

« Euh... est ce qu'on pourrait nous expliquer pourquoi on est là ? » Demanda timidement Shayton au bout d'un moment, mal à l'aise.

« Et rapidement, si possible. » S'impatienta Raijū à côté de lui, les bras croisés sur la poitrine.

Le condorien ne put retenir un petit couinement.

Dix minutes plus tôt, il avait débarqué ici avec son équipe, invité par un mystérieux interlocuteur au téléphone. On leur avait demandé d'attendre, et quand la porte s'était de nouveau ouverte pour laisser entrer la kitsune flanqué de son gamin, lui et ses compagnons avaient frôlé l'infarctus.

« D-Désolée pour l'attente... » S'excusa soudainement une voix féminine.

Tous se retournèrent vers la dernière personne présente dans la pièce.

Il s'agissait vraisemblablement d'une humaine, aux cheveux rose bonbon et au visage tordu d'une grimace embarrassée, et habillée d'un costume de soubrette de qualité. Ne semblant pas savoir où se mettre, elle se tordait les mains sans oser les regarder dans les yeux.

« M-Monsieur va arriver e-et vous expliquer la situation... » Murmura-t-elle, gênée.

Sitôt eut-elle prononcée ces paroles que la porte du fond s'ouvrit à la volée, laissant entrer un nanti au costume d'obsidienne et d'émeraude, portant un chapeau au feutre neuf ainsi que de nombreux bijoux. Même la monture de ses lunettes était en or pur.

« Salutation, vous tous ! » Lança-t-il, tout sourire.

Tous les invités sursautèrent en concert, laissant échapper une exclamation de surprise pour certains.

Matsuba ne fit pas exception, car il avait lui aussi instantanément reconnu cet ascensionniste au visage charismatique, membre du même célèbre groupe qu'Hadia Munsahir.

Des cheveux d'or à faire pâlir les trésors les plus précieux, et des yeux aux sept nuances de vert convoités par les dryades elles-même...

...devant lui se tenait le Dioptase des J.E.W.E.L.S, l'homme le plus riche de la Tour : Soren Fyrklöver.

***

Le titre d'orfèvre était la plus haute distinction discernée par l'Arlequin, le journal officiel de la Guilde.

Intégrant ce que l'on appelait les J.E.W.E.L.S, ces distingués étaient célèbres à travers toute la Tour, au même titre que les capitaines des Six étoiles montantes. Ils appartenaient à des équipes différentes, mais avaient pour point commun de tous présenter une particularité exceptionnelle : un talent, une légende...

...quelque chose qui avait fait en sorte que l'Arlequin estime leur nom digne d'entrer dans l'histoire.

« L'homme le plus riche de Babel. » Se remémora Matsuba, stupéfait.

On racontait que la Banque du sommet - la banque de la Guilde - en personne s'était endettée auprès du Dioptase. Une rumeur avançait même que plus de la moitié des transactions qui existaient au sein de tous les étages confondus avaient un lien plus ou moins direct avec cet homme. Il était l'un des cadres les plus influents de la Besace d'Ayizan : le requin par excellence.

« Mettez-vous à l'aise ! » Lança-t-il, rayonnant. « Je voulais nous trouver un petit endroit pour effectuer notre petite réunion, alors j'ai acheté cette hôtel il y a une heure.  Commandez ce que vous voulez, c'est offert par la maison ! »

« A-Acheté l'hôtel ?! » Faillit s'étrangler Matsuba.

Percevant soudainement un grognement à sa droite, il jeta un œil à Raijū. La kitsune s'était renfrognée, visiblement contrariée.

« Qu'est ce que tu veux, blanc-bec ? » Grommela-t-elle, méfiante.

« Haha, je ne m'étais pas trompé à votre sujet. » S'amusa son interlocuteur. « Quand j'ai vu votre combat dans la ruelle, j'ai tout de suite pensé que vous n'aviez pas votre langue dans votre poche, dame kitsune. »

« C'était vous, cette libellule ? » Demanda Raijū en haussant un sourcil.

