15

피부

Il était six heures trente quand Taehyung eut l'énergie d'éteindre sa cinquième alarme, se soufflant à lui-même que ça y est, il allait se lever cette fois-ci, qu'il finirait par bousiller son téléphone à force de se rendormir à chaque moment.

Mais ses paupières en disaient autrement et ses yeux l'emenèrent bien vite au monde hot bubblegum de ses rêves ; rien que pour être coursé à nouveau par la tonalité de son alarme.

Cling Cling Cling Cling Cling Cli-

" Ohhhh putain d'accord d'accord je me lève."

Après avoir rendu des comptes à son cellulaire, Taehyung compta jusqu'à cinq pour se balancer sur ses jambes.

Et c'est ainsi qu'il finit par se lever de son lit après sa sixième et dernière alarme. Les cheveux d'or ébouriffés, les yeux entrouverts et le corps nu, Taehyung prit le temps de s'étirer tout en se baladant vers sa salle de bain, chantonnant les airs d'une chanson de Saint Motel qu'il appréciait particulièrement.

'Cause a good song never dies.

Une fois sa toilette finie, il se fixa dans le miroir.

Il allait voir Yiren aujourd'hui.

Le blond détesterait rester impuissant face au carnage qu'elle s'apprêtait de faire. Il connaissait suffisamment le personnage pour savoir qu'elle n'était pas là pour flatteries et joies - et c'est pour ça qu'il lui avait proposé un café en cette humble matinée.

Oui, il avait menti à Jimin, et il s'était persuadé d'avoir bien fait car s'il y va, c'est pour le bien de son meilleur ami. Jimin avait assez subi les manigances de Yiren, et Taehyung ne voulait plus être spectateur du malheur de son frère de coeur.

Il porta un pull sans manche par dessus une chemise blanche pour faire decontracté et cozy à la fois - il faisait tout de même dans les quinze degrés durant la journée et il ne voulait choper un quelconque rhume, puis finit par se brosser les cheveux, hésitant pour le maquillage avant d'estomper un faible voile d'anti cernes sous les yeux et de sortir. Après avoir fermé la porte, il revint sur ses pas pour prendre les clés de son appartement.

"Purée ça commence bien."

Tout au long du trajet, il repensait à Jimin et aux quelques messages qu'ils avaient échangés la veille. Il aurait voulu lui en demander plus, mais son meilleur ami avait tellement de comptes à lui rendre qu'il ne savait plus quelles questions poser. Ceci dit, cela faisait un moment depuis que Taehyung sentait que Jimin ne lui disait pas toute la verité, au fond, il savait que quelque chose clochait entre Moon et lui et ce, depuis leur sortie en boite de nuit. Il se doutait que quelque chose s'était passée entre eux, quelque chose d'assez important puisque Jimin ne parlait plus de pulsions sexuelles depuis un bon moment -

Ça remonte à bien longtemps la dernière fois qu'il m'a parlé de son plan cul, pensa-t-il bien fort comme pour soutenir ses propos.

Et il l'avait pensé un peu trop fort puisque la vieille femme qui sirotait son café s'étouffait presque.

Il s'était tellement perdu dans ses pensées qu'il ne se rendit compte qu'il avait prononcé de toute voix sa dernière réflexion.

"Excusez mon langage" fit-il à la sexagénaire tout en lui offrant son sourire de bon enfant.

Excusez Taehyung, il a mal dormi hier soir.

Dans d'autres circonstances, il se serait plaint d'avoir un rendez-vous aussi matinal avec une garce qui n'en valait pas la peine, mais il se devait d'en finir aussitôt que possible pour foncer à Busan. Alors il attendait, il jouait de ses pouces, il faisait des grimaces au petit enfant qui pleurait à la table d'à coté. Il soupira avant de tirer son téléphone.

sept heures et quart.

