4. Valentine's tricks
— Non, mais c'est stupide ! affirma Harper.
Elle s'arrêta au milieu du trottoir, les bras croisés sur sa veste en cuir. Jesse, qui avait continué d'avancer de quelques pas, fit demi-tour et revint vers elle.
— Allez, viens ! On s'en moque ! lui dit-il.
— Non, je trouve ça bête de payer deux fois plus cher un burger, tout ça parce que c'est la St Valentin ! On n'a qu'à reporter... On peut très bien manger une pizza chez moi !
Ils avaient prévu d'essayer un nouveau restaurant, qui avait ouvert non loin de chez Jesse. C'étaient des amis à lui qui le lui avaient conseillé. Mais, quand ils avaient fait la réservation, ils n'avaient pas prêté attention à la date.
Le quatorze février. La Saint Valentin.
Harper avait une profonde aversion pour cette fête qu'elle trouvait mièvre au dernier degré. Et puis, l'idée de se faire arnaquer par des restaurateurs, qui allaient profiter du romantisme ambiant pour doubler leurs tarifs, lui hérissait les poils.
— Écoute, lui dit Jesse en posant ses mains sur ses épaules, je n'ai pas envie de me laisser dicter mon emploi du temps par toutes ces fêtes commerciales. J'ai envie d'aller dans ce nouveau resto, avec toi, ce soir ! Et peu importe qu'on soit la St Valentin ou même le jour de l'ascension de la Vierge ! Je m'en tape ! Je veux juste manger avec ma pote et goûter ce burger dont Antho m'a vanté les mérites !
Il a raison, pensa-t-elle.
Malgré tout, Harper ne paraissait pas tout à fait convaincue.
Elle comprit, toutefois, à l'air résolu qu'affichait le jeune homme, qu'elle ne gagnerait pas cette bataille.
— Je te préviens, on partage l'addition, finit-elle par céder. Hors de question de me faire payer le resto par un mec le jour de la St Valentin !
Jesse pouffa de rire, avant d'étreindre son amie. Et, c'est bras dessus bras dessous qu'ils poursuivirent leur chemin, tout en se racontant les détails de leur journée. Ceux qu'ils ne s'étaient pas encore dits, en dépit des nombreux SMS échangés.
— Oh ! Tu es au courant que l'album de Reignwolf sort bientôt ? lui demanda Harper en poussant la porte de l'établissement. J'ai hâte !
— Ah non, je ne le savais pas. Mais il paraît qu'ils jouent le mois prochain au Showbox...
— C'est vrai ? Il faut vraiment qu'on prenne des places !
Ils furent interrompus par la serveuse qui, après leur avoir demandé à quel nom ils avaient réservé, les guida jusqu'à une petite table au fond de la salle. Les lumières avait été tamisées, sans doute pour que l'ambiance paraisse plus intime, et de petites bougies jetaient des ombres dansantes sur les murs et les visages des couples tout autour d'eux.
Je vais vomir, songea Harper.
— Tu devrais voir ta tête, déclara Jesse quand ils se furent assis. On dirait qu'on t'a obligée à aller au concert d'un boys band ! Rassure-moi, tu ne vas pas dégueuler dans ton verre, hein ?
Comme toujours, il semblait posséder une connexion directe avec ses pensées. Un lien télépathique.
— Vas-y ! Moque-toi !
Harper se retint de le frapper avec la carte qu'elle tenait entre ses mains, préférant consulter le menu. De petits coeurs en strass avaient été collés dessus pour l'occasion.
Achevez-moi !
— Vous avez choisi ? demanda la serveuse. Laissez-moi vous suggérer notre cocktail maison...
— Il est alcoolisé ? la coupa Harper.
— Euh... oui, répondit la jeune fille un peu décontenancée. Il est à base de vin blanc.
— Parfait ! Je vais prendre ça !
— Moi aussi, renchérit Jesse tout en essayant de masquer son hilarité.
