SEGMENT VINGT-HUIT
Il ne lui fallut que deux jours supplémentaires de lamentation pour ensuite finir par comprendre que ça ne servait à rien et que l'ancienne Siobann, la forte et l'insensible, était bien plus efficace et en adéquation avec elle-même. Alors, après sa remise en question qui l'avait plongé dans un monde où il ne faisait pas bon vivre, Siobann partit au collège un matin avec la tête haute, comme si ce jour était la goutte d'eau faisant déborder son vase.
La journée passait, les moqueries étaient toujours présentes ainsi que les moult regards pesants, mais Siobann retrouva son bouclier tantôt éméché, la protégeant de toute cette négativité si nuisible. Alors écouteurs dans les oreilles et sourire aux coins des lèvres, elle s'efforça de ne plus rien entendre et d'afficher un air complètement en désaccord avec l'atmosphère dans laquelle elle baignait.
Derrière son bureau, elle dessina de nouveau sur les hauts de ses feuilles, bercée par la leçon des professeurs. Elle avait arrêté cette activité car, bien trop occupée à penser, dessiner l'énervait ; mais surtout, les élèves ne pouvaient s'empêcher de faire des remarques plutôt désobligeantes sur ses traits croisant ses ronds.
Et puis face à son ignorance et sa force de caractère qu'elle avait retrouvé, les élèves passant devant elle devenaient de plus en plus silencieux, l'oubliant petit à petit. Jusqu'à, au fil de quelques jours seulement, l'oublier complètement. Siobann était alors redevenue « la fille du fond de la classe » que tout le monde ignorait. À commencer par Maé, qui n'avait pipé mot durant toute cette histoire, et Siobann s'en voulait d'avoir ressentie, piètres mais quand même, des sentiments envers ce garçon qui était comme elle l'avait pensé « un humain, adolescent, fleur de l'âge de toutes conneries et manigances ».
Siobann était enfin
redevenue Siobann.
F I N
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