Chapitre 22
Le dirigeant ne m'avait pas attachée, il se doutait que je ne ferais rien de stupide pouvant compromettre mes amis. Tranquillement, Joseph parti se servir un verre, il se tourna vers moi :
— Vous en voulez un ?
— Vous pouvez vous le foutre où je pense.
— Breena... Breena... soupira-t-il. Tant de véhémence dans une si frêle personne.
— Vous voulez vraiment que je vous montre à quel point je suis frêle ? grognais-je.
Il rigola en refermant sa bouteille et en s'approchant.
— Pas besoin, j'ai eu vent de vos exploits au centre. Mais comprenez par-là que je veux dire que vous ne paraissez pas être si... forte, physiquement.
— Comme quoi les apparences sont souvent trompeuses. Vous, on ne dirait pas que vous êtes un psychopathe en mal de puissance. Ah. Si en fait. Ça se voit très bien. Dites-moi... Ça doit blesser votre égo de devoir avoir recours à la torture et à l'esclavagisme pour essayer de vous faire respecter ?
Face à moi je sentais qu'il se retenait de me gifler. Je devrais probablement la fermer et ne pas le provoquer, mais impossible, je ne pouvais lui faire cette faveur. Du coin de l'œil, je savais que mes amis suivaient notre échange avec attention. Ils ne s'agitaient toujours pas et pour une fois j'en étais heureuse, je voulais concentrer l'attention sur moi, et non sur eux. Peut-être les épargnerait-il ainsi.
Néanmoins, il éluda ma question et reprit :
— Et si nous reprenions à zéro ?
— Je n'y tiens pas.
— Allez-vous enfin me dévoiler votre secret ?
— Allez-vous enfin décoincer le balai que vous avez dans le cul ?
— J'aurais au moins pensé que cette situation vous aurait quelques peu calmée.
— C'est très mal me connaître.
Posant son verre sur une tablette non loin, il se pencha sur les accoudoirs pour se trouver à deux doigts de mon visage. Je ne lui fis pas le plaisir de reculer la tête. Il ne m'intimidait toujours pas.
— Breena...
Je détestais sa façon de dire mon prénom, elle m'irritait au plus haut point. Il continua :
— Vous me semblez pourtant être une femme intelligente... Vous savez que vous n'êtes pas en position de force et pourtant vous vous échinez à lutter contre moi.
— Disons que j'ai un esprit de contradiction très prononcé... C'est dommage pour vous.
Son regard se posa sur mes lèvres. Enfin plutôt sur ma lèvre fendue. De son pouce il vint l'effleurer, me faisant grimacer, autant de douleur que de dégout.
Joseph n'était pourtant pas un homme désagréable à regarder, et avait la trentaine, mais il me répugnait de toutes autres manières.
— Je suis désolé pour ça.
J'entendis Byron s'agiter légèrement sur son fauteuil. Et si j'en fus capable, le chef aussi. Toujours penché sur moi, il tourna simplement la tête vers mon Capitaine. Il léger rire le secoua :
— Intéressant, murmura-t-il.
Je profitais de l'inattention de Joseph pour lancer un regard réprobateur à Byron. Du bout des lèvres, je mimais sans un son :
— Arrête, laisse-moi gérer.
Mais son regard passa beaucoup trop vite sur le dirigeant, aussi je ne fus même pas sure qu'il capta mes paroles. Pitié, ne fais pas de bêtises, je t'en prie.
Après avoir reporté son regard sur moi quelques secondes, notre ravisseur s'éloigna et reprit son verre dont il prit plusieurs gorgées. Il se mit à arpenter la pièce en nous tournant autour. Après plusieurs minutes de silence, il vint détacher les baillons de mes compagnons. Pourquoi ?
— Fils de... grogna immédiatement Ulric.
— Non ! le coupa Joseph, n'insultez pas ma mère voyons. Elle n'y est pour rien là-dedans.
— Elle a pourtant mis au monde un lâche, imbu de lui-même, et complétement fou, ajouta le chauve.
— Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre à ce que je vois.
