Chapitre 1

Mon réveil fut difficile. Je me sentais vaseuse et j'avais la gorge en feu. Mes pensées s'embrouillaient et j'avais l'impression que quelqu'un jouait au tam-tam dans ma tête. Si je pouvais le voir il prendrait mes deux poings dans la face celui-là.

Tout était noir autour de moi, et silencieux. Beaucoup trop silencieux. Je n'aimais pas trop beaucoup ça. J'étais allongée sur un lit, vraisemblablement, et relativement confortable. C'était déjà ça. Et si en réalité tout cela n'avait été qu'un long rêve, ou cauchemar ? Non. Il fallait que j'arrête de croire cela. C'était impossible je le savais très bien, j'avais vécu et ressenti beaucoup trop de choses pour encore croire cette éventualité possible. Mais je ne pouvais pas le prétendre juste deux minutes et profiter du confort d'un matelas pour une fois ? M'enrouler dans des couvertures épaisses à la manière d'un burrito et envoyer tout balader ? Non... Je n'avais pas réellement ce loisir. Hélas.

Je me redressais lentement sur ce dernier, jusqu'à m'asseoir. Je secouais la tête pour me remettre les idées en place. Mauvaise idée. Très mauvaise idée. Ma migraine se décupla et je grognais de douleurs. Pourquoi fallait-il toujours que les gens aient ce maudit réflexe ? Comme si ça allait réellement améliorer notre lucidité !

Où étais-je ? Que s'était-il passé ? Je peinais à me souvenir des derniers évènements. Depuis combien de temps dormais-je ? Un milliard de questions se bousculaient dans ma tête, n'aidant en rien le lancinement dans cette dernière.

— Il y a... tentais-je mais ma gorge se fit brulante.

Raclant cette dernière, et avalant avec peine ma salive pour l'humidifier, je retentais :

— Il y a quelqu'un ?

Je ne reconnus pas ma voix, devenue aussi rauque que celle d'une grande fumeuse. Seul le silence répondit à mon appel. J'aurais dû m'en douter.

Je vins m'asseoir sur le bord du lit avec mille précautions. Mes pieds nus touchèrent le sol froid, me faisant frissonner. A l'instant où je frôlais le sol, les lumières de la pièce s'allumèrent, me faisant sursauter violemment.

Ces dernières, si éclatantes, me firent si mal au crâne que je dus fermer les yeux pour dissiper ma nausée naissante. J'inspirais et expirais lentement, de longues minutes, pour faire passer mon malaise.

— Qui a eu l'idée de mettre ces foutues lumières si fortes ?! râlais-je. Si je connaissais le con qui a fait ça...

A l'instant où ces mots franchirent mes lèvres, la lumière se tamisa me laissant stupéfaite. Quelqu'un m'observait-il ? Mon cœur tambourina un peu plus vite à cette perspective.

Maintenant que cela s'avérait moins douloureux, je me permis d'observer les environs.

Tout d'abord j'étais affublée d'une sorte de chemise blanche, comme une chemise d'hôpital. Comment était-ce possible dans ce monde ?! Jusqu'à présent je n'avais jamais vu aucun vêtement de ce genre. Et à cet instant tout me revint en mémoire, l'attaque, les yeux rouges, mes amis s'effondrant un a un dans la fumée, et ces hommes, ces soldats d'élites. Ces terriens. Ceux qui venaient de nous enlever.

Mes yeux s'écarquillèrent, il fallait que je sache comment allaient mes amis. Je me levais brusquement mais chutais de suite au sol, les jambes ankylosées. Je grognais sous l'impact.

— Merde, fait chier.

Depuis combien de temps dormais-je pour que mes jambes soient si peu coopératives ? Je n'étais pas experte dans le domaine, mais ça n'arrivait pas après juste quelques heures de sommeil.

