Chapitre 11 : Ne te souviens-tu vraiment de rien?


DIMANCHE 13 : 13

J'étais dans ma chambre en train de ranger des papiers et des cartables que j'avais étalés au sol lorsqu'on cogna à ma porte.

— Oui?

— Hé, dit Vilde en ouvrant ma porte.

— Hé.

— Tu veux bien recevoir la visite d'une amie? me demanda-t-elle.

Je souris en hochant de la tête puis elle vint s'assoir devant moi.

— Qu'est-ce que tu fais?

— Je jette des trucs dont je n'ai plus besoin.

Elle prit des anciennes photos de moi dans ses mains puis elle les observa.

— Tu avais les cheveux tellement longs, dit-elle. Ça date de quand? Me demanda-t-elle en me montrant une photo où je souriais en robe, mais à ce temps je souffrais d'anorexie.

Je la pris dans mes mains.

-5ème.

Elle baissa son regard et mordit sa lèvre.

— Tu as des nouvelles de William?

Je la regardai puis je fis non de la tête.

— Eva a parlé à Chris des pénétrateurs et il a dit que William est parti à Londres. Son père vit là-bas.

Mon cœur rata un battement.

— Je suis sûre que ce n'est que pour le weekend. Ils ont des examens la semaine prochaine. Il doit passer ses examens, essaya de me rassurer Vilde.

Pourtant, j'avais un vide dans mon ventre et dans ma poitrine. Et s'il était vraiment parti? Et pour de bon?

— Je vais parler à Mari, dis-je en continuant de ramasser mes papiers.

— C'est vrai?

— Je lui ai envoyé un message pour savoir si on pouvait parler. Je croise les doigts pour que ce ne soit pas une garce, dis-je en haussant une épaule. Et pour ne pas avoir couché avec elle.

— Tu as faim?

— Heu, non, répondis-je.

— Je t'ai préparé quelque chose.

— Vilde, j'ai déjà mangé.

— Tu aimes les tortillas?

Je lui souris. Bien évidemment que j'aimais cela. Un de mes repas favoris même. Et elle le savait.

*

LUNDI 15 : 13

< De : Eva

Il n'est pas venu en classe, Chris dit qu'il n'arrive pas à le joindre aussi. >

— Salut, me dit Mari en s'assoyant à mes côtés, sur un banc.

— Hé, répondis-je. Merci de bien vouloir me rencontrer.

— De rien, dit-elle en me souriant. Tu es angoissée par rapport à la fête chez Niko? devina-t-elle.

— Oui.

— Ne le sois pas. Tu as été adorable.

Je fronçai des sourcils.

— Tu sais si j'ai couché avec Nikolai?

Elle rigola.

— Non.

— Tu ne sais pas?

— Non, tu n'as pas couché avec.

— Tu es sure?

— Oui.

Je souris, soulagée enfin.

— Mais... oh mon dieu. Ok. Mais est-ce que j'ai couché avec quelqu'un d'autre?

— Non. Tu as l'air toute stressée, non?

— Oui, car je me suis réveillée nue!

— Tu t'es déshabillée toute seule! m'avoua-t-elle.

— Je me suis déshabillée? répétai-je surprise.

— Tu ne te souviens vraiment de rien?

— Non! Est-ce que tu peux me raconter tout ce qu'il s'est passé s'il te plait?

— Ok. Tu t'en souviens quand tu as vomi sur le canapé?

— Non...

— Tu as vomi et je t'ai emmené aux toilettes. Tu as encore vomi et je t'ai donné de l'eau. Après tu m'as dit que tu voulais t'allonger dans le lit de William. Tu t'en souviens?

— Non...

— Tu n'arrêtais pas de parler de lui, me dit-elle en souriant.

— Qu'est-ce que j'ai dit?

— Que tu l'aimais... et qu'il n'était pas bien pour toi, car c'était un connard. Et tu ne voulais pas être ce genre de fille qui tombait amoureuse de ce type de garçon. Tu as senti son oreiller et dit qu'il avait son odeur. Tu voulais dormir dans son lit... et c'est là que tu as commencé à te déshabiller. Tu as expliqué que, la dernière fois que tu avais été dans son lit, il t'avait dit que tu ne porterais plus aucun vêtement au bout de deux semaines. Tu lui avais répondu que jamais cela n'allait arriver. Mais tu espérais qu'il aurait raison. Dans un sens, il a eu raison. Et après ça, tu t'es endormie.

