Chapitre 10 : Soulagement, rapprochement et révélations
Une jolie maison en bois rouge et un porche spacieux se dressent élégamment devant mes yeux. Nous y sommes enfin, après quatre longues heures de route. J'ai dû éviter le regard insistant de Kai pendant que je conduisais, c'était très déstabilisant, je dois bien l'avouer. À plusieurs reprises, il avait l'air de vouloir me poser des questions, mais il s'est ravisé plusieurs fois. Voyant que je n'étais pas prête à parler, il a préféré mettre de la musique pendant le trajet. Bizarrement, la musique nous a apaisé et nous nous sommes surpris à chanter en chœur sur plusieurs musiques. Ce petit moment hors du temps nous a comme libérés de la gêne qui s'était emparée de nous.
Pour revenir à notre situation, nous sommes donc arrivés à Monroe, en Caroline du Nord, devant la maison de la puissante sorcière Bennett et mère de Bonnie, Abby. Cet endroit est notre dernier espoir pour trouver le sang de sorcière Bennett dont nous avons besoin pour rentrer dans le vrai monde. Kai a finalement pris le temps de réparer l'ascendant sur le trajet pour venir jusqu'ici. Il ne nous manque donc que cette fichue fiole de sang pour nous échapper d'ici.
Arrivés sur le porche, Kai me tient la porte pour me laisser entrer en première. Je le remercie d'un léger sourire et me fais la réflexion qu'il devient de plus en plus galant. Mes joues rougissent légèrement à cette pensée et je secoue discrètement la tête pour m'enlever cette pensée parasite. Je dois rester concentrée sur notre objectif principal.
« - Je ne connais pas vraiment cette maison, donc je ne sais pas vraiment où est-ce qu'on pourrait chercher. Lui confiai-je.
- Je t'avoue que je ne la connais pas non plus, alors on devrait peut-être faire comme chez Bonnie. On se sépare pour couvrir plus de terrain en moins de temps, on trouvera certainement plus facilement. Si ça te va, tu t'occupes du rez-de-chaussée et je m'occupe de l'étage. Si on trouve quelque chose, on prévient l'autre, comme ça on sera plus efficace.
- Pas de soucis. Bonne chance ! Lui souhaitai-je.
- Merci ! Bonne chance à toi aussi ! Me sourit-il. »
Ah... Ce sourire charmeur à tomber... Mince, je divague encore. Concentre-toi Allison, bon sang ! Bon, je dois m'occuper du rez-de-chaussée. Il n'a pas l'air si grand alors ça ne devrait pas être trop long. Je commence donc à fouiller la cuisine, et à inspecter minutieusement la petite pièce qui doit servir de débarras. Après plusieurs longues minutes de recherche, je ne trouve toujours rien alors je m'attaque à la plus grande pièce, le salon. Au détour d'un vieux tourne-disque, d'un canapé semblant moelleux et de vieux luminaires, il n'y a pas réellement grand-chose. Mais d'instinct, je relève soudainement les yeux et je me rends compte qu'une bibliothèque orne un des murs du fond de la pièce. Je m'approche lentement et parcoure les différents livres présents sur les étagères. Tout me paraît normal, mais j'ai un sentiment bizarre.
« Dimiterre ! »
Mon sort me permet de bouger tous les livres d'un seul coup, les faisant tomber au sol. Cependant, un seul livre reste à sa place. Intriguée, je décide de le tirer et j'entends un « clic » mécanique. Mon action semble avoir déclenchée un mécanisme derrière la bibliothèque qui se met à bouger toute seule. Derrière celle-ci, se trouve un renfoncement dans le mur contenant un petit coffre. Bien décidée à connaître son contenu, je me précipite pour l'ouvrir. En découvrant ce qu'il contient, je ne peux m'empêcher d'exprimer ma joie et de pousser un petit cri de victoire. À l'intérieur se trouve une petite fiole contenant du sang : le sang de Bennett dont nous avions besoin.
Je m'empresse alors de prendre la fiole dans ma main, mais quelque chose retient mon attention. Un petit papier se trouve dans le fond du coffre. Je décide donc de le déplier et de lire son contenu.
