Chapitre 2 : Nuit terrestre

Le monstre-machine fonce vers moi de plus en plus vite. Mes yeux apeurés brulent tant ils sont ouverts d'inquiétude. Si je dois mourir, je ne veux pas que je sois sur terre. Je ne parviens pas à distinguer le Terrestre -l'humain- qui se trouve dedans, ma vision étant flou. Je risque de tomber à tout moment, ma tête est de plus en plus lourde.

Alors que la créature est à quelques pas de moi, l'humain me remarque et la créature de fer s'arrête, dérapant légèrement sur le coté. J'émets un son, mélange entre un grognement et un souffle, et continue mon chemin, mes membres se croisant, me faisant perdre le peu d'équilibre que j'avais.

Alors que je tente de fuir, l'humain sort de la machine et m'interpelle d'un petit cri. Il me parle de mot que je ne comprend pas, et je tente désespérément de continuer mon chemin. Mes muscles deviennent plus lourds que jamais et mes deux membres se croisent à nouveau, me faisant tomber à la renverse sur le chemin dur.

Je n'arrive pas à rouvrir les yeux. Je sens le contact de ma peau sur le chemin noir et la présence de l'humain à mes cotés. Peut-être que si je fais la morte il s'en ira ? Mais ce n'est pas le cas. Même avec mon sens visuel non-opérationnel je le sens qui pose un léger tissu sur moi et m'emporte dans sa machine. Je ne veux pas mais je n'ai pas la force de résister. Le chemin et la machine ont raison de moi; je finis par m'endormir en présence de la plus dangereuse des espèces de ce monde.

*

Lorsque j'ouvre les yeux, je me redresse subitement. Je suis allongée sur un meuble humain, dans un abri tout aussi humain. Mon corps est recouvert de tissu. Je le tire, le tripote, le touche, mais rien à faire, je ne sais comment, ce tissu est attaché à moi.

Une voix retentit. Je relève la tête et découvre l'humain de la machine qui me parle, face à moi. L'ignorant, je regarde partout autour de moi, analysant chaque détail, perplexe malgré tout. Le ciel à disparu, on ne voit plus les étoiles. Cet abri semble fermé de toute part, enfermée. Face à moi des objets étranges sont posés sur un support. J'en reconnais un : un coquillage. Je l'attrape sauvagement et le renifle. Son odeur me rappelle l'océan. Salé, amer, mon chez moi.

Je continu de le tripoter et de le renifler pendant que l'humain me parle. Il commence à ne plus s'arrêter, et je lâche la palourde, le regardant. Je le dévisage, l'inspecte de haut en bas de mon regard, renifle. Je dandine la tête. Soudain, il se tait et baisse la sienne. Pourquoi ? Il n'a pas l'air si méchant. J'ai envie d'en savoir plus. Je suis curieuse.

Alors, comme le fond chacune des Siren lorsque nous sommes perplexe, je me met à chanter. Je chante ma mélodie, la mélodie des Siren. Un son, un petit air fredonné, juste en ouvrant la bouche, grâce à des cordes vocales tout à fait hors du commun. C'est voué à du succès, il relève la tête, à son tour intrigué. A vrai dire je ne connais pas la signification de ce chant. Ni ses impacts. Je ne sais pas à quoi elle est réellement utilisé. Mais il fallait que je la chante. Par curiosité. Par curiosité à le connaitre.

Il m'observe, les yeux vides, plongés dans milles pensées je suppose. Mais soudain, un bruit retenti, venant de l'extérieur de l'abri. C'est un autre humain; sa voix le prouve. Je m'arrête de chanter, surprise. L'humain face à moi l'est également mais lui n'est pas apeuré. Il se lève et va vers d'où provient le son. Il part hors de ma vue, je me dis que je suis donc hors de la sienne. Je me lève, avance vers une ouverture dans le mur et m'extirpe hors de l'abri. J'atterris sur la matière qui m'est familière, celle ressemblant aux algues. Je me met à avancer très vite, voir à faire décoller mes membres du sol de façon simultané très rapide.

Je retourne dans l'endroit aux nombreux obstacles de la dernière fois. La nuit commence à tomber. Je ne peux pas rester à découvert; qui sais quelle bête rode à la surface ? Mais si je retourne dans l'eau je ne pourrais surement plus revenir. Et ma mutation m'a fait suffisamment mal, recommencer une deuxième fois serait de la torture.

Je me décide donc à trouver un refuge où dormir. A force de marcher je tombe sur quelque chose de familier. Je connais son nom. Un bateau. Oui mais celui là est sur terre, dans mon endroit pleins d'obstacles. D'habitude ils sont à la surface, à pécher notre diner. Je grogne; c'est cet engin qui la enlevé.

Il parait abandonné et la nature le reprend petit à petit. Oui, la nature. C'est exactement le mot pour décrire l'endroit pleins d'obstacles où je me trouve. Aucun signe d'humains ni de choses crées par lui. C'est la nature pure.

Je me glisse dans le bateau abandonné, ayant décidé que ce sera mon refuge pour la nuit. Je tente de trouver une bonne position pour dormir avec mes deux membres humains. En vain, je finis par m'endormir de fatigue.

Lorsque je me réveillé le soleil est levé et ses rayons passent par les trous du bateau abandonné. Je m'étire, et analyse mes deux nouveaux membres, que je n'avais pas eu le temps d'observer attentivement. Au bout, ils se séparent en cinq parties. Je peux plier ces cinq parties, les faire bouger. Je m'y amuse quand soudain quelque chose bouge derrière moi. Je les pousse or de ma vision et découvre un petit mammifère terrestre.

Il tente de se sauver mais je l'attrape avant qu'il n'ai pu. Il pousse un cri, terrorisé. Je le tiens dans tout les sens, observant mon premier mammifère terrestre, et croque dedans de mes dents trop humaines à mon gout. Une fois l'animal entièrement avalé, ou du moins les parties que j'ai pus, je sors de mon refuge, essuyant d'un geste de main le sang coulant de mes lèvres et continuant de mâcher les restes de viande encore présents dans ma bouche.

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