3. Rancune

Sitka était seule. Bjorn avait fini par partir, ne trouvant plus d'excuses suffisantes qui auraient pu l'obliger à rester. Son œil géant avait observé une fois de plus l'être vénérable qui l'avait raccroché par sa seule force au monde des vivants, puis avait dévalé la colline en direction de l'auberge, le cœur lourd.

Le quotidien de Sitka avait rapidement retrouvé ses habitudes. Les clients venaient, puis repartaient. Elle recevait caresses, baisers et sensualité, et son indifférence était soigneusement masquée sous ses gémissements et ses mots enrobés de velours, qu'elle murmurait à leurs oreilles. Les femmes passaient plus rarement, mais elles venaient. L'une de celles-ci, une cliente régulière, débarquait chaque mois, au lever du jour.

Sa peau était aussi sombre que l'ébène, et sa voix aussi douce que le miel. Elle devait user de beaucoup de délicatesse, lorsque ses pattes griffues venaient se délecter de la chair soyeuse de Sitka. La moindre pression en trop, et elle pourrait lui ouvrir la peau aussi facilement qu'un couteau de boucher trancherait du beurre.

Mais Éclasia la traitait avec beaucoup d'attention. Prenant le temps de la contempler, elle ne se précipitait pas en quémandant son propre plaisir. À bien des égards, Éclasia lui rappelait Bjorn. Tous deux avaient des gestes tendres, une patience infinie et semblaient refouler un tas d'angoisse. Et Éclasia aussi, avait fini par s'en aller, en déposant un doux baiser sur la joue de son amante.

- Je reviendrai le mois prochain, assura-t-elle. Prends bien soin de toi, ma belle.

Elle avait esquissé un clin d'œil, puis s'était envolée. En tant que Noctavis, sa vie était rythmée par les nuits. Ces créatures ailées nocturnes constituaient divers peuples nomades qui vivaient principalement aux cimes des arbres pour échapper aux Bêtes qui proliféraient sur la terre ferme.

Sitka savait qu'un jour, elle ne pourrait tenir sa promesse. Un jour, Éclasia viendrait à mourir et cesserait de lui rendre visite. De part leur mode de vie, les Noctavis avaient une durée de vie plutôt limitée. Sitka n'éprouva rien de particulier face à cette réalité. Les clients venaient, repartaient, dans un cycle immuable.

Elle n'était pas payée pour ses services, ou pas directement tout du moins. C'était le clan Ancestral qui s'en chargeait. Elle se souvenait encore du moment où elle l'avait rejoint. Avant d'être recueillie, Sitka était seule en forêt, alors âgée d'environ cinq ans. Tout portait à croire qu'elle avait été abandonnée à son sort. Vêtue de haillons, elle ne parlait pas la langue commune, mais une sorte de langage inconnu si décousu qu'il semblait avoir été inventé par la jeune fille elle-même.

Aujourd'hui encore, elle ne se rappelait pas de son passé. Le premier jour qu'elle pouvait se remémorer était précisément celui-ci. Elle errait alors dans les bois, la nuit, sans but. Une horde de soldats l'avaient aperçue, alors qu'ils hurlaient leur cri guerrier en repoussant une meute de Dévoreurs. Ils s'étaient attendus à trouver la jeune fille tremblante, dans un état déplorable. Pourtant elle était restée debout, à observer de ses yeux d'enfant la boucherie du champ de bataille. Le chef du clan, Bardos, s'était agenouillé devant elle pour croiser ses prunelles grises qui semblaient luire à la lumière de la lune.

- Petite, tu vas venir avec nous. À présent, tu feras partie du Clan Ancestral, et plus rien ne pourra t'arriver.

Son ton bourru n'opposait aucune protestation. La fillette qu'elle était alors avait levé son menton sur son visage émacié aux traits bienveillants. Si elle n'avait pu comprendre ces mots alors, elle en avait compris l'intention. Sitka avait alors saisit la main de cet homme et s'était laissée entraîner jusqu'à chez lui, un grand manoir entouré d'une grande ville, elle-même cernée par d'immenses remparts.