Pourtant maintenant libre de parler, Byron ne dit pas un mot. C'était étonnant. Il contenait probablement sa rage, que je sentais rien qu'en le regardant. Il savait aussi que s'il faisait le moindre écart, c'était risqué pour nous. Il était le plus sage de nous trois, il n'était pas Capitaine et leader de notre groupe pour rien. Contrairement à Ulric et moi, il semblait réfléchir avant de faire ou dire quelque chose de risqué et d'insensé.
Le psychopathe semblait porter trop d'attention aux deux hommes, il me fallait à tout prix le ramener vers moi :
— Avouez que cette situation vous amuse. Vous aimez jouer avec nous comme un chat le ferait avec une souris.
Il releva la tête vers moi :
— C'est vraiment ainsi que vous me voyez ? Vous me blessez ma chère. Sachez que nous n'en serions pas là si vous aviez sagement coopéré dès le début.
— Permettez-moi d'en douter. Vous n'avez jamais eu l'intention de nous libérer. Vous vouliez m'utiliser et quand vous auriez obtenu ce que vous souhaitiez, vous nous auriez tués. Ou bien, maintenant que j'y pense, vous vous seriez bien plus amusé à faire de nous vos pantins, de quelque manière que ce soit.
Il s'éloigna enfin de mes amis et se rapprocha de moi, avec un sourire :
— Je dois avouer que l'idée m'a traversé l'esprit, tout du moins pour vos amis. Mais... Maintenant que je vous connais, je prendrais plus de plaisir à vous garder telle que vous êtes...
Il se pencha de nouveau sur moi et effleura mon visage du bout des doigts :
— Vous êtes belle, forte, caractérielle et... vous m'intriguez sur tout un tas de plans. Je pourrais prendre plaisir à vous découvrir.
— C'est beau de rêver.
Un autre sourire malsain s'installa sur ses lèvres tandis qu'il approchait son visage du mien. Il approcha ses lèvres de mon oreille lorsque de tournais la tête :
— J'aime les défis...
Du bout des doigts il força ma tête à tourner vers lui et ne me laissa pas le temps de réagir, qu'il posa ses lèvres sur les miennes.
Tandis qu'un frisson de dégout me traversait à ce contact, j'entendis immédiatement de l'agitation non loin :
— Ne la touchez pas ! grogna Ulric.
— Otez vos sales pates d'elle ! s'énerva Byron avec une voix étrangement calme.
Il tourna la tête vers eux, son sourire ne le quittant toujours pas :
— Dites-moi, c'est qu'ils sont possessifs avec vous ceux-là. Ah, mais... J'y pense peut-être qu'ils ont pu tous deux vous goûter également, c'est sans doute cela.
Je profitais de son moment d'égarement pour réagir. N'étant pas attachée, je n'eus pas de mal à me jeter sur lui. Surpris il tomba en arrière et ne pus esquiver le coup de poing que je lui assénais au visage. Je pus lui en mettre un second avant qu'il ne me repousse violemment. Je m'écrasais au sol, la respiration coupée par la douleur de mes côtes. Quelques secondes plus tard je fus relevée brutalement par deux sentinelles. Joseph, debout, essuyait le sang qui perlait de sa lèvre.
— Maintenant on est quitte, connard !
Il rigola et je continuais :
— Ne me touchez plus jamais. Vous me dégoutez et n'obtiendrez jamais rien de moi. Vous êtes si désespéré qu'il vous faut utiliser la force et l'intimidation pour qu'une quelconque femme veuille bien de vous. Vous êtes une ordure.
Il força ses sentinelles à m'asseoir de nouveau et cette fois m'y attacha.
— Vous me blessez, Breena. Je n'obtiendrais peut-être pas cela de vous... Mais qu'en est-il de vos amis ?
Il leur tourna autour et les analysa.
— Ils sont possessifs, et protecteurs, c'est indéniable.
Il s'arrêta devant Byron qui ne cillait pas sous son regard. S'il avait eu des fusils à la place des yeux, Joseph serait troué de toute part à cet instant.