« Plus ou moins. » Sourit Fyrklöver. « J'ai mes secrets. Mais bref, j'ai pu voir chacun d'entre vous en action, et je trouve que vous répondez parfaitement à mes critères pour être des... partenaires. »

« Partenaires ? » Sursauta Kaya, assise aux côtés de ses compagnons.

« Je suis moyennement enclin à contracter une quelconque dette envers vous. » Trancha Shayton, méfiant. « Je connais la réputation de la Besace. »

« Vraiment ? » S'étonna Soren, intrigué. « Pourtant, nous respectons toujours notre part du marché. »

Il haussa les épaules, amusé.

« Ce n'est pas notre faute si les clients ne lisent pas toutes les lignes du contrat. »

« Viens-en aux faits, j'ai pas ton temps. » Intervint Raijū, que cette conversation agaçait de plus en plus.

« J'y arrive. J'y arrive. » S'égaya le nanti. « Vous avez dû remarquer que la situation n'était pas jouasse ici, ces derniers temps ? »

Les membres autour de la table se crispèrent.

« Primo, la Leyposa, ressource indispensable à la vie sous la lumière des soleils jumeaux, est en train de disparaître. Secundo, les monstres de tout l'étage semblent être entrés dans un état d'effervescence : dans ce monde, une ville est attaqué toutes les heures. Ces assauts incessants font de nombreuses victimes. Et tertio, Imperia est venu mettre son nez dans ce bazar, provoquant une scissure massive au sein de la population entre les humains et les semi-humains. En bref : c'est un peu le zouk. »

« Voilà qui est magnifiquement résumé. » Ironisa Natherod. « Est ce qu'on pourrait apprendre quelque chose que l'on ne sait pas déjà ? »

Soren fit un bref signe de tête à la soubrette aux cheveux roses, qui s'empressa d'aller chercher des rafraichissements. Une fois tout le monde servi, le Dioptase poursuivit ses explications.

« Je vais être direct. » Lâcha-t-il. « Je pense que les Messagers du crépuscule, et plus particulièrement leur archevêque d'étage sa sainteté Tiberius, ont influencé la situation d'une manière ou d'une autre pour en profiter. Qu'ils sont plus ou moins responsables de tout ce qu'il se passe ici. »

« Ça aussi, on s'en doutais un peu. » Avoua Shayton, las, alors qu'on lui servait une boisson. « Mais on a aucune preuve. »

Fyrklöver esquissa un sourire.

« Et bien... peut-être que si. »

Tous les connivents se tournèrent vers lui, verre en main.

« Premièrement, j'aimerais vous parler de la disparition de la Leyposa. » Poursuivit le nanti. «  Il se trouve qu'en fait, contrairement à ce qu'avancent les faits relatés que j'ai pu dénicher, elle ne précède pas l'agitation des monstres, mais qu'elle lui succède, au contraire. En fait, il y a même un fort lien de causalité entre les deux. »

Il marqua une pause, dégustant à son tour un verre de bourbon.

« Et ce lien, c'est les phéromones. » Lâcha-t-il avec un sourire.

Les autres penchèrent la tête, ne comprenant pas où il voulait en venir.

« J'ai fait appel à une membre de la Skrytaya Pravda pour élucider ce mystère. »

« L'équipe des génies... » Murmura Shayton, stupéfait. « Comment avez-vous réussi à piquer leur intérêt ? »

« J'avoue être curieuse aussi. » Enchérit Raijū, intriguée. « Les génies ont leurs propres objectifs et ils ne se mêlent pas des affaires des autres, en règle général. »

Le sourire de Soren s'élargit jusqu'à ses oreilles.

« Il se trouve qu'une fille de ce groupe de surdoués est une amie de longue date, et qu'elle me devait un service. Bref, elle a rapidement fait le lien et a trouvé la raison du dépérissement de cette fleur indispensable. C'est une phéromone particulière émise en masse par certains monstres, qui a empoisonné l'atmosphère et fait dépérir la Leyposa. »

Un lourd silence accueilli sa déclaration, chacun des convives encaissant la gravité de la nouvelle.

