Luna passa donc sa semaine d'exclusion au musée, assistant à beaucoup d'expositions : égyptiennes, maories, chinoise et même modernes de temps à autre ce sont les plus hilarantes, les plus farfelues. D'une œuvre à l'autre le visage de Luna peut se métamorphoser, elle ressent de très près l'émotion que veut faire communiquer l'artiste à la personne qui regarde son travail, elle passe du rire aux larmes, de la colère à l'apaisement d'esprit. Très sensible et en même temps dure comme fer, Ben avait raison, très contradictoire comme comportement mais tellement fascinant.

C'est le dernier jour de sa semaine d'exclusion, Luna se rend une dernière fois au musée, sa deuxième voir sa seule maison. Une exposition inédite est disponible aux visiteurs aujourd'hui. Comment l'a-t-elle su ? Luna n'a pas besoin d'affiche, elle est l'affiche. Elle entre dans ce temple du savoir, ce temple où tout semble trouver une explication, où les écriteaux répondent à toutes les questions basiques qu'une personne lambda pourrait se poser, mais Luna a toujours, toujours quelque chose à demander, elle essaye de comprendre, d'absolument tout comprendre, pourquoi ? Comment ? Dans quelles circonstances ? C'est à se demander si elle écoute réellement toutes les réponses que peut lui fournir un agent d'accueil, bafouillant souvent après la dixième question consécutive. Il n'y a pas grand monde ce matin...le musée vient d'ouvrir ses portes, inutil de préciser que Mademoiselle Thomas dispose de son propre pass visiteur « habitué », elle regarde attentivement les vitrines, fait de nombreux allers retours. Quelque chose ne va pas...pas d'écriteaux, rien pour la renseigner cette fois ci...à ce moment là elle pense qu'elle est peut être venue trop tôt. Après un troisième aller-retour devant les vitrines, Luna ressent une forte attirance inexpliquée pour une étrange montre, ressemblant à celles des années 20 mais bien plus différente...exposée là, parmi tant d'autres merveilles, elle la fixe, retenant ses mains prêtes à venir se coller à la vitre pour pouvoir la contempler de plus près. Cette montre n'est pas totalement ronde, deux roulettes de part et d'autres, Luna est attentive, ne la lâche pas des yeux, comme si elle pouvait s'envoler d'un instant à l'autre.

« He ! Tu comptes embrasser la vitre peut être ? »

Luna ne bouge pas, elle sait qui a interrompu son analyse

« T'es pas en cours toi ? » Dit elle à Ben d'une voix lisse.

« Non je suis venu t'embêter un peu, j'ai pas eu ma dose cette semaine, c'était pas facile sans toi même si entre Robert qui fait un soit disant malaise pour louper le cours de Smith, Julia qui me colle à longueur de journée et Vincent qui drague la prof de français, y a de quoi faire

-Tu as séché ? Benjamin Bill Martin que t'arrive-t-il ? Ton comportement me choque au plus haut point !

-Je peux repartir aussi ! S'exclame-t-il un peu vexé, Bon...qu'est ce que tu regardes si tendrement ?

- C'est...cette montre...elle m'intrigue...je l'ai déjà vue dans...

-Un de tes rêves c'est ça ? »

Lorsque Ben l'interrompt, la jeune fille se tourne et se met face à lui, elle était jusque là plantée devant la vitre, Ben reprend :

« Comme ce tableau du mystérieux château que tu as aperçu l'autre jour ? Ecoute Luna, lâche-t-il en soupirant, tu as beaucoup d'imagination, mais apprends à cerner le vrai du faux

-Oui c'est ça, tu peux me dire ce que tu veux, en attendant cet endroit je l'ai vu d'accord ? Je ne suis pas encore folle ! »

La rouquine marque un temps de silence, elle finit par regarder Ben dans les yeux en lui disant d'un air moqueur :

« He...si je finis à l'asile...tu viendras me voir et me dire de prendre mes médicaments contre la liberté d'expression ?

-Tu restes passive dans toute situation, c'est impressionnant», répond-il en riant     

En voyant deux jeunes gens s'agiter vers le fond de la salle, une jeune femme agent d'accueil s'occupant de l'exposition les rejoint et leur demandant machinalement « puis je vous renseigner ? », Ben et Luna la regardent un instant légèrement hésitants

« C'est une exposition assez mystérieuse, reprend-elle, tous les objets présents ici n'ont aucune histoire, ne viennent de nul part, de nombreuses personnes ont essayé de les cerner, de les comprendre...mais personne n'y est parvenu...alors ils sont là. Je vois que vous vous interrogez sur cette montre mademoiselle »

Sur cette remarque plus qu'évidente, Luna sourit à la jeune femme.