Je me glissais jusqu'à m'appuyer contre un mur à proximité, assise au sol. Il fallait que je laisse un moment à mes jambes pour se remettre en état de réel fonctionnement. Je pris un peu plus le temps d'observer mon environnement. La pièce dans laquelle je me trouvais devait faire environ cinq mètres sur cinq. Entièrement blanche. Un lit se trouvait au milieu face à la porte. Un bureau vide se trouvait contre un mur. Une sorte de commode se trouvait à l'opposé. Et c'était à peu près tout ce qu'il y avait. Peut-être avaient-ils peur que je me serve de tout ce que j'aurais pu trouver pour m'enfuir. Ils avaient raison sur ce point.

Au plafond ce trouvaient des lampes, ressemblant à des néons. Mais... En Sin'Meyah ? Il n'y avait pas d'électricité ! Comment cela pouvait même fonctionner ?! Tout dans cette pièce me rappelait mon monde, mais rien ne semblait en accord avec ce que je savais de celui-ci. Rien ne faisait sens dans mon esprit. J'allais devoir éclaircir tout cela. Je repérais également des sortes de haut-parleurs et des grilles d'aérations. Bon à savoir.

Mais priorité à mes amis. Maintenant que mes jambes semblaient plus vivantes, je me relevais doucement, m'appuyant au bureau non loin. Elles semblaient suffisamment stables, je me dirigeais donc prudemment vers la porte. Comme je m'en doutais, cette dernière était verrouillée, mais elle possédait une petite fenêtre.

La pièce dans laquelle je me trouvais donnait sur un couloir. De l'autre côté semblait se trouvait l'exacte réplique de la mienne, mais personne à la fenêtre. Je ne pouvais pas apercevoir grand-chose d'ici mais j'en vis assez pour me rendre compte qu'il y avait une succession de portes identiques dans tout ce couloir. Vraisemblablement d'autres chambres, ou cellules. Cela dépendait du point de vue. Une seule question trottait dans ma tête à cet instant : Où étaient mes amis ?! J'espérais qu'ils allaient bien... Si on leur faisait du mal, je ne répondais plus de rien. Je ne savais pas qui au juste nous avait enlevés mais ils ne payaient rien pour attendre.

Je me mis à faire les cents pas dans la chambre. Maintenant que le trouble passait, la nervosité prenait place. Après quelques minutes de cette ronde infernale, un grésillement désagréable se fit entendre, me faisant grimacer.

— Vous êtes réveillée.

J'étais déjà convaincue que l'on m'observait depuis mon réveil, aussi cette intervention ne me surprit qu'à moitié.

— Sans blague Sherlock. Et il vous a fallu tout ce temps à m'observer pour vous en rendre compte ?

Un silence suivi ma réponse.

— Je ne..

Je ne laissais pas finir mon interlocuteur et répliquais immédiatement :

— Je vous coupe tout de suite. Il est hors de question que je continue à parler à un haut-parleur. Alors cessez votre voyeurisme malsain et ramenez vos fesses qu'on parle en face à face.

J'entendis distinctement un soupir, il avait visiblement oublié de couper son micro. Et puis plus un son. M'obéirait-il ? Je passais encore quelques autres minutes à attendre avant qu'un bruit ne se fasse entendre du côté de la porte, juste avant qu'elle ne s'ouvre.

Trois silhouettes entrèrent. Une vêtue de blanc et de gris, à la manière d'un scientifique guindé, et deux hommes en noir qui l'encadraient, sa protection rapprochée visiblement.

— Je vous fais si peur que ça ? lançais-je avec ironie.

— Simple précaution.

— Je vais prendre ça comme un compliment.

L'homme qui me faisait face devait avoir environ quarante ans, légèrement marqué par l'âge. Il était calme, et avait l'air d'un scientifique. Ce qui me plaisait moyen.

Les deux hommes derrière lui étaient tout ce que l'on pouvait attendre de soldats. L'air grave, carrés d'épaules et droits comme des I. Je ne pris pas le temps de m'attarder trop longtemps sur eux et revins à mon principal interlocuteur.

— Qui êtes-vous ? demandais-je de but en blanc.

— Mon nom est Victor. Et vous ?

