Chapitre 4 : Je vais l'étrangler


POINT DE VUE DE BYRON


Je me retournais brusquement pour faire face à mon frère. Il se trouvait dans un coin de la petite pièce. Pour que je ne l'ai pas remarqué en arrivant, il avait probablement dû utiliser un sortilège. J'inspirais fortement, contractant la totalité de mon corps. Je devais me contrôler et garder ma rage pour ceux que je recherchais. Lui pourrait subir ma fureur plus tard.

— Qu'est-ce que tu fais là ? dis-je, le plus calmement possible.

— Toujours aussi ravi de me voir à ce que je vois !

— Réponds avant que je ne m'énerve.

— Je suis venu t'apporter mon aide.

— Ton aide ? Ton aide ?! Vraiment ?! Je n'en veux pas ! Je n'en ai plus besoin, tout comme de ta présence ! Dégage de ma vue avant que je ne décide de te faire regretter ta venue ! lançais-je en faisant quelques pas vers lui.

— Doucement grand frère ! Je viens en paix ! répondit-il en levant les mains devant lui.

— Je n'en ai strictement rien à foutre ! Dégage de là ! m'emportais-je.

Et voilà que je commençais à parler comme Breena...

— Ecoute moi au moins, persista-t-il.

— Tu es sourd ?! Ne m'oblige pas à m'énerver ! continuais-je, de plus en plus sur les nerfs.

Mes poings étaient serrés, tout autant que mes mâchoires. Je n'étais plus très loin de lui et je ne savais plus très bien si je serais capable de me retenir une fois à son niveau. Ce moment était vraiment mal choisi. Très mal choisi.

Mes trois lieutenants vinrent se poster entre nous deux. Ils me connaissaient décidemment très bien :

— Byron, calme-toi, me dit Ulric qui était le plus proche de moi.

— Ecoute au moins ce qu'il a à te dire, continua Edwin.

— Il n'est probablement pas venu pour rien, fini Mahaut.

Si les trois décidaient de se liguer contre moi, c'était perdu d'avance. Ils savaient parfaitement comment me parler pour me faire revenir à moi.

— Vous savez parfaitement pourquoi je ne veux pas le voir.

— Oui nous le savons, et crois-moi, si ce qu'il a à dire n'est pas intéressant, nous le jetterons nous-même par-dessus bord ! lança Ulric. Et tu me connais, tu sais que je le ferais avec plaisir, finit-il en lançant un regard plus qu'évocateur à Daever.

Ce dernier fronça les sourcils. Il ne savait pas trop s'il devait prendre cette menace au sérieux ou non. Il devrait la prendre très au sérieux. Vraiment très au sérieux.

Fermant les yeux, et reculant d'un pas, je poussais un profond soupir pour apaiser mon esprit. Mes lieutenants reprirent leur place pendant ce temps, néanmoins prêts à intervenir si l'envie me prenait subitement d'aller étrangler mon abruti de frère.

Une fois que j'eus repris contenance, je fixais ce dernier, avec la ferme intention de lui faire passer toute envie de m'entourlouper, rien qu'avec mon regard :

— Je t'écoute.

— Bien. J'ai appris ce qu'il s'était passé et je sais que Breena est en danger.

— Et comment l'as-tu su ?

Il ne répondit pas immédiatement, jetant un œil à chacun d'entre nous. Il me cachait quelque chose, et je n'aimais pas du tout ça. Je le connaissais assez pour le savoir.

— Comment l'as-tu su ? insistais-je.

Je tournais la tête au même moment, Frem était toujours dans un coin de la pièce, attentif mais non intrusif. Il valait mieux pour lui.

— Je l'ai ressenti.

Je me figeais avant de tourner lentement la tête vers lui, poings serrés une nouvelle fois. Qu'avait-il fait à Breena ?!

— Avant de t'emporter, laisse-moi t'expliquer ! répliqua-t-il immédiatement lorsqu'il capta la probable fureur de mon regard.

— Tu as trente secondes !

— Tu te souviens de l'exécution que je suis venu effectuer à Erhuméa ?

— Vingt secondes !

— Quand elle s'est retrouvée liée à Adson et que j'ai dû défaire ce lien pour ne pas la laisser mourir, quelque chose s'est produit. C'était inexplicable. Mais je me suis en quelques sortes retrouvé connecté à elle.

— PARDON ?! m'emportais-je immédiatement.

— Je savais que ça n'allait pas te plaire...

— Comment veux-tu que ça me plaise ?! Quelle connerie as-tu encore faite ?! Tu avais planifié tout ça j'en suis certain !

Apparemment, lorsque je me mettais en colère, je commençais à parler comme ma protégée. Ça n'allait pas du tout. Je devais remédier à ça.

— Je n'ai rien planifié du tout ! Et je ne savais même pas que c'était le cas jusqu'à récemment ! Je sais que vous êtes proches, que tu es lié à elle également et que tu prends ta « mission » très à cœur, mais je n'aurais pas fait ça volontairement !