Il s'enfonçait dans le sofa et décida de prendre un café frappé en attendant que la demoiselle arrive. Il avait surestimé la distance entre son appartement et leur lieu de rencontre, peut-être qu'il aurait dû dormir ne serait-ce qu'une dizaine de minutes de plus, mais bon, cela faisait une quinzaine de jours depuis qu'il ne s'était réveillé d'aussi tôt et puis la rentrée était finalement arrivée.

Il allait rentabiliser ses tickets de remises du foyer.

Lorsqu'il s'interessa au décor de la pièce, il se rendit compte qu'il s'agissait d'un salon de thé fort sympathique et moderne. Les meubles et murs étaient de couleurs pâles et les fauteuils blancs, captivant ainsi la lumière dans la salle.

" Je croyais qu'on avait dit sept heures et demi, excuse-moi."

Les longs cheveux bruns, la belle taille de guêpe, les vêtements coûtant la peau des fesses, Yiren était enfin là, sur son 31, et elle avait l'air de s'être préparé de trop pour un simple petit-déjeuner.

Elle avait certainement autre chose à faire plus tard.

" C'est pas grave, installe-toi." Souffla Taehyung de sa voix rauque. Il balaya rapidement des yeux le corps de la jeune femme sans vraiment s'y attarder.

C'était fou à quel point elle avait le gabarit de Chungha : s'il ne voyait ses yeux de louveteau et son nez pincé, il aurait pu confondre entre les deux. 

" Leur frappé est très bon, c'était mon préféré quand je les ai decouverts." Fit-elle remarquer d'une voix monotone puisque la boisson du blond venait tout juste d'arriver. Elle croisa les jambes et commanda à son tour un simple cappuccino tout se deshabillant de sa veste en cuir.

Elle était là, face à lui, dans une petite robe bleu nuit et des chaussures hautes. Les lèvres aubergine, le long fil d'eyeliner sur les paupières, le teint uni et il ne pouvait s'empêcher d'être déstabilisé.

Ce n'était pas qu'une question d'apparence physique. Yiren avait cette indifférence, cette froideur qui lui donnait une aura indéniable. On ne pouvait tout simplement pas ignorer sa présence et Taehyung en devenait d'autant plus tendu.

Qu'elle était belle. Dans une autre vie, il l'aurait sûrement eu dans ses draps.

" Tu peux parler Taehyung, je suis tout à toi." 

"Plus serieusement, qu'est-ce que t'es revenue foutre ici ?"

Plus serieusement, oui, il voulait vraiment fixer ses idées et arrêter de divaguer à chaque fois qu'elle remettait une mèche derrière son oreille.

Ressaisis-toi, c'est la connasse qui a ruiné Jimin.

Arrogant, direct, stricte, Taehyung n'était pas du genre à passer par mille et un chemins lorsqu'il s'agissait d'un sujet aussi sérieux et qu'il s'adressait à cette personne précisément, il se devait d'être clair pour lui-même et il n'allait pas se laisser séduire par sa charmante couverture.

"Tu veux combien ? Deux cent mille wons ?"

Insista-t-il en tirant d'ores et déjà son porte feuille, un faux sourire moulant maladivement ses lèvres ; lui qui n'avait pas l'habitude de se comporter de la sorte, il avait l'air d'un vilain homme comparé à elle.

Face à lui, Yiren gardait un discret sourire. Elle le voyait légèrement trembler lorsqu'il s'affairait à tirer son porte feuille, elle savait qu'il allait être nerveux dans une situation pareille car Wang Yiren avait fait ses recherches : Kim Taehyung était un homme à femmes et son coeur était aussi vaste que la Russie.

" Je veux rien, je suis revenue pour l'aider."

La sérénité de ses réactions donnait la nausée au jeune homme. Il n'arrivait pas à voir en elle d'autre que la mauvaise femme qu'elle a toujours été ; c'était peut-être son plus grand défaut, juger les gens selon leur passé et consommer cette même rancoeur à chaque dispute.