C'était la première cité que la fillette avait vu, mais également la dernière. Les Hommes peinaient déjà à se défendre, et il était rare qu'ils puissent survivre assez longtemps pour fortifier une construction pérenne. Pourtant Bardos avait réussi l'impossible.

Il lui avait sauvé la vie, lui avait donné une éducation digne de ce nom et élevée aux côtés de son fils unique, Selfos. Après sa mort, ce fut celui-ci qui prit sa place pour mener le clan Ancestral. Son père n'étant plus, rien ne l'empêchait plus de posséder ce qu'il voulait.

Sitka était devenue la fille adoptive de Bardos, elle avait été élevée comme sa propre sœur, depuis toutes ses années. Pourtant, Selfos ne l'avait jamais considérée comme telle. À ses yeux, elle représentait le printemps, le miel et le parfum enivrant des lys.

Une nuit, après sa nomination faisant de lui le Premier Ancestral du clan, il vint à elle. Elle dormait à poings fermés quand il pénétra dans sa chambre. Il était entré par une ouverture camouflée, pour ne pas alerter les serviteurs. Dans le lit, les cheveux blancs de la jeune femme se confondaient avec son oreiller, et son souffle était lent et profond.

- Sitka, avait-il murmuré contre son lobe, pour la tirer du sommeil. Réveille-toi.
- Que se passe-t-il ?

Ses yeux marrons s'étaient ancrés dans leurs opposés, et ses pupilles dilatées n'avaient plus rien à voir avec la pénombre.

- Je désire tout posséder de toi, avoua-t-il sans détour. Sitka, pourrais-tu un jour accéder à ma requête ?

Sa main rude se posa sur son épaule, qu'il dénuda délicatement. Il y déposa un baiser, avant de poursuivre sa complainte :

- Ne pourrais-tu pas m'aimer, juste un peu ?
- Quand bien même j'en serai capable, cela ne changerait pas que c'est impossible. Père...
- Il n'est pas ton père, Sitka !

Selfos glissa son nez dans son cou pour respirer son parfum délicat. Sa peau avait la douceur de la soie, et il ne résista pas à l'embrasser une fois encore. Son corps tremblait sous l'attente.

- C'est moi qui t'ai donné ton prénom. Sitka... tu m'appartiens. Peu importe ce que Bardos pouvait prétendre.
- Il est ton père.
- Il l'était. Mais il est mort. Je n'ai plus de père, toi non plus. Nous ne sommes plus... nous n'avons jamais été frère et sœur, Sitka. Je t'aime tant qu'il m'est inconcevable de te perdre. Accepterais-tu ma demande insensée ?
- Je ne serai jamais capable de t'aimer. Tu le sais pourtant, n'est-ce pas ?
- Je le sais. Mais je m'en fiche, je peux aisément t'aimer pour deux.

La jeune femme soupira pour exprimer son désaccord. Bardos l'avait prévenu maintes fois : elle devait se méfier de Selfos. Celui-ci avait beau être son fils, il n'ignorait pas sa manière de vivre qu'il jugeait trop passionnée. Quoi qu'il entreprenait, quoi qu'il désirait, il ne cessait de lutter pour l'obtenir, avec une hargne et un désespoir qui pouvaient tout détruire sur son passage. Tout était valable pour qu'il puisse ne serait-ce qu'entrevoir le bout de sa quête.

Et cette nuit-là, son objectif était Sitka. Pour mieux la contempler, il avait allumé la bougie posée sur la table de nuit. La flamme vacillante faisait jouer le contraste d'ombres et de lumières sur le visage pâle de son aimée. Il ne pouvait plus passer une seule seconde supplémentaire sans la toucher. Ce désir s'était mué en véritable besoin au fil des années.

