CHAPITRE 30
Coucou ! Déjà 30 chapitres pour cette fanfiction ! Le temps passe vraiment vite, n'est-ce pas ? C'est parti pour les retrouvailles de Bébé Lennon avec Maman Lennon.
CHAPITRE 30
La mère de Balthazar, Maria Lennon, les invita à entrer dans sa petite chaumière. Théo passa le premier, s'attirant un regard hostile de son hôte à la vue du symbole de l'Eglise de la Lumière sur son plastron. Grunlek et Cyrielle lui emboitèrent les pas, et enfin Balthazar, à pas traînants. La vieille femme débarrassa les grands canapés du salon et les invita à s'asseoir. Théo déposa sa lourde armure au sol avant de rejoindre les autres. Pour une quelconque raison, il se sentait mal à l'aise de la porter ici.
La femme aux longs cheveux blancs et raides flottait dans un robe d'un rose pétillant en contraste parfait avec tout ce qui se trouvait autour d'eux, terne et mort. Elle partit chercher une carafe de thé puis partit se faire une place aux côtés de son fils. Sa robe bouffante s'étala comme les poils de ces chiens de berger qui ressemblaient à des serpillères.
"Je n'arrive pas à le croire, chuchota Maria une fois qu'ils furent tous installés, la main perdue sur le visage de son fils. Tu as tellement grandi. Et ces écailles... Tes yeux me disent que tu es passé par beaucoup d'épreuves.
— En effet, répondit l'intéressé d'une petite voix. C'est une longue histoire.
— Qui sont tes amis ? demanda-t-elle en pointant le reste du groupe d'un signe de tête."
Balthazar se leva et vint s'asseoir à côté de Théo, comme pour mettre un maximum d'écart entre sa mère et lui. Grunlek décida de répondre étant donné qu'il n'était pas motivé par le faire.
"Grunlek. Voici Cyrielle et Théo.
— Un Silverberg, hein ? demanda immédiatement la femme en plissant les yeux. Pourquoi ça ne m'étonne qu'à moitié ? Ce menton carré, ces deux yeux bleus de vipère, tu es le portrait craché de ton père. Balthazar, qu'est-ce que tu fais avec deux paladins ? Tu as des ennuis ? Ils te retiennent en otage ?
— Non, non bien sûr que non, rit le mage. Ce sont mes amis. Grunlek et Théo ont pris soin de moi pendant toutes ces années. Je voyage avec eux. Il n'est pas aussi... Froid que tu ne peux le penser."
Maria plissa les yeux avant de détourner le regard du paladin, qui en souffla de soulagement. Il ne s'était encore jamais senti aussi nerveux, quand bien même il n'avait aucune raison de l'être. Contrairement à Balthazar et à son père, cette femme lui paraissait tellement "normale" que ça le mettait mal à l'aise. Il n'avait plus l'habitude des échanges sociaux non-hostiles ou intéressés.
La mère de Balthazar déposa des tasses sur la table et commença à servir le thé. Théo détestait le thé mais se garda bien de le dire à voix haute. Il ne comprenait pas ce délire de mettre de l'herbe dans de l'eau chaude et attendre que ce qui en ressorte ait un arrière-goût avant de le donner à boire. Cela ne semblait pas déranger pour autant ses compagnons, y compris Balthazar qui rechignait lui aussi à en boire lorsqu'ils campaient. Il n'y avait que Grunlek, Mani et Shin pour ingurgiter cette horreur et l'apprécier. Foutues créatures de la forêt. Quand bien même Grunlek vivait dans une montagne. Ce n'était rien d'autre qu'une forêt de pierres.
Elle se rassit ensuite dignement et reprit la conversation là où elle l'avait arrêté.
"J'espère que tu dis vrai. Le dernier Silverberg qui a franchi ma porte s'est révélé être... problématique. D'ailleurs, pourquoi es-tu ici ? Ne me fais pas croire que ce n'est qu'une visite de courtoisie. Un paladin de la Lumière par ici, outre la provocation évidente vis à vis de l'Eglise du Feu, c'est rare et inhabituel. Que cherches-tu ?
— Je... Je cherche des informations sur mon père, et sur le sien, ajouta Balthazar en pointant Théo."