« Effectivement.

-He bien figurez vous que nous aussi...personne ne se souvient l'avoir placé ici parmi tous les autres objets...un vrai mystère...cela dit, ce côté mystérieux attire plus de monde

« Tu parles...» se dit Luna dans un coin de sa tête, le monde est attiré par le mystère parce qu'il cherche sans arrêt à le dénaturer, à se l'approprié, une fois résolu un mystère n'en est plus un, comme si il fallait absolument « démystériser » toute chose inconnue à l'homme. Luna pense que c'est pour cela que l'humanité s'assombrit, de plus en plus : on dénature la nature. Certes elle peut se montrer très curieuse et complexe de temps à autre mais elle estime que tout ne doit pas être su. Quelqu'un appelle la jeune femme, elle s'excuse avant de laisser les deux amis sur place. Luna arrange ses cheveux, de manière à les reconditionner comme pour arranger ses pensées envahissantes.

« Que tu me crois ou non, je vois des choses dans mes rêves et parfois j'ai même l'impression que c'est une réalité ; écoute...je vois des...bestioles aux formes bizarres, des végétations qui nous sont inconnues des...des choses beaucoup plus sombres...beaucoup trop de choses... »

Lorsque Ben s'apprête à rétorquer, une autre voix vient s'ajouter au dialogue, celle de Lysandre.

« Moi je te crois »

Apparition soudaine qui fait sursauter Ben :

« Préviens quand tu fais ça le nouveau ! Qu'est ce que tu fais là ? On n'a jamais trop eu l'occasion de discuter tous les deux...pourquoi tu es arrivé en plein milieu de l'année ?

-Je ne crois pas que ce soit ni le lieu ni le moment pour parler de ça B...Ben c'est ça ?

-Oui...mais pourquoi ? C'est paisible ici, on peut discuter, alors d'où tu viens ? »

La question de Ben est totalement ignorée par Lysandre :

« Qu'as tu vu de plus dans tes rêves ? »

Légèrement agacé par ce comportement, Ben baisse les yeux et pose ses yeux un instant sur la main de Lysandre, des marques noires semblant suivre le chemin de ses veines dépassent de ses manches.

« J'adore quand on me répond, c'est cool aussi

-Heu...he bien beaucoup de choses je ne saurai te dire et puis...pourquoi ça t'intéresserait ?

-Elle t'intrigue cette montre n'est ce pas ? Tu la veux ? » Demande-t-il souriant à Luna.

Elle le regarde en fronçant les sourcils

-Monsieur va voler cette montre pour madame ? » Lance Ben pour être sûr de faire encore partie de la discussion. Lysandre lui adresse un sourire peu rassurant et lui répond :

« Tu parles trop toi...on ne te l'a jamais dit ?

« Trop souvent » 

Ben sort du musée laissant Lysandre dont on ne sait rien et Luna, seuls devant cette vitrine.

« Ben attend ! »

Luna soupire et regarde son nouveau camarade de classe, aussi expressif à ce moment là qu'un blobfish.

« oui elle m'intéresse mais on est dans un musée ici pas dans un marché aux puces »

Elle lui lance un regard dénigrant et quitte la pièce pour rejoindre Ben assis dehors sur les marches du musée. Un vent glacé et un ciel sombre accompagnent le jeune homme dans son mécontentement aussi marqué par la façon détachée qu'il a de se lever des marches gelées.

« Ben...mais qu'est ce qu'il t'a pris de t'énerver comme ça ?

-Il est bizarre ce mec je te dis...il a un truc dans le regard...quelque chose de pas net...et il a du redoubler deux ou trois fois...il a quel âge?

-Benjamin serait il jaloux que quelqu'un d'autre s'intéresse à ma vie ?

-Crois ce que tu veux...je resterai pas avec lui si j'étais toi

-Oublie ça...viens on va boire quelque chose » lui dit Luna pour le rassurer tout en posant sa main sur son épaule.

Luna et Ben se rendent dans un bar qu'ils fréquentent souvent et commandent tous les deux un chocolat chaud, cette boisson peut remonte le moral de n'importe qui.

« Ben... »

Luna regarde Ben dans les yeux, ils sont d'un bleu profond, accentués par sa chevelure aussi noire que les plumes d'un corbeau.

« Je me souviens...l'autre soir j'ai rêvé de cette montre...je tournais les deux petites roulettes sur les bords »

-Et qu'est ce qu'il se passait ?