Lorsqu'il avait passé son doigt le long du bras de sa fausse sœur, il avait pu sentir le duvet se dresser sur son passage. Un frisson le gagna.

- Tu me rends fou, murmura-t-il alors que ses caresses s'aventuraient toujours plus loin. Je te veux.
- Tu ne m'aurais jamais vraiment. Tu t'en rendras compte, un jour.

Du haut de ses quinze ans, elle l'avait défié du regard.

- Tu parles comme une adulte.
- J'en suis une, à présent.

Son regard sombre détailla celle qui lui faisait face. Le cristal de ses yeux, la brillance de sa peau, la pointe de ses seins apparaissant sous sa chemise de nuit. Ses hanches s'étaient élargies, et les rondeurs enfantines qui dessinaient autrefois sur son visage avaient disparus, remplacées par des traits plus anguleux qui accentuaient ses expressions dures et implacables.

- C'est vrai, concéda-t-il. Tu es devenu une femme, ma Sitka.
- Je ne t'appartiens pas, réitéra-t-elle.
- Pas encore, non. Mais le temps est venu, Sitka. Plus rien ne peut plus s'opposer à notre union.

Elle ne répondit pas, les yeux perdus dans le vague. Il lui laissa le temps qu'il fallait pour le contrer, car il savait qu'elle le ferait à coup sûr. Telle était son habitude, quand ils conversaient tous les deux.

- Est-ce pour cette raison que tu l'as tué ?

Immédiatement, il perdit ses couleurs et sa main se crispa sur la cuisse de Sitka. La jeune fille n'arrivait pas à déterminer quelle émotion lui traversait l'esprit. Était-ce de la peur, de la surprise, de l'angoisse, ou peut-être tout à la fois, elle n'aurait su le dire.

- Comment sais-tu...
- J'étais dans sa chambre, ce soir-là. Cachée. Tu as trinqué avec lui. Le lendemain, vous deviez vous rendre à la frontière. Les autres disent qu'il était devenu vieux, qu'il avait perdu sa vigilance, que c'était un accident. Mais c'est faux.

Selfos lâcha sa cuisse, comme si ses paroles avaient eu le don de le brûler. Il arpentait la pièce de colère, se moquant à présent de se faire entendre des serviteurs. Qu'ils viennent, pour qu'ils puissent goûter la morsure de sa lame.

- Alors quoi, comment as-tu su... Tu as récupéré les verres pour les faire analyser par un sorcier ? Tu me faisais si peu confiance que ça, s'énerva-t-il enfin, se retournant face à Sitka.
- À raison, tu en conviendras. Tu l'as empoisonné. Pas suffisamment pour le tuer, mais pour le rendre malade et impotent. Mais je n'ai pas eu à faire appel à un sorcier pour l'apprendre, ni à chercher des preuves.
- Alors comment ?

Son colère ne désépaississait pas, au contraire, elle semblait affluer. Ses poings se balançaient au rythme de sa démarche.

- Notre père, continua-t-elle, imperturbable. Il savait ce qu'il se passait, mais il n'a rien dit à personne. Il ne l'a confié qu'à moi.

Sans crier gare, il se dirigea vers la porte et l'ouvrit à la volée, surprenant les deux servantes postées devant.

- Je dois parler en privé à ma sœur. Que les gardes et les serviteurs de tout l'étage se retirent.
- Bien, Monseigneur, avaient-elles aussitôt répondu.

Il avait refermé le battant sans prendre la peine de vérifier si ses ordres étaient suivis.

- Je ne veux pas que quiconque soit au courant de cette affaire, expliqua-t-il. Alors dis-moi, s'il avait appris pour le poison, pourquoi accepter de partir à la frontière, au lieu de chercher un remède ?
- Parce qu'il devait rester fort aux yeux des hommes. Avouer que même son fils, son héritier qui plus est, n'acceptait pas son rôle parmi le clan aurait fragilisé tout son équilibre.
- C'est l'unique raison ?
- Non. Il ne pouvait compromettre ta place parmi le clan. Je n'ai rien eu à analyser, il me l'a dit lui-même. Il te suspectait déjà ce soir-là, et il en était sûr le lendemain. Il m'a fait ses adieux avant de partir pour la frontière. En se laissant mourir là-bas, il t'a sauvé. Il t'aimait à ce point.

