CHAPITRE 49
Coucou ! Surprise ! Cela faisait un moment que je cherchais un moment pour ramener Shin à la vie, et c'est chose faite désormais !
CHAPITRE 49
Balthazar fut immensément soulagé de voir Théo se calmer. Lui-même était dans un état proche de la crise de panique. Shin était devant eux, bien vivants, et ils n'avaient ni l'un ni l'autre aucune idée de comment ils devaient gérer la situation. Cela changeait énormément de choses et c'était beaucoup trop. Le mage aida en premier lieu l'archer à s'asseoir. Il ne tenait pas vraiment debout, visiblement au moins aussi confus qu'eux deux. Le mage fouilla sa garde-robe et lui donna de quoi se couvrir, avant de l'accompagner à côté de Théo, qui peinait encore à retrouver son souffle.
Le mage finit par s'asseoir en tailleur devant eux. Tesla avait dit qu'elle ne voulait pas être dérangée avant une heure. Ils avaient donc un peu de temps devant eux pour discuter. L'archer jeta un coup d'œil circonspect à Théo, puis à Balthazar.
"Vous en faites une de ces têtes. Vous allez trouver ça drôle, mais je n'ai aucune idée de pourquoi je suis à poil, ni d'où est-ce qu'on est.
— De quoi tu te souviens ? demanda Balthazar, préférant y aller doucement."
L'archer réfléchit, puis écarquilla les yeux avant de se toucher le torse, complètement paniqué.
"Ma... Manaril, elle m'a... Elle m'a...
— Elle t'as transpercée oui.
— Mais comment ça se fait que je suis vivant alors ?
— Pour être honnête, je n'en ai pas la moindre idée. Tu es mort depuis huit mois, Shin. J'ai essayé de te ramener, vraiment, mais... Rien ne fonctionnait. Et là, te voilà, et je n'ai pas la moindre idée de comment tu as fait ça. On est à la Tour des Mages, et éventuellement dans une nouvelle mission pour sauver le monde, si tu veux tout savoir. Enoch est de retour."
Shin se tourna légèrement vers Théo, inquiet.
"Théo, ça va ? Tu es tout... pâle.
— Il... Il a besoin d'un peu de temps, répondit le mage à sa place. Ces derniers mois ont un peu été compliqués pour tout le monde... Certains plus que d'autres. On t'expliquera tout ça quand tu pourras marcher.
— Où est mon arc ?"
Théo et Balthazar se lancèrent un regard maladroit. Comment lui expliquer que son arc avait été enterré avec son armure dans un cimetière à des dizaines de kilomètres de là dans un cercueil scellé ? A bien y réfléchir, c'était peut-être trop d'informations pour un premier réveil. Ils décidèrent de simplement éviter la question. Le mage alla récupérer quelques outils sur son bureau et commença à prendre les constantes de Shinddha. L'archer se laissa faire, trop faire de toute manière pour protester. Icy s'était installée sur son épaule, accrochée à sa tête. Elle ronronnait comme un chat, visiblement ravie.
Pendant l'inspection, le demi-élémentaire ne cessait de lancer des regards étranges au paladin, visiblement perturbé. Le guerrier essaya d'éviter son regard aussi longtemps que possible, mais le moment où cela commença à lui taper sur le système ne tarda pas à arriver.
"Quoi ? grogna-t-il.
— Je ne veux pas être méchant ou quoi, mais ton aura est différente. Je... Elle ressemble à celle de Balthazar. C'est... Bizarre.
— Parce qu'il est partiellement démon, répondit le mage sans lui laisser le temps de choisir de répondre. C'est une longue histoire."
Le mage se lança dans l'exposé de leur situation, sans épargner aucun détail contrairement à ce qu'ils avaient raconté à Victoria. Le demi-élémentaire écouta sans mot, visiblement de plus en plus choqué à mesure qu'il prenait conscience du temps écoulé depuis sa mort. Théo resta silencieux, toujours incapable de réellement croire au retour de son ami. Il se sentait perdu, presque en train de rêver. Il n'osait ni regarder, ni toucher l'archer, comme si un simple contact pouvait le faire subitement s'évaporer. Balthazar termina son histoire en prenant un peu de sang à son ami, lui arrachant une grimace de douleur.
Après son récit, Shin resta silencieux, encaissant les différentes informations. Une en particulier avait retenu son attention.
