Affalés sur le lit, dans la chambre de Tristan, ce dernier et Noa menaient une bataille acharnée contre des zombies. Les mains crispées sur leurs manettes et à grand renfort de jurons, ils leur mettaient la misère. Noa venait de plus en plus souvent chez son copain ces temps-ci. Il faudrait qu'il lève le pied ou bientôt ça mettrait la puce à l'oreille des parents du blond à lunettes. Une à deux fois par semaine, ça passait. Plus en revanche, ça en devenait louche.
Noa, lui, n'invitait personne chez lui. Il prétextait que sa mère était fatiguée par ses nuits de garde à l'hôpital. En vrai, sa mère n'aurait jamais pu exercer le métier d'infirmière, elle n'avait aucune empathie.
― C'est à quelle heure la soirée d'jà ? demanda-t-il.
― Ça commence à vingt heures je crois.
Pas que Noa soit tellement impatient de se rendre chez Sophie mais, son estomac commençait à gargouiller sévèrement. Un coup d'œil sur la montre de son pote lui appris qu'il était déjà dix-neuf heures trente. Après un dernier cri rageur de Tristan, vaincu par le zombi de Noa, ils éteignirent la console de jeux, mettant fin à leur partie de « Zombi Legacy ». Noa s'avachit sur le lit alors que son pote ouvrait son armoire pour en sortir une chemise qu'il balança sur le matelas, l'air de rien. Noa se moqua de lui.
― Tu comptes impressionner qui comme ça ?
― N'importe quoi ! C'est une soirée, tu mets une chemise c'est tout. Toi aussi, tiens.
Il lui en balança une noire cintrée. Noa fit passer son sweat gris par-dessus sa tête, s'assurant que Tristan ne regardait pas, et enfila le morceau de tissu fluide qu'on venait de lui prêter. Avec son jean gris délavé, le rendu n'était pas trop mal. Il passa la main dans ses cheveux et replaça son unique mèche de cheveux en arrière.
― Beau gosse, commenta Tristan railleur.
― Arrête tes conneries !
Noa ne croyait jamais un compliment. Il attendit encore un temps infini que son copain mette du gel, se regarde sous toutes les coutures dans le miroir, pire qu'un top model celui-là. Enfin, alors que Noa allait perdre patience, Tristan dû se trouver acceptable et décida d'y aller. La fête n'était pas trop loin, ils iraient à pied.
La nuit était tombée et le fond de l'air était encore un peu frais pour ce début de printemps. Les deux garçons marchèrent un moment avant de pénétrer dans un lotissement aux maisons cossues et aux jardins immenses. La maison de Sophie ne dénotait pas au milieu des autres, avec sa façade blanc immaculé et ses grandes baies vitrées.
Ce fut Sophie elle-même qui leur ouvrit la porte. Toute en robe, talons et paillettes, la discrétion incarnée quoi. Noa se fit la réflexion qu'il pensait rejoindre une simple fête un peu cool et que ça semblait être un peu trop pour lui. A peine leur hôte saluée qu'il avisa le buffet dans le coin du salon, le rejoignit en deux enjambées, attrapa une énorme part de pizza qu'il avala sans même prendre le temps de mâcher.
― T'sais, tas un truc dans la bouche, ça s'appelle des dents... Ça sert à mâcher.
Noa se retourna la bouche pleine pour voir une fille, toute petite et frêle. Sa tête de première de la classe et sa voix douce contrastaient totalement avec la multitude de tatouages sur ses bras. Elle l'observait d'un air désapprobateur. Il avala tout rond et sans lui répondre, prit une nouvelle part et lui tourna le dos, s'éloignant à grand pas. A présent, il avait soif. Adam était un peu plus loin, affalé sur le canapé, une bière à la main. Noa se laissa tomber à ses côtés. Ils se saluèrent en cognant leurs poings l'un contre l'autre.
― T'as d'jà trouvé les pizzas à c'que j'vois, se moqua Adam.
― Et toi les bières, rétorqua Noa.
― Yep, toujours sur les bons plans ! T'en veux une ?