« Mais ce n'est pas tout. » Poursuivit le Dioptase. « En moins d'une semaine, cette femme a développé pour moi une nouvelle version de la Leyposa. Une mutante, capable de résister à cette phéromone. »

« Sérieusement ?! » Sursautèrent les membres de West's Spirit, interloqués.

« Un OGM... pas bête. » Murmura Raijū, songeuse.

Pour prouver ses dires, Soren fit apporter par le biais de sa servante une caisse entière de plantes orangées, devant lesquelles ses invités restèrent sans voix.

« La vache, j'en avais pas vu en aussi bon état depuis notre retour... » Souffla Shayton, impressionné.

« Vous voyez où je veux en venir ? » S'amusa Soren. « Je pense que les Messagers ont trouvés un moyen d'agiter les monstres. Ils ont l'habitude de traquer et d'exterminer les hétéromorphes, alors ça ne devait pas représenter de problème pour eux. Ils espéraient ainsi provoquer une catastrophe dont ils auraient pu sauver les humains du 5e étage, s'assurant ainsi de leur foi, de leur admiration et de leur loyauté. Mais je pense que tout ne s'est pas passé comme prévu... et qu'ils n'avaient notamment pas conscience de l'effet des monstres et de leur phéromones sur la Leyposa. D'ailleurs, les pacificateurs ont aussi été pris au dépourvu, puisqu'ils pensent toujours que ce sont les semi-humains qui ont empoisonné la plante sacrée pour se venger. »

« Et le cercle vicieux a entraîné une perte de contrôle, ce qui a amené notre monde dans cet état de pseudo-guerre civile... » Murmura Shayton, qui voyait déjà plusieurs pièces du puzzle s'assembler.

Fyrklöver se leva, brandissant son verre comme pour porter un toast.

« Mon objectif ici est simple. » Lança-t-il fièrement. « C'est de m'accaparer le marché de la Leyposa, afin d'implanter une firme de la Besace d'Aiyzan ici même à Tierraroja ! Et pour ça, il faut que je trouve un moyen de faire tomber Tiberius et Imperia. »

« En gros, tu veux profiter de la situation toi aussi, sauf que tu n'excluras pas les semi-humains de tes plans, contrairement aux Messagers. » Commenta Raijū, blasée. « Et ce afin d'engrener d'avantage de bénéfices. »

« Bien sûr. » Ricana le Dioptase. « Il serait stupide de me priver d'une partie aussi importante de mes clients. »

« Du moment que ça aboutit à la libération de souffrances de mon peuple, ça me va. » Dit Shayton, même si il restait méfiant vis à vis du nanti.

« Mais moi, ça m'est complètement égal. Alors pourquoi m'avoir fait venir ? » S'impatienta la kitsune.

« J'aborderai toutes ces questions à la fin, si vous le permettez. » Affirma Soren. « Poursuivons, si vous le voulez bien. »

« Oui. » Intervint Kaya. « Il y a une chose qui me turlupine : c'est bien beau tout ça, mais comment on va faire tomber Imperia ? »

Le sourire du nanti ne s'effrita pas le moins du monde. Au contraire, il s'accentua toujours plus.

« Et bien, je pense pouvoir prouver qu'Imperia est la cause de l'agitation des hétéromorphes. » Affirma-t-il, sûr de lui. « Ajoutez à cela la raison de la disparition de la Leyposa, et assaisonnez le tout de preuves bien dispersées dans plusieurs journaux locaux, et je peux vous assurer que la confiance aveugle que la population humaine tierrarojienne accorde à l'église s'effritera comme la roche du désert de Quapas. Malgré leur protection contre les monstres, les soldas blancs ont rationné la Leyposa et ne l'ont pas fait réapparaître, alors comme ça manque toujours, il existe toujours une frustration. C'est ça que nous allons exploiter. Et comme je suis le seul à disposer de stocks de Leyposa, et que j'ai suffisamment d'argent pour aider au financement de la reconstruction de cet étage... »

« ...les gens de tout le 5e étage te tomberont dans les bras . » Compléta Raijū, indécise.