Je souris, gênée.

— Mais je me suis réveillée à côté de Nikolai.

— Oui, mais il est venu beaucoup plus tard.

— Mais comment tu sais qu'il n'a rien fait?

— Quand Niko est arrivé, j'étais encore debout. Je lui ai demandé de partir dormir autre part. Mais il s'est quand même affalé dans le lit et il s'est endormi dans la seconde.

— Mais peut-être qu'il a fait quelque chose pendant que tu dormais?

Elle rit.

— Noora... Niko était défoncé, jamais il n'aurait été capable de coucher avec quelqu'un. Oublie cette soirée, vraiment. Je l'aurais remarqué si quelqu'un avait eu des relations sexuelles à côté de moi. Tu n'as pas couché avec Niko. J'en suis 100 % sure.

— Mais il a pris des photos de moi.

— Quels genres de photos?

— Des photos où je suis nue, pendant que je dormais.

Elle plissa des sourcils.

— Tu plaisantes?

— Je l'ai dit à la police.

— Niko, quel pauvre type.

— Pauvre type? Vraiment?

— Je me souviens quand j'étais petite, j'avais l'habitude d'avoir peur de lui. Je n'ai plus peur de lui maintenant, il me fait juste pitié. Mais pas comme ça. Tu as eu raison de le dénoncer.

— Tu le connaissais quand tu étais petite?

— J'étais en maternelle avec Amalie sa petite sœur. C'était ma meilleure amie.

— Ah bon?

— Je sais que Nico n'a pas eu une vie facile. Il y a un père différent de celui de William et Amalie. Son vrai père ne veut rien savoir de lui. Pareil pour celui de William et d'Amalie. Et leur mère est une personne faible et lâche. Quand Niko avait ses crises, il devenait incontrôlable. Au lieu d'essayer de le comprendre et de le calmer, sa mère l'enfermait dans une pièce. La musique à fond, comme ça personne ne pouvait l'entendre et elle faisait comme si tout était normal. C'était assez particulier, les diners chez eux.

Je haussai des sourcils.

— Après l'accident, elle a abandonné complètement ses fils. Les laissant à des jeunes filles au pair. Je sais que Niko n'a aucun contact avec elle. Je pense que William aussi, ou très peu.

— Accident? dis-je curieuse.

— Quand Niko avait 11 ans... il a volé la voiture de son beau père et est rentré dans un mur avec. Avec William et Amalie à l'arrière. Ce n'était pas son intention, c'était juste un gosse. Mais le dos d'Amalie se brisa sous la force de l'impact et elle décéda sur le coup.

J'étais sans voix.

— Putain...

— Oui, c'est vraiment affreux, elle n'avait que 8 ans. Et après ça, leur famille ne s'en est jamais remis. Mais William est un gentil garçon. Je comprends pourquoi tu puisses penser que c'est un connard, mais, en vrai, il est très sensible. Il a juste tendance à tout garder pour lui.

*

MERCREDI 14 : 13

Eva, Vilde et moi étions en train de discuter quand Sana et Chris entrèrent en furies dans la classe.

— William est dans le lycée! Au bureau du principal, s'exclama Sana.

Je pris rapidement mon sac et je courus jusqu'au bureau du principal. Je mis mon oreille contre la porte et je n'entendis rien. Je reculai et la porte s'ouvrit au même moment. William sortit du bureau en commençant à marcher vers la sortie.

— Tu n'as pas répondu à mes messages, dis-je derrière lui.

Il s'arrêta puis il se retourna vers moi.

— Mon téléphone est mort.

— Je n'ai pas couché avec ton frère.

Je jouai avec mes doigts, angoissée puis je commençai à avancer vers lui petit pas par petit pas.

— On peut parler? demandai-je en arrivant à sa hauteur.

— Je vais déménager... à Londres.

— Écoutes. William Magnusson. Tu es un garçon intelligent. Tu dois comprendre... que je ne vais pas te laisser facilement partir à Londres. Pas avant que nous parlions. Alors si tu veux vraiment te débarrasser de moi... On va devoir se parler. Arrête de te sentir désolé pour toi-même.

Il me regarda droit dans les yeux et me dit avant de quitter.

— Ok. Je t'enverrai un texto.

