Chapitre 8 : Tu penses qu'à William.

(Photo en média démontre les pantalons que les pénétrateurs portent pour le 'Russ' avec leur nom inscrit dessus. )

SAMEDI 12 : 34

Je l'attendais dans un parc, accotée contre un arbre. Il voulait me voir. Bien entendu, nous avions des choses à nous expliquer et à nous dire. Il arriva finalement, en lisant son téléphone.

— Qu'est-ce qu'il a ton téléphone?

— Oui, désolé. Ma batterie est morte.

— On se balade.

— D'accord.

— Je n'ai pas le droit à un baiser?

Je m'avançai vers lui. Je touchai son ecchymose qu'il avait à l'œil et sur la joue. Je caressai sa blessure et il me donna un baiser sur la joue. Puis, il déposa délicatement ses lèvres sur les miennes. Je collai son front au mien puis je fermai les yeux quelques secondes. Nous commençâmes à marcher à une distance éloignée l'un de l'autre. Nous marchâmes pendant un bon moment sans parler. Il attendait que je parle, mais je ne savais pas quoi dire et par quoi commencer.

— On va se balader pendant encore combien de temps? demanda-t-il.

Je ne répondis rien tout en continuant d'avancer.

— Est-ce qu'on peut juste s'arrêter et commencer à se disputer? dit-il en se stoppant.

Je me retournai vers lui.

— Je ne veux pas me disputer.

— Si. Tu vas dire un truc du genre : « Tu dois arrêter de te battre William. » Et je répondrai : « Je ne voulais pas que tu assistes à ça. » Et tu vas rétorquer : « Mais j'ai tout vu... Et tu dois arrêter. » Moi : « Ok, je ne recommencerai plus. » Tu vas dire : « Super. » Je répondrai : « Bien. » Et ce sera terminer, hein?

— William... Tu as brisé une bouteille sur la tête de ce garçon.

— C'était de la légitime défense, ok?

— Tu aurais pu le tuer! Tu ne comprends pas à quel point c'est sérieux? m'exclamai-je.

— Ce qui est sérieux c'est que les Yakuza tabassent des gens innocents. Quelqu'un se devait de faire quelque chose.

— Personne ne devait faire quelque chose! Tu aurais pu juste lui parler! Ou contacter la police, ou je ne sais pas! Ce n'était pas une solution de répondre avec la violence! déclarai-je hors de moi.

— Ouah, tu es tellement naïve.

— Je suis naïve?! Parce que je pense que la violence ne résout rien?!

— Noora, la violence résout des problèmes tous les jours. Le monde se nourrit de violence et de guerre. Comment penses-tu que la Norvège est devenue un pays libre? Ils ont parlé autour d'une table avec un café dans la main et des gâteaux? Non, ce sont des gens qui se sont battus pour ça, en utilisant la violence. Comment devons-nous nous défendre si quelqu'un essaye de nous voler notre liberté? On utilise la violence.

Une fanfare de trompettes, tuba, etc. nous interrompit dans notre discussion.

— Je ne peux pas... Je ne peux pas être avec quelqu'un qui... qui éclate des bouteilles sur la tête des autres, dis-je calmement après le groupe de musique passer.

— Ne fais pas ça, Noora, dit-il en faisant non de sa tête.

— J'ai besoin d'être seule. Pour réfléchir à tout ça. Je ne peux pas y arriver quand je suis avec toi. Tout devient confus dans mon esprit.

— Ok, dit-il en prenant une pause. Un peu d'espace.

Puis il partit.

*

LUNDI 11 : 30

— Salope. Salope. Salope. Salope, c'est sur toutes les photos, dit Chris en montrant le Instagram de Sana. Je ne comprends pas, tu t'es pourtant comportée comme une bonne sœur lorsque tous les pénétrateurs ont essayé de te draguer, admit Chris.

— Merde, l'un d'eux est venu vers elle et lui a dit : « Tu veux aller au fond du bus et t'assoir sur mon visage? » Et Sana a répondu : « Et pourquoi ça? Ton nez est plus gros que ta bite? »

Je me retournai et je vis William au loin avec son pantalon rouge sur son téléphone. Je l'observai.

EXTERNE

Mais qui elle peut bien regarder? Je baissai mes lunettes et je suivis son regard qui était en direction du beau William. Je me retournai vers elle et elle vit que je le regardai. Elle me fit simplement un sourire, angoissée.

*

MERCREDI 15 : 34

J'étais en train d'écrire mon essai. Mais aucune inspiration ne me venait.

— Hé toi. Salut, me dit Sana en rentrant dans la classe dans laquelle je me trouvais.

— Tu fais quoi? me demanda-t-elle en s'assoyant sur le bord de la fenêtre où je me trouvais.

