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J'ai proposé à Cole de se retrouver au studio ce matin afin de parler un peu. Oui, bavarder, c'est ce dont j'ai besoin. Cependant je ne lui parlerai pas de Havana. Mais uniquement de nous, notre amitié. J'ai choisi cet endroit, car c'est un peu comme notre repère secret à tous les deux. Là où nos idées s'expriment, se libèrent. C'est l'endroit où on se comprend en un regard, en une note de musique.

- Tu as une nouvelle idée, c'est ça ? me questionne mon ami.

- À vrai dire, je pensais plutôt qu'on pourrait parler. Je veux dire, on est rapidement devenus amis, mais on ne parle pas plus que ça...

- Oui, je vois ce que tu veux dire. Mais la musique, c'est notre moyen de s'exprimer. Alors même si on ne parle pas comme là maintenant, on s'échange nos émotions par les paroles, m'explique-t-il.

- Tu as raison, mais je pense qu'on devrait échanger d'avantage. On aura beau écrire toutes les chansons de la terre, aujourd'hui, tu as un côté étranger pour moi, souligné-je.

- Alors parlons, je ne demande que ça de te découvrir, savoir avec qui je joue. J'ai envie de te percer à jour.

- J'ai également cette envie, murmuré-je.

Cole se lève du canapé, puis se gratte le menton tout en réfléchissant. Il fait le tour de la pièce puis s'arrête subitement, tournant son regard vers moi.

- J'ai une idée, on va faire un jeu ! Je te propose le portrait chinois. Ce n'est pas trop long et ça nous permettra de nous découvrir un peu plus ! s'exclame Cole.

- D'accord, c'est une bonne idée, il nous faut quoi ?

Mon collègue me demande de sortir deux feuilles et deux crayons. Je m'exécute et le jeu et enfin prêt.

- Je joue beaucoup à ce jeu quand je suis avec de la famille que je n'ai pas vu depuis des lustres. C'est sympa et on passe un bon moment. Tu me diras à la fin si tu as aimé.

Je hoche la tête et laisse Cole mener le jeu étant donné que je ne connais pas ; puis c'est lui qui en a eu l'idée.

- Très bien, tu écris la réponse sur ta feuille et je fais de même. On ne doit pas regarder ce que le voisin met. Ça te va ? demande-t-il.

Je lui réponds affirmativement et il démarre avec la première question.

1)Si j'étais un objet, je serais...

2)Si j'étais une série télé, je serais...

3)Si j'étais un plat, je serais...

4)Si j'étais un pays, je serais...

5)Si j'étais un livre, je serais...

6)Si j'étais un chanteur, je serais...

7)Si j'étais un héros, je serais...

8)Si j'étais un vêtement, je serais...

9)Si j'étais un animal, je serais...

10)Si j'étais un bonbon, je serais...

11)Si j'étais un personnage de jeu vidéo, je serais

- Si j'étais un objet, je serais une paire de ciseaux. Tout simplement car il a plusieurs pouvoirs, il peut couper, changer une vie, prendre des décisions. Il représente le changement, le renouveau, le pouvoir de se libérer.

- J'aime bien ta vision, moi, je serais un micro. C'est cet objet qui me permet de vivre, il transmet des émotions... réponds-je.

Cole regarde la deuxième question, passe une main dans ses cheveux noirs et me demande quel plat je serais.

- Je serais une salade. C'est léger, bon, moi j'adore.

- OK, je serais une tartiflette. Ça rapproche les gens à table, on passe bon moment, dit Cole.

Nous continuons le jeu pendant une trentaine de minutes encore, on se dit tout. Il m'a dit qu'il serait un chat, car c'est doux, on l'aime, les chats ne se prennent pas la tête, comme lui. En chanteur, il serait Michael Jackson, il veut aller jusqu'au bout, ne jamais lâcher et faire sa musique. Moi je serais Selena Gomez, elle reste elle-même, ne fait pas attention aux critiques, elle est cent pour cent pour le droit des femmes. Le modèle de la femme parfaite que j'admire beaucoup. Je ne veux pas forcément lui ressembler, mais je m'inspire de son attitude en public.

Au premier abord, je suis une fille un peu provocante avec une personnalité presque atypique. Je suis quelqu'un qui ne passe pas inaperçue. J'ai envie qu'on se retourne sur moi dans la rue...

Cole lui est complètement différent de moi, il ne prête pas attention à ce que l'on dit de lui. Il est simple, toujours de bonne humeur, ouvert d'esprit. Ce n'est pas mon style d'ami habituellement, mais je pense que notre entourage ne doit pas se limiter à qui nous sommes. On a le devoir d'accepter tout le monde tel qu'il est, et je pense que c'est important d'avoir des amis différent de soit. Cole est là pour moi, il peut m'aider à me contrôler. J'ai un caractère explosif, lui non, il est doux, il pourra m'apaiser.