Harper réalisa qu'il avait compris son sous-entendu. Elle aurait besoin d'alcool pour survivre à ce repas et à son environnement hostile. Tandis que la serveuse énumérait les autres ingrédients dudit cocktail, l'attention de Harper fut attirée par un Cupidon en papier qui avait été suspendu au-dessus de la porte menant aux toilettes. Il voletait avec paresse, dérangé par le passage des clients et du personnel.
— Et... je vais vous prendre également un Garden burger, ajouta Jesse.
— Et pour votre amoureuse ? demanda la serveuse en se tournant vers Harper.
Sérieusement ? pensa cette dernière, agacée.
Mais elle n'eut pas le temps de lancer son regard de dragon à l'employée maladroite. Jesse avait pris les devants :
— Ah non, vous vous trompez ! Ce n'est pas ma petite amie. Harper préfère les filles, en fait. D'ailleurs... Vous êtes tout à fait son genre. Je ne serais pas étonné qu'elle vous demande votre numéro de téléphone d'ici la fin du repas. Pas vrai, Harp' ?
Harper faillit exploser de rire devant le mensonge éhonté de son camarade. Mais c'était bien plus drôle d'entrer dans son jeu. Alors, elle se tourna vers la serveuse rougissante et lui offrit son sourire le plus charmeur.
— Pour moi aussi ce sera un Garden burger. Saignant, précisa-t-elle en battant des cils.
La malheureuse jeune fille bafouilla quelque chose d'inintelligible, tout en notant en vitesse leur commande sur son petit calepin. Puis, elle tourna les talons et s'enfuit en direction des cuisines, comme si elle avait le diable aux trousses.
— C'est malin, déclara Harper amusée, maintenant elle va éviter notre table et on va attendre trois plombes.
Mais ce ne fut pas le cas et ils se retrouvèrent bientôt à siroter leur coupette, avec un gigantesque burger dégoulinant de sauce sous le nez.
Le repas ne fut pas aussi désagréable que Harper l'avait craint. De toute manière, comment aurait-il pu l'être ? Jesse était là. Et c'était tout ce qui comptait.
Son ami lui parla d'une mélodie qui l'avait tenu éveillé une bonne partie de la nuit précédente. Ses yeux brillaient tandis qu'il lui décrivait les différents passages, lui en fredonnant quelques extraits. Harper le contemplait, fascinée. La passion qu'il mettait dans ses mots était contagieuse, et elle aurait pu l'écouter lui détailler les moindres notes de cette nouvelle composition pendant des heures.
— Il ne me reste plus qu'à écrire les paroles, conclut-il. A moins que je ne la joue à Sam... Il n'est pas mauvais pour produire des textes qui collent bien à mes mélodies.
Son expression se fit rêveuse, comme si les paroles s'agitaient déjà devant lui. Silhouettes ondulant entre les ombres des bougies. Des syllabes s'incrustant dans ses accords.
Harper en profita pour se lever et se diriger vers les toilettes. En passant à côté d'une table, un peu plus loin, elle sentit le regard d'un homme sur elle. Ses yeux glissèrent sur son corps, comme des mains impudiques. Il était pourtant assis en face d'une femme qui avait l'air d'être sa compagne. Cette dernière enlaça ses doigts aux siens et lui sourit avec amour. Elle n'avait pas vu le coup d'œil lubrique qu'il venait de jeter à Harper l'instant d'avant, trop occupée par la lecture de la carte.
Harper frissonna de dégoût. Elle ne supportait pas ce genre de types. Elle avait la sensation que leurs pensées dégueulasses s'accrochaient à son épiderme, la souillant. Elle allongea le pas pour rejoindre les toilettes.
Quand elle regagna sa place quelques minutes plus tard, Jesse semblait contrarié. Il leva sur elle un regard glacial.
— Tu aurais dû voir comment le mec à la table là-bas t'as matée quand t'es passée devant lui, grogna-t-il entre ses mâchoires serrées. Comme un gros mal-propre ! Alors qu'il est avec une nana, en plus ! Encore un putain de macho à deux balles !
