Chapitre 7
— Putain de merde !
Junhui s'appuie contre un rocher en serrant les dents. Il donne un coup de pied dans le vent et lève la tête.
— Minghao, je t'aime !
Dokyeom se dirige rapidement vers le sous-chef et le prend dans ses bras lorsqu'il tombe à genoux. Il tente de le réconforter du mieux qu'il peut, mais Junhui est inconsolable.
Tous les passagers de l'avion neuf sont décédés, seul Dokyeom et le chinois sont en vie. Ils se sont faits détruire par le gorille et l'engin s'est écrasé misérablement dans les rochers en explosant de mille pièces. Si les deux n'avaient pas eu le réflexe de sauter en parachute avant la rencontre avec les granites, ils seraient morts sans aucun doute.
— Lucas, Yeonjun, Gikwang, c'était nos amis putain. Et ils sont morts Dokyeom, ils se sont fait écraser sous la masse, ils ont péri et ce monstre les a tué sans aucun scrupule. Je n'en aurais pas non plus lorsque je lui couperais la tête en deux.
Dokyeom n'était pas si proche des trois, mais ça n'empêche qu'ils les connaissaient depuis longtemps. Lucas et Yeonjun ont toujours été des adolescents souriants tandis que le plus vieux avait toujours un air taquin et son lot de blagues cocasses avec lui pour faire rire toute la bande.
— Junhui, ne perd pas espoir. J'ai vu l'avion dans lequel était Minghao s'écraser comme le nôtre. Nous avons survécu, alors il y a des chances pour que ce soit la même chose de son côté.
— Mais on n'en sait rien, si ça trouve, c'est déjà trop tard...
— Et si ça se trouve, ça ne l'est pas ! Alors cesse d'être pessimiste et allons trouver nos amis ! On a atterri sur des rochers, sur une montagne, d'ici on voit beaucoup de choses. Si on arrive à grimper un peu plus, on pourra repérer les autres avions. S'il y a de la fumée à cause de l'explosion, on verra tout.
Junhui, assis en tailleur, le regard plongé vers la petite rivière qui se trouve juste en amont, enregistre lentement les paroles de Dokyeom. L'avion de Johnny a été complètement détruit et avalé par la bête, tout comme l'avion de Jaebum. Mais les autres, eux, sont peut-être dans la même situation, perdus, apeurés, mais quelque part sur cette île, espérant retrouver leurs camarades.
Le chinois se lève, une idée lui ayant traversé l'esprit. Il regarde Dokeom et l'entraîne vers la dépouille de leur avion de chasse.
— Est-ce qu'on a encore une fusée de détresse et un talkie-walkie ?
Dokyeom fronce les sourcils et hoche la tête.
— Je les avais gardés sur moi tout le long du trajet. Mais nous n'avons plus aucune nourriture, pas d'eau, pas de vêtements, nous n'avons rien.
Junhui attrape les deux objets qu'ils convoitent des mains du plus jeune. Le talkie-walkie n'a presque rien, pas une seule égratignure, il est en parfait état mis à part le son qui grésille. À l'université, en plus de s'entraîner pour rejoindre l'armée, le plus vieux pratiquait la danse et surtout, il se trouvait dans une classe technologique pour le préparer à devenir un informaticien s'il n'arrivait pas à intégrer les rangs de Seungcheol. Les objets électroniques n'ont aucun secret pour lui, il peut donc faire en sorte de réparer le son du talkie-walkie pour ensuite l'utiliser et appeler les autres.
— Tu penses que les autres vont nous entendre ? On ne capte rien ici, il n'y a pas une once de réseaux. La violence du choc a peut-être complètement cassé leurs talkies-walkies.
Junhui sourit et passe l'une de ses mains dans les cheveux de son ami en le décoiffant, ce qui le fait râler.
— Ne pas perdre espoir, c'est toi-même qui me l'a dit, petite tête. Allons sauver nos amis.
***
Seungkwan s'affaire à déchirer un morceau de son tee-shirt, les mains tremblantes et la respiration saccadée et troublée par ses pleurs.
Il crie de rage lorsque ses doigts ripent et c'est Minghao qui le calme en posant ses mains sur celles du blond. Il lui demande d'inspirer profondément et de se calmer. S'énerver dans ce genre de situations ne fera qu'aggraver les choses.
— Laisse moi faire, toi, essaye de trouver de l'aide ou d'appeler les autres.
Seungkwan hoche la tête en lâchant le bras de Jaehyun, il recule et fonce vers les débris de l'avion dans l'espoir de trouver leur talkie-walkie. Et il le retrouve.
En mille morceaux.
Il ferme les yeux pour faire le point dans sa tête. Ils ont atterri dans ce qui semble être une petite clairière, près d'un lac, avec la forêt à quelques mètres. Ils se sont violemment écrasé par terre, lui étant à l'arrière de l'avion, n'a que peu été touché puisque seul l'avant de l'avion a explosé. Il n'a d'ailleurs pas la réponse à cette énigme, certes le devant a touché le sol en premier ce qui fait que l'arrière a seulement rebondi, mais tout aurait dû exploser vu la vitesse à laquelle ils se sont écrasés au sol.
Minghao était lui aussi protégé, mais sa jambe est complètement détruite et ensanglantée. La douleur doit être immense et pourtant, il ne s'occupe pas de lui, mais des trois autres.
Joshua n'a à priori pas de blessures graves d'après le chinois, il s'est simplement évanoui dû au choc qu'il a reçu lorsque sa tête a tapé contre l'une des caisses d'armes. Pour ce qui est de Jaehyun et Eunwoo, leur cas est très grave. Les deux ne ressemblent qu'à des tas de bouillis, on ne repère même plus leur visage avec tout le sang présent sur eux. Minghao essaye par tous les moyens de stopper l'hémorragie, mais il ne peut pas s'occuper de deux personnes alors qu'il est lui-même à la limite du malaise.