« La perte de puissance est la réussite. »
Je dois avouer que je suis plutôt perplexe. Pourquoi ce papier est-il ici ? Est-ce que ce serait une sorte d'indice pour sortir d'ici ? Ou est-ce que cela n'a rien à voir et que c'est simplement une coïncidence ? Ne trouvant pas de réponses cohérentes à mes interrogations, je décide d'aller montrer ce papier mystérieux à Kai, peut-être qu'il comprendra mieux que moi.
Ma découverte en mains, je décide de monter à l'étage pour retrouver Kai. Je ne mets pas longtemps pour le trouver, il se trouve en plein milieu d'une petite chambre cosy et épurée. Il est dos à moi mais se retourne en m'entendant arriver dans l'encadrement de la porte : l'ouïe de vampire, j'avais oublié.
« Tu as fini de chercher en bas ? » Me demande-t-il.
Pour réponse, je brandis la fiole avec un grand sourire satisfait sur les lèvres.
« On a réussi, on l'a trouvé Kai ! »
Instantanément, il s'élance vers moi et me fait virevolter dans les airs. La joie se lit aisément sur son visage, il semble réellement heureux et je dois avouer que sa joie est contagieuse. Une larme s'échappe même du coin de mon œil tellement cette découverte est un soulagement. Les émotions sont trop grandes et je laisse s'exprimer tous les sentiments qui me traversent. Je vais enfin rentrer chez moi, retrouver ma famille, retrouver mes amis, retrouver le Mystic Falls animé que j'aime tant. Mon cœur déborde de joie, mais également d'un autre sentiment bien curieux.
Kai me repose finalement pour que mes pieds touchent de nouveau le sol, mais ses bras ne me quittent toujours pas. Il me serre fort contre lui et je referme mon étreinte sur son corps musclé. Nous sommes tellement proches l'un de l'autre que j'entends son cœur accélérer à chaque respiration. Qui aurait cru qu'une simple étreinte pouvait être si réconfortante, rassurante et protectrice. Notre relation a bien changé depuis le tout premier jour où nous avons atterri ici, Kai a également bien changé, je l'ai remarqué. Ainsi, ses étreintes sont devenues de plus en plus agréables car mon cœur a décidé de lui laisser une chance. Je l'ai vu changer au fil des jours, même si j'ai parfois senti son caractère initial reprendre le dessus. Puis, la lumière de son âme, certainement ravivée par sa fusion avec Luke, a définitivement anéanti sa personnalité originale. Je pense que ma présence y est pour quelque chose dans ce si grand changement. Pour le côtoyer tous les jours depuis maintenant plusieurs mois, je peux affirmer sans mal que Kai a changé et est devenu fondamentalement une bonne personne. Si ce n'était pas le cas, je ne lui aurais pas laissé le privilège d'en apprendre plus sur moi, ni de me dévoiler face à lui, ni de lui montrer ce que je ressens.
Mes pensées et notre moment de douceur se laissent doucement briser par Kai qui se recule légèrement en prenant mon visage entre ses doigts. Son pouce vient caresser ma joue tout en douceur, comme s'il avait peur de me briser. Ses yeux me fixent avec un regard chaud, rassurant, mais indescriptible. Je suis troublée par ce contact si intime que nous avons à l'instant même. Mon cœur s'emballe lentement alors que j'ai peine à réaliser ce qui est en train de se passer. Petit à petit, le visage de Kai se détend, même s'il semble en proie à un dilemme intérieur.
Puis, son visage s'illumine et se rapproche lentement du mien, toujours en me fixant du regard. Mon rythme cardiaque s'accélère encore, comme s'il allait faire exploser ma poitrine. Kai semble le sentir car il esquisse un sourire d'autant plus charmeur, mais je sens que son cœur aussi s'emballe. Plus l'écart entre nos visages se réduit, plus l'air devient difficile à respirer, la chaleur paraît avoir grimpée de plusieurs degrés en l'espace de quelques secondes. Alors que seulement quelques millimètres séparent encore nos lèvres, il observe ma réaction pour obtenir mon accord implicite. Je ferme alors les yeux et nos lèvres se rencontrent enfin. À ce moment même, des millions de papillons envahissent mon corps, je me sens comme transportée à l'autre bout de l'univers, flottant sur un nuage de douceur.
