― Alors ?

Adam était penché au-dessus de l'épaule de Tristan, lui-même sur la pointe des pieds pour voir à travers les têtes devant lui. Il se tourna vers ses amis, un grand sourire sur le visage :

― Elle est absente !

― Yeeeeessss ! exulta Adam.

Ils s'éloignèrent du tableau des absences des professeurs. Madame Jeannette, leur professeur d'anglais ne serait pas présente pour la semaine entière et non remplacée aujourd'hui. Or, il se trouvait qu'ils avaient justement un double cours en cette fin d'après-midi. Ce qui leur offrait à présent une journée de cours raccourcie et deux heures de liberté.

― On pourrait profiter pour avancer sur la dissert' de français ? proposa Noa.

Adam et Tristan le regardèrent comme s'il était malade, voir dérangé psychologiquement. Noa haussa les épaules, capitulant devant une bataille perdue d'avance.

― Ça va, j'disais ça comme ça... Vous proposez quoi ?

― Terrain ? dit Adam.

― Terrain, affirma Tristan.

Le terrain était en fait un complexe de sport en extérieur situé juste en face de leur lycée, juste derrière la piscine municipale. Il leur arrivait assez souvent de s'y retrouver, le soir après les cours, voir même en week-end, pour traîner, fumer, faire quelques paniers de baskets, disserter sur plein de sujets. Adam proposa aux filles de se joindre à eux, et un petit groupe d'une dizaine d'adolescents quitta le lycée pour se rendre au terrain.

Par chance, il n'y avait pas de cours de sport cette après -midi, sans quoi, ils auraient été forcés de rebrousser chemin. Ils avaient récupéré un ballon de basket avant de monter et Adam proposa une partie. Ils avaient inventé un jeu qui consistait à se mettre en ligne et marquer un panier chacun son tour. Rien de transcendant, mais ils s'amusaient bien. Ce fut au tour de Noa qui jeta la balle à travers le cercle. Le ballon rebondit et Chloé, la petite amie d'Adam du moment l'attrapa. Elle visa, tira mais manqua le panier.

― Pas grave ma belle, dit Adam en profitant directement pour coller sa langue dans sa bouche.

Sophie, qui jouait après Chloé, marqua et Tristan l'applaudit vivement, déclenchant les moqueries du groupe. Ils jouèrent un moment comme ça avant de s'allonger à même le bitume. Noa avait posé la tête sur son sac, un bras replié sous lui. Sophie et plusieurs de ses amies étaient assises en tailleur à sa droite. Tristan s'était installé juste à côté d'elles. Adam avait sorti un paquet de clopes et s'amusait à faire des ronds de fumée au-dessus de sa tête, il s'était allongé, la tête de Chloé posé sur son torse.

― Hé Sophie, c'était qui la fille que Noa a pécho à ta soirée l'autre fois ? balança Adam.

Noa sentit son estomac se contracter mais il ne bougea pas d'un poil. Ca l'énervait que son pote remette ce sujet sur le tapis. Sophie se moqua, au souvenir de la soirée :

― Ah oui, c'est vrai ! Noa, notre tombeur... C'est ma voisine en fait. Elle est un peu bizarre, je l'avais pas vraiment invitée. Enfin bref, elle s'appelle Isaia. Elle t'intéresse Noa ?

Sophie s'était tournée vers lui, replaçant ses longs cheveux auburn sur le côté de son épaule. Noa grommela entre ses dents :

― Pas le moins du monde. C'est Adam qui mène son enquête.

― Attends, tu dis qu'elle est chelou, chelou comment ? le coupa Adam.

― Je sais pas trop, réfléchit Sophie. Déjà, t'as vu son look ? On dirait un garçon manqué...

Noa ne dit rien, il se rappelait surtout la finesse de ses traits, son joli sourire et son sens de la répartie. Sophie continuait :

― Puis ses tatouages... Non mais vraiment, c'est vulgaire chez une fille ! Je crois qu'elle fait surtout ça pour faire chier ses parents !

― Faut pas juger sur le physique, intervint Chloé. Moi je lui ai parlé un peu, elle a l'air sympa.

Elle se tut sous le regard que lui lança Sophie.

― Elle a surtout un beau cul, ajouta Adam qui se prit une tape sur le bras par sa petite amie. Mais au fait, pourquoi elle est pas au bahut avec nous? T'as pas dit que c'était ta voisine...