"Donc tu risques de mourir ? dit-il, la voix tremblante. Et Théo aussi à cause du truc que vous avez fait ?
— Eh, je sais que la situation n'est pas exactement à son meilleur pour l'instant, grogna le mage. Mais il faut voir le bon côté des choses, on progresse et on se rapproche de notre objectif. On va bien finir par s'en sortir. Ne t'inquiète pas de ça pour l'instant."
La porte s'ouvrit sur Tesla, Grunlek et Mani. Le nain fit tomber tout ce qu'il avait dans les mains à la minute où il aperçut Shin. Son regard se remplit de larmes et il plongea sur le demi-élémentaire pour le serrer contre lui. Shin sourit et lui tapota doucement le dos. Interdits, Tesla et Mani restèrent en retrait, sans doute pas pour les mêmes raisons. Le télékynésiste était figé d'appréhension, alors que pour Tesla, il s'agissait davantage d'une surprise d'ordre scientifique.
"Lennon, comment... Qu'est-ce...
— Je n'en ai aucune idée, répondit le mage en haussant les épaules. Je vous jure que je n'ai rien touché.
— Enfin, Lennon, des morts ne reviennent pas à la vie comme ça ? Vous l'avez examiné ?
— Oui, et il va bien. Encore un peu faible, mais ça n'a l'air que temporaire."
Elle ouvrit et ferma la bouche, prise au dépourvue, avant de quitter la pièce en marmonnant. Grunlek, inconsolable, continuait de pleurer dans les bras de son ami. Il releva la tête pour remercier Balthazar, et prononcer un pseudo-sermon incompréhensible sur leur capacité à Théo et lui à rester hors des problèmes plus de cinq minutes. Il n'avait pas vraiment tort.
Shin finit par se relever de lui-même après encore quelques minutes. Il alla enlacer Mani, toujours immobile, qui parut soulagé d'un énorme poids à la seconde où les bras de l'archer l'encerclèrent. Après ça, le groupe décida de regagner les palais par le nouveau portail de Tesla, afin d'être plus tranquilles. La surprise fut tout aussi grande pour Victoria et Vendis de l'autre côté, choqués de le voir de retour alors qu'ils parlaient de ses funérailles il y avait seulement deux heures. La vie réservait parfois de drôles de surprises. Après l'euphorie générale, Balthazar expliqua ce qui s'était passé avec Enoch, et les visages se fermèrent de nouveau.
Théo le laissa gérer la situation et sans un mot de plus, décida de regagner ses quartiers. Il se sentait mal, sans doute à cause de la crise, mais aussi de son incapacité à accueillir Shinddha comme les autres l'avaient fait. C'était comme s'il ne ressentait rien. Il ferma la porte de l'appartement à clé derrière lui et se dirigea vers la salle d'eau. Ses mains tremblèrent légèrement alors qu'il croisait son regard dans le miroir. Shin n'avait pas menti, il était extrêmement pâle. Un haut-le-cœur le prit à la gorge et il alla vider le contenu de son estomac dans les toilettes.
"Qu'est-ce qui m'arrive, putain ? marmonna-t-il en s'asseyant au sol."
Son dos lui brûla soudainement. Il tomba contre le carrelage et poussa un cri de douleur. C'était comme si on plantait un couteau à répétition dans son dos, sans que pourtant rien ne l'attaque. Cela dura dix longues minutes, pendant lesquelles il ne put que subir. Et puis plus rien. Essoufflé, il resta allongé sur le dos, les larmes aux yeux et les poings serrés. Il se tourna douloureusement sur le côté, mais son poing glissa sur quelque chose d'humide. Ses yeux s'écarquillèrent d'effroi lorsqu'il découvrit que le carrelage dégoulinait de sang. Son sang.
Sa respiration s'accéléra, erratique. Il perdait le contrôle, il pouvait le sentir. Les premiers signes des crises. Il se colla contre le mur et mordit à pleine dents dans son poing pour se calmer et reprendre un semblant de calme. Il ne pouvait pas faire une deuxième crise aussi rapidement après la première. Quand il releva les yeux, il n'était plus seul. Enoch était assis nonchalamment sur l'évier, ses bras appuyés sur ses genoux et sa tête dessus, faussement joyeuse.
"C'est douloureux, hein ? se moqua-t-il. Je vois que mon fils n'a pas fait un exposé complet sur le pacte démonique. Se lier à un paladin, mais à quoi pensait-il ? Ton sang impur me dégoûte, dit-il en tirant la grimace."
