- PROLOGUE -
Lottie
Les basses martèlent ma poitrine, chaque pulsation vibrante ébranle mes os, s'insinuant jusque dans mes veines, comme une seconde vie incontrôlable. Les flashs des stroboscopes éclatent dans l'obscurité, transformant la foule en un chaos d'ombres et de lumière crue. Chaque éclat illumine des fragments de visages, détournés, méconnaissables, figés dans une euphorie presque dérangeante.
Mes doigts glissent sur la pierre rugueuse du mur. Mon souffle est court, saccadé, trop court. Ma gorge se serre, l'air refuse de passer. L'atmosphère est saturé par l'odeur âcre de sueur et d'alcool rance. Chacune de mes inspirations s'arrache à mon corps, laissant une brûlure dans ma gorge, comme si l'air m'était interdit. Les basses martèlent mes tempes, un battement qui écrase mes pensées. La nausée monte, et le monde tangue autour de moi.
Les visages deviennent flous. Des rires déformés explosent, se brisent en échos, puis se mêlent à des murmures impossibles à distinguer. Chaque son semble surgir de nulle part, s'amplifier dans ce brouillard oppressant. Je n'entends plus que ce chaos, tourbillon sonore qui me happe, me dévore. Où est la sortie ? Où suis-je ?
La musique s'immisce dans mon crâne, étouffe ma raison. Les lumières qui transpercent mes paupières closes impriment des flashs agressif dans l'obscurité de mon esprit. Je m'appuie contre la paroi, mes doigts ensanglantés cherchant désespérément un appui. Je dois sortir. Je dois respirer. Mais l'air n'est qu'un mirage, insaisissable. La pierre sous mes doigts devient mon seul point d'ancrage, une maigre preuve que je suis encore là.
Le sol glisse sous mes pieds. Les sons s'éloignent, étouffés, comme si j'étais sous l'eau. J'avance à tâtons, mes jambes vacillent. Mes genoux heurtent violemment le sol. Une douleur sourde éclate, mais elle reste lointaine, noyée par l'adrénaline qui pulse dans mes veines.
Mon estomac se retourne violemment. La nausée me submerge, et je serre les dents pour ne pas craquer, pas ici, pas au milieu de cette foule aveugle. Tout tourne. Je tends une main, cherchant un équilibre impossible, mais mes doigts ne rencontrent que le vide. Je trébuche, encore, et je tombe.
Une odeur de terre et d'humidité envahit mes narines. Le goût métallique du sang se mêle à la bile dans ma gorge. Les larmes montent, brûlantes, menaçantes, mais je refuse de céder. Pas ici, pas comme ça. Je me redresse à moitié, mes muscles tremblent, mais l'air s'échappe toujours, mes poumons brûlent. J'ouvre la bouche pour crier, mais aucun son ne sort. Ma voix se perd dans le vacarme incessant de la musique.
Je titube, mes bras cherchent un appui inexistant. Les ombres mouvantes m'entourent, indifférentes. Ils ne me voient pas. Personne ne me voit. Je suis invisible, engloutie dans ce chaos. Mes jambes m'abandonnent une dernière fois, et je m'écroule. Le sol est froid, dur, implacable. Je veux me relever, mais mes muscles refusent de m'obéir. Je suis prisonnière de mon propre corps, ensevelie sous cette noirceur sans fin. Mon souffle s'éteint lentement, comme une flamme étouffée.
Soudain, une main se referme sur mon bras, ferme, insistante. Un contact brutal, ancré dans la réalité, qui traverse ma torpeur comme un choc électrique. Je n'ai pas le temps de réagir, pas le temps de voir qui me saisit. Une voix émerge du brouillard, lointaine, floue, comme un écho à peine audible. Tout se mélange, se confond. Le monde vacille, englouti par un tourbillon d'ombres. Et finalement, le noir total.
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