Chapitre 6
Meena se réveille sans douleur à sa cheville dès qu'elle pose son pied au sol, après avoir passé un peu plus de deux semaines à boiter avec son attelle, la voilà de nouveau sur pied du moins, elle n'a plus mal quand elle marche mais courir c'est encore impossible. Malgré la douleur que son corps lui fait subir non plus à cause de sa cheville mais du stress, elle va s'habiller en essayant d'oublier le nœud dans son ventre qui lui donne l'envie de vomir. Elle est assez fatiguée à cause de la nuit qu'elle vient de vivre une nouvelle fois, c'est devenu une habitude au final, elle ne sait même plus le nombre de fois où ça a pu arriver mais c'est plus qu'un millier. Elle boutonne sa chemise blanche qui est par-dessus un manche-longue blanc cachant la peau de son corps, ses gestes restent assez lents et robotisé comme un robot qui est resté trop de temps sous la pluie. Narae commence à se réveiller toujours accompagnée de son légendaire ami, Rajah.
— Veeeuuut pas aller à l'école, râle la petite fille en baillant grossièrement.
— Moi aussi je voudrais rester à la maison mais faut aller à l'école, c'est important pour avoir le métier qu'on veut, dit Meena en s'asseyant sur le bord du lit.
Enfin, elle se demande si l'école est aussi importante qu'ils le disent tous, ces adultes bien rangés qui se permettent d'émettre un avis sur tout et n'importe quoi sans pour autant être concernés. Ne pouvons-nous pas réussir notre vie sans pour autant sortir d'une bonne école ? Être heureux sans ce lieu de torture ? Malheureusement, dans ce pays c'est pas sûr, il faudra redoubler d'effort voire triplé ou quintuplé.
— C'est nul, rétorque Narae en se glissant hors du lit toujours un peu trop haut pour elle. Moi, je veux être présidente ! Comme ça, plus d'école pour nous.
Elle va dans sa chambre chercher son uniforme à elle avant de l'enfiler toute seule comme une grande pendant que Meena prépare rapidement leur petit-déjeuner.
— J'ai une faim de GRAND tigre, raconte Narae en arrivant dans la pièce toute prête avec son sac de cours tenant par magie sur son épaule et sa peluche dans ses bras.
— À force de manger le tigre va être très, très grand, plus grand que Hallasan.
— Et il sera fort, demande Narae en commençant son bol, assise en face de Meena.
— Très fort !
Narae s'émerveille toujours pour pas grand-chose, ce qui rend le monde autour d'elle plus magique, plus innocent mais fragile avec l'âge, ce monde est un papillon bleu céleste qui ne manquera pas de se briser lorsque le dure réalité apparaîtra. Meena adore ces moments-là, sa sœur à faire la pitre et elle à rire sans penser à rien d'autre que du positif.
▫⬧▫
La pause du midi est déjà presque terminée, les cours vont reprendre très rapidement pour le plus grand malheur de tout le monde, élèves comme professeurs parce qu'on ne pense pas assez aux enseignants qui doivent supporter les cancres des classes toute l'année.
— Il va enfin nous rendre les contrôles, le prof de maths, s'exclame Joonee.
— J'espère ! Sérieux, il lui faut cent ans pour regarder vingt copies, demande Heeran sur un ton très sarcastique.
— Il a mis deux semaines. Ça va, il y a pire comme professeur, ajoute Meena.
— Ouais, le prof de Japonais. Un mois, qui dit mieux ? plaisante Kyonghee.
— Les profs d'art et de techno au collège, répond Meena dubitative.
— Ah non mais eux ils sont hors jeu, les gars sont en vacances toute l'année, rit Heeran.