« Relancer l'économie d'un étage à lui tout seul... » Souffla Kaya dans un murmure. « Ce type ne joue pas dans la même catégorie que nous. »

« Avec ça, l'étage tombera aux mains de la Besace d'Ayizan. » Commenta Shayton, soucieux.

« Ça reste toujours mieux qu'Imperia. » Répondit Natherod en haussant les épaules.

« Mais ça ne répond toujours pas à mes questions. Alors poursuis, parce que je commence à en avoir marre d'attendre. » Intervint prestement Raijū, qui battait du pied sous la table.

« Tout à fait. » Enchérit Soren avec un hochement de tête. « C'est là que ça devient intéressant. Pour commencer, j'ai fait placer l'archevêque Tiberius sous surveillance visuelle. Cela m'a permis de découvrir qu'il existe une zone souterraine cachée sous l'autel central de la cathédrale de Las Alba. Un passage secret dans lequel l'archevêque se rend régulièrement. »

« Et qui mène où ? » Demanda Shayton, intrigué.

« Dans la prison de Bocabierta. »

Les membres de West's spirit furent parcourus d'un frisson.

« C'est là que sont retenus les prisonniers les semi-humains en attente de transport vers d'autres étages, non ? » Demanda Raijū en haussant un sourcil. « Alors ça n'a rien d'illogique. Techniquement, c'est lui, le véritable patron de cette prison. »

« C'est vrai. » Approuva le Dioptase. « Mais c'est ce qui vient après qui rend cette information intéressante. Vous connaissez les shamanes ? »

Raijū et les membres de West's Spirit hochèrent positivement la tête. Mais Matsuba lui, se permit pour la première d'intervenir.

« Euh... non, pas vraiment. » Dit-il, penaud. « On m'en a parlé, mais je ne sais toujours pas ce que c'est exactement. »

« Ce sont des semi-humaines un peu particulières. » Répondit Shayton au nom de tous. « Des êtres très sensibles, profondément liés à l'esprit-mère, une ancienne divinité de notre peuple. »

« Exactement. » Fit Fyrklöver en reprenant la parole. « Et elles disparaissent mystérieusement depuis plusieurs années. »

Tout le monde se tourna vers lui.

« Vous n'aviez pas remarqué ? » S'amusa le concerné. « Une à une, jour après jour. »

« Si bien sûr, mais quel est le rapport ? » Fit Natherod.

« Il n'en existe plus nul part, même dans les camps de rebelles semi-humains. Par ailleurs, toutes celles qui se trouvaient à la prison de Bocabierta se sont mystérieusement volatilisés chacune à leur tour, toutes pendant la nuit. La veille, elles étaient dans leur cellule, et le lendemain, plus personne. »

« Le passage secret ! » S'écria soudainement Kaya.

« Merde ! » Fit Natherod. « Vous pensez qu'Imperia les déplace secrètement quelque part ? »

« Et pas n'importe où. » Approuva Soren. « C'est là que les pièces du puzzle s'imbriquent une à une. »

Il balaya les convives du regard.

« Il existe une troisième sortie au passage souterrain : l'ancienne cité de Cheerook. » Dit-il enfin.

Un vent de stupeur se répandit au sein du groupe.

« Cheerook... » Murmura Shayton. « La vieille ville abonnée des canyons de Naskota ? »

« Officiellement, plus personne n'y vit... » Murmura Kaya, troublée.

À cet instant, tous avaient partagés la même pensée, rejoignant celle du Dioptase. Une intense aura de doute semblait s'être déposés sur leurs épaules.

« Vous voyez où je veux en venir ? » S'amusa le nanti. « Je me demande simplement... » 

Il leva les yeux vers le plafond, où son regard se perdit.

« ...si cette ville est aussi abandonnée qu'on le dit. » Murmura-t-il, songeur.

Un lourd silence accueillit sa déclaration.

***

Citée de Cheerook, Tierraroja (5e étage de la Tour)

L'obscurité avait peu à peu envahie les parois de la vieille ville en ruines. Par ailleurs, des gouttes d'eau avaient commencé à l'arroser, un ciel orageux s'étant amassée au dessus-d'elle.

