Chapitre 1: Je ne peux plus chanter

Il se souviendra toujours de ce jour.

Le jour où tous ses rêves furent partis en fumée à cause d'une seule personne.

Pourtant tout ce qu'il voulait était de chanter, et rien d'autre.

Tous ses camarades l'en avaient empêché par tous les moyens. Il ne voyait pas en quoi son souhait le plus cher était stupide et inaccessible pour lui alors que tous avaient leur chance.

Pour lui, chanter était indispensable pour se sentir libre et être vu comme quelqu'un.

Quelqu'un qui ressentait tout comme eux des émotions qui avaient besoin de se dévoiler, de sortir de lui.

Mais ces sentiments qui ressortaient de sa voix n'étaient destinés qu'à une seule personne.

Une personne chère et précieuse à ses yeux.

Malheureusement, cette personne fut la raison de sa détresse.

Une personne qui ne cessait de se moquer de lui, de le rabaisser, lui montrant qu'elle était meilleure que lui.

Une personne dont l'arrogance et la folie des grandeurs le rendait plus que hautain et irritable.

Mais pour lui, rien de tout cela ne le dérangeait. Il l'aimait comme il était.

Honnête.

Mais un jour, cette vertu le blessa tellement qu'il en était resté statique, le jour où enfin il avait voulu se déclarer à cette personne.

La chanson était la seule chose qui l'avait motivé à lui dévoiler ses sentiments et ce fut à cause de la chanson que les moqueries de cette dernière lui avaient éclaté en pleine figure.

" Tu devrais arrêter de sortir des conneries de tes chansons, ça fait plus rire de t'entendre piailler que ta déclaration à deux balles. Abandonne."

Tels furent les mots de son amour de toujours. Après avoir tant travaillé sur sa voix et de trouver les bonnes paroles pour le lui avouer.

Trois ans de travail pour trente secondes qui partit en fumée.

Il entendait alors les rires incessants de ses camarades qui ricanaient et le pointaient du doigt en insistant sur le jeune homme en pleurs, recroquevillé sur lui-même dans la salle de musique, l'endroit où il se sentait en sécurité quand tout le monde était en train de déjeuner le midi.

Le dernier lieu qu'il eut au finalement mis les pieds pour la dernière fois après avoir décidé de tout arrêter.

"Pourquoi....?"


Le réveil sonna un beau matin.

Les draps du lit bougeaient dans tous les sens, laissant paraître une main dépassée pour éteindre l'appareil.

Les rayons du soleil traversèrent la fenêtre à moitié ouverte par la chaleur étouffante qui faisait en cette période d'été.

Des bruits sortirent de la couche de l'occupant de la pièce lorsqu'une boule de poil sauta dessus pour le saluer

"Hmmm...Uta...arrête....," gémit alors une voix masculine de dessous le drapé vert du lit.

Mais l'animal ne l'entendit pas comme tel, voyant son maître se recoucher, il continua alors jusqu'à ce que ce dernier se leva finalement, prenant la chatte marron et blanche dans les bras.

"Oui, ça va, tu as gagné, je me lève..."

La prénommée Uta, satisfaite de sa victoire, se frotta à lui exigeant des caresses de sa part.

Il se mit à rire.

"Tu as toujours ce que tu veux, n'est-ce-pas Uta? "

Il reçut un miaulement en guise de réponse avant que le félin ne reparte pour la pièce d'à côté.

Quant au maître des lieux, il s'étira de tout son long avant de passer ses mains dans sa tignasse verte sapin qu'il, soit dit en passant, avait du mal à démêler.

Il se leva, se dirigeant vers la salle de bain pour se doucher, lui permettant ainsi de bien se réveiller avec l'eau chaude coulant sur son corps finement musclé.

Il pensait à repasser à la salle de sport pour toutes les semaines passées sans y être allé à cause de ses révisions, sous l'écoulement de l'eau.

Il lui arrivait de sortir quelques notes sous la douche pour ne pas entendre que le bruissement du pommeau de sa douche à l'italienne rouillé par l'âge.

Après cela, il s'habilla restant torse nu le temps de prendre son petit déjeuner énergétique composé de protéines afin de faire son petit footing du matin avant de prendre son scooter et d'aller en cours.

Oui, la vie étudiante de Midoriya Izuku était dans la normalité la plus totale depuis qu'il avait arrếté toute activité autours de la musique.

Lorsque sa mère avait appris les malheurs de son fils unique au collège Orudera et sa décision de tout abandonner incluant ainsi la chanson qui lui tenait tant, elle avait juré qu'elle ferait tout pour que sa vie serait plus saine et tranquille.