Les trois autres acquiescent en repensant à leurs professeurs de cette époque-là qui n'est pas si lointaine que ça, trois-quatre ans mais beaucoup de choses peuvent changer pendant ce lapse de temps voire sur un temps beaucoup plus court. Meena aimait bien l'art, dans cette matière tu n'avais pas besoin d'être Picasso pour avoir une très bonne note, suffisait juste de bien expliquer le pourquoi du comment tu as fait ça par rapport au thème donné et le tour est joué, une bonne note. Elles vont chacune à leur place en attendant le professeur de mathématiques.
Meena commence à retrouver le stress du début de matinée qu'elle avait réussi à oublier, elle martyrise nerveusement son stylo bleu entre ses doigts donc un qui a une bague. Son voisin le remarque rapidement, en même temps sa deuxième occupation après travailler ses cours, c'est de regarder discrètement sa voisine cela fait maintenant deux mois presque trois qu'ils se connaissent et se voient tout le temps en cours et très souvent hors classe pendant les précédentes vacances.
— Qu'est-ce qui te stress autant ?
— Je sens que j'ai raté le contrôle, répond-elle sans le regarder trop concentrée à fixer un point invisible devant elle.
Il rit à la sottise qu'elle vient de lui sortir, rater n'est pas dans son vocabulaire surtout quand tu connais tes capacités.
— On a révisé ensemble, on connaît les mêmes choses. Comment tu l'aurais raté ?
— Je peux quand même avoir foiré le contrôle de maths si j'ai rien compris au sujet.
— Je suis sûr du contraire. Tu as travaillé dur, les probabilités de rater sont inexistantes. Fais moi confiance, dit-il en prenant la main de Meena qui maltraite le stylo dans la sienne.
Meena décide d'abandonner le point invisible pour regarder la personne qui essaye tant bien que mal de la rassurer comme il peut. Il lui sourit tendrement en la regardant droit dans les yeux plein de confiance. Ces gestes n'échappent pas aux trois principales commères de cette classe dont deux qui sont de plus en plus satisfaites par l'avancé de Meena dans la pari, une flamme machiavélique dansante dans leur yeux.
— Elle l'a dans la poche, ricane Heeran.
— C'est clairement marqué sur son front qu'il veut la pécho, ajoute Joonee plaisantant sur un ton hautain avec son fameux sourire en coin.
Kyonghee se demande surtout comment c'est possible alors que son amie Meena dit se recevoir des signes d'indifférence depuis le début alors que plusieurs signes montrent le contraire; il a mis du temps à revenir de l'infirmerie, trop de temps pour juste un aller-retour et maintenant ça. Leur a-t-elle menti ou ne s'en est-elle pas rendue compte tout simplement ? Ou leur relation a-t-elle évolué entre-temps ? Impossible, Heeran et Joonee en parlent tellement souvent que Meena en aurait forcément dit un mot sur le changement de comportement d'Intello surtout que les relations à leur âge vont et viennent rapidement.
Le professeur arrive enfin, sauvant sans le vouloir Meena de la situation plus qu'étrange qu'il y a entre elle et Namjoon, jamais elle n'a eu un contact aussi insignifiant, innocent et très "intime" avec lui. L'enseignant annonce rapidement avant que des questions lui tombent dessus que les contrôles seront rendus en fin d'heure, tout le monde a râlé dans son coin si proche de leur note mais encore trop loin pour les avoir.
Leur dernière heure de cours - leur professeur de biologie étant absent les deux heures de cours en moins les font finir trois heures plus tôt- passe lentement et le stress de Meena augmente. C'est quel genre de torture ça ? Tout le monde suit qu'à moitié le cours réfléchissant à leur note, pensant à ce qu'ils ont réussi et ce qu'ils ont raté. L'exception de cette affirmation est Namjoon et deux-trois autres élèves, ils sont plutôt confiants et qui ont toujours eu de très bonnes notes depuis le début de l'année voire de leur scolarité.
La fin de l'heure résonne dans les couloirs, les élèves se lèvent enfin de leur chaise avec leur copie dans leur main, leur journée est terminée pour leur plus grand bonheur sauf pour ceux qui ont eu une mauvaise note et qui sont attendus par leurs parents. Tous se demandent les notes, ils comparent leur copie, se moquent de leurs amis qui n'ont pas réussi tout en sortant de l'établissement allant dans la cour dans un brouhaha.