- Sinon, travaillons un peu ! Je me suis levé ce matin avec une illumination !

Je ris un peu quand mon ami me dit ça.

- Vraiment, je ne savais même pas que c'était vrai. Ces artistes qui disent ce lever un matin et prendre la guitare, jouer et composer une mélodie en trois minutes ! pensé-je

- Mais ma chérie, tu as le meilleur compositeur du monde devant toi ! s'indigne-t-il.

Je rigole, c'est vrai que Cole est doué. Mais je croyais que c'était un mythe de se réveiller avec une nouvelle composition entière en tête. Quelques notes, c'est possible, mais honnêtement une chanson entière ! Décidément, il m'impressionne de jour en jour.

- Montre moi ça alors !

Cole s'exécute, il va prendre sa guitare et commence à jouer. Une petite introduction puis il commence à chanter des paroles. De belles paroles sorties de nul part, comme par magie.

Je me suis toujours fixé des limites, ne pas pleurer en public, ne jamais faire de compliments aux inconnus et bien d'autres. Mais là, je ne peux me retenir plus.

- Comme un ange tombé du ciel

Tu fais ressortir le meilleur de moi

Plus qu'une force matérielle

Quand j'ouvre les yeux c'est toi que je vois

Je ferme les paupières afin de mieux ressentir la musique et la puissance des paroles.

- Quand je vais mal tu es là

Je te sens le soir quand tu veilles sur moi

L'espace d'un instant nous détruisons ensemble

Cette barrière qu'est le temps

Nous reconstruisons les lois

Je me sens enfin heureux auprès de toi.

On pourrait en écrire des milliers des couplets comme ça. Avec cette histoire, mais ils n'auraient pas autant de valeur. Ils ne serraient que des choses superficielles parmi tant d'autres. Des petits couplets auxquels on ne prête pas attention...

- C'est magnifique Cole, je ne sais pas quoi dire... Où as-tu trouvé l'inspiration ?

- Ma grand-mère, souffle-t-il tout bas.

Son regard remonte vers moi, et il remarque mes yeux rougis. Les larmes ont menacé de tomber, mais je les ai vite essuyées.

- Je suis désolée, dis-je également dans un murmure.

Nous nous regardons dans le silence pendant quelques minutes. Je cherche à savoir ce qu'il pense, mais je ne devrais peut-être pas. Il faut que j'arrête d'être trop curieuse comme ça...

- Tu aimes ?

- Oui beaucoup Cole ! Regarde mes yeux ! Tu m'as transportée. C'est magnifique, vraiment. Je pense que je t'accompagnerai juste au piano. Je te propose de la chanter tout seul. Pour ta grand-mère.

- C'est ce que j'allais justement te proposer. Je veux lui rendre honneur, elle était tout pour moi... Ça a été dur.

Je prends Cole dans mes bras et nous restons comme ça un long moment. Je lui parlerai de mon projet musique plus tard.

Nous avons beaucoup travaillé afin de peaufiner l'instrumentale. À la fin, le résultat est brillant. Je suis heureuse de travailler avec Cole.

- Bon, je te souhaite une bonne journée, il faut absolument que j'y aille ! Je vais être en retard au boulot.

Mon collègue travaille le samedi après-midi. Moi, c'est mon jour de repos, je préfère travailler le dimanche. Ça ne me dérange pas, en plus les personnes sont moins énervées ce jour-là. En sortant du salon elles n'ont rien d'autre à faire, c'est plus calme. De toute façon, la boutique est fermée le dimanche après-midi.

Mon téléphone se met à sonner alors que je m'apprête à partir.

- Tiens Mellony ! Comment vas-tu ?

- Bien, il faut absolument qu'on parle, hurle-t-elle à travers le cellulaire.

- Euh, oui. Je te retrouve où ? la questionné-je.

- Au café Saint-Blue, comme d'habitude. Je te prends un café noir, spécial pour les urgences ! Bisous mon amour.

Mellony me raccroche au nez. Elle semblait stressée au téléphone. Et puis le café noir ! Il est réservé qu'aux situations d'urgence. C'est un peu un code pour nous. Quand tout va bien, c'est un café simple, quand tout va trop bien, c'est le café au lait. Par contre quand c'est la panique, le café noir est indispensable.

On en prend dans des situations telles que : après avoir raté un examen, une méga boulette, une situation de honte, la mort d'un proche, une mauvaise nouvelle.

Enfin bon, ma meilleure amie à un gros problème si elle a commandé un café noir...