-Je ne sais plus... »

Ben attrape son téléphone dans sa poche et répond à un message tandis que que Luna regarde fixement la table. On sent comme un malaise. Ben pose son portable et continue la conversation :

-Alors...tes parents, comment ils ont pris le renvoie ?

-Je t'ai déjà dis qu'ils s'en foutaient...je n'ai plus de famille

-Et Katy ? »

Luna sourit en entendant le prénom de sa petite sœur. Elle ferait n'importe quoi pour qu'elle ait une vie heureuse, qu'elle s'épanouisse. Katy est tellement mignonne et innocente...insouciante, comme Luna à l'époque. Elle ne doit pas lui ressembler, jamais.

« Toi et ma sœur...en ce qui concerne mes parents...tu voulais savoir comment ils sont devenus aussi...tristes et indignes...? C'est vrai que je ne t'ai jamais vraiment expliqué...parce que moi même j'ai du mal à comprendre.

-Parle moi de tes parents si tu en as envie...je ne te force pas »

Après un petit moment d'hésitation, Luna se lance difficilement dans une explication un peu vaseuse en trifouillant les manches de son pull :

« Ils heu....ils étaient des parents tout ce qu'il y a de plus normaux...ma petite sœur avait 7 ans, j'en avais 15, ils ont commencé à changer...à devenir distants...je n'ai jamais vraiment repensé à ce jour là parce que je n'y arrive pas mais...il faisait sombre, il était tard et j'étais censée dormir mais je ne sais plus pourquoi je n'étais pas encore couchée et j'ai entendu frapper à la porte...je ne sais pas ce qu'il s'est passé ensuite.

-Comment ça tu ne sais pas ? Tu ne t'es pas évanoui que je sache.

-Bha j'en sais rien...peut être qui sait ?

La serveuse emmène les chocolats « voilà mes chéris ». C'est une femme assez âgée, très attachée aux deux jeunes gens qui passent dans son bar tous les jours, c'est une sorte de compagnie pour elle. Luna la remercie, elle repart derrière le comptoir s'apercevant que ce n'est pas le moment de les déranger

« Mais...du jour au lendemain ils sont devenus distants ? Comme ça ? Lui demande Ben

-Non...progressivement...avant quand je leur parlais ils m'écoutaient et faisaient attention au moindre de mes gestes, maintenant...la vie du poisson rouge est plus importante que la mienne.

-T'es sûre que tu ne te souviens pas de ce qu'il s'est passé ensuite ?

-Puisque je te dis que non...mais je suis habituée maintenant tu sais...on dirait que depuis ce jour là ils ont peur de moi...peur de m'adresser la parole

Elle baisse la tête et regarde ses mains croisées sur ses jambes et ne dit plus rien

-Oublie les...

-Je me suis enfuie plusieurs fois...mais pour aller où finalement ? Heureusement que tu es là...mais, ce que je t'ai raconté, ça m'est revenu il y a pas longtemps...c'est pour ça que je ne t'en ai jamais parlé, parce que je ne connaissais pas la raison exacte de ce changement, c'était assez flou...et à vrai dire je ne la connais toujours pas

-ça t'est revenu quand ?

-Le jour où...Lysandre est arrivé...il y a 3 semaines environ, le soir même j'ai fais des rêves étranges et...des sortes de flash m'ont réveillé plusieurs fois. Tu vas me prendre pour une folle mais je sens quand il est proche de moi

-Me parle pas d'histoire à l'eau de rose ça me dégoûte... « je sens sa présence, c'est mon âme sœur, ma moitié que dis je ? Mon tout ! » pitié épargne moi ça Rose, Jack s'est noyé !

Luna se redresse et laisse échapper un petit sourire, elle dépose son coude sur la table et se tient la tête à l'aide de sa main molle en regardant Ben d'air air las.

-T'es irrécupérable, je te parle pas de ça ! Mais d'une connexion je sais pas comment t'expliquer

-Arrêtes je vais vomir !

-Tu comprends rien...

-Ho c'est bon je plaisante !

-J'en suis pas si sure, tu ne l'aimes pas, ça saute aux yeux ! Je te le redis encore une fois, tu serais pas jaloux? Je sais pourquoi ! S'exclame-t-elle en le regardant avec des yeux ronds, parce qu'il a des cheveux noirs, t'as toujours voulu avoir des cheveux noirs ! Ou non je sais ! Parce qu'il a un tatouage et que t'oses pas t 'en faire un ! C'est stylé les tatouages hein ? Une belle rose sur l'avant bras.»

