Chapitre 4 : Crime en voiture
En continuant mon chemin, j'essaye de comprendre un peu mieux les mots dits par la machine lumineuse. Je pense que cela signifie notre identité. Dans l'eau, nous n'avons pas de mots pour nous différencier. Nous nous reconnaissons à notre visage, ou au son de notre sonar. Un peu comme les dauphins. De toute manière, nous restons en banc ou avec notre famille. On chasse toujours par deux minimum.
Nous ne nous aventurons pas à la surface. Ni sur la terre, même si nous pouvons muer pour avoir des jambes. C'est très douloureux, et je ne l'avais encore jamais fait. En plus il reste de la peau muqueuse déchirée et saignante sur notre lieu de transformation. Il faut donc cacher les preuves. Nous ne sommes pas recouvertes d'écailles comme les poissons, contrairement à ce qu'ils croient.
Je tombe sur un humain devant un monstre-machine à l'arret, comme celle qui m'a foncée dessus l'autre jour. Tous les humains semblent en avoir. Il y en a partout, de différente forme et de couleur. L'humain fini par se tourner vers moi.
— Bonjour, Mademoiselle.
Je ne comprends pas les mots qu'il me dit. Mais lui me comprendra surement. Je lui répète alors la seule phrase humaine que je connais, que j'ai entendu et mémorisé tout à l'heure. Je la prononce aussi distinguent que je peux, même si je n'ai pas l'habitude de parler. Ma voix humaine est nouvelle. Dans l'eau on cri, on grogne, on couine, on utilise notre sonar, mais on ne parle pas. On chante aussi, la chanson des Siren, mais nous n'avons pas besoin d'articuler, ni même d'ouvrir la bouche.
— Je... M'appelle... Ryn...
Il me montre alors toutes ses dents en étirant ses lèvres. C'est étrange, quand je montre mes dents moi, c'est pour faire peur. Pour attaquer. Là, c'est pathétique. Enfaite, je ne pense pas qu'il fait ça pour grogner. Mais j'ignore la vraie raison.
— Vous n'êtes pas d'ici, n'est ce pas ? parle t-il.
Je lui tends mon petit objet qui représente la machine volante qui la enlevée. Peut être qu'il comprendra que je veux aller là où est cette chose. Et qu'il saura m'y amener avec son monstre-machine. Et là ba, je la retrouverais, et on repartirait dans l'eau.
— Qu'est ce que tu as là ? Un hélicoptère ?
— Hélico...ptère..
Je répète difficilement. Ce mot est étrange. Mais maintenant je sais le nom de la machine qui la pris.
Je pense que l'humain a compris. J'avance vers son monstre-machine. Cet engin permet de se déplacer loin, je l'ai vu avec l'humain d'hier. C'est avec ça qu'il doit m'amener à l'hélicoptère. J'ouvre une entrée, et m'assoie dedans.
— Alors, tu as besoin d'un chauffeur ? Je vais à Aberdeen. Ça te va ?
J'espère qu'il a compris. Je continue de le fixer, sans parvenir à déchiffrer ses paroles. Tant pis, on verra bien. Il monte à coté de moi dans le monstre-machine, et le met en marche.
— Tu n'es pas malade en voiture j'espère ? dit-il.
— Voi... Ture ? répété-je.
Oh. Alors je connais le nom du monstre-machine maintenant. Il ne dit rien, et continue la route.
Nous finissons par arriver à l'endroit près de la nature, où le sol noir a une mauvaise odeur et qui file vers l'horizon en une parfaite ligne droite. La nature sur le coté est celle avec pleins d'obstacles plantés vers le ciel, et le sol vert qui est doux comme des algues. J'observe l'humain a coté de moi, silencieuse depuis un bon moment.
— Tu ne parles pas beaucoup hein ? dit l'humain.
Comme réponse, je tourne la tête ailleurs. Ces mots sont toujours inconnus pour moi.
— C'est pas grave. C'est sympa d'avoir de la compagnie. Parfois je prends des auto-stoppeurs, mais c'est surtout des hommes. Mais pas des jolies petites choses comme toi...
Je lui tends mon petit hélicoptère dans ma main. Peut-être parle t-il de ça ? Je ne peux pas la savoir. La langue humaine est trop compliqué.
— Tu l'aimes ton jouet hein ? rit-il.
Il arrête la voiture. Je regarde autour de moi, sans sortir de la voiture, et renifle.Je ne vois pas d'hélicoptère. Nous sommes dans la nature. Une clairière, entourée de ce qui ressemble à du corail terrestre vert. Ce n'est pas là que je voulais aller. Que fait-il ? Il n'y a absolument rien ici.
— Tu es comme une petite fille... continue t-il. Une jolie petite fille qui ne sait pas parler. Je parie que ta maman t'a dit de ne pas monter dans des voitures avec des étrangers. Mais tu ne l'as pas écouté... Tu es une petite rebelle, hein ?
Il me touche le visage avec sa main, et descends jusqu'à mon cou. J'ai seulement compris le mot "voiture". Le reste est du charabia. Pourquoi sommes nous arrêté ? Où est l'hélicoptère ? J'aimerais repartir. J'attends, mais l'homme continue de me fixer. Je suis à bout de nerf, mais garde un visage impassible.
— Ta peau est toute sèche, déclare t-il en me touchant. Tu devrais y mettre de la crème. Pour la rendre belle et douce...
Il caresse ma joue, et me prend ma main pour la mettre sur lui.
— C'est ça que tu veux, hein ? Des aventures ? Petite fille, fuyant de la maison ? Monter dans la voiture d'un adulte...
L'humain s'énerve et me presse la main contre sa jambe. Je commence à croire que cet humain est stupide. Il ne m'a pas compris. Il ne m'amène pas à l'hélicoptère. Je ne sais pas ce qu'il fait avec moi, mais ça ne va pas bien durer longtemps s'il m'énerve trop. Si j'étais une vraie humine, peut-etre serais-je choquée de ce qu'il me fait, plutôt qu'énervée.
Avant que je puisse réagir, l'humain quitte sa place et me saute dessus. Il se met à califourchon sur moi, son visage collé au mien. Incrédule à ce qu'il se passe, je plaque mes mains sur lui, essayant de le repousser. Il m'étouffe. Sa tête se presse contre la mienne. Je suis trop serrée. Je ne sais pas ce qu'il fait, mais il la bien chercher.
Je hurle, et d'un coup sec, lui transperce le ventre de mes griffes.
Son sang gicle sur moi et sur la voiture, et j'expulse son corps dehors avec ma force supérieur à lui. Le devant du monstre-machine se brise en mille morceau dans un grand bruit. Son corps fini par retomber lourdement sur le devant de celle ci, éclaboussant sa couleur grise de sang. Mort.
J'ai tué l'humain.
Je sors de la voiture, essoufflée, le sang frais de l'homme dégoulinant sur moi et imbibant les tissus volés.. En regardant mon bras, je vois que ma peau est effectivement sèche. Très déshydratée. Elle me démange et me pique. Je devrais bientôt retourner dans l'eau. Ma santé se dégrade vite. Je me gratte le bras, grognant, la respiration saccadée.
Ce foutu humain m'a fait perdre mon temps.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top