Je ne savais pas de quelle sources il tenait ces informations, mais il allait falloir que je le découvre.

— Je vais te tuer !

— Tu ne vas rien faire du tout ! eût-il le culot de me dire.

— Oh tu me connais très mal Daever.

— Tu ne me feras rien car nous pouvons utiliser ce lien pour la retrouver et la sauver !

— Mon propre lien ne fonctionne pas et tu crois que ce que tu penses avoir créé avec elle fonctionnera ?!

— Nos liens ne sont pas du même ordre ! Et n'oublie pas que je suis un Sewaru !

— Comment pourrais-je même oublier ça ?! D'ailleurs, si tu es si puissant, pourquoi ne te téléportes-tu pas directement sur place pour me la ramener ?!

— Quelque chose me dit que ça ne te plairait pas que ce soit moi qui la sauve, et de toute façon je ne le peux pas.

J'allais avancer vers lui mais Ulric posa sa main sur mon épaule, simple rappel à l'ordre de sa part.

— Je sais pourquoi votre lien ne fonctionne pas, et pourquoi je ne peux pas y aller.

J'haussais les sourcils, l'incitant à poursuivre. Je devais me calmer. Il fallait que je sache, et que je le veuille ou non, ces informations pouvaient nous servir.

— Le bateau sur lequel elle se trouve n'est pas n'importe quel bateau. Elle se trouve sur « Le Spectral ». Jack Ren, le capitaine, est connu pour avoir ensorcelé ce dernier. Aucun sortilège d'aucune sorte ne peut entrer ou sortir du bateau. Il est indétectable.

— Génial ! Tu as d'autres bonnes nouvelles à m'annoncer ? Parce que je pense que tu m'en as suffisamment donné là !

— Je n'ai pas fini. Tu ne ressens peut-être pas sa présence à cause de cela...

— Je la ressens ! le coupais-je.

— Très bien ! répondit-il. Je te crois ! Mais votre lien est-il aussi puissant qu'il l'était ?

— Non... dû-je répondre à regret. Je sais qu'elle est vivante, mais c'est tout.

— C'est bien ce qu'il me semblait. Ma nature de Sewaru me permet de la ressentir bien plus facilement malgré ce blocage. Avant que tu ne t'énerve à nouveau, je tiens à préciser que notre lien n'a rien à voir avec le tiens. Je perçois sa présence magique et énergétique qui me permet de la localiser, en quelques sortes. Je ne suis pas lié à elle sur un plan spirituel comme vous l'êtes.

— Heureusement pour toi.

— Et tu arrives à la localiser ? demanda Edwin.

— Non, ça m'est très difficile.

— Alors tu ne me sers à rien ! m'emportais-je à nouveau.

J'étais décidemment sur les nerfs. Bien plus que d'habitude. J'étais pourtant une personne reconnue pour son sang-froid et son self control. Que m'arrivait-il. Inconsciemment, était-ce la détresse de Breena qui me parvenait et mettait mes nerfs à rude épreuve ?

— Je pense le contraire.

— Ça m'aurait étonné !

— Je pense que nous devrions utiliser ma magie pour combiner nos liens. Ils s'emplifieront et nous auront peut-être une chance de percer la barrière qui nous tient éloignés d'elle.

— Tu parles comme si tu la connaissais et tenais à elle !

— Elle compte pour ce monde, et je suis curieux de la connaître, je l'avoue. Il nous est vital de la retrouver saine et sauve, et ça je l'ai bien compris.

Je me tournais, faisant les cents pas dans la pièce. Je devais réfléchir. La vie de Breena comptait bien plus que cette querelle qui pourrait se régler ultérieurement. Je devais le croire, il le fallait. Je devais tenter tout ce qui était en mon pouvoir pour la sauver et la ramener. Même si cela signifiait m'allier à ce crétin. Quelques secondes passèrent, le temps de ma réflexion.

A situation désespérée, moyens désespérés...

— Très bien. Nous essaierons, dis-je simplement.

— Parfait ! Nous pourrons essayer ce sortilège dès demain.

— Et pourquoi pas dès maintenant ? Le temps nous est compté.

— L'alliance des énergies actuelles ne me le permettent pas. Elles seront à leur summum demain. Et rendront le sort plus efficace.

Je restais silencieux, pensif.

— Ecoute, je sais que ça fait longtemps et que tu ne me fais plus confiance. Mais je te demande de me croire sur ce coup là. S'il te plaît ?

— Bien. Mais ce n'est aucunement pour toi que je le fais. Mais bel et bien pour Breena. Ne crois pas que les choses soient réglées entre nous.

— Je n'en doutais pas, je te connais mon frère. Et puis, nous aurons tout le temps de rattraper le temps perdu et de nous réconcilier car je compte vous accompagner dans votre quête.

                    — Pardon ?! m'exclamais-je en même temps que mes lieutenants.    

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