Samedi 4 octobre 13h 40

HADRIEN - batteur de SKIN

               Pour ceux qui ne vérifient jamais la date en début de paragraphe, je vous informe qu'un saut de dix jours a été effectué.

Pour l'essentiel, cette décade a été consacrée à la préparation du rendez-vous de cet après-midi avec le label. Néanmoins, l'auteure exige que je vous résume tout ce qui a eu lieu de non-musical durant ces dix jours. Au bilan : Lukas s'est séparé du blond avec qui il sortait plus ou moins depuis la soirée chez Camille ; Bec' a récolté deux heures de colle, une pour insolence, l'autre pour absence injustifiée ; Matt est allé surfer sur la côte avec son frère ; Marie a eu un rhume ; Arthur a planté son devoir de maths sur les suites et Gwendal a voulu rédiger un manifeste contre le plan vigipirate du lycée. Rien de transcendant donc.

De mon côté, seule la rencontre d'aujourd'hui a occupé mes pensées. Les quelques mails échangés avec Decibel m'ont appris qu'Alexis Damano, l'homme venu à notre rencontre en Bretagne, est l'assistant personnel de Zahia Hakim, gérante du label. D'après son profil LinkedIn, cette dernière a travaillé dans la direction artistique de Galaxy — maison-mère de Decibel — avant de prendre la tête du label à sa création, il y a trois ans. Certains des artistes de la scène alternative rock qu'elle a produits ont déjà commencé à se faire un nom. Zahia Hakim est une femme d'affaires efficace.

Concernant le label de Sweet Poison, les informations ont été nettement plus compliquées à trouver. Leur patron, dont le nom est mentionné en minuscule dans les crédits du site internet, est un parfait anonyme sur la Toile. Aucune trace de lui ou de ses activités passées. Depuis son rachat par Galaxy, Great Waves n'a pas vraiment changé sa politique et reste profondément indépendant dans l'âme. Le nom de Galaxy est-même invisible sur la page d'accueil. Or, en-dehors de notre rendez-vous commun sur Paris, le seul dénominateur commun entre le label de Sweet Poison et le nôtre est le rattachement à la puissance de Galaxy. La « coïncidence » est plus que visible, mais aucune logique ne cadre. Affaire à suivre.

Notre rendez-vous du jour a été fixé à quatorze heures dans les locaux de Galaxy. Par mail, Alexis Damano m'a expliqué que les salles de la maison-mère du label étaient plus pratiques à utiliser un samedi que celles de son label. Je pense surtout qu'ils souhaitent nous en mettre plein la vue, mais je me suis gardé de le faire remarquer.

Pour venir sur Paris depuis la Bretagne, chacun d'entre nous s'est débrouillé. Même si les membres de Sweet Poison ont un rendez-vous plus tard dans l'après-midi que le nôtre, nous avons décidé de tous nous rassembler chez Galaxy pour simplifier.

Outre le fait que les couloirs d'une maison de disque sont désertiques le samedi, mon premier constat en arrivant est que tous les huit avons suivi la consigne des labels et ramené au moins un de nos parents. Matt nous a même fait du zèle et est venu accompagné de son père, sa mère, son frère et la copine de ce dernier. J'imagine que le cousin au troisième degré a eu un imprévu.

La grand-mère de Gwendal est aussi de la partie. Dans sa robe au cou dentelé, elle nous dévisage tous les huit avec émerveillement. Si Lukas n'était pas présent, je dirais même que c'est elle la plus excitée d'entre nous.

— Ne me dites rien les garçons ! s'exclame-t-elle en se mettant au cœur de notre petit cercle. Je vais essayer de retrouver vos noms à tous.

J'avise l'horloge du hall d'accueil. Il nous reste un bon quart d'heure à tuer. La retraitée a donc tout le temps de jouer les détectives sur nos identités. Je retiens un soupir.

— On t'écoute Mamie, commente Gwendal avec enthousiasme.

— Je commence par les filles, vous êtes moins nombreuses. Marie.

La guitariste hoche la tête timidement pour confirmer.

— Un point ! s'enthousiasme la matriarche Genêt. Arthur et Gwen, faites les comptes.

Elle fait volte-face.

— Donc ici, c'est Rebecca.

— Bec', rectifie l'intéressée, plus amusée que moi par ce petit jeu.

— Zut. Tu m'autorises un demi-point ?

La batteuse lance un clin d'œil.