*

VENDREDI 16 : 55

Je faisais mon lit lorsque je reçus un message de William.

< De : William

Je suis devant ton appartement. Tu voulais parler? J'ai très peu de temps. >

Je courus prendre mon manteau pour aller le rejoindre dehors. Il était au bout de l'allée à moitié dans la voiture de Chris en train de parler à celui-ci. J'avançai jusqu'à William.

— Tu ne plaisantais pas quand tu disais que tu avais très peu de temps.

Il ferma la portière, nous laissant seulement tous les deux.

— Mon avion décolle à 18 h.

Je le regardai pendant un petit bout. Détaillant ses traits de visages, aussi magnifique soit-il.

— Tu veux parler? me dit-il impatient.

— Pourquoi tu dois aller à Londres?

— Parce que je le veux.

— Combien de temps tu vas partir?

— Je pense jusqu'à la fin de ma vie.

— Et nous, alors?

— Et nous, alors? me répéta-t-il en fronçant des sourcils.

— C'est terminé?

— Oui.

— Juste comme ça?

— Je ne suis pas amoureux de toi.

Ce fut comme un pique qu'on me planta dans le cœur.

— Tu es... Tu es amoureux de moi... dis-je blesser. C'est pour ça que tu es si froid.

— Non, Noora. Je suis froid parce que c'est ma façon d'être.

— Je me suis toujours demandé pourquoi tu étais si intelligent. Pour te convaincre qu'il est normal que tu agisses comme un connard?

Il roula des yeux puis il fit un petit sourire arrogant.

— Tu te dis juste que tu es comme ça? C'est parce que ta mère est une garce? Parce que tu as eu une enfance difficile? C'est ça que tu te dis? Que tu te sentes désolé pour toi-même sans penser que peut-être toi aussi tu as ta part de responsabilité dedans? De toute façon ce n'est pas vrai. Les gens qui ont eu des expériences horribles arrivent pourtant à continuer à être gentils avec les autres. Être un connard n'est pas une tare de naissance, c'est quelque chose que tu deviens. C'est un choix. C'est aussi un choix de laisser Nikolai tout détruire entre nous. C'est quoi, le plan? Tu t'enfuis à Londres, car ton frère est méchant avec toi? Parce que ta copine t'a menti? Tu ne vas jamais plus laisser quelqu'un prendre une place dans ton cœur par peur d'être blessé?

Je m'approchai de lui. Lui qui regardait le sol.

— Crois-moi... Tu ne veux pas ça. C'est terrible d'être seul.

Je bougeai ses cheveux de son visage et j'avançai le mien du sien. J'étais à, seulement, quelques centimètres de ses lèvres qui m'appelait au plus grand désespoir des miennes.

— Et les gens... ont besoin des gens.

Je collai mon front au sien puis je lui dis.

— Je t'aime. Et tu m'aimes. Nous devons être ensemble.

Je lui pris tranquillement et délicatement la mâchoire du bout de mes doigts pour mettre son regard dans le mien.

— Dis-moi que nous devrions être ensemble.

Il se sépara de moi. Le regard neutre.

— Je dois y aller.

Puis il rentra dans la voiture. Pour me quitter, me laissant ainsi seule, l'âme et le cœur briser. Une larme descendit. Puis une autre. Mon visage resta figé. Je me retournai puis j'attrapai mon cellulaire dans ma poche de pantalon.

< — Eva? William est parti. William a rompu avec moi. William est parti pour Londres. Putain, il est parti... il est venu, pour qu'on se parle... Il est venu, dis-je la voix tremblotante. Dans la voiture de Chris. Il a dit qu'il ne m'aimait plus, que son vol était à 18 h. Non, il a dit qu'il n'était plus amoureux de moi. >

EXTERNE

La voiture recula où l'allée pendant que la jeune fille aux téléphones racontait tout à son amie.

< — Parce qu'il a dit qu'il voulait... Je peux passer te voir? >

Le garçon sorti de sa voiture et d'un pas élancé il marcha en direction de la fille qu'il aime. Il la retourna vers lui en lui souriant. Elle détacha son cellulaire de son oreille et elle sourit à son tour avant de sauter dans ses bras qu'ils la serrèrent le plus fort qu'il put. Ils s'embrassèrent aussi passionnément que la première fois. 

Mais certainement avec plus d'amour que la première fois. 



À suivre..

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top