Selfos ravalait l'aigreur qui lui avait brûlé la gorge, intégrant ce que cela impliquait. Il avait tué celui que son aimée considérait comme père. Et elle le savait. Il fit tout de suite ses calculs. Si elle était un jour capable de sentiments, elle serait plus apte à le haïr qu'à ne serait-ce que l'apprécier. Il réalisa qu'il avait perdu sur tous les plans. Il n'aurait jamais ce qu'il convoitait. Mais sa contrariété prit une autre tournure, quand il mit le doigt sur ce qui l'avait dérangé tantôt dans son récit.

- Et à quel point t'aimait-il, toi ? Il t'avait adopté, certes, mais laisser une jeune fille lui rendre visite dans sa chambre, à une heure si tardive...

Il s'approcha du lit, une folie meurtrière plantée dans son regard. Violemment, il empoigna ses cheveux et jaugea son calme agaçant, avant de lui voler un baiser. Selfos aurait voulu que leur premier échange soit doux, pur et teinté de désir. Mais sa rage l'avait réduit à une embrassade sauvage, qu'il dû forcer.

- Il a fait ça, peut-être ?

Sitka allait lui répondre, mais il se jeta une fois de plus sur ses lèvres pour la faire taire. Il ne voulait pas savoir.

Il libéra ses poignets pour mieux accrocher ses cuisses, qu'il tira à lui alors qu'il s'assit. Placée à califourchon sur lui, il se délectait de l'observer d'en bas. Il aurait voulu qu'elle le soumette au silence, qu'elle le punisse. Il aurait voulu qu'elle soit consciente de l'amour qu'il lui portait. Qu'elle était la seule qui voulait posséder, et la seule qu'il voulait servir.

- T'a-t-il jamais tenue ainsi ?
- Il n'a jamais rien...
- Tais-toi, je t'en conjure.
- Il voulait que je...
- Ne dis plus rien.

Avec toute la fureur et la peur qu'il ressentait, il empoigna ses fesses pour assembler leurs hanches, tandis qu'il lui volait un énième baiser. Il était déjà dur contre elle, mais elle n'en avait que faire. Elle semblait toujours aussi impassible, même quand les mains rudes se glissèrent sous sa robe pour se plaquer dans son dos.

- Selfos, je t'en conjure, ce que tu crains n'est pas arrivé. Il...
- Je te veux, peu importe ce que tu as pu faire.

C'en était trop. Sitka ne supportait plus d'être réduite au silence, et elle poussa son frère sur le dos jusqu'à le dominer totalement. Elle ne lui avait jamais paru aussi belle et désirable qu'en cet instant.

- Il voulait me marier à un clan voisin, cracha-t-elle enfin. Que je lui serve d'espionne. Il m'en pensait capable, mais il savait que tu désapprouverais, alors nous nous voyions en secret.
- Qui, murmura-t-il si doucement qu'il fallait tendre l'oreille pour l'entendre. Qui devais-tu épouser ?
- Le clan Nordique. Leur cheffe a trois fils, c'est l'un d'eux, mais j'ignore encore lequel.
- Quoi ? Il comptait vraiment... t'envoyer à ces barbares du Nord et te laisser sans défense ? Tu sais comment ils traitent les étrangers ?
- Au moins aussi bien qu'on les traite ici, je suppose, répondit-elle avec pragmatisme.

Le sourcil du jeune homme se haussa subitement. Sitka avait l'intelligence de n'avoir jamais déclaré de tels propos face au chef de clan, leur père. Il trouva alors surprenant qu'elle continue à opposer ses réflexions sans barrière, maintenant qu'il tenait la même position. Selfos savait qu'elle se faisait un avis très contestataire sur le fonctionnement du clan.