Mon corps réagit au centuple, j'attendais ce moment depuis si longtemps. Une larme de bonheur s'écoule sur ma joue et je m'accroche à son torse pour ressentir son corps contre le mien. Notre baiser a un goût de rêve éveillé, je ne veux pas lâcher ses lèvres, je veux qu'il dure toute la vie. Nos lèvres mènent une légère danse endiablée, cherchant le moindre contact pour se rapprocher encore plus. Nous sommes dans notre bulle de douceur et aucun de nous ne souhaite briser ce merveilleux moment. Mais ses lèvres finissent tout de même par quitter les miennes, mettant fin à ce tendre instant.
Kai paraît soudain gêné de son geste, alors je viens caresser son visage pour lui faire comprendre que tout va bien. Il se racle finalement la gorge et souhaite dévier le sujet pour penser à autre chose. Je ne me sens pas vexée, au contraire, je le comprends parfaitement.
« - Bon, du coup on va pouvoir partir de ce monde demain, à la prochaine éclipse.
- Oui ! Répondis-je. Mais j'ai aussi trouvé ça au même endroit que la fiole, regarde. Lui signifiai-je en lui tendant le bout de papier mystérieux.
- « La perte de puissance est la réussite ». Qu'est-ce que cela veut dire ? S'interroge-t-il en pleine réflexion.
- Je ne sais pas du tout. Je t'avoue que je ne comprends pas le sens de ces mots. La réussite de quoi ? De notre sortie de ce monde ?
- Possible, mais pour la perte de puissance ?
- Je suis un peu perdue sur ce sujet, ça peut vouloir dire beaucoup de choses. Admettais-je.
- Oui tu as raison. Je vais réfléchir jusqu'à demain pour trouver ce que ça peut signifier. Conclut-il. »
Nous décidons alors de rentrer à Mystic Falls pour pouvoir activer l'ascendant depuis la forêt lors de l'éclipse du lendemain.
Une fois rentrés après plusieurs heures de route, nous nous retrouvons dans la cuisine pour préparer notre dernier gros repas dans ce monde-prison. La nuit est déjà bien entamée, mais nous mourons de faim, alors nous avons décidé de préparer un bon petit repas. Même si je ne suis pas la plus douée en cuisine, j'aide Kai à découper les légumes et à les faire revenir dans la poêle. Je dois avouer que c'est plaisant de cuisiner avec lui. Il a vu que j'ai des lacunes, donc il m'aide en m'apprenant les gestes d'un vrai cuistot, et c'est tellement agréable. Même si je suis heureuse de me dire que je vais retrouver ma vie d'avant, je dois admettre que nos moments précieux juste à nous deux vont me manquer. Je sais que je vais regretter nos instants coupés du monde, où rien ni personne ne semble pouvoir nous arrêter. Les moments où il pose ses mains sur moi, où son regard se perd dans le mien pendant ce qui semble être des heures, où son souffle est si proche de mon corps qu'il laisse une brise fraîche me donnant des frissons... Tout cela risque de disparaître quand nous serons revenus dans le vrai monde, et je ne sais pas si je serai capable de gérer cela.
Mais une question subsiste dans mon esprit. Même si j'ai constaté que Kai a définitivement changé entre le moment où nous sommes arrivés ici et maintenant, je ne comprends toujours pas comment il en est arrivé là. Comment a-t-il pu devenir le monstre sans cœur et sans état d'âme qu'il était ? Pourquoi est-il devenu ainsi ?
Alors, je profite du moment où nous mettons la viande à cuir dans le four pour soulager ma conscience de ce poids.
« - Dis, j'ai une question qui traîne dans ma tête depuis un bon moment, et je n'ai jamais osé te la poser. Lui avouai-je.
- Dis-moi tout ce qui se trame dans cette jolie petite tête. Me nargue-t-il dans un grand sourire rassurant.