Mais peut-être que, pour une fois, son défaut pourrait lui être utile.

" Mais voyons, mademoiselle Yiren a un si grand coeur, tellement de bonté en une seule personne !"

Taehyung se remémorait de ce qu'il avait vu de ses propres yeux. Il se rappelait des larmes de Jimin lorsqu'elle l'avait quitté une fois que ses poches se sont vidés. Il se rappelait des jours où on le traînait à des soirées arrosées rien que pour lui faire de mauvaises farces et plus que tout, il se souvenait de la relation toxique que la brune avait volontairement instauré.

- Taehyung, je sais plus ce que je serais sans Yiren, je l'aime tellement, elle est tellement belle, tellement douce.

- Mais Jimin, tu te rends compte qu'elle profite de toi ?

- C'est le dernier de mes soucis, tant qu'elle est avec moi, c'est tout ce qui m'importe, et puis peut être que je finirai par lui plaire vraiment, je finirai par être assez cool pour une fille aussi géniale !

Il se souvenait des profiteurs de sa gentillesse qui ne cherchaient qu'à le dérouter et qui y sont finalement bien arrivés.

Oui, Jimin et lui avaient fait les quatre cents coups ensemble, mais à l'époque, ils étaient tout deux trop jeunes pour se noyer dans l'alcool ou s'essayer aux substances illicites - mais avec Yiren, il n'y a pas d'âge pour ça tant que les liasses de ses camarades de classe étaient prêtes à être dépensées.

Ils avaient été interrompus par le serveur qui apporta le cappuccino.

" Bah alors Taehyung, t'étais complice toi aussi."

Yiren lisait en lui comme dans un livre ouvert. Il n'avait pas à ouvrir la bouche pour exprimer cette montée de rage qui le tourmentait puisque ses yeux étaient de feu.

Le blond serra des dents. Il vit la jeune fille se pencher pour cueillir du bout des lèvres sa boisson caféinée avant de reprendre :

" Être spectateur c'est être complice aussi. Tu pouvais parler, tu pouvais dénoncer tout ce qui se passait à l'administration, que dis-je, tu pouvais empêcher tout ça, Taehyung. Tu es autant coupable que moi."

Elle savourait à la fois son cappuccino et le manque de réponse du beau blond qu'elle savait être sensible.

Qu'il était vulnérable. Dans une autre vie, elle l'aurait eu dans ses draps.

Pourquoi ses yeux de lièvre étaient si brumeux de culpabilité ? Elle savait qu'elle n'y allait pas de main morte mais peut-être qu'elle aurait dû être plus douce, ou du moins c'est ce qu'elle pensa le temps d'une gorgée.

" Yiren, laisse Jimin tranquille."

" C'est lui qui m'a appelé, je comptais pas venir à Seoul, Taehyung."

Elle avait une suave manière de parler, de prononcer son prénom, de manier les mots à son intérêt, de dévorer du regard, et le blond était à la hauteur de cet affront.

Seulement, elle avait raison.

Il se rappelait avoir averti Jimin mais le voici aujourd'hui face à elle dans un salon de thé en toute amabilité.

"Crois ce que tu veux, j'ai rien à te dire et en aucun cas je ne vais me justifier auprès de toi. Je suis assez compréhensive mais tu as peur pour rien. Ce fut un plaisir de te revoir après toutes ces années."

Calmement, elle finit sa tasse et porta son sac sur son épaule.

" Repars chez toi. C'est bien le premier et le dernier avertissement que je te donne."

Mais quelque chose en la manière dont elle lui sourit pour la première fois de la journée pouvait lui confirmer que l'histoire n'allait pas se terminer d'aussi vite.
Elle se leva et porta sa veste tout en fixant le regard menaçant du jeune homme.

" Je ne repartirai pas sans lui. "

Pas maintenant, pas cette fois-ci, pensa-t-elle en laissant derrière elle un désastre d'émotions et d'anticipations.

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