— Mais c'est vous qui avez ce fameux regard... Quelque chose me dit que vous, vous l'avez déjà goutée autant que moi...
Quel salaud. Le chef se pencha sur le fauteuil de Byron pour se rapprocher de lui. Ulric ne loupait pas une miette de nos échanges.
— Dites-moi, l'avez-vous trouvée aussi délicieuse que moi ?
— Ne vous avisez plus jamais de poser vos mains sur elle, ou je me ferais un plaisir de vous ôter toute possibilité de toucher une quelconque personne un jour.
Ses mots avaient été prononcés avec une intensité que je ne lui connaissais pas. Comme depuis le début, il restait calme, mais le tranchant de chaque syllabe ne trompait personne sur la colère qui l'habitait.
Joseph s'écarta et éclata de rire :
— Ah ! On va bien s'amuser tous ensemble ! Je le sens !
— Vous êtes un putain de malade mental ! asséna Ulric.
Je n'aurais pas dit mieux. Joseph ne répondit pas. A la place, il alla appuyer sur un bouton. D'un coup, plusieurs meubles et machines sortirent de sous terre. D'après ce que je pouvais voir sur plusieurs paillasses, ce qui allait suivre n'allait pas nous plaire. Plusieurs instruments s'y trouvaient, probablement pour mieux nous torturer. Et mes compagnons firent visiblement le même raisonnement. Ils se lancèrent tous deux un regard que je ne sus déchiffrer. Ils se connaissaient assez bien pour se comprendre sans un mot et je sus à cet instant qu'ils tenteraient tout pour nous sortir de là. Lorsque Byron porta de nouveau son regard sur moi, il tenta de m'insuffler toute la confiance possible. Du bout des lèvres, il mima :
— Ca va aller, fais-moi confiance.
Avec un hochement de tête, je répondis de la même façon :
— Toujours.
Joseph se servit un autre verre et en prit une autre gorgée.
— Vous êtes sure que vous n'en voulez pas un peu ? retenta-t-il.
Cette fois je ne lui fis pas le plaisir de lui répondre.
— Vous avez tort, il est bon. Et ça pourrait vous aider un peu... pour la suite.
Je secouais la tête. Cet homme était complétement fou, et il dévoilait enfin sa vraie personnalité. Il nous tourna autour tout autant qu'il fit tournoyer le liquide ambré de son verre. Il fit mine de réfléchir.
— Bon... Par où commencer ?
Il alla chercher une lame sur un plateau et s'approcha d'Ulric. Ce dernier ne cillait pas, et cela ne m'étonna pas de lui. Il me regarda du coin de l'œil et m'intima à ne pas réagir à ce qui allait suivre. Après quelques secondes, le chef posa sa lame sur le bras de ce dernier et la fit lentement glisser, entaillant sa peau. Le chauve serra les dents et je serrais les poings. Surtout, ne pas lui faire le plaisir de réagir. Le chef m'observa et grogna, puis reprit le même manège sur le second bras. Je décidais de ne pas rompre le contact visuel avec Joseph pour ne pas lui faire ce plaisir. Bien que la torture effectuée m'atteigne, je ne devais pas le lui montrer
Le dirigeant s'éloigna et essuya sa lame tandis qu'Ulric desserrait les dents.
— D'accord, je vois. Si cela ne fonctionne pas avec lui, peut-être aurais-je plus de chance avec votre autre ami.
Cette fois, mon agitation se fit plus présente, bien que Byron m'intime à son tour à ne pas réagir. Mais comment le pourrais-je, le concernant ?
Le ravisseur déchira le haut de mon Capitaine. Si en d'autres circonstances j'aurais pu prendre le temps d'admirer le spectacle, il n'en était rien. Byron ne me lâchait pas des yeux. A l'instant où la lame de Joseph commença à tracer un sillon le long de son pectoral, et que Byron serrait la mâchoire, une violente douleur se fit ressentir sur mon sein. J'avais l'impression qu'on me lacérait moi-même. Un geignement m'échappa tandis que je fermais les yeux pour réprimer la douleur. C'était quoi ce bordel ?!
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top