- Eh bien, c'est un sujet un peu délicat, donc j'espère que tu ne le prendras pas mal. Hésitais-je légèrement. Comment es-tu devenu le monstre que tu étais jusqu'il y a peu ? J'ai cru comprendre que ton passé avec ta famille n'a vraiment pas été évident, mais qu'est-ce qui t'a fait vriller ?
- Ah oui, effectivement, c'est un sujet difficile. Mais ne t'en fais pas, je peux bien répondre à cette question. Après tout, tu es en droit de savoir. C'est juste que j'ai du mal à parler de mon passé. C'est difficile pour moi, surtout depuis que j'ai retrouvé des sentiments... Me confie-t-il l'air attristé.
- Tu sais Kai, tu peux tout me dire. Je ne te jugerai pas, je te fais confiance, et je suis là, peu importe ce que tu pourras me raconter. Tentai-je de le rassurer.
- Je sais princesse. Déclare-t-il avant de prendre une grande inspiration. Je te préviens que ça risque d'être long. »
Comprenant que cela va être un moment long et difficile pour lui, je l'invite à s'asseoir sur une des chaises du comptoir de la cuisine. Je m'assois alors face à lui en lui adressant un regard bienveillant pour le rassurer et lui faire comprendre que je l'écouterai, quoiqu'il se passe. Alors qu'il allait commencer son récit, mes doigts viennent légèrement caresser le dessus de ses mains, à présent jointes sur la table. Kai m'adresse un regard rassuré et un sourire qui vaut plus que mille mots avant de tout me raconter.
« Comme tu le sais, je suis né en étant le jumeau de Josette, et étant nés tous les deux dans une famille Gemini de deux parents dotés de magie, nous devions avoir le don inné de la magie. Sauf que voilà, quand nous étions assez grands pour pratiquer, vers quatre ou cinq ans, mes parents se sont rendus compte que je n'arrivais pas à produire de magie. Ils ont trouvé ça bizarre, mais ils se sont tout simplement convaincus que j'étais né humain. Alors, ils se sont concentrés principalement sur l'apprentissage et l'éducation de sorcière de Jo, mais ils s'occupaient aussi de moi, comme un enfant humain normal. Mon père jouait avec moi au baseball dans le jardin, on allait voir des matchs locaux ensemble, je cuisinais avec ma mère, et je jouais comme un enfant normal avec Jo. Bref, tout se passait bien quand j'étais vraiment petit. À l'école, j'avais du mal à me faire des amis, donc je restais beaucoup dans mon coin en m'inventant des histoires de magie dans lesquelles j'étais secrètement un sorcier qui dépasserait, un jour, sa jumelle. À l'époque, ce n'étaient que des histoires inventées, mais je me plaisais à en rêver. Dans l'ensemble, je n'ai pas réellement eu une enfance compliquée. Mais c'est à partir du collège que tout a changé. Un jour, je me suis retrouvé à m'ennuyer dans ma chambre en griffonnant des dessins mal faits dans mon carnet. Je repensais de plus en plus à cette histoire de magie, et je ne sais pas comment, mais je sentais bien que j'étais différent des autres. Sans trop savoir pourquoi, je me suis alors retrouvé à laisser mon carnet sur mon lit et à m'asseoir en tailleur par terre. J'ai posé mes deux paumes face au sol, et j'ai puisé une grande concentration au fond de moi en essayant de faire bouger le cadre photo qui était sur ma commode. À ce moment-là, j'ai fermé les yeux et j'ai senti une certaine puissance m'envahir. J'ai tendu ma main en direction du cadre, et en rouvrant les yeux, j'étais réellement sous le choc d'avoir réussi à déplacer le cadre. J'étais ébahi de constater que j'avais réellement de la magie en moi. Alors pour être sûr que ce n'était pas simplement une coïncidence, j'ai pris un bout de papier qui traînait et ma corbeille à papier et j'ai lancé un sort de feu sur le papier. Au bout de quelques secondes de concentration, il a fini par prendre feu et c'est là que j'ai compris que j'étais moi aussi un sorcier, mais avec des pouvoirs différents.
