V. Le hurlement (Elyas)
Après l'hologramme d'Ashton que j'avais suivi avec une attention toute particulière, je me dirigeai vers les salles de « combats ». Cette simulation que venait d'effectuer le bouclé était complètement renversante. Ce chien avait semblé tellement réel ! Il aurait pu être le chien de mes anciens voisins tellement il lui ressemblait, ou bien le chien devant lequel je devais toujours passer quand j'étais plus jeune, afin de me rendre en cours. Celui qui me faisant tant peur.
Ce qui était le plus effrayant dans un hologramme, c'était la dimension de réalité et d'identification avec notre propre vie que cet exercice prenait.
Les vraies Simulations s'annonçaient tout autant surprenantes. Bien plus que lorsque l'on les regardait à la télévision ou sur internet. De ce fait, j'avais hâte de commencer tout ça et de faire face aux différents niveaux du jeu en question. C'était ce que j'attendais depuis que la première édition des Simulations était terminée. Et aussi depuis que je savais que je pouvais y participer.
Parce que l'âge minimum requis pour prendre part au jeu était seize ans. Je venais de les avoir cette année. Quand j'étais toujours âgé de quinze ans, j'avais discuté de la seconde édition avec mes parents et je devais avouer que c'était une bonne chose d'être majeur à seize ans et ainsi, de prendre nos propres décisions. Dans le cas contraire, ils ne m'auraient peut-être pas laissé faire. Bien-sûr, j'avais longuement discuté avec eux avant de m'inscrire aux Simulations, même après mon anniversaire. C'était une habitude que j'avais gardé malgré tout, celle de toujours prendre des conseils de mes parents. Mon père et ma mère ne s'interposaient jamais dans mes décisions maintenant que j'étais supposé être adulte, me disant que je devais faire mes propres choix et mes propres erreurs. Je devais apprendre la vie, apprendre à grandir sans eux.
Alors que je bandais mes mains et mes poignets, je remarquai une fille. Elle était assise un peu plus loin dans la pièce. La première impression qu'elle me donna fut qu'elle me paraissait tellement jeune. Elle ne pouvait pas être plus vieille que moi.
Puis mes yeux voyagèrent jusqu'à sa chevelure et je fus pris d'admiration pour la couleur si unique qu'elle détenait. Elle avait un dégradé de bleu foncé sur ses cheveux brun foncé qui faisait ressortir son teint qui était un peu basané. Les teintures de cheveux étaient de plus en plus rares aujourd'hui, moins à la mode. Elle semblait pourtant vraiment cool. Sa couleur de cheveux était superbe, singulière – malgré le fait qu'il y avait un mystérieux garçon aux cheveux verts parmi nous. Quand elle m'aperçu, ses iris de la couleur du chocolat chaud m'accordèrent un regard, et bientôt, je sentis qu'un sourire étira mes lèvres.
J'avais envie de lui adresser la parole et d'apprendre à la connaître.
— J'adore tes cheveux, dis-je nonchalamment, tout en guettant discrètement sa réaction – un sourire, un léger rougissement.
— Merci, dit-elle d'une voix fluette.
Elle était mignonne.
— Ça te dit de t'entraîner avec moi ? m'enquis-je.
La jeune fille me sourit de telle manière qu'elle parut désolée.
C'était idiot. J'étais complètement idiot.
— Désolé, mec, mais elle s'entraîne déjà avec moi.
Le garçon qui venait de s'interposer était probablement son petit-ami. Il venait d'arriver et en même temps, il avait tout gâché. Bien que je ne devais pas le blâmer de vouloir être avec sa petite-amie.
Je baissai la tête afin de finir de bander mes mains. Je ne voulais pas qu'ils ne voient la honte sur mes joues.
— Oh, d'accord.
Ma voix trahit sûrement ma déception.
— Une autre fois, peut-être, me dit-elle d'une voix douce.
Je relevai les yeux vers elle, elle qui me regardait toujours avec cet air sincèrement désolé. A côté d'elle se tenait – probablement – son petit-ami. Mais quelque chose me sauta aux yeux... Ce garçon lui ressemblait beaucoup, de par sa couleur de peau et par ses traits. Ils avaient les mêmes yeux et le même regard. Ce n'était absolument pas son petit-ami, mais son frère !
— Bien-sûr, dis-je.
J'étais soulagé, pour une raison que j'ignorais. Peut-être parce que la jeune fille m'attirait. Ou bien parce que je ne voulais pas être sur la liste noire de son frère/petit-ami.
— T'en penses quoi de tout ça ? me demanda le garçon.
Je revins à la réalité et portai mon regard sur le basané.
Il venait de me demander ce que je pensais de tout ça ?
— Je trouve ça immense, et vraiment cool.