Ben reste muet et regarde Luna un moment, il finit son chocolat tout en la regardant dans les yeux et lui dit :

« Et après c'est moi qui suis irrécupérable, j'ai même pas remarqué son tatouage,

je crains que la folie vous ronge mademoiselle Thomas ! »

Luna se lève et se défend immédiatement en s'exclamant haut et fort « La folie est une bonne chose, tu connais Alice aux pays des merveilles ? » Elle met ses mains à plat sur la table et s'avance vers Ben

« we are all mad here» j'aime bien cette phrase...Aller on y va ! »

Elle porte une bague avec un symbole dessus et ben la remarque lorsqu'elle dépose l'argent sur la table

« Attends ! C'est quoi cette bague ?

-Je sais pas...je l'ai retrouvée l'autre jour quand j'ai rangé le grenier avec ma sœur, dans mes affaires de bébé, elle est à ma taille et je la trouve jolie

Ben enfile sa veste et tous deux sortent du bar en saluant la vieille serveuse.

« -C'est quoi ce froid polaire...on est en Mars mais quand même...s'exclame Luna en essayant tant bien que mal de se réchauffer

-Luna ? Et ta sœur ? Pourquoi elle n'est pas distante avec toi ?

-Aucune idée...je l'aime tu sais...je ne veux pas la perdre elle auss... »

La jeune femme est soudainement prise de douleur à la tête, elle peine à tenir debout et se tient à Ben.

« He ! ça va ? Luna ? »

Elle se tient la tête d'une main, ferme les yeux et une larme coule sur sa joue mais aucune parole ne sort de sa bouche. Ben aperçoit Lysandre au loin, le fixe et éloigne Luna, une des cases de sa bague est envahit d'une lueur sombre. En essayant de comprendre ce qu'il se passe, il remarque que les yeux de Luna deviennent d'un noir intense, cela ne dure pas plus de trois secondes, il agrippe ses épaules et la sert assez fort pour qu'elle réagisse :

« Ben ! Tu...tu me fais mal

-Luna ?! »

La jeune fille complètement perdue rouvre les yeux, leur bleu éclatant a repris place

« Ca va...ça va, qu'est ce que c'était, cette douleur...affreux

-Tes yeux...fais voir tes yeux !

-Quoi mes yeux ?

-Non...non rien, aller on rentre »

Le jeune garçon assez déboussolé raccompagne Luna chez elle ; la discussion est loin d'animer le trajet. Une fois arrivés chez la jeune fille, tous deux se regardent pendant un long moment quine paraît qu'un court instant pour Ben

« T'es sur que ça va aller ?

-Oui merci, lui répond Luna d'un ton assez sec

-Bon...à lundi alors...prend quelque chose pour le mal de tête

La neige ne cesse de tomber, Ben reste là sans bouger, la regardant ouvrir la porte d'entrée comme pour être sûr qu'elle soit en sécurité même au palier de sa propre maison, puis tourne le dos avant de prendre le chemin de chez lui. Luna franchit la zone séparant liberté et tristesse ; cette entrée, toujours aussi sombre et déprimante, elle monte dans sa chambre directement sans chercher à savoir qui est présent ou non dans ce havre de souffrance, et s'enferme à double tour avant de toucher délicatement sa tête

« Qu'est ce que c'était... » se dit elle d'un air affaibli. Les cachets...dans la cuisine, elle déverrouille sa porte, l'ouvre doucement et regarde à ses pieds, s'y trouve un plateau de nourriture sûrement préparé par amour par sa mère, accompagné d'un verre d'eau, comme tous les soirs, elle le fixe un moment tenant la porte à une main, l'air agacé, épuisé, puis explose de fatigue :

« JE NE SUIS PAS UN CHIEN ! MERDE ! »

Les parents de Luna assis dans le salon, se regardent et baissent la tête.

La jeune fille complètement lasse de cette situation rentre dans sa chambre et claque la porte, ce qui ne fait qu'empirer son mal de crâne

Son ventre criant famine, elle réussit à s'endormir. Pendant la nuit, elle rêve de ce fameux soir où tout a changé, mais cela reste très flou... 

Luna descend prendre son petit déjeuné lundi matin, sa mère, Marie et Katy sa petite soeur se trouvent dans la cuisine.

« ...Bonjour... » lance timidement Marie à sa fille à peine réveillée. Luna la regarde dans les yeux d'un air étonné et s'assoit, sa mère reprend :

« Tu...tu as bien dormi ? Katy va te laver les dents

-oui maman...répond Katy qui se lève et monte à l'étage

-Bonjour ?...tu veux vraiment savoir si j'ai bien dormi ? He bien non, ça t'étonne ?

Luna se lève et emmène des céréales dans sa chambre pour finir son petit déjeuné, bizarrement c'est le seul repas qu'elle prend en « compagnie » de sa famille.