- Rassure-moi, vous n'avez pas finalisé le contrat, n'est-ce pas ?
- Si. Je dois me rendre là-bas dans un mois pour assister à la cérémonie. Père a accéléré les négociations et accepté leurs termes, puisqu'il savait sa fin proche.

Le jeune homme, tout juste adulte, en eut les larmes aux yeux.

- Tu me dis que tout est de ma faute, c'est ça ?
- Peu importe ce que tu aurais fait, Père n'aurait pas changé d'avis. Il n'était pas forcément un homme bon mais il savait protéger son clan, c'est certain.
- Je ne te laisserai pas partir, Sitka. Même s'il fallait que je déclare la guerre au clan Nordique et que je tue chacun de leur fichu sujet. Tu n'iras pas là-bas.
- Je serai plus utile là-bas qu'ici. Il est temps que j'aide ce clan, à mon échelle. Chacun à son rôle à jouer, c'est le principe fondamental qui régit tout ce qui nous entoure. Je ne peux pas me battre, mais je peux écouter et transmettre les informations que je pourrai glaner.

Selfos se redressa pour s'accrocher à ses avant-bras, d'un air implorant.

- Non. Tu n'iras pas.
- Tu n'as pas le choix, le mariage a déjà été accepté. Ils ne reviendront pas sur leurs accords.
- Je trouverai un moyen. Je te le promets.
- Nous savons tous deux que c'est pour toi que tu le fais, pas pour moi.

Son regard se baissa sous la honte. Elle avait raison, comme toujours, mais il ne pouvait l'avouer tout haut cette fois-ci. Il préférait mourir plutôt que la laisser croupir dans ce lieu sordide et gelé que devait être Terre-Glacée. Progressivement, il réalisa que son corps était toujours bloqué sous celui de la jeune fille qui le jaugeait encore de son regard intransigeant. Il ne sentait presque pas son poids sur ses jambes mais il n'osait plus bouger, de peur qu'elle ne s'aperçoive de sa posture et qu'elle ne décide de l'en libérer.

- Je devrais t'épouser, Sitka. Tu pourrais vivre dans cette demeure pour toujours, en sécurité, et je prendrais soin de toi. Et ce maudit clan Nordique ne pourrait plus te revendiquer.
- Si tu faisais cela, ils le prendraient personnellement et se montreraient plus cruels qu'ils ne l'ont jamais été. Ils détestent qu'on se moque d'eux. Leur promettre une chose pour la leur retirer ne serait que pure folie.

Un rideau de cheveux blancs glissa de son oreille et Selfos se redressa dans un bond pour le replacer. Contrairement à ses gestes d'ordinaire rigides et autoritaires, il savait faire preuve d'une grande délicatesse. Cela n'arrivait pas souvent, comme s'il réservait sa tendresse à cette fille, l'unique femme pour qui son cœur battait. Il replaça la mèche à sa place d'origine et constata avec déception que Sitka s'éloignait pour s'asseoir plus loin.

- Tu as probablement raison. Je trouverai une excuse pour leur faire renoncer.
- Ils ont accepté qu'une bâtarde venue de je-ne-sais où, dépourvue de sang noble, vienne dans leur clan. Je pourrais être bafouée, me montrer particulièrement grossière, me défigurer, qu'ils ne changeraient pas d'avis.
- Tu as raison, comme toujours. Mais je trouverai une alternative malgré tout. Il existe forcément une solution.

Selfos s'allongea paisiblement sur le lit, déroulant la conversation comme s'il n'avait pas été prêt à déflorer la jeune fille un instant plus tôt. Pour une fois, Selfos fut reconnaissant de cette malédiction qui sévissait la vie de Sitka. Car après tout, malgré toutes ses erreurs impardonnables qu'il avait commises, elle ne s'en formalisait nullement. Sitka ne ressentait jamais la peur, la colère, l'amertume... ni la rancune.

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