Il se pencha pour attraper une bouteille à côté de lui. Il la décapsula d'une main experte et la tendit à son pote. Noa pris une rasade et se détendit un peu, on se sent toujours mieux le ventre plein. L'alcool n'était pas autorisé dans les fêtes de mineurs mais, il se trouvait toujours du monde pour en ramener, raison pour laquelle on en trouvait à foison. Il observa autour de lui, la lumière avait été éteinte au profit de spots colorés et les vibrations de la musique faisaient vibrer la boisson dans sa main.
Une piste de danse s'était improvisée dans un coin du salon et plusieurs personnes se déhanchaient déjà dessus. Noa observa les filles faire leur manège, elles riaient, se chuchotaient des confidences au creux de l'oreille. Tristan les avaient rejoints et dansait près de Sophie qui l'ignorait soigneusement. La fille qui avait réprimandé Noa près du buffet était appuyée contre le mur. Son regard accrocha celui de Noa à travers la pièce qui s'empressa de le détourner et de reprendre une gorgée de sa bière.
Adam à côté de lui enchaînait les verres. Il finirait sûrement bourré comme à chaque soirée, il ne s'estimait pas satisfait tant qu'il n'avait pas vomi. Au début, Tristan et Noa avaient tenté de l'empêcher de trop boire mais, c'était peine perdue. Estimant qu'il pouvait l'abandonner un peu, Noa, qui avait également déjà descendu trois bières et de la vodka, se dirigea vers la cuisine. Parmi une multitude de verres abandonnés, il trouva un gobelet qu'il estima propre et se servit un grand verre d'eau au robinet.
Puis, d'un pas décidé, alla rejoindre Tristan sur la piste de danse. Si sobre, Noa était réservé, ce n'était pas du tout le cas avec un peu d'alcool dans le sang. Aussi, déboula-t-il au milieu des danseurs, poussant tout le monde pour se faire une place et enchaîna les mouvements chorégraphiés. Les filles se mirent à crier pour l'encourager. Il se déhanchait, balançait les bras en haut, puis en bas. Alors qu'il replaçait sa mèche de cheveux sur le côté, il croisa encore une fois le regard de la fille du buffet. Il marcha droit vers elle et se pencha pour l'embrasser. Surprise au début, elle lui rendit son baiser sous les cris des personnes qui les entouraient. Il avait eu de la chance de ne pas se manger une baffe par la demoiselle !
C'était plus fort que lui, souvent en soirée Noa se comportait dans l'urgence, sans se préoccuper des conséquences, agissant à l'instinct. Le lendemain, lorsque des bribes de soirée lui revenaient, il n'était pas fier mais, il ne se maîtrisait pas. Que cherchait-il ? Il ne le savait pas lui-même.
Pour le moment, il était trop occupé, la langue de sa conquête du jour dans la bouche. Il la serrait fort contre lui, presque à l'étouffer. Il sentait sa chaleur contre lui, réconfortante. Il ébouriffa ses propres cheveux, séducteur. L'alcool le désinhibait complètement. Il savait que demain viendraient les regrets, un soupçon de honte de s'être laissé aller de la sorte, mettant ses failles à nu. Il savait pourtant aussi qu'il recommencerait à la prochaine soirée.
Il devait être trois heures lorsque Tristan le traîna hors de la maison de leur hôte. Noa le suivit sans discuter. Il attira son pote contre lui, parlant d'une langue pâteuse.
― Je t'aime toi tu sais ?
― T'es con toi tu sais !
Tristan le repoussa mais ils finirent finalement le chemin, bras dessus bras dessous. Noa, encore sous l'emprise de l'alcool, chantait assez fort et Tristan tentait vainement de le faire taire.
Noa ne pouvait s'empêcher de rire non plus. Lorsqu'ils arrivèrent chez son copain, celui-ci lui intima de faire moins de bruit, soucieux de ne pas réveiller ses parents. Ils balancèrent leurs chaussures au pied de l'escalier. Tristan rata une marche en montant, ce qui relança le fou rire de Noa, entraînant Tristan à rire aussi. Puis, ils s'affalèrent dans le lit de Tristan sans même prendre le temps de se dévêtir et s'endormirent en une fraction de seconde.
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Biensûr biensûr, si vous êtes mineurs, vous ne pouvez pas consommer d'alcool...
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