J'étais tellement heureux que je suis immédiatement descendu pour en faire part à mes parents. Après ma petite démonstration, je pensais qu'ils seraient heureux de voir que leur fils était lui aussi doté de pouvoirs. Mais il n'en fut rien, ils se sont juste contentés de me dévisager et de m'interdire de recommencer. Je n'avais pas compris sur le coup, alors j'ai décidé de ne pas les écouter et de m'entraîner dans mon coin pour savoir maîtriser cette nouvelle force qui coulait en moi. Mais j'ai compris que les choses avaient changées quand, du jour au lendemain, mes parents ne m'adressaient plus la parole, sauf pour me faire des reproches, et qu'il n'y avait que Josette dans leur vie. Quand je suis entré au lycée, c'est là que ça a dégénéré. C'est là que mon père a commencé à me traiter réellement d'abomination. C'est là que j'ai réalisé que je ne serai jamais considéré comme leur fils. Pour mes parents, j'étais devenu un monstre en leur révélant mes pouvoirs, et mon père comptait me faire payer le fait d'être la honte de la famille, comme il le disait si bien. C'est l'époque où j'ai compris ce qu'était la maltraitance venant de ses propres parents... »
Ses paroles me laissent sans voix, comment peut-on détester son enfant à ce point-là juste parce qu'il est différent ? Je ressens progressivement la colère monter en moi, une haine incontrôlable envers ses parents qui ont osé le traiter de cette façon. Mais voyant Kai peiner à reprendre son souffle, une pointe de tristesse dans le regard, je décide de le réconforter pour l'encourager à continuer. Je pose délicatement ma main sur son bras et trace des cercles avec mon pouce pour lui faire comprendre que je suis là. Son regard plonge alors dans le mien, et j'aperçois un sourire rassuré se dessiner sur ses lèvres. Il reprend alors :
« À ce moment-là, mon père était déterminé à me faire vivre un enfer. Ma mère, elle, n'a rien fait. Elle l'a laissé faire, alors je lui en veux autant qu'à mon père. Pendant plusieurs années, je me faisais traiter d'abomination par mon père. Il me répétait sans cesse que j'étais une erreur de la nature et que je n'aurai jamais dû venir au monde. Il n'a jamais pu accepter mon pouvoir de siphonneur, et il n'a jamais réussi à me le retirer de force. Alors, il m'a fait payer le prix de ma nature de monstre. Quasiment tous les soirs, il venait me chercher dans ma chambre et me traînait jusqu'à la cave où il me torturait, physiquement et mentalement. Entre les insultes, les horreurs qu'il me disait, et les nombreux actes de torture magiques et physiques qu'il m'a fait subir, j'étais drainé de toute joie. Ma vie n'était plus que tristesse, souffrance et dépression. C'est une époque à laquelle je ne souhaite plus penser parce qu'il m'est arrivé de faire des tentatives de suicide, toutes vaines parce que mon cher père me sauvait à chacune d'entre elles. Selon lui, je ne méritais pas de mourir avant d'avoir réellement compris le monstre que j'étais. Alors j'ai supporté, pendant plusieurs années, jusqu'à l'université. »
Sous le choc de ses aveux, je reste paralysée par tant de violence, de haine et de monstruosité dont a fait preuve son père pendant tant d'années. Mais un élément me chiffonne.
« - C'est horrible... Je suis tellement désolée de ce qu'il t'est arrivé Kai, je n'en avais aucune idée...
- Ce n'est rien, ce n'est pas de ta faute. Tu es là maintenant Allison.
- Oui, et je le serai toujours, tu le sais bien. Mais je ne comprends pas. À cette époque, Jo ne savait pas ce que ton père te faisait ?
- Bien sûr qu'elle a fini par le savoir. Mes parents lui avaient expliqué ma particularité, et lui avaient formellement interdit de m'approcher ou de me parler. Au début, elle ne comprenait pas trop, alors elle continuait quand même à me parler de temps en temps. Mais un jour, elle a surpris notre père en train de me torturer, et elle est partie. Comme ça, sans rien dire, sans rien faire, sans l'arrêter de me faire du mal. Elle est juste partie sans se retourner et ne m'a plus jamais adressé la parole. Me confie-t-il tristement.