Elle se figea. Ses mains tremblèrent légèrement et elle reposa sa tasse sur la table basse. Théo n'était pas très doué en émotions humaines, mais il comprit immédiatement qu'elle avait deviné de quoi ils allaient parler. Elle était au courant. Cela simplifierait les choses.
"Depuis quand ? murmura-t-elle dans un souffle. Quand est-ce arrivé ? Mon dieu, Balthazar, tu ne devrais même pas être debout... chuchota-t-elle, horrifiée.
— Je vais... bien. J'ai vécu une période difficile, mais Tesla m'a stabilisé. Tu es donc au courant pour ma malédiction, reprit-il plus sérieusement. Pourquoi ne jamais m'en avoir parlé ?
— Parce que c'était du suicide ! Si je t'en avais parlé avant, tu aurais foncé tête baissée pour aller tuer sa sœur, réagit-elle en pointant Théo de la tête. Ce sont des paladins, que crois-tu qu'il se serait passé ? Et puis, ton père, cracha-t-elle, amère, avait promis de trouver une solution. Mais il faut croire que, comme d'habitude, ce lâche a rompu sa parole.
— Nous cherchons une solution pour éviter qu'il n'y ait des morts, intervint Grunlek d'une voix plus posée. Nous tenons autant à Victoria qu'à Balthazar, et nous ne pouvons pas simplement les regarder mourir sans rien faire. Nous sommes venus pour trouver des éléments pouvant nous aider dans les affaires de votre... mari, dit-il en butant sur le mot."
Maria claqua de la langue, agacée. Elle lança un regard mauvais à Théo.
"Tout ça, c'est de la faute de leur lignée. Si Archibald n'avait jamais croisé la route d'Enoch, la situation serait tout autre aujourd'hui.
— Ce n'est pas la faute de Théo, trancha Balthazar, crispé. Il est là pour aider, que ça te plaise ou non.
— Je ne sais pas ce que tu cherches, fils, mais tu trouveras peu ici. Toutes les affaires de ton père sont au grenier, mais il reste bien peu de choses. Il a emporté beaucoup de choses la dernière fois qu'il est venu.
— C'était quand ?
— Avant l'Âge de Fer."
Balthazar fit la grimace. Cela signifiait qu'il avait tout avec lui sur l'Île des Intendants. Celle-ci ayant été presque intégralement détruite après le passage du titan, leurs pistes s'amincissaient. Ils devraient faire avec.
"On va devoir s'en contenter, intervint enfin Théo. On n'a pas le choix, le temps passe et toi, tu n'as que quelques mois avant la prochaine crise, je te rappelle. Si on recoupe les informations avec ce que j'ai récupéré de mon père, on arrivera peut-être à reconstituer ce qu'il s'est passé.
— Vous cherchez la Sorcière, répondit Maria. Elle habite dans l'est du Cratère, tout près des grands champs où ce sont déroulées les dernières grandes guerres démoniques. Ce sont des terres arides et mortes, plus rien n'y pousse. Le feu et la magie ont tout détruit pour plusieurs millénaires. On dit même que l'âme des morts hante encore les lieux la nuit. La femme dont vos deux pères ont abusé est toujours vivante, mais j'ignore si elle est restée là bas. J'ignore aussi si elle vous recevra. Quand nous y sommes allées, avec Isabelle et Simaë, elle n'était pas commode.
— Avec qui ? demanda Théo. Enfin, je sais qui est Isabelle, c'est ma mère, mais qui est Simaë ?"
Elle se tut un instant et plongea son regard dans celui du paladin.
"Ce n'est pas à moi de l'expliquer. C'est... C'est une chasseuse de démons. Elle est une autre victime de vos deux pères. Mais elle l'a été volontairement. Son fils vit encore, non loin d'ici. Il vous expliquera mieux que moi."
Elle soupira, avant de relever les yeux vers son fils, troublé. Théo comme Balthazar réalisaient peu à peu qu'ils ne connaissaient absolument rien de leurs géniteurs, finalement. Mis à part l'espère de mythe sur lequel il avait bâti son enfance, le paladin sentait la situation lui glisser entre les doigts. Qu'avait fait son père de si horrible pour que tout dérape à ce point ? Et quel rôle y avait joué la mère de Balthazar ? Leurs familles entretenaient de toute évidence des liens proches à un moment de leur histoire, alors que c'était-il passé ? Il se sentait perdu et dépassé par les événements.