En son centre se dressait l'ancien bâtiment principal, dont deux immenses totems encadraient l'entrée. C'était à l'intérieur de ce baste espace, éclairés par une bougie, que deux silhouettes étaient attablés autour d'une petite installation de fortune.

L'élégance, voilà ce qui les définissait.

La première personne était une femme. D'environ la vingtaine, elle se démarquait par la dichotomie colorimétrique de sa chevelure : blanche de fond, parsemée d'épaisses mèches noires. Deux fines antennes s'en échappaient, terminées à leur extrémité par des touffes de poil d'une couleur assortie.

La dame portait une élégante robe d'un rouge éclatant, tout aussi rouge que ses iris à la pupille fendue comme celles des chats. Iris que l'on peinait à distinguer à travers l'orifice du masque de carnaval qui couvrait son visage : un masque au long nez, fin et courbé vers le bas, comme un bec de corbeau.

L'élégante demoiselle avança sa main gantée d'une soie blanche, se saisit de son pion et l'avança d'un nombre de cases identiques à celui indiqué par les dés.

« Mmm... rue de l'Armistice. » Lut-elle sur la case.

Un air enjoué apparut sur sa bouche, laissée libre sous son masque.

« Il est de mon devoir d'en faire l'acquisition incessamment sous peu ! » Lança-t-elle, enthousiaste, en tendant un billet vers la banque.

« Tch... » Fit son camarade, agacé. « Arrête de t'accaparer tous les terrains avec des impôts supra élevés. Je suis pas riche ! »

« C'est ainsi que se joue la partie, mon cher. Aurais-je tort de penser que vous n'avez jamais pris part à une partie de Monopoleye ? »

« Rrrr... »

L'individu face à elle était petit, à peine un mètre cinquante. Il était vêtu d'un costume trois-pièce d'un vert olive sombre, surmontant une chemise noire. Tout comme sa consœur, un masque de carnaval - différent cependant - recouvrait ses traits. Ce dernier était surmonté d'une petite couronne.

« J'avais autre chose à préparer ici que de jouer à ces jeux stupides. » Grommela-t-il en croisant les bras sur la poitrine.

« Fufu, vous demeurez fidèle à votre réputation de piètre perdant. »

La femme vint poser son doigt sur la joue de son collègue.

« Voilà qu'il semble tout empli de fierté pour son projet. » S'amusa-t-elle alors qu'il la repoussait vivement.

« Arrête ça ! » Grogna-t-il. « Rigole tant que tu veux, mais ce sera le plus gros coup de l'histoire des Zannis ! »

Un sourire fou s'étira sur ses lèvres, alors qu'il levait les bras vers le plafond.

« Le plus grand massacre jamais déclenché dans un étage ! Une bonne guerre à l'ancienne, que personne n'aura vu venir ! »

Il reçut un coup sur le crâne.

« Aïe ! Eh ! Ça va pas la tête ? »

« Toutes mes excuses, fufufu. Mais je n'avais guère le choix : vous êtes devenu insupportablement imbu de vous-même. » Pouffa sa collègue.

Enragé, l'homme en vert souleva le plateau de jeu et lui jeta à la figure, alors qu'elle mimait de s'enfuir en riant. Mais il ne la poursuivit pas.

Pensif, il ferma les yeux, savourant les cris et grondements qu'il entendait dehors.

« C'est pour bientôt... » Savoura-t-il.

Ayant retrouvé sa bonne humeur, il sortit de sa poche un téléphone, et ouvrit l'application musique. Alors que des sons de tonnerre retentissaient depuis l'extérieure, un champ encourageant et entraînant se mit à raisonner dans le grand hall désert.


Entrainé par sa folie, l'homme au masque de carnaval se mit alors à danser au rythme de la musique, un sourire sur les lèvres.


Car au dessus de lui...








Oui, tout au dessus de lui....














...loin au dessus du bâtiment principal, au sein du ciel orageux...


















...des milliers et milliers d'oiseau-tonnerres enragés tournoyaient en déchainant leurs éclairs dans les airs, poussant de temps à autre une cacophonie de cris perçants et insupportables. 

Sky Keep ARC 2 - Chapitre 10 : FIN

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