Chapitre 5
Avoir une invitée chez moi, ce n'est finalement pas si compliqué que ça à gérer, vu qu'on vit avec des horaires décalés. Il me suffit de rentrer tard le soir, et elle dort déjà. Et le matin, vu que les gamins sont hyper matinaux, elle se lève et quitte la maison avant mon propre réveil. Résultat, on ne se voit pas du tout. Je passe mes soirées au bar, m'attardant plus que d'habitude, et c'est réglé. Je n'ai même pas l'impression d'avoir une colocataire !
Néanmoins, j'aimerais bien me poser un peu le soir, en ce moment. Me foutre dans mon canapé et regarder un peu les conneries qui passent à la télé. Il faudrait que j'essaie de voir si elle peut pas aller passer la soirée ailleurs, une fois de temps en temps.
Tout à mes rêveries, ce matin, je me traine hors de ma chambre et déboule dans le séjour à moitié endormi, quand je tombe sur Cécile, debout dans la cuisine, appuyée contre le plan de travail, en train de boire un café. Merde, qu'est-ce qu'elle fout là ? Ah oui, putain, c'est dimanche. Avec ma trique matinale, mon radar a visiblement été perturbé ... Sauf que je n'ai qu'un boxer, et que je me retrouve à moitié à poil devant la seule nana que je suis censé éviter en ce moment. Malheur !
Je m'assieds en quatrième vitesse dans le canapé tout proche, me saisit d'un coussin et le colle sur mon entrejambe.
— Bonjour Oak, me fait-elle comme si de rien n'était. Bien dormi ?
— Ouais, je réponds, un peu gêné. Si j'avais su que tu étais dans le coin, je me serais un peu plus habillé...
— Ah, fait-elle en posant ses yeux sur mon torse en perdant son sourire, je n'avais même pas remarqué.
Hein ? Elle essaie de me vexer là, ou quoi ? Comment peut-elle passer à côté d'un torse pareil ? J'ai une musculature de dingue, entretenue sept jours sur sept par des tractions, de la muscu et des pompes à longueur de journée ! Les filles en sont tellement dingues qu'elles passent leur temps à poser leurs mains sur mes abdos et à tâter mes biceps !! Elle est à moitié aveugle ou quoi ? Peut-être qu'elle est tellement amoureuse de son mec qu'elle ne voit plus les autres ? J'ai quand même du mal à le croire, hein, un physique comme le mien, on ne peut pas passer à côté. C'est comme aller à un défilé Victoria's secret, t'as beau y emmener la plus belle fille du monde, tu pourras pas t'empêcher de mater le podium, hein... Sauf Lead, lui je suis sûr qu'il ne regarderait pas...
— Bon, finit-elle par dire, j'imagine que vu que tu es ..., voilà quoi, on va dire que ça n'est pas si grave que ça.
Que je suis quoi ? Son presque frère ? Bah bordel, si c'est comme ça qu'elle me voit, ça m'étonne moins qu'elle ne fantasme pas sur moi. Quelque part, ça me rassure. Je commençais à douter de mes charmes. Je finis par sourire, un peu rasséréné.
— Alors comme ça, tu es fiancée, si j'ai bien compris ?
— Ouiiii ! s'exclame-t-elle en me faisant sursauter. Depuis trois mois. Avec Mathieu.
— Mathieu... Hummm. Et vous vous mariez prochainement ?
— Oui. Enfin non, en avril prochain.
— C'est loin avril...
— Oui, un peu. Mais comme j'ai l'intention de rester pour aider Jeanne jusqu'à là, on a décidé que c'était mieux en avril.
Je tique à ses paroles.
— Tu vas rester ici jusqu'en avril ? Sérieux ?
— Oui, c'est ce qui était prévu, s'étonne-t-elle. Mais ne t'inquiète pas, je pense que Joshua aura terminé la chambre d'amis d'ici peu de temps, donc je pourrai déménager de chez toi et te rendre ta liberté !
— Oh, je la contre, c'est pas pour ça que je disais ça. Je me demandais juste comment tu faisais pour rester aussi loin de lui aussi longtemps ! Il te manque pas ?
— Si, bien sûr, admet-elle. Mais de toute façon il habite loin de la maison, alors on ne se voyait pas hyper souvent de toute façon...