Jesse était comme ça. Ses colères étaient froides comme la glace. Dans ces moments-là, ses yeux prenaient des nuances polaires. Un bleu arctique.
Mais Harper n'était pas dupe. Elle savait que cette froideur n'était qu'une façade. Elle savait qu'il pouvait exploser, comme un volcan trop longtemps contenu.
Alors, quand ils eurent réglé la note — partagée en deux, comme le désirait la jeune femme — elle s'avança d'un pas décidé vers la table du goujat. Elle posa ses mains à plat sur la nappe et lui dit d'un ton courroucé :
— C'est fini ! J'en ai marre que tu m'appelles juste quand t'as besoin de te vider les couilles. Je mérite mieux que ça. Je vaux bien mieux que ça. Alors, ce n'est plus la peine de me téléphoner. C'est fini entre nous ! Je ne veux plus être "l'autre" femme !
Sentant qu'elle ne parviendrait pas à garder son sérieux plus longtemps, elle s'éloigna en direction de la sortie. Jesse la suivit, tout en criant à la cantonade :
— Joyeuse St Valentin à tous, bien sûr !
A peine arrivés dans la rue, il lui prit la main et ils s'enfuirent en courant. Comme des gosses. Des sales gosses heureux de leur plaisanterie. Il furent obligés de s'arrêter quelques rues plus loin, tant ils riaient. Harper se tenait les côtes, tandis que Jesse s'était appuyé contre un mur en brique. Le rire particulier du jeune homme s'élevait dans l'air du soir.
Son rire tourbillonnant.
Ces éclats résonnaient bien fort dans l'âme de Harper.
Et elle avait l'impression que tout irait bien. Si Jesse riait, tout irait bien et le monde tournerait comme il le fallait.
— Allons-y, réussit-il finalement à articuler tandis que son rire s'éteignait. Ils doivent être en train de nous attendre.
— Quoi ? Qui ça ?
— Ah oui, je t'ai pas dit... Antho et Sam me tannent depuis des jours pour te rencontrer. Tu sais ? Je t'ai déjà parlé d'eux. Ce sont les potes avec qui je joue de la musique. Alors, je leur ai promis qu'on passerait ce soir. J'espère que ça ne te dérange pas ! Si ça te saoule, je peux leur envoyer un message et on n'y va pas...
— Non, non, pas de souci ! Au contraire, c'est cool ! Moi aussi, j'ai bien envie de les rencontrer, vu que tu me parles souvent d'eux. Je me demandais même ce que t'attendais...
— Maintenant que tu me connais vraiment, peu importe les conneries qu'ils vont te raconter, tu ne vas pas te barrer en courant ! Voilà, ce que j'attendais.
Il avait dit cela de son ton le plus sarcastique. Mais, Jesse avait raison. Harper le connaissait vraiment. Elle savait bien que derrière le masque du sarcasme se cachait une angoisse véritable. Celle d'être vu tel qu'il était. Réellement vu... et abandonné.
Néanmoins, elle le suivit sur le fil fragile de l'humour.
— Ce sont peut-être eux qui vont fuir en me voyant !
— Ah ça, ça m'étonnerait bien ! répliqua Jesse.
Ils étaient arrivés devant l'entrée d'un vieil immeuble. L'interphone était cassé et la porte principale restait ouverte. Jesse ouvrit la marche, montant les trois étages via un escalier mal éclairé. L'ascenseur avait également rendu l'âme. Tout en cheminant, il lui expliqua que Sam et Anthony étaient deux vieux amis à lui. Ils partageaient tout. Le même appartement, la même passion pour la musique et le même métier.
— Pas les filles, plaisanta-t-il. Ils ne partagent pas les filles... enfin, je crois !
Ils étaient tous les deux des ingénieurs son. Mais, tout comme Jesse, ils avaient des difficultés à trouver du travail. Et, ils survivaient entre deux concerts grâce à des petits boulots, glanés çà et là. Il fallait bien trouver de quoi remplir le bac à bières du frigo.
