14- Fin de concert




Pierre revoyait les fêtes de village, les concerts, les filles,...

Au fil du temps, ils étaient devenus bons musiciens. Très bons, même.

Leur notoriété avait rapidement dépassée le simple cadre local.

Puis un jour, le déclic s'était produit. Pierre s'en souvenait parfaitement. Ils s'étaient surpassés ce soir là, sur scène. Surtout Charly, et sa voix extraordinaire, capable de monter si haut dans les aiguës.

Un impresario les avait réunis après le concert. Il venait de Paris. Exprès pour eux. Il leur avait tenu un discours plein de promesses...de gloire, d'argent,... C'est avec des étoiles plein les yeux qu'ils avaient signé leur premier contrat. Sur un bout de table, dans un café.

Un contrat de cinq ans dans une grande Major. Un contrat qui permettrait de toucher au Graal: enregistrer un premier album.

Ils allaient enfin connaître la célébrité.

                                                                       *

                                                                *               *


Pour l'heure, il importait de fêter dignement l'événement. Comme des Pros. Alors, tous les six, ils avaient éclusé bières, gins, vodka,...

Même Luc, d'ordinaire si sobre, buvait plus que de raison. Il roulait à présent sous la table du bar. Ivre-mort.


Lorsqu'au petit matin, il avait fallu reprendre la route, aucun ne se trouvait en état de conduire. C'est Jack qui avait pris le volant. Après tout, les clés étaient restées dans sa poche.

Pierre se souvenait comment ils avaient du monter tous les six dans la petite Citroën. Trois devant, trois derrière.

Il revoyait Jack, jurant à chaque fois qu'il passait une vitesse. Les grandes jambes de Baptiste ne favorisaient pas la manoeuvre.

A six, entassés dans cette voiture, en plus de ce brouillard épais, il devenait suicidaire de prendre la route. Et l'alcool qui n'arrangeait rien...

Mais à vingt ans, on ne doute de rien. On se croit invincible.

On ne réfléchit pas à ces choses là...

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                                                                             *                    *


Pierre s'était retrouvé à l'arrière de la Citroën, sans trop savoir pourquoi. La joue collée contre la vitre glacée. Ce contact l'indisposait. Même s'il le dégrisait quelque peu.

Il était littéralement écrasé par Luc et ses quatre-vingt-dix kilos de graisse. Il ronflait aussi fort que le moteur. Pour sûr, il ne tenait pas l'alcool.


La voiture filait bon train, malgré la brume. Pierre faillit en faire la réflexion. Mais Jack était le taciturne du groupe. Il n'en faisait qu'à sa tête. Surtout ces derniers temps. Il aurait sans doute refusé de lever le pied. Et puis, cela n'avait l'air de préoccuper personne. Ils semblaient tous groggy. 

Alex, de l'autre côté de Luc, piquait du nez. Quant à Baptiste et Charly, devant, leur tête penchait dangereusement de droite à gauche. Et inversement.

Avant de sombrer à son tour, Pierre jeta un dernier coup d'oeil. Dehors, Le brouillard s'était densifié. Il eut le temps d'apercevoir, furtivement, le panneau d'agglomération d'une commune qu'ils traversaient.  "Walligny".

"Tiens, le village où a grandi Baptiste. A moins que ce ne soit Jack... ou peut-être Luc,.... Alex,...

Ses paupières se fermèrent malgré sa volonté. Il sombra, incapable de résister plus longtemps.


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Tags: #policier