Son père Jack rejoint Marie dans la cuisine, il avance jusqu'à elle qui est assise de manière stricte sur une chaise et se positionne derrière elle :

« ...je ne sais pas si l'ignorer n'aggrave pas les choses

-Il le faut pourtant...elle ne le sait pas mais c'est pour son bien...elle va bientôt...

-ne parle pas de ça tu veux...ça arrivera oui, elle doit nous oublier...pour toujours, dit Jack en caressant doucement le crâne de sa femme, qui semble à ce moment là bien plus triste que Luna

-il faudra lui dire qu'elle...

-ça suffit ! Elle pourrait nous entendre

-je n'en peux plus Jack...je ne peux plus l'ignorer comme ça...

-si tu tiens à elle...fais ce qu'on t'a demandé de faire, répond Jack en se déplaçant face à marie

Ils se regardent, les yeux vides, fatigués. Marie baisse la tête et regarde le sol, une larme vient s'y déposer, Jack la prend dans ses bras pour la rassurer sachant très bien que sa manœuvre ne sert à rien.

Au lycée, Ben discute devant une salle de cours avec Julia, une camarade de classe assez collante

« Qu'est ce que t'as fait de beau hier ?

-Ho, rien de spécial, répond Ben l'air las, c'est à ce moment que Luna arrive un peu énervée

-Julia, tu peux nous laisser s'il te plait ?

-Pourquoi ? lance froidement Julia à Luna

Luna soupire, elle a l'air habituée à la situation

-Julia...on a déjà eu cette discussion, mais je vais être plus claire alors écoute moi...

Elle pose sa main sur son épaule et la regarde

-...J'ai encore le droit de parler à mon meilleur ami quand je veux et où je veux même si vos relations sont ambigües, tu es une bonne amie j'en suis sûre mais laisse moi lui parler c'est important

Julia qui semble gênée, prend son sac à toute vitesse, qui était délicatement posé par terre

« ça va...j'y vais...à tout à l'heure Ben » bafouille la jeune fille tandis que Ben lance un regard noir à Luna

-Il, il n'y a aucune relation ambiguë entre elle et moi, Julia est mon amie d'enfance et...

-oui bon, je voulais te dire quelque chose...

-Je t'en prie, dit-il en croisant les bras

-c'est fou mais pour la première fois depuis 2 ans ma mère m'a demandé si j'avais bien dormi...

Ben décroise ses bras aussitôt et regarde Luna comme si il avait vu un fantôme

-t'es sure que ce n'était pas un rêve ?

-Certaine, quand je rêve de tout ça je vois une lueur bleue tout autour des images, voir noire c'est assez étrange...mais...c'est pas la question, j'ai trouvé ça bizarre de la part de ma mère...peut être parce que je me suis énervée la veille...

-Moi aussi je voulais te dire quelque chose. Tu sais l'autre jour, j'ai vu Lysandre dans la rue d'en face

- ...Oui et ?

-je sais pas...j'ai l'impression qu'il te suit...il n'est jamais bien loin de toi...il te surveille

-arrête tu divagues, il est nouveau c'est normal qu'il suive ses camarades

-mh...je suis pas convaincu...qu'il te suive dans la rue c'est normal ?

La sonnerie se déclenche, Ben et Luna rentrent en cours, la jeune fille continue la conversation :

-écoute oublie le un peu, je vais au musée tout à l'heure, ces objets sont fascinants, tu viens avec moi ?

-fascinants tu dis ? Je ne vois que des vieux trucs moi, mais oui je viens si tu veux

-aller un effort...ça ferait pas de mal à ton petit cerveau

Ben sourit à la remarque de Luna et s'assoit à son bureau.

Marie et Jack se retrouvent à table pour déjeuner, au coin du feu dans le salon

« Jack...il faut...la préparer, quand on viendra la chercher elle doit être au courant

-Ce n'est pas ce qui était prévu...ils ne viennent que dans quelques mois ne t'inquiète pas...on doit juste la protéger jusque là

-Ce qui est sur...c'est qu'elle s'est détachée de nous comme prévu... elle n'a rien demandé cette petite...

-c'est comme ça on y peut rien Marie

-je sais...mais mets toi à sa place...

-ces 2 années ont été dures pour elle comme pour nous...il fallait qu'elle se détache, qu'elle parte sans regret et qu'elle ne veuille plus revenir ici

-c'est absurde...et...elle n'était pas sensée suivre ce chemin là, c'était prévu autrement...cet homme...cette nuit là...

-je sais ma chérie...je sais