Chapitre 80
Jeudi 23 octobre 17h 35
SKINNY - guitariste de SKIN
— Bon, je pense qu'on peut s'arrêter dès maintenant, propose Bernard. J'ai assez pour travailler sur les pistes et ça vous permettra de vous reposer.
Hadrien a mis plusieurs heures à décolérer de l'extinction de voix de Matt. Pourtant, au label, personne ne nous a rien reproché. Zahia est en déplacement jusqu'à lundi et notre ingénieur son, après avoir ri pendant dix minutes, a simplement déclaré qu'on allait changer l'ordre des parties à enregistrer. Comme nous connaissons tous nos morceaux par cœur, le changement de planning ne nous a pas beaucoup perturbé.
— Surtout Matt, reste bien au chaud aujourd'hui, a recommandé Bernard au sujet de l'aphonie de notre chanteur pendant qu'on s'échauffait avec Gwen. Ça ne dure jamais ce genre de truc, mais il ne faudrait pas que tu chopes autre chose.
— Encore désolé du dérangement, a chuchoté l'intéressé.
— Mais non, mais non, ce sont des choses qui arrivent. Si tout se passait comme prévu, c'est là que ce serait anormal, hein ?
Le rire gras qui a suivi m'a rassurée et toute la journée d'enregistrement s'est ensuite déroulé sans accrocs.
Je crois que notre ingé-son était même plutôt rassuré de voir que, malgré la découverte de la maquette réarrangée dans notre dos, nous n'étions pas fâchés contre lui. Il n'a pas cessé de plaisanter avec nous. Il doit pourtant se douter que nous reviendrons à la charge dès que Zahia sera de nouveau présente, mais il semble tout faire pour l'oublier. C'est une tactique qui me convient pour ma part. Même s'il obéit un peu trop scrupuleusement aux ordres sur le mixage, Bernard est quelqu'un avec qui, il est agréable de travailler.
— Sérieux, on peut se tirer ? s'exclame Gwen.
— Langage, Gwendal, le reprend Hadrien.
— Vous pouvez y aller, oui. Pourquoi ce soulagement ?
Gwen repose la Fender sur laquelle il grattait deux trois accords pour s'amuser et se met debout.
— Le train de sa grand-mère arrive bientôt, répond Hadrien. En tous cas, merci Bernard. Ça va permettre à Matthieu de se reposer.
Matt ne répond rien mais son sourire en coin me donne son avis.
— Pas de soucis. Passez une bonne soirée !
— Y'en a qui veulent accompagner Arthur et moi à la gare ? propose Gwen, le manteau à moitié enfilé. Elle arrive vers 18h 30 officiellement.
— J'aimerais rester encore un peu si ça ne te gêne pas, Bernard, refuse Hadrien.
— Du tout.
L'ingénieur est déjà en train de visualiser les données sur son écran d'ordinateur.
— Les deux autres ?
Je réajuste les manches de mon chemisier et secoue la tête.
— Je vais rentrer. Je verrai ta super grand-mère au dîner.
— Ok !
— Et le dernier, tu rentres avec elle. Privé de sorties, tranche Hadrien d'un ton péremptoire.
Matt ne dit toujours rien, regard amusé.
— Je plains tes futurs gosses, soupire Gwen. Ou pire ta femme enceinte. Tu vas l'entourer de papier-bulle pendant neuf mois. Bref, je file. À tout' les autres.
— Tu veux faire quelque chose avant de rentrer ? demandé-je à Matt.
Nous sommes sortis de l'immeuble et suivons la rue qui longe les locaux de Decibel. Désormais, il ne reste plus que nous deux. Un peu comme si on rentrait du lycée après les cours. L'image m'arrache un sourire.
— Non, chuchote-t-il – puisqu'il ne peut plus faire que ça –, il vaut mieux que je rentre. Mais, qu'est-ce qui te rend si guillerette ?
Je regarde passer sur le trottoir d'en face un petit groupe de touristes qui flâne en regardant l'architecture des bâtiments.
— J'ai l'impression de m'habituer à cette ville, confié-je. Elle est trop forte et bruyante, mais je commence à en sentir les belles choses. C'est plaisant. Et puis, qu'on ne soit tous les deux pour rentrer, ça me rappelle le lycée, comme si, même ici, on retrouvait des rituels immuables.
Il regarde le ciel gris et sombre qui nous surplombe.
— C'est vrai que le temps n'est pas si différent de ta Bretagne.
Je lui envoie mon coude dans les côtes.
— C'est aussi la tienne depuis des années.
— Oh, tu me partagerais ton royaume ? taquine-t-il. Tu es si généreuse.
— Idiot.
— Merci. Dis, puisque nous sommes comme au lycée, on poursuit la routine ?
— Je n'ai pas de guitare.
— C'est grave ?
— Non. J'ai du thé, viens.
— Jusqu'au bout du monde.
Je ris tandis qu'on s'engouffre dans la bouche du métro.
Peut-être que ce n'est pas la Bretagne ou le 18 rue des Alizés mon chez moi, mais juste ma guitare, Matt et SKIN. Et peut-être qu'un jour, mon chez-moi sera juste moi, mon corps et mon esprit.
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Coucou à tous,
D'abord, pardon pour cette longue absence (qui risque de de se reproduire en plus). Ce n'est pas que je manque de motivation, mais j'avance ma relecture avec des objectifs assez stricts et des différences du coup, j'avoue que relire rapidement cette partie-là n'est pas vraiment casé dans le planning et le temps qui lui y est normalement consacré à tendance à un peu sauter selon les imprévus qui se rajoutent... Toutes mes excuses.
Je ne peux pas trop prévoir quand seront les prochaines, ça ne dépend pas que de moi. En plus des contraintes qu'on a tous, les migraines et les angoisses aiguës ont un peu tendance à se pointer un peu trop souvent pour que je sois efficace et, surtout les premières, elles sont coriaces, durent longtemps et ont tendance à beaucoup me frustrer... (non que les secondes soient agréables mais elles sont souvent plus courtes). Bref, ce n'est peut-être pas une vraie excuse, mais j'avais sans doute un peu envie de me plaindre aussi ^^
Encore toutes mes excuses et merci infiniment de me lire, j'espère que de votre côté, tout se passe pour le mieux et que vous vous sentez bien :) (Si ce n'est pas le cas, vous pouvez venir râler aussi !)
Prenez soin de vous <3
Anne
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