Harper suivait Jesse dans un couloir à la moquette élimée. De la musique rock emplissait l'espace et semblait provenir de la dernière porte, tout au fond. La jeune femme regarda son ami tambouriner pour attirer l'attention des locataires malgré le bruit.
Au bout d'un moment, quelqu'un vint leur ouvrir.
Un géant se tenait dans l'encadrure de la porte, masquant l'appartement derrière lui. Harper leva les yeux sur lui, étonnée.
Il doit faire deux mètres, au moins !
Tout paraissait hirsute chez lui. Sa tignasse brune. Sa barbe. Même ses sourcils. Ses yeux fixaient Harper, ou du moins, essayaient de se focaliser sur elle. Apparemment, il ne les avait pas attendus pour commencer à boire et l'ivresse voilait son regard.
— Antho, je te présente...
Mais le géant ne le laissa pas finir sa phrase. Il se tourna en direction de l'appartement et hurla :
— Sam ! Baisse le son ! On s'entend pas parler ici !
Harper ne saisit pas la réponse du fameux Sam, mais le volume de la musique diminua de manière assez significative.
— Donc, je te disais, reprit Jesse, voici...
— Harper ! l'interrompit de nouveau son ami. Enfin, on te rencontre ! Sois la bienvenue ! Tu veux boire quelque chose ?
— Et ça, c'est Anthony, déclara Jesse à la jeune fille. Et normalement, il est plus sobre que ça...
— Allez, ne restez pas là ! Entrez ! leur ordonna-t-il avec enthousiasme.
Harper fit quelques pas dans l'appartement et constata qu'elle avait trouvé ses maîtres en matière de désordre. Un bric-à-brac monstrueux s'entassait dans leur salon. Des vinyles trainaient par terre au milieu de cadavres de bouteilles. Un cendrier débordait sur leur table basse, juste à côté d'un cahier aux feuilles couvertes de tablatures.
Un jeune homme brun s'approcha de Harper. Il était un peu plus grand que Jesse mais gardait une taille tout à fait raisonnable par rapport à Anthony. Sa chevelure était aussi noire que celle de Jesse était blonde. Ses yeux aussi étaient sombres. Pourtant, on était bien loin du cliché du gars ténébreux. Il accueillit la jeune femme avec un grand sourire :
— Salut ! Moi, c'est Sam !
Non, aucunes ténèbres n'ombraient le visage de Sam. Il était le genre de mec qui vivait dans la lumière. Harper le pressentit dès qu'elle le vit.
Le regard du jeune homme s'attarda sur elle plus que nécessaire.
— C'est quoi le problème avec Antho ? demanda Jesse.
Leur ami venait de renverser sa bière par terre et épongeait les dégâts avec un tee-shirt sale.
— Il s'est fait larguer par sa copine, chuchota Sam.
— Quoi ? Le jour de la St Valentin ? s'insurgea Harper.
La jeune femme avait conscience de l'ironie de sa remarque. Mais elle avait beau trouver cette fête stupide, c'était un coup dur de se faire jeter le jour même où tout le monde célébrait l'amour. Elle ressentit une énorme bouffée d'empathie pour le géant au cœur brisé. Après avoir tant bien que mal réparé sa maladresse, ce dernier lui apporta une bière décapsulée.
— Merci, lui dit-elle.
Il se pencha pour trinquer avec elle, obligeant Harper à faire un pas de côté tant son équilibre paraissait instable. La dernière chose qu'elle souhaitait, c'était bien qu'une masse aussi gigantesque qu'Antho lui tombe dessus.
— Alors ? questionna Sam. Vous êtes ensemble tous les deux ?
Il avait demandé ça d'un ton neutre, comme s'il cherchait à faire la conversation. Cette fois-ci, ce fut Harper qui prit Jesse de vitesse :
— Oh ! J'aimerais bien... Mais Jesse préfère les mecs.
— D'ailleurs, Antho, maintenant que t'es célibataire, il faut que je t'avoue quelque chose... déclara Jesse pince-sans-rire.