— Meena, hurle Joonee au milieu des élèves pour trouver son amie. On doit te parler !
— Je suis à trois mètres de toi ! Inutile de crier, peste l'interpellée qui est sorti de la salle de classe précipitamment sans attendre personne.
— Ouais, bref. On a vu un truc meuf, il nous faut des explications là !
— Avec Joo', on est sûre que Intello commence à s'intéresser à autre chose qu'à ces bouquins. On peut même dire qu'il est prêt à te séduire, affirme Heeran.
— Mais ça fait seulement trois mois qu'on se parle, ce n'est pas possible.
— Et alors ? Les relations vont vite, c'est tout.
— Ouais...
— Va le retrouver maintenant, faut continuer sur cette lancée ! conseille Joonee, si seulement ses conseils, elle pouvait les donner hors de ce pari.
Meena souffle avant d'envoyer un message à Namjoon pour savoir où il est sous le regard des trois amies qui attendent de voir sa réponse par-dessus l'épaule de Meena. Malheureusement pour elle, il lui répond assez rapidement comme à son habitude qu'elle qualifierait de très mauvaise dans l'immédiat.
Namjoon
/A la bibli de la ville. Pourquoi ? Tu veux un cours particulier ? /
Les deux filles à droite de Meena, Joonee et Heeran, hurlent de rire, satisfaite et ravie de la réponse qui porte un gros double sens que Meena comprend mais n'aurait pas pu deviner si ses amies n'avaient pas parler de flirte et autre.
— Un cours particulier hein ? C'est plutôt lui qui va en avoir besoin, rit Heeran.
— Va le rejoindre pour ton cours particulier, s'amuse à répliquer Joonee. Je suis sûre qu'il t'attend déjà.
Après avoir prévenu de son arrivée à Namjoon, Meena râle encore un moment avant de partir en direction de cette bibliothèque, c'est la seule que leur toute petite ville a. Ce qui l'étonne, c'est qu'il ne soit pas resté dans celle du lycée, il voulait peut-être être tranquille et pas déranger par des gens de la classe qui, eux, ne côtoient pas la bibliothèque de la ville.
Après un moment de marche, elle arrive devant un grand bâtiment plutôt moderne avec ses baies vitrées qui montre à la rue quelques rayonnages de livres de tout auteur et de tout genre lorsqu'elle rentre dans la bâtisse qui a un silence oppressant. Elle a eu le temps de repenser à sa conversation avec ses amies et même si elle a dû mal à y croire, elle ne peut pas nier que son comportement envers lui comme celui de Namjoon envers elle, ont changé. Elle doit faire le tour de presque toute la pièce pour le trouver tout au fond seul sur une grande table, un cahier devant lui et une pile de deux-trois livres sous son portable.
— Tu aurais pu me préciser ta place, ça m'aurait éviter de faire le tour complet de la bibli, râle de nouveau Meena en s'installant en face de lui.
— J'aurais pu en effet mais tu n'as pas demandé non plus, taquine-t-il. D'ailleurs, ta note au contrôle, j'ai pas eu le temps de te le demander, demande Namjoon.
— J'ai eu quatorze, c'est plus que la moyenne ! répond Meena toujours surprise, n'en revenant toujours pas de sa note.
— Qui c'est qui avait raison ?
— Ah ça ne risque pas d'être toi, rit Meena en sortant sa trousse et une feuille. Et toi ? T'as eu combien ?
— Dix-huit et demi.
— Un jour l'élève dépassera le maître, marmonne Meena même si elle n'y croit pas.
— J'ai hâte de voir ça... souffle-t-il amusé en la regardant dans les yeux.