Tout repose donc sur les épaules de Seungkwan. Il doit faire quelque chose pour sauver la vie de ses amis.
Il veut être brave pour une fois, et arrêter de pleurer et d'être si faible. Il se sent inutile à côté de tous les autres soldats. Lui ne sait pas panser des plaies, trouver des herbes médicinales, piloter un avion de chasse, utiliser un pistolet, se repérer sur une carte, il ne sait même pas cuisiner ou porter des charges lourdes. Il n'a même jamais appris à nager.
À quoi sert-il ?
Il se lève et inspecte les alentours. Une rivière, une forêt, une clairière, mais aussi un mur géant, comme un barrage. Et une porte, grande, fermée à double tour, au beau milieu du lac, positionnée sur une petite surface de sable. Le seul endroit à ne pas être entièrement recouvert d'eau. S'il y a une porte, alors il y a forcément des êtres humains qui y vivent derrière, peut importe s'ils parlent la même langue, s'ils sont dangereux, c'est peut-être la seule chance de sauver Eunwoo et Jaehyun.
Alors Seungkwan se lève et commence à courir sous les cris sourds de Minghao que le blond ignore royalement.
Il s'accroche au mur fait de troncs de bois, s'élevant à plusieurs mètres de hauteur. Ses pieds se posent sur le rebord mouillé et il commence à avancer, petit à petit. S'il lâche, il tombe dans l'eau, avec le courant et le fait que ce lac est sûrement profond, Seungkwan ne s'en sortirait probablement pas s'il venait à faiblir et lâcher prise.
Alors il se cramponne fermement, il serre les dents lorsque des échardes s'enfoncent dans ses doigts, et il y arrive enfin, sur cette terre sablonneuse. Il toque plusieurs fois, et se met à tirer sur l'une des cordes, ce qui fait tinter une cloche. Il retient sa respiration, il prie pour qu'une personne ouvre cette fichue porte et que le bruit soit arrivé dans l'oreille de quelqu'un.
Et le ciel semble avoir entendu ses prières puisqu'une jeune femme aux long cheveux orangeâtre et habillée d'une longue robe marron magnifique apparaît devant ses yeux. Sa tête se penche d'un côté et elle semble juger l'humain devant elle.
— Aidez-nous, je vous en supplie.
***
Chan observe Jihoon et Wonwoo soutenir Mingyu qui marche lentement. Il a repris des forces, tout ce qui est utile pour survivre dans une jungle comme de la nourriture, des armes et une trousse de secours ont été récupérés. C'est avec un goût amer dans la bouche qu'ils ont quitté leur avion, irréparable, pour tenter de rejoindre le nord, là où les survivants doivent se retrouver si problème il y a.
Chan a toujours été une personne introvertie, il n'aime pas vraiment les contacts humains, préférant rester dans sa petite bulle, seul. Il ne parle pas souvent, c'est un homme solitaire qui se contente de suivre les ordres. Il n'est pas là pour se faire des amis, il est là pour travailler et faire des missions.
Il a son propre système de valeurs et de croyances où se mêlent opportunisme et intérêt. Il a une grande intuition et choisit avec clairvoyance ceux qui l'entourent, même si ce n'est qu'artificielle. Il ne s'attache pas aux gens parce qu'il part dans l'optique que tout le monde s'éloigne de tout le monde un jour ou l'autre.
Il ne veut pas souffrir comme les trois autres souffrent. Il connaissait tout le monde, au moins de vue ; il a passé beaucoup de temps avec certains d'eux. Il a forcément un pincement au cœur en sachant que des soldats se sont éteints, parce qu'il y a plusieurs morts, et ils en sont tous conscients.
Wonwoo et Mingyu ont leurs meilleurs amis, et Jihoon à son amoureux.
Chan sait à quel point celui aux cheveux roses tient à Soonyoung, ne pas savoir si celui-ci est en vie ou pas doit le rendre fou, et ça se voit à son visage.
Jihoon ne le montre pas, il a ce masque indéchiffrable qui ne laisse passer aucune émotion. Mais personne n'est dupe, lui-même en est conscient. Le manque va s'intensifier et la peur s'immiscera de plus en plus.
Chan commence à se perdre dans ses pensées, imaginant la vie qu'ont ses trois camarades, en dehors de l'armée. Est-ce qu'ils ont des frères et sœurs ? D'autres amis ? Est-ce qu'ils sortent se balader près des quais ? Qu'est-ce qu'ils aiment faire dans la vie ?
À vrai dire, il se rend compte qu'il ne sait pas grand chose de ses compagnons, ni Jihoon, ni Wonwoo, ni Mingyu, ni même quelqu'un d'autre.
Un grésillement résonne et Chan s'arrête, sur ses gardes. Les autres continuent, n'ayant pas l'air d'entendre le bruit. Le plus jeune se concentre et remarque que la source de son intérêt se trouve dans son sac à dos.
Un éclair de lucidité lui parvient et il se dépêche de sortir le talkie-walkie qu'il a soigneusement gardé.
Il appuie sur l'un des boutons et se met à parler, pour voir si quelqu'un l'entend.
— Allô, ici Chan, escouade une. Est-ce que quelqu'un m'entend ?
Les trois autres froncent les sourcils tentant de comprendre ce qu'il se passe pendant que le soldat essaye encore sa manœuvre.
— Escouade une, ici escouade neuf, signal bien reçu.
Des survivants.
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