― Elle est dans une école privée il me semble. En plus ses parents sont divorcés, du coup elle n'est pas là tout le temps.

Noa se releva sur un bras. Il attrapa son portable dans la poche de son sac à dos et vit qu'il était déjà dix-huit heures.

― Bon j'vous lâche, je bosse ce soir en fait. Salut !

Il était bien content de partir de cette conversation. Il s'en fichait pas mal de savoir que la fille s'appelait Isaia, quelle était sa vie, puisque de toute manière, il ne comptait pas la revoir. Il était lourd Adam quand il s'y mettait parfois ! Le reste du groupe lui dit au revoir et il se dirigea vers l'arrêt de bus.

Il n'avait pas vu l'heure et embauchait à la demi. Le temps du trajet et de se changer, il allait probablement être en retard et il n'aimait pas se faire remarquer.

Il était dix-huit heures trente-deux lorsque Noa arriva devant son poste, il eut juste le temps de réajuster la charlotte en papier sur sa tête, qu'il devait porter pour l'hygiène, que Tom, son chef se plantait déjà dans son dos.

― Je n'aime pas les retards Noa, tu le sais. La prochaine fois, c'est une observation, compris ?

― Oui, désolé Tom.

Il se reconcentra car les bons commençaient déjà à sortir en rafale de la machine à commandes. Il attrapa les quatre tickets qu'il coinça sur sous la réglette de fer placée devant lui. Il y avait deux « Mortels », qui consistaient en des hamburgers sur cinq étages. Noa prit les steaks congelés dans le bac et les balança sur le grill. La viande commença à grésiller assez rapidement. Il attrapa la spatule et d'une main experte, les retourna pour une minute supplémentaire. Une fois les steaks cuits, il les déposa dans un bac gastro en inox à côté de lui.

Son collègue les récupéra pour assembler les sandwichs, ajouta la sauce et les condiments, puis les emballa en boîte cartonnée au logo du fast-food. « Chaud ! » cria Noa en déposant quatre steaks de plus dans le bac. Et ainsi se déroula sa soirée, dans un ballet bien orchestré. Le tout entrecoupé par la sonnerie qui indiquait qu'il fallait se laver les mains à intervalles réguliers.

Noa leva la tête vers les caisses qu'il apercevait de loin, dans le coin. Une longue file de clients s'allongeait encore, la pause n'était pas pour tout de suite. Il essuya la sueur qui perlait sur son front. Il devait descendre récupérer un carton de viande au grand congélateur en bas. Son collègue précédent avait mal rechargé, et c'est lui qui allait encore se faire engueuler. Quitter son poste en pleine affluence pour renflouer les stocks n'était pas quelque chose d'apprécié par Tom.

Il essaya de s'esquiver le plus discrètement et rapidement possible mais son responsable avait un œil de lynx. Il le bloqua à sa remontée :

― C'est exactement pour ça que je demande d'être à l'heure ! Pour vérifier le stock avant le service, regarde le bordel maintenant !

Effectivement, une bonne dizaine de bons étaient arrivés le temps que Noa descende et il allait clairement être dans le jus !

― Pour la peine, tu feras la ferm' ce soir.

Noa ne répondit pas, il accusait le coup. Il reprit son travail, le plus rapidement qu'il le put pour rattraper son retard. Il leva brièvement la tête et c'est alors qu'il la vit. Elle portait un pull dix fois trop grand pour elle, une capuche à oreilles de chat. Elle était visiblement en train de commander. Il essaya de se remémorer son prénom. Qu'avait dit Sophie déjà ? Isaia...

C'était étrange de la croiser juste aujourd'hui, alors que ses amis avaient parlé d'elle cet après-midi. Un grésillement particulièrement fort se fit entendre.

― Merde, les steaks !

Noa les retourna vite un à un avant qu'ils ne soient brûlés. Lorsqu'il regarda de nouveau vers la caisse, Isaia était partie.

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Hello, comme mentionné sur mon fil d'actualité, j'ai des soucis de concentration, j'ai du mal à écrire, du coup je grignote mon avance de chapitre s(j'en ai plus que 6 d'avance), je préfère ralentir les publications à une fois par semaine plutôt que de prendre le risque de me trouver en rade!

prochain chapitre, mercredi prochain donc!