Anthony était trop ivre pour percevoir la moquerie. Il ouvrit des yeux grands comme des soucoupes. Tout le monde pouffa de rire et le géant se joignit à eux, quand son cerveau embrumé par l'alcool comprit enfin la blague.
— Non, reprit Harper d'un ton plus sérieux. Jesse et moi, on est juste amis.
La jeune femme sentit quelque chose remuer dans ses entrailles. Rien n'était à la fois plus vrai ni plus faux que ce qu'elle venait de déclarer. Ce qu'elle éprouvait pour Jesse, c'était bien de l'amitié. Une amitié fabuleuse. Une connexion qu'elle n'avait jamais ressentie auparavant. Comme une dépendance. Alors ce "juste" contenait en lui un univers de mensonges.
Mais ce n'était pas le genre de choses qu'elle pouvait dire à voix haute.
C'étaient seulement des murmures au fond de son esprit.
Une chaleur rassurante qui l'enveloppait tout entière, lorsqu'elle s'appuyait sur son ami. Lorsqu'il était auprès d'elle.
— D'accord, dit Sam en souriant. Ne restez pas debout, asseyez-vous !
Il s'approcha du canapé et entreprit de le nettoyer de tout ce qui l'encombrait. Il disparut ensuite dans la cuisine, les bras chargés de magazines et de canettes vides. Jesse et Harper s'assirent côte à côte sur le sofa, pendant que Antho fouillait dans sa collection de vinyles.
Quand Sam revint, il avait une bière à la main. Il prit un tabouret et s'installa en face des deux amis.
La discussion s'engagea de manière naturelle entre eux. Sam savait mettre les gens à l'aise. Il avait beaucoup d'humour. Entre ses plaisanteries et les remarques sarcastiques de Jesse, Harper passa le reste de la soirée à rire.
Une nuit à boire des bières et à rigoler.
Voilà une façon idéale de passer la St Valentin, pensa-t-elle en portant la bouteille à ses lèvres.
— Au fait, Jess ! Tu sais quoi ? J'ai rencontré un mec de Bliss, l'autre jour.
— Oh ! J'adore ce groupe ! s'exclama Harper.
— Oui, moi aussi, reprit Sam. C'était à un concert. il m'a dit que c'était pas la première fois qu'il remarquait que j'assurais en tant qu'ingé son. Et apparemment, ils ont une tournée de prévue cet été. J'aimerais trop la faire avec eux !
— Ce serait génial ! confirma Jesse, tout en allumant un nouveau joint.
Ce n'était pas le premier de la soirée et Sam ne put s'empêcher de le lui faire remarquer :
— Hé mec ! Ces derniers temps, j'ai l'impression que tu fumes des pétards comme si c'étaient des clopes.
— C'est vrai, lui concéda Jesse. Que veux-tu ? La beuh devient ennuyeuse. Elle me fait de moins en moins d'effet...
L'inquiétude glissa sur le visage de Sam, telle une ombre. Quelque chose de furtif. Mais Harper la vit et elle allait rebondir sur le sujet, quand Anthony accapara leur attention.
Le géant avait ouvert la fenêtre qui donnait sur la rue et il était en train d'uriner, cherchant à atteindre les couples qui passaient.
— Joyeuse St Valentin ! braillait-il de sa voix d'ivrogne. La boisson est offerte par la maison !
Et le jet d'urine se dispersait dans l'air nocturne. Comme un rappel très prosaïque.
Une gifle au romantisme affecté, qui avait imprégné la ville toute la journée.
Alors Harper rit de nouveau. Un rire un peu fou. Celui de quelqu'un qui avait l'impression d'avoir trouvé sa tribu.
Des gens comme elle. Pas tout à fait corrects. Pas tout à fait dans le moule. Des personnes qui ne cherchaient pas à ressembler aux autres. Des types qui n'essayaient pas de coller à cette normalité fastidieuse imposée par la société.
— Joyeuse St Valentin, reprit elle en écho.
Son regard croisa celui de Jesse. Alors elle leva sa bière, portant un toast à la folie.
A la folie et à l'amitié.
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