— J'écris... Enfin, j'essaye d'écrire un essai pour le cours de Norvégien.

— Mais tu ne peux pas te concentrer, car tu penses à William?

Je fis de gros yeux et mon cœur accéléra. Elle me fit un sourire dans le genre : « Je le sais et tu dois tout m'avouer. »

— Tu... C'est quoi l'histoire alors?

— L'histoire est que... Je suis très amoureuse de William, avouai-je.

Elle hocha de la tête et je baissai mon regard vers mon cahier.

— Je l'aime comme une folle. Je suis à sa merci, dis-je en accotant ma tête contre le mur. Tu n'as jamais voulu... boire jusqu'à en être ivre mort ou sortir avec pleins de garçons?

— Si.

— Qu'est-ce qui t'en empêche?

— Ma foi est plus forte que ses tentations. C'est beaucoup plus important pour moi que de boire et d'embrasser n'importe qui.

Je haussai des sourcils.

— C'est tout à fait ça. Il n'y a rien d'autre qui me parait aussi important que d'être avec William. Même si je sais que je ne devrais pas, dis-je en soupirant.

— Alors tu n'es pas avec lui?

— C'est une mauvaise personne.

— De quelle manière?

— D'abord, il contrôle tout.

— Comment?

— Il me dit ce que je dois ressentir, ce que je dois dire, ce que je dois faire.

— Et tu n'oses pas le contredire?

— Si, si je le fais. Je le contredis tout le temps.

— Mais il s'énerve quand tu n'es pas d'accord avec lui?

— Non, il ne s'énerve pas. Mais il me sort des arguments auxquels je n'arrive pas à répliquer.

— Alors... C'est quoi, le problème? Qu'il est plus intelligent que toi?

— Il essaye de changer mon opinion.

— Mais ton opinion change quand tu penses qu'il a raison?

— Oui, mais j'essaye d'être forte et indépendante. Je ne peux pas... Je ne veux pas changer pour un garçon.

— Tu es forte et indépendante quand tu es capable de changer tes opinions. Peu importe ton sexe. Il n'y a rien de mal que vous ne pensiez pas la même chose et vous vous battiez un peu quand vous n'êtes pas d'accord. Si tu n'as pas peur de t'exprimer... Alors tu n'as pas à t'inquiéter qu'il puisse réussir à te contrôler.

— Mais il est violent! Il a brisé une bouteille sur la tête de quelqu'un.

— Oui, ok, m'accorda-t-elle. Mais pourquoi il l'a fait?

— Parce qu'il a cette stupide idée que le monde se nourrit de la violence et de la guerre. Nous sommes tellement différents. Je suis contre la guerre.

— Ce n'est pas pour ça qu'il a brisé la bouteille. Il l'a brisée, car il était en colère et effrayée. Et tu sais pourquoi?

— Je ne sais pas.

— Tu ne lui as pas demandé?

— Non... dis-je en haussant un sourcil.

— Ok. C'est intéressant de voir que tu dis être contre la guerre. La guerre ne commence pas avec la violence. Elle commence à cause d'incompréhensions et de préjudices.

— Oui et alors?

— Si tu dis que tu es en faveur d'un monde en paix... Tu dois essayer de comprendre pourquoi les autres pensent et agissent d'une façon différente de la tienne. Tu dois accepter que les autres ne perçoivent pas le monde comme toi. Si tu n'as même pas essayé de comprendre celui que tu aimes... alors je n'ai plus d'espoir en l'humanité. Tu n'es pas obligé d'être avec lui, mais essayes de le comprendre d'abord.

Je pris une grande inspiration.

— Mais il y a aussi Vilde...

— Ah, Vilde, dit-elle en souriant.

— J'ai vraiment peur qu'elle soit dévastée.

— Tu ne lui donnes pas assez de crédits. C'est la plus compréhensive de nous toutes. Dis-lui. Elle s'en remettra. Et elle sait que William ne lui appartient pas. Très profondément.

— Très profondément en effet.

— Très, très, très, très profondément. Parmi les cellules de son corps, il y a un atome. Et dans cet atome, il y a un proton. Dans ce proton, il y a une boite fermée. À l'intérieur de cette boite, il y en a une autre. Et c'est dans cette boite qu'elle le sait.

Je rigolai à sa dernière phrase.

— Bonne chance, me souhaita-t-elle.

— Je vais être sérieuse, maintenant Noora... Si rien ne parait plus important pour toi que d'être avec William... Tu dois tout faire pour que ça marche. Ce n'est pas sûr que ça marche. Mais c'est la vie! C'est impossible de savoir sinon.

— Qui l'aurait cru? Sana a un côté doux, dis-je en la taquinant.

Elle me sourit et je lui souris.