"J'ai une chambre à l'étage et les canapés du salon, reprit calmement Maria. Répartissez-les comme bon vous semble, vous êtes ici chez vous tant que vous en avez besoin. Je vous demanderais simplement de ne rien toucher à ce qui se trouve dans la cave, c'est... dangereux.
— Tu vends toujours tes potions alors ? s'amusa Balthazar.
— Oui. Sorcière est bien plus lucratif que femme de ménage, tu en conviendras. Et puis ton argent m'a permis d'installer correctement mon commerce.
— Ravi de l'apprendre."
Elle sourit fièrement avant de se lever et de prendre la direction de la dite-cave. Les aventuriers se concertèrent du regard. Balthazar conseilla de laisser la chambre à Cyrielle et Grunlek, n'étant pas certain de passer dans le lit à cause de sa taille. Le nain et l'écuyère quittèrent ensuite leurs amis pour s'installer. Balthazar et Théo se retrouvèrent en tête à tête.
"Et maintenant ? demanda Théo. On a plusieurs pistes.
— Je descendrais les archives de mon père demain, on va passer quelques heures dessus, voir ce qu'on peut en tirer. Il faudra ensuite se pencher sur le cas de cette Simaë. Son fils pourrait être lié à nous d'une manière ou d'une autre, il n'est pas bon de négliger cette piste. Il faut également penser aux Codex et trouver des pistes. Il y a une grande bibliothèque en centre-ville qui pourrait nous aider, si compté que l'on ne m'ait toujours pas reconnu d'ici-là. Parce que à partir du moment où ils sauront qui je suis, on aura de gros problèmes sur le dos. Mon nom est... lié à de mauvais événements ici."
Théo resta silencieux, avant de sortir une des orbes lumineuses de ses poches. Balthazar fronça immédiatement les sourcils et eut un mouvement de recul.
"On a un autre problème, dit calmement le paladin. Je ne voulais pas en parler immédiatement, parce que c'est pas aussi important, mais... Tu sais ce que c'est ?
— Une orbe mémorielle. Ces petites choses valent chères. Où est-ce que tu as trouvé ça ?
— A la Tour des Mages. Mani et moi avons mis la main sur une salle remplie de ces choses. Et elles parlent toutes de toi.
— De... moi ?"
Le mage tendit la main pour s'en saisir, Théo retira vivement la boule. Il se mordit la langue. Etait-ce vraiment une bonne idée de lui montrer ? Le mage l'avait prévenu des risques de représailles si ça arrivait. Balthazar fronça les sourcils, inquiet. Théo finit par lui tendre l'objet dans un soupir. Les yeux de son ami devinrent uniformément noirs au contact de l'objet. Il resta immobile comme ça presque deux longues minutes avant de revenir à lui. Il reposa la boule sur la table comme si elle l'avait brûlé.
Théo baissa la tête. Il ne savait pas quoi lui dire pour essayer de le réconforter un peu. Ce qu'ils avaient tous les deux vus dans ces images valaient mieux que tous les mots du monde.
"Combien il y en a d'autres ? demanda Balthazar d'une voix blanche. Tu... Tu les as regardé ?
— J'en ai vu quelques unes, oui. Et c'était pas beau à voir. J'ai essayé de retrouver le salaud qui a fait ça, mais Tesla le couvre. J'ai presque réussi à lui faire face, peu avant notre départ. Je sais qu'il travaille avec la Mêta-Lignée actuellement. Il m'a menacé de s'en prendre à nous si je te montrais tout ça. Mais je ne pense pas que ce soit la meilleure solution.
— Je me souviens de ça. En tout cas, maintenant. Ça explique mieux les trous de mémoire à l'Académie et mes pertes de contrôle inexplicables... Je... Je ne sais même pas ce qu'ils m'ont fait. Il faut que je vois les autres. Tu les as sur toi ?"
Théo hocha tristement la tête. Une longue nuit s'annonçait. Ils n'étaient pas prêts d'aller se coucher.
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