Le garçon sourit de la même manière que la fille aux cheveux teintés de bleu. J'espérai sincèrement qu'il ne se moquait pas de moi. Il devait me trouver profondément stupide à rester debout de cette manière, finissant de bander mes mains et mes poignets alors que j'y étais depuis un bon moment.
— C'est impressionnant de se trouver ici, je trouve, dit-il.
Ouf ! Il partageait mon point de vue et ne semblait pas me détester pour avoir adressé la parole à la jeune fille dont le nom m'était inconnu.
— Ouais, c'est sûr ! approuvai-je. Quand on sait que c'est notre tour de défier les Simulations...
Je jetai un dernier coup d'œil à mes bandages avant de me diriger vers un « mannequin ». Dans un autre coin de la pièce, les deux autres participants faisaient la même chose. Ils se préparaient – bien plus mentalement que physiquement – à s'entraîner.
— Sinon, c'est quoi vos noms ? m'enquis-je avant de me placer en face du mannequin.
— Calum et ma sœur, c'est Reyna.
Je pris appui sur mon pied gauche. Reyna ? C'était joli et ça lui allait plutôt bien.
— On vient de Manchester.
Je me mis à sautiller un peu sur place afin de détendre mes muscles. Manchester. C'était à quelques minutes d'ici s'ils avaient pris le train.
— Et toi, tu es ?
— Elyas.
Je voulus ensuite donner un coup de poing dans l'abdomen du mannequin mais celui-ci attrapa main et m'envoya valser en arrière. La surprise prit possession de tout mon être et l'adrénaline se chargea de tout le reste. Je repris position en face du mannequin « robot » et ce dernier plaça ses bras mécanisés de façon à parer chaque coup.
— Merde, dis-je. Je ne m'y attendais pas !
Reyna se moqua gentiment de moi :
— Tu t'attendais à quoi ?
— A quelque chose de...
— Mort ? tenta-t-elle tout en me coupant.
— Mort ! Absolument ! affirmai-je tout en changeant d'appui.
— Mais on n'est pas dans un vieux film ! Ici, tout prend vie... ou presque.
Elle avait fini sa phrase dans un chuchotement à peine audible.
Le mannequin qui ressemblait de loin à Ryker semblait bien un peu « vivant » quand on lui accordait notre regard assez longtemps. Un frisson parcouru mon échine à la vitesse de la lumière.
Puis un cri retentit dans tout l'étage, me faisant sursauter. Déchirant. Horrifiant. Un cri de douleur, de peine. Un cri qui vous glaçait le sang. Un cri qui vous figeait sur place.
C'était comme si une âme venait de se briser ou qu'elle pleurait la perte de sa moitié. Et soudain, des pleurs accompagnèrent le silence.
La surprise qui s'était emparé de tout mon organisme m'empêcha d'agir dans l'espace de quelques secondes et je ne vis pas le coup venir. Je me pris le bras mécanisé du mannequin et dans la tête et dans l'estomac. Je vacillai d'abord en arrière avant de reprendre mon souffle. Il venait de couper ma respiration !
— Tu vas bien, Elyas ? me demanda Calum avec un sourire amusé peint sur ses lèvres.
— Ouais, je suis juste un peu sonné.
J'évitai soigneusement le regard de Reyna.
Du coin de l'œil, en tournant la tête, je remarquai un garçon qui avait l'air un peu plus âgé que moi, les cheveux châtains – voire blonds – comme les miens, m'observer avec un air presque méprisant. Son regard me semblait mauvais. Je n'y fis pas attention plus longtemps.
Le hurlement retentissait toujours dans ma tête.
— C'était quoi ça ?!
— Je sais pas, un cri, nous dit Calum comme si ce n'était déjà pas évident.
— Sans blagues ! ironisai-je.
Le garçon qui me fixait à l'instant s'avança pour prendre ma place pendant que je me reculais, dans l'optique d'aller voir ce qu'il se passait.
— Simplement quelqu'un qui ne sait pas faire la différence entre simulation et réalité.
Je fouillai dans mes souvenirs et forçai mon esprit à se souvenir d'un éventuel nom que j'avais peut-être entendu auparavant. Qui pouvait bien être ce garçon ? Je n'aimais absolument pas son air je-suis-bien-meilleur-que-vous.
Calum et Reyna me suivirent à l'extérieur de la pièce et nous atteignîmes la grande salle en quelques secondes. D'autres joueurs étaient là. Le garçon aux cheveux verts parlait avec un autre blond aux yeux bleus tout en fixant la détentrice de ce hurlement avec un air désolé.
— C'est Astra ! nous appris Reyna au même moment où j'aperçu une fille blonde, effondrée au sol.
La sœur de Calum accouru auprès d'Astra et de l'autre participante qui se tenait près d'elle, tentant probablement de la rassurer.
A cet instant, les Simulations me parurent terrifiantes.
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