*

JEUDI 12 : 34

Deux cafés dans les mains, je montai les escaliers ou Vilde faisait son cardio. Elle s'arrêta en me voyant et elle ôta ses écouteurs. Je lui souris.

— Hé Vilde.

— Noora? Hé, me dit-elle avec le sourire. Qu'est-ce que tu fais là?

— Je dois te parler.

On s'assit sur un banc proche et je lui proposai un café qu'elle accepta. Je pris une grande inspiration avant de me lancer.

— Je suis amoureuse de William.

— Et il est amoureux de toi?

— Je pense que oui.

Elle se mordit la lèvre et elle ne dit rien.

— Tu te sens comment?

— Un peu soulagée?

Je fus surprise.

— Oh?

— Je croyais qu'il m'aimait, mais il n'arrêtait pas de jouer avec moi. Et maintenant, que j'ai ma réponse, qu'il est amoureux de toi, c'est un soulagement.

— Je peux te demander quelque chose?

— Oui?

— Toutes les fois ou que tu m'as dit que William était un connard qui ne me méritait pas... Tu penses qu'il est mieux pour toi?

— Je ne sais pas.

— Et bien, je suis contente que tu me l'aies dit. Merci.

— Non, bien sûr...

— Ce n'est pas « bien sûr ». Tu aurais pu continuer de me le cacher. Mais je ne te l'ai pas dit tout de suite.

— Je sais. Je te testais, dit-elle en me souriant.

Je fronçai des sourcils.

— Tu savais?

— Oui, depuis un petit moment. Je vais continuer ma séance de sport, dit-elle le sourire aux lèvres en remettant ses écouteurs. À bientôt!

*

J'arrivai devant l'appartement de William et je sonnai. Son frère vint m'ouvrir.

— Hé. Noora, n'est-ce pas?

— Heu, oui. Hé. William est là?

— Désolée, dit-il en faisant non de la tête.

— Ok, mais tu sais ou il est?

— Ou il est? À la salle de sport, peut-être? Tu as essayé de le joindre?

— Oui, mais mon téléphone est mort.

— Je peux l'appeler si tu veux.

— Heu oui. Ou tu as un chargeur? Un chargeur de téléphone?

— Oui, oui! dit-il en me laissant rentrer.

Une dizaine de personnes était assise à sa table en train de boire du vin et je reconnus Marie parmi eux.

— Tu veux du vin? me demanda Nikolai.

— Non, merci. Je pensais que tu étais rentré à Stockholm?

— Ok... Pourquoi?

Je baissai la tête et il rit.

— Parce que William l'a dit? William, William... dit-il en prenant une pause. William n'est pas un fan de mélanger la famille et les amis, tu vois.

Mon téléphone se ralluma et lorsque j'appelai, William, il ne répondit pas. Je décidai de le rappeler, mais aucune réponse à nouveau.

— Il ne répond pas?

— Heu non.

— Nous avons eu une dispute...

— Je peux lui envoyer un message pour savoir quand il rentre si tu veux.

— Heu oui, si ça ne te dérange pas.

Nikolai prit son téléphone et lui texta.

— Tu as reçu une réponse? Dis-je en attendant sonner son téléphone.

— William ne reviendra pas...

— Ou est-il alors?

— Noora, tu... sembles être une fille super. Et je suis très heureux pour William, dit-il en me servant une coupe de vins. Mais il est très compliqué.

— Compliqué?

Il rit avec un air pensif et nostalgique.

— Il avait l'habitude d'avoir ces terribles crises de colère. Il frappait, mordait, tapait du pied. Un jour, il avait même menacé de pousser notre petite sœur par la fenêtre. Ma mère devait parfois l'enfermer dans une chambre tant qu'elle avait peur de ce qu'il pouvait faire. Il a arrêté de mordre quand même. William a toujours fait ce qui lui plaisait. Il est très bon dans l'art de manipuler les gens et d'obtenir ce qu'il veut. Quand qu'il n'arrive pas à avoir ce qu'il veut, il devient extrêmement destructif. Il s'en fiche de tout le monde. Si tu te demandais pourquoi il ne voulait pas nous présenter, c'est pour ça. Il a peur que l'on sache la vérité sur lui. J'en ai assez de voir des filles adorables se faire malmener. Je ne sais pas... Tu es planté là, à l'attendre. Alors que, lui, il est en train de coucher avec quelqu'un d'autre...

Il me laissa sur ses mots pour rejoindre ses amis. J'avais le cœur remonté et les mains moites. Alors c'est ça qu'il est en train de faire. Les larmes me montèrent aux yeux, je posai me regard vers mon verre de vin. J'y songeai un instant puis je le calai en espérant ravaler tout mon chagrin.


À suivre...

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