Ça plus la conversation qui lui revient en mémoire, elle ne peut plus du tout nier qu'il se passe belle et bien un truc entre eux, cette idée la gêne un peu malgré tout ça, elle sent son coeur battre plus rapidement. Elle ne sait vraiment ce que ça signifie et elle ne veut pas le savoir pour l'instant, ce n'est pas si dérangeant que cela.
— Par contre j'ai un ou deux amis qui vont venir d'ici une petite dizaine de minutes, l'informe-t-il lorsque l'écran de son portable laisse voir un nouveau message.
— Attendez. Toi, tu as des amis ?! Comment c'est possible, t'es jamais avec quelqu'un.
— C'est normal, il y en a un qui est dans un autre lycée et un autre qui est en première année de licence. C'est vexant que tu me penses sans amis...
— C'était pas mon intention ! Faut comprendre quand même mon point de vue, je te vois toujours seul, difficile de penser que tu peux être social.
Namjoon n'a pas le temps de continuer qu'une voix grave l'appelle et détourne ses yeux de Meena pour voir son ami arrivé seul. Meena s'efface vite au point où le garçon qui vient d'arriver ne la remarque absolument pas.
— Meena voici Yoongi l'ami dont je te parlais. Yoongi, Meena est une fille de ma classe.
Namjoon fait les présentations pendant que Yoongi s'installe à côté de son ami.
— Salut...
Si un jour on avait dit à Namjoon qu'il verrait Meena gênée et timide, jamais il l'aurait crû. Elle joue avec son stylo tout en évitant de regarder Yoongi, il n'est pourtant pas si intimidant que ça.
— Salut ! Attends mais c'est pas, Yoongi est coupé dans sa phrase par un coup de pied discret de Namjoon. Ouais, non rien, j'ai dû confondre.
Meena le regarde comme si une deuxième tête venait de lui pousser, c'est sûr que niveau première impression, il aurait pu faire mieux. Yoongi est plus que sûr que c'est bien la fille dont son ami parle assez souvent vu le coup de pied qu'il s'est pris.
— Il n'a pas pu venir, demande Namjoon pour vite changer de sujet de conversation.
— Ouaip, sa mère l'a privé de sortie pour une connerie qu'il a faite en cours. Bref la routine quoi. Et en parlant routine, le groupe de pétasse t'emmerde toujours ?
Meena comprend vite de qui il parle, de ses amies et elle sans pour autant la regarder une seule fois, comme si elle n'était pas là. Il n'a l'air d'avoir conscience qu'elle fait partie de ce groupe, heureusement d'ailleurs, il l'aurait tué sur place en un regard.
— Non, elles ont dû en avoir marre que je réagisse pas.
— Et vous deux, vous êtes du même lycée, non, demande Yoongi à Meena.
Meena hoche lentement la tête pour affirmer, très méfiante de la suite. A tout moment, il fait semblant de ne pas avoir compris et il sait très bien qu'elle fait partie du groupe sans pour autant avoir été une des actrices principales des actes, elle était plus spectatrice si on oublie l'histoire du défi.
— Donc tu dois savoir à qui elles sont ? Parce que sache que ton cher ami ici présent aime bien ne rien dire les concernants, comme leurs prénoms ou leurs apparences. Alors si tu veux bien dire qui sont ces trois filles, je t'en serais très reconnaissant.
Meena traite difficilement toutes les informations qu'on vient de lui révéler, de 1) son groupe d'amie n'est pas un quatuor mais un trio au yeux de cet ami, de 2) c'est elle qui ne fait pas partie du trio pour l'ami de Namjoon - normalement - et de 3) Namjoon n'a rien dit sur l'identité de ses harceleuses à ses amis. Pourquoi n'avoir rien dit ?
— Laisse-les où elles sont ces filles, intervient Namjoon en râlant et jetant un coup d'œil à Meena. Elles ne me font plus rien, pas besoin d'y revenir. On est là pour réviser, pas pour parler d'elles.
— Ouais tu as raison même si ça me fait chier qu'elles repartent sans rien comme conséquence de leur acte.
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