— Fais-toi plaisir l'ancêtre.

Toujours aussi polie, la Grance.

— Rebecca ! bondit le père horrifié par son demi-démon de fille.

Cependant, la grand-mère de Gwendal ne le prend pas mal. Bien au contraire.

— Arthur, déclare-t-elle, je crois que je vais venir avec toi. La petite ronde l'air rigolote.

— Maman... gronde M. Genêt.

— Trop cool ! s'exclame Lukas en sautillant. On part avec la meilleure !

Une ex-soixante-huitarde qui soutient le groupe de la plus grande effrontée connue. Le chanteur blond et moi n'avons pas la même définition du meilleur.

— Ça roule. La bienvenue à toi, répond la batteuse en tendant son poing vers la grand-mère.

Après un regard à Arthur pour connaître la démarche à suivre, Mme Genêt cogne sa main contre celle de Rebecca.

— Oh, j'adore ce truc ! rit-elle.

Mamie Genêt découvre le high five. On n'arrête pas le progrès.

— Bon il me reste des prénoms à trouver, reprend-elle en se tournant vers le bassiste de Sweet Poison. Kwan !

Le brun acquiesce.

— Dans le mille.

— Parfait. Matthieu ?

— C'est ça, sourit le gothique.

— Un nouveau point ! Les garçons, vous tenez bien les comptes hein ?

— T'inquiète Mamie, lui répond Gwendal qui, au vu de son regard, ne retient rien du tout.

Il ne reste plus que Lukas et moi à identifier. Le blond est en T-shirt et jean troué et je suis en chemise et pantalon. Même aveugle, la mamie rock saurait nous différencier.

— Hadrien ? me demande-t-elle.

— Oui, approuvé-je.

— Tu as l'air très sérieux comme adolescent.

Le ton employé sous-entend presque un reproche.

— Grillé au premier regard, ricane Gwendal sans que je ne réagisse.

— Et pour finir, Lukas ?

— Oui !

Le blondinet est très fier que grand-Maman Genêt l'ait reconnu. Il pourra toujours se recycler en chanteur pour le club du troisième âge s'il ne perce pas dans le rock.

— C'est un sans-fautes ! continue-t-il. Vous êtes trop forte Madame Genêt !

— Merci Lukas, rougit-elle en lui tapotant le bras. Mais tutoie-moi et appelle-moi Gislaine s'il te plaît.

— Tu préfères pas qu'on t'appelle Gis, l'ancêtre ? intervient Rebecca. Ça sonnerait plus rock.

— Oh si ! Bec' a raison, ce serait top, soutient Lukas.

Grand-mère Genêt observe le visage rayonnant du blond.

— Je me range à vos avis. Va pour Gis !

Nouveau high-five de l'apprenti-rockeuse. J'ai une pensée pour monsieur Genêt qui voit sa mère se transformer en adolescente de seize ans et découvre que son fils aîné joue dans le même groupe qu'une obèse vulgaire. 

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Bonjour à tous,

Mes excuses du retard sur ce chapitre. Je vous avoue que je n'en suis pas vraiment satisfaite mais j'ai déjà pas mal retardé la publication. J'espère malgré tout qu'il vous a plu. :) 

Mes excuses du retard sur ce chapitre. Je voudrais vous faire part de quelques informations concernant l'histoire. Jusqu'au chapitre 35 environ, toutes les parties avaient été relues au moins une fois correctement. Pour ce chapitre et les suivants, ce n'est pas le cas, et je vais être honnête, le premier jet est loin d'être brillant. De plus, j'ai eu la bonne idée d'avoir commencé à écrire sans le moindre plan narratif (et pas toujours de façon linéaire tant qu'à faire). C'est pas méchant, mais il faut maintenant que je raccroche les wagons entre eux et fasse les corrections qui sont en attente depuis des mois. J'aimerais aussi trouver le temps de faire une relecture globale assez tranchante mais il faudrait que je termine de rédiger tout mon brouillon. Bref,  je vais essayer de repasser à une publication par semaine mais certains chapitres dans la même veine que celui-ci nécessitent pas mal de travail, donc qui vivra verra. 

Voilà pour cette longue intervention, tant qu'à causer, je veux aussi vous remercier d'être là. Vos lectures et commentaires me font chaud au coeur comme vous n'avez pas idée, un immense merci. ❤

Prenez soin de vous,

Anne