Emporté par le vent d'automne

Feuilles maintenant âgées
Feuilles prêtent à tomber.
Feuilles à l'âme brisée
Feuilles de châtaignier.

Arbres aux branches fatiguées
Regarde le vent passer
Écoute les oiseaux chanter,
Par une brise, doucement caressé.

En quête de péripéties
La feuille se détache et part dans le vent
Verra quelques tableaux de la vie
Puis mourra en dansant.



Je suis une triste feuille, benjamine de ma fratrie. Mes frères et sœurs ont commencé à tomber, comme le reste de ma famille et celles de l'arbre voisin. Et de tous les autres.
Je me rappelle vaguement de comment cela a commencé. Une feuille a revêtu son manteau orangé puis une autre. Pour qu'au final notre arbre se couvre d'ambre, de jaune et d'autres couleurs chaudes. Puis, une amie, un membre de ma famille, s'est doucement détachée de sa branche, bercé par la brise, réchauffée par le soleil, et s'est posé au sol.

Ce fut au tour du sol de ce voire changer de couleur. Cela sert le cœur de regarder les gens piétiner nos connaissances. Parfois ils nous observent, admirent nos couleurs nouvelles.
Pourtant ils nous oublient sitôt repartis. A la saison des feuilles nouvelles ils les salueront, oubliant que nous étions là avant.
Seul le vent pourra conter les générations passées aux générations futurs.
Le soleil quitte peu à peu la surface, ses apparitions se font courte, sa chaleur s'amoindrit. La Lune nous observe, sa douce lueur blanche nous éclaire, sa triste voix nous chante des berceuses.

Mais moi, qui n'est pas de nom, je ne suis pas satisfaite. Je désire voyager, rencontrer une étoile, découvrir d'autres endroits que cette allée. Une allée qui doit son nom aux arbres qui l'entoure. L'allée des châtaigniers. A la période de chaude de nombreux passants l'empruntent, ils ont commencé à venir à la saison des feuilles nouvelles. Lorsque nous mourrons, leurs nombres diminuent, les familles passent encore mais plus personne ne profite. A la saison froide, rare sont ceux qui marche toujours sur les gravillons du chemin, c'est ce que nous a conté notre père, l'arbre.

Alors j'attends. J'attends la prochaine rafale pour quitter mes frères et sœurs et espérer être porté un peu plus loin. Histoire de mourir dans un autre chemin.
J'attends mais la rafale tarde à venir et mes forces se font oublier. Bientôt je tomberai. Comme tout ceux avant moi.

Je lâche. Je ne connaîtrais jamais la vie. La vraie. Tant pis.
Pourtant, un courant d'air m'emporte. Peut-être verrais-je un peu le monde finalement. Le vent m'emporte dans une forêt, les arbres me saluent et le vent continue, tranquillement, sa balade.
J'aperçois des maisons, cubes gris, de temps en temps égaillé par des fleurs en pots. Par ce temps maussade les gens de sortie se font rechercher et le seul que l'on rencontre est tendu, un chien au bout d'une corde.
La brise accélère et devient un vent froid et rapide. Nous survolons la neige, j'observe le ciel étoilé, me demandant si, comme nous, elle pensait secrètement.
Nous traversons le désert, rempli de sable doré, chaud et sec. Le soleil y brille si fort que je me demande si je ne vais pas brûlé.
Mais le vent continue.
Nous voyons d'autres ville, plus colorés, des forêts de longues tiges, bambous. Par de bref moment, nous passons par dessus l'océan, l'eau nous reflète et nous réchauffe. Il plonge.
Le courant d'air devient un courant d'eau.

Il m'emmène dans les abysses. Je regarde émerveillé les barrières corailleuse puis fais face aux ténèbres devant nous. Plongé dans l'immensité noir encre de la mer je soupire devant la lumière qui apparaît. Semblable à l'apparition d'une luciole perdu dans la nuit. Puis je la vois. La bête. Longue d'au moins un mètre, elle arbore des crocs d'une vingtaine de centimètres. Ses yeux vitreux me fixe, et sa lampe, retenue à son crâne par une sorte de câble remue étrangement. Sa peau est dépourvue d'écailles, tout doucement je la vois s'approcher.
Mon ami remonte. Il redevient de l'air.

Nous arrivons à l'orée d'une forêt et, fatiguée, la brise ralentit sa course effréné. Elle ralentit jusqu'à s'arrêter, me faisant tomber en tourbillonnant.
Je me dépose sur le sol, loin de ma famille, attends quelques temps. De la neige commence à tomber, mon corps à se séparer.

Pourtant, dans cette terre, au saison des feuilles nouvelles, je n'ai pas disparu. J'ai accueilli une boule de vie, d'énergie. Nous avons fusionné.
Depuis je ne suis plus une feuille. Je suis une jeune pousse qui sort tout juste de terre.

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