Théo recula un peu plus contre le mur. Il n'avait pas son épée, il l'avait laissée sur son lit.
"Qu'est-ce que vous m'avez fait ? répondit-il en grognant de douleur.
— Une simple démonstration de tout ce que je peux faire de toi. Tu sais, les demi-démons ne sont pas à moitié démons pour rien. Mais s'ils sont trop indépendants pour être contrôlés comme d'autres idiots de démons mineurs, ils n'en restent pas moins liés par le sang à leur papounet adoré. Cela signifie que, certes, tu es désormais le gentil gros toutou de mon fils, mais aussi que je peux prendre le contrôle de ton corps quand je le veux, parce que nous avons une énergie proche et que je suis plus puissant. N'est-ce pas formidable ? Je pourrais te faire tuer tous tes amis pendant votre sommeil juste parce que je le peux.
— Vous mentez.
— Oh, vraiment. Théo, frappe-toi au visage."
Théo ne put contrôler son geste et son poing claqua douloureusement contre sa joue. Il glissa au sol en se tenant la gencive, tremblant.
"Je peux faire ce que je veux de toi. Sauf tuer Balthazar, mais que veux-tu, toute magie a ses limites. Je pourrais te tuer, ici et maintenant, mais j'ai décidé de m'amuser un peu. Chaque jour qui passe dans le désert, je te forcerais à tuer un de tes amis. Est-ce assez clair et simple pour ton petit esprit de mortel ? Je ne veux pas que vous atteigniez la maison de Simaë. Vous n'y arriverez pas de toute manière. Maintenant que j'ai de nouveau les pleins contrôles de mes pouvoirs grâce aux Codex, dit-il en tapotant le livre fusionné dans sa poitrine, je pourrais déclencher l'apocalypse rien qu'en levant le petit doigt. Je ne m'inquiète pas trop, je sais que tu sauras répéter mon message à ton "maître". Après tout, tu es programmé pour répondre au moindre de ses désirs désormais. Je suis impressionné. Je ne pensais pas que votre relation pouvait devenir plus malsaine qu'elle ne l'était déjà. Quand il sera mort, je te prendrais volontiers sous mon service. En tant qu'animal de compagnie, ou quelque chose du genre. Après tout, c'est pour ça que les démons ont créé les esclaves, n'est-ce pas ?"
Il sourit, puis se leva pour venir lui tapoter la tête. Théo voulut se rebeller, mais un seul regard d'Enoch tétanisa ses membres et le força à baisser la tête en respect.
"J'aime mieux ça, dit-il avec provocation. Reste à ta place, pauvre rejeton de l'humanité. Je n'ai malheureusement pas plus de temps pour m'amuser un peu avec toi. Mais je suis sûr que ton petit propriétaire appréciera le message que je lui ai laissé dans ton dos. Transmets-lui bien mes salutations. Et n'oublie pas mon avertissement. Amuse-toi bien."
Il disparut dans un nuage noir et l'atmosphère pesante qui régnait autour de lui s'éclaircit légèrement. Les pensées de Théo retrouvèrent un semblant de normalité. Il se releva maladroitement, et s'approcha de la bassine d'eau pour rincer ses égratignures. Il sentait que tout était déjà cicatrisé, sans doute pas de manière normale. Il s'avança devant le miroir, et se retourna. "Gros toutou d'Enoch" était gravé dans sa peau. Il frissonna de dégoût. Il serra les poings et regagna sa chambre. Non, il devait transmettre les salutations du démon à Balthazar. C'était un ordre. Il tenta de résister, mais le lien était trop fort. Alors il déverrouilla la porte et sortit, encore torse nu.
Balthazar arrivait dans le couloir avec Shinddha. Dès qu'il aperçut Théo, il fronça légèrement les sourcils, inquiet.
"Théo, où est-ce que tu étais ? Tu es parti sans rien dire à personne et...
— Enoch te transmet ses salutations, répondit sombrement le paladin en se tournant."
Il entendit le mage glapir de surprise. Libéré de son "devoir", Théo se tourna vers le mage avec un regard noir.
"Il sait pour le désert. Et il compte se servir de moi pour arriver à ses fins."
Le mage poussa un soupir, et les trois aventuriers retournèrent à l'intérieur de la pièce pour en discuter plus calmement.
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