— C'est-à-dire ? Tous les week-ends ?
— Oh non, une ou deux fois par mois. Les parents l'invitent le dimanche pour le repas pour qu'on puisse se voir.
Là, j'avoue que je viens de déconnecter.
— Ouais, mais en dehors du repas du dimanche, vous vous voyez bien pour... enfin, pour vous retrouver seuls non ? Vous faites comment ?
Elle cligne des yeux, incrédule, et il semble bien que ce soit elle, là, qui ne me suit plus très bien.
— Seuls ? Non, pas seuls, on n'est pas mariés !
Hum, je me perds là. Elle n'est quand même pas en train de me dire qu'elle n'est jamais restée en tête à tête avec son homme !
– Euh, Cécile, je pense avoir mal compris en fait. Ce que je voulais dire, c'est quand est-ce que vous vous retrouvez pour baiser quoi ?
A mes mots, elle écarquille les yeux en ouvrant la bouche comme une carpe. Bordel, je crois que finalement j'avais effectivement bien compris.
— Non non !! crie-t-elle, horrifiée ! On ne b....., fait pas ça, voyons !! Ça ne serait pas convenable.
Je me mets à ricaner bêtement, sans réussir à me retenir, même si ça risque de la froisser. Après tout, je ne lui dois rien.
— Tu vas épouser un mec avec qui t'as jamais couché ? je demande, ébahi.
— Evidemment ! s'offusque –t-elle.
— Bordel, mais ça te fait pas peur ?
— Peur ? Non, on fera ça après le mariage.
— Et s'il est nul ?
— Nul ? Comment ça nul ?
— Ben si tu juges ses performances pas terribles par rapport à ceux d'avant, tu vas pas être déçue ?
— Ceux d'avant ?
Cécile cligne des yeux, ne semblant pas comprendre. Putain, ne me dites pas que ...
— T'as déjà couché avec d'autres mecs avant, rassure-moi ?
— Non !! s'exclame-t-elle. Non, bien sûr que non !
Alors là, c'est moi qui reste con devant son aveu. J'essaie d'assimiler ce qu'elle vient de me dire, avec beaucoup de mal. La miss est vierge. Je ne savais même pas que l'espèce existait encore... Faut dire qu'ici, avec les brebis, on n'a plus trop l'habitude...
Je me lève du canapé, et balance le coussin derrière moi. Tant pis pour la bosse dans le boxer, il faut que je bouge là. Je la surplombe de toute ma hauteur, et la miss doit lever la tête pour me regarder dans les yeux.
— Mais merde, Cécile. Tu vas rester un an loin d'un mec avec qui t'as jamais couché et repartir tranquillement chez toi pour te marier avec lui ? Sérieux ?
— Oui...
Ses yeux semblent se perdre dans les méandres des rouages de son cerveau, qui semble carburer à plein régime. Elle fixe ma poitrine, mais je vois bien qu'elle ne la voit pas vraiment. Je n'en suis même pas vexé. J'ai l'impression que je viens de chambouler son petit monde. Elle doute, elle réfléchit. Merde, ai-je bien fait ?
— Tu crois que c'est une erreur, Oak ? finit-elle par murmurer.
Je déglutis. Merde, j'avais pas l'intention de la perturber à ce point –là.
— J'en sais rien, Cécile. Mais tu sais quoi ? C'est même pas ça qui me choque le plus.
Elle relève la tête, perplexe, en attente de mon jugement.
— Quoi alors ?
— Le fait que tu puisses rester loin de lui aussi longtemps. Moi, si j'étais amoureux au point de me marier, rien ni personne ne pourrait m'en éloigner. Nope. J'y survivrais pas. Je sais pas comment tu fais.
Cécile ne me répond pas. Elle baisse la tête, puis se met à regarder dehors, les yeux dans le vide, puis se tourne complètement vers la fenêtre, comme si elle ne voulait plus me voir.
Je suis peut-être allé trop loin. Après tout, ça ne me regarde pas.
Note pour l'avenir : éviter de trainer chez moi le dimanche matin pour éviter une jolie blonde. Même si ma queue est toujours contente de la voir, elle.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top