- Je n'aurai jamais pensé cela de Jo. Quand on me parlait d'elle, elle avait l'air d'être si gentille, d'avoir le cœur sur la main, toujours prête à aider les autres.
- Eh bien non, elle n'a pas toujours été comme ça. En tout cas, elle ne m'a jamais aidé. M'avoue-t-il le regard rempli de peine.
- Je vois... Et par la suite, il s'est passé quoi ? Demandais-je prudemment.
- Disons que j'ai tellement accumulé de haine envers mon père, et envers ma famille plus globalement, que je ne pensais qu'à une seule chose : me venger. Alors je me suis entraîné dans le caveau de la famille, j'ai perfectionné mes sorts pour accroître mes pouvoirs. Et un jour que mes parents étaient sortis et que je n'étais plus qu'avec mes frères et sœurs, j'ai vrillé et j'ai pensé à une seule chose : leur faire à tous autant de mal que ce qu'ils m'avaient fait. Alors, j'ai tué mes frères et sœurs, et j'ai blessé Jo. Quand mes parents ont découvert ce que j'avais fait, ils ont soigné Jo et, le soir-même, ils m'ont fait croire qu'on allait fusionner elle et moi. Mais ils m'ont bien eu et ils ont fini par me coincer dans ce monde-prison pendant tant d'années. Et la suite, tu la connais j'imagine.
- Oui... Merde... Je ne pensais pas que tu avais vécu une vie aussi... difficile et douloureuse. Je m'en veux de t'avoir mal jugé au départ sans avoir essayé de comprendre pourquoi tu étais si horrible avec tout le monde.
- Ce n'est rien, tu ne pouvais pas savoir. Et je ne t'en veux pas tu sais, parce que j'ai vraiment été un monstre avec toi depuis qu'on est arrivé ici, alors ce n'est rien. C'est plutôt à moi de m'excuser.
- Non, c'est eux qui devraient s'excuser. C'est de leur faute si tu es devenu une personne sans cœur pendant toutes ces années. C'est à cause de ce qu'ils t'ont fait que tu es devenu comme ça. Maintenant, tu as changé, alors ce n'est pas la peine de t'excuser. Mais je te remercie de m'avoir raconté tout ça, je comprends mieux ce que tu as dû affronter tout seul.
- Je t'avoue que ce n'était pas évident de te raconter tout ça parce que je n'avais pas envie de me replonger dans toute cette souffrance. Mais j'ai l'impression de m'être réellement libéré d'un sacré poids sur mon cœur, alors merci beaucoup à toi de m'avoir écouté et d'être là Allison. »
Heureuse d'avoir réussi à l'apaiser, malgré les horreurs qu'il m'a confiées, je dépose un tendre baiser timide sur le coin de ses lèvres, le faisant sourire. Puis, nous finissons par passer à table dans une ambiance plus détendue.
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Bonjour ! On se retrouve pour un nouveau chapitre plus long que d'habitude, mais je tenais à expliquer le plus de choses possibles à travers celui-ci. C'est un chapitre dont je suis réellement fière et qui me tenait énormément à coeur (aussi parce que le rapprochement entre Kai et Allison est devenu plus franc).
Au début, je n'avais pas pensé à inclure la partie du passé de Kai, mais j'ai finalement trouvé que c'était important d'éclairer Allison (et vous) sur le passé "imaginé" de Kai. Même si rien ne justifiera jamais ses crimes, j'espère avoir tout de même réussi à expliquer ma vision de comment il en est arrivé à devenir le sociopathe que nous connaissons tous. Je trouve aussi que cette explication aurait dû être apportée dans la série afin d'approfondir le background de Kai, qui a quand même été un personnage marquant de la série.
J'espère que vous avez apprécié votre lecture ! N'hésitez pas à voter pour ce chapitre et y laisser un commentaire, si le cœur vous en dit !
On se retrouve bientôt pour un nouveau chapitre !
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