— Vous ne me ferez pas croire que vous ne connaissez pas mon nom.

— Exact. Mais je préfèrerais l'entendre de votre bouche.

— Et je préfèrerais ne pas être enfermée dans une de vos cellules. Vous voyez on à pas tous ce qu'on veut dans la vie.

Il soupira, las.

— Vous n'allez pas me faciliter la tâche n'est-ce pas ?

— Tout dépend de ce qu'est la tâche. Mais ce n'est certainement pas en me gardant comme une prisonnière que je vous verrais d'un bon œil.

— C'est pour votre sécurité.

— Et moi je suis la reine d'Angleterre.

Je vis les deux soldats se tendre à ses côtés devant mon hostilité naissante.

— Où sont mes amis ?

— Ne vous en faites pas pour eux.

— Répondez à ma question. Où sont mes amis ?

— En sécurité.

— Ah, donc enfermés également ! Vu que c'est votre vision de la sécurité.

Il eut la présence d'esprit de ne pas répondre à ma pique. Je finirais par savoir où étaient mes amis, tôt ou tard. Il laissa passer un silence avant de poursuivre :

— J'aimerais que vous me suiviez afin que nous procédions à quelques contrôles.

— Quels genres de contrôles ?

— Des tests, pour vérifier votre état de santé.

— Je suppose que même si je dis non vous me forcerez à vous suivre par le biais vos deux gorilles, n'est-ce pas ?

Il grimaça. J'avais visé juste.

— Nous devons vérifier que vous allez bien.

— Et si je vous dis que je me sens parfaitement bien ?

— Nous avons des enregistrements vidéos prouvant quelques peu le contraire. Et c'est le protocole. Vos amis sont passés par là également.

— Et ils en sont sortis vivants ?

— Evidemment ! s'empressa-t-il de répondre, indigné que je puisse en douter.

— Comment voulez-vous que j'en sois sure ? Vous ne me dites rien sur eux, sur leur santé, ni où ils sont ! Vous me traitez comme une prisonnière et vous espérez que je vais sagement coopérer et vous suivre après m'avoir empoisonnée ?! J'ai l'air d'un lapin de trois semaines ?! Je ne suis pas idiote à ce point.

— Vous n'avez pas été empoisonnée.

— Jusqu'ici je n'en sais rien !

— Si vous nous suiviez-vous en sauriez davantage. Je ne peux vous en dire plus ici. Et plus vite tout ceci sera passé, plus vite vous pourrez retrouver vos amis.

Je grognais à cette mention. Ils ne me laissaient pas le choix. Vraisemblablement je ne pouvais lutter contre eux, ils me mettraient vite KO. Et ne me permettraient pas de les retrouver tant que je ne l'aurais pas suivi. Je n'avais pas le choix. Il me fallait en apprendre plus et c'était peut-être la seule solution.

Soupirant, j'hochais la tête.

— Sage décision.

— Evitez de faire sonner ces mots comme une menace la prochaine fois, grommelais-je.

— Ce n'en était pas une.

Il se tourna vers le couloir, m'enjoignant à le suivre. Les deux soldats se positionnèrent derrière moi, m'empêchant une fuite vers l'arrière.

Nous traversâmes de longs couloirs. J'essayais de regarder dans les chambres mais je n'eus pas le temps d'apercevoir quoi que ce soit, ils ne me laissaient pas observer. Nous ne croisâmes pas âme qui vive.

Au bout d'un temps indéfini, nous atteignîmes une double porte. Victor passa un badge devant un socle. Les portes coulissèrent et il nous fit entrer. Au centre de la pièce se trouvait un siège, et tout un tas d'appareils et de mobiliers. Ça ressemblait bien trop à une salle de torture. Je voulu faire demi-tour, mais les deux gorilles me barrèrent le passage et la porte se referma derrière eux. Je me tournais lentement vers la pièce, Victor fut rejoint par deux autres personnes vêtues de la même façon. Génial. Je n'avais pas le choix.

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