Mais elle avait été tout de même malheureuse de voir à quel point le traumatisme avait été violent au point de ne plus pouvoir sortir le grand potentiel de son enfant.

Après la tragédie, ils avaient déménagé de leur ville natale pour les Etats Unis, mais cela n'avait pas changé grand-chose vis-à -vis d'Izuku qui avait finalement trouvé d'autres intérêts comme le dessin ou le sport.

Et ce fut six ans plus tard qu'il revint ainsi dans son pays d'origine pour intégrer l'université d'art la plus réputée au monde, Yuei Arts University.

Cela faisait déjà presque deux ans qui la côtoyait et il s'était fait plusieurs amis de confiance comme Shoto, Occhaco et Tenya n'étant pas tous de la même filière d'Arts Visuels que lui.

Il ne leur avait jamais raconté son passé, de peur de raviver de mauvais souvenirs, mais il se confiait à eux pour ses déboires amoureux et de ses relations ratées de quelques mois voire semaines.

Il faisait partie des meilleurs de sa classe, présentant des projets hallucinants dont le talent était apprécié des professeurs. Plusieurs fois, il était auteur des tableaux qui représentaient une émotion ou un événement qui émouvait plus d'un lors de plusieurs expositions durant l'année.

Il était toujours en proie au sourire et à la générosité qu'il portait à son entourage.

Bien sûr, sa vie n'était pas toujours rose en soit lorsqu'il voyait la filière musicale passer sur scène pour les bals d'étudiants.

Quand il les regardait, il se disait toujours s'il aurait été capable, ou avoir le courage de chanter devant tout ce monde sans sourciller, soutenant chaque note, s'il n'avait pas abandonné tout cela et faire peut-être carrière.

Mais il secoua la tête oubliant ces pensées qu'il se disait futiles avant de se rappeler pourquoi il avait tout plaqué.

Il se retourna en cours pour se replonger dans sa peinture et pinceaux.

Le soir, après presque dix heures de cours, il troqua ses vêtements décontractés pour un uniforme de serveur.

Il travaillait dans un café appelé le Nana's.

La gérante, Shimura Nana, était une femme charmante.

Bien que plus âgée, elle se comportait comme si elle en avait vingt, y compris ses employés qui étaient presque de la même génération.

Autrement dit, Midoriya était le plus jeune de l'établissement du Nana's.

Le café avait une bonne petite réputation, attirant autant les lycéens et étudiants ainsi que les familles pendant les week-ends grâce aux pâtisseries du cuisinier qui voulait garder son anonymat pour une raison que l'étudiant ignorait toujours depuis son arrivée.

Il lui arrivait de se faire draguer affectueusement par les mères célibataires faisant des compliments peu osés et des sous entendus qui le gênaient, mais aussi par les étudiantes qui trouvaient le serveur aux cheveux verts à croquer comme une pomme d'amour.

Evidemment, avec plusieurs échecs à son compteur, Izuku ne voulait pas commencer une relation.

Du moins pas avant d'avoir fini ses études.

Ses journées ne furent pas trop fatiguantes en somme, surtout quand la gérante lui fit grâce des deux dernières heures avant la fermeture pour les lui laisser pour ses révisions ou projets à rendre pour la faculté.

Et avec son scooter, il repartit pour son appartement afin de profiter de la soirée, écoutant la musique de son groupe préféré, One for All, avec le chanteur qu'il admirait tant, Yagi Toshinori alias All Might.

Depuis ses débuts, il le suivait dans les magazines, la télévision et ses concerts diffusés en direct.

Il avait toujours rêvé qu'un jour il le rencontrerait mais les circonstances avaient bien changé depuis le collège.

Malgré tout, il lui arrivait de penser d'essayer de vouloir reprendre, mais l'occasion ne s'était jamais présentée, et ses angoisses de devoir le faire devant une foule l'effrayait dorénavant.

Mais surtout il se souvint de cette personne.

Cette personne en qui il avait des sentiments, en qui il avait une foi aveugle mais qui avait aussi tout brisé en lui.

Ses rêves, sa confiance, mais aussi son coeur.

Et s'en rappeler lui donna des nausées, tout comme penser un jour se voir sur scène au milieu d'un millier de personnes ou ne serait-ce réentendre sa propre voix chanter de tout son saoul.

Même si parfois il lui arrivait, dans les locaux vides de la filière de musique, de chanter quelques notes sans personne autour de lui, fermant les yeux comme dans un rêve, le micro éteint à la main avec un semblant de mélodie derrière émanant de son téléphone.

Et tout cela fut son quotidien jusqu'à ce fameux jour....

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