CHAPITRE 23
Eh, on finit l'année comme on l'a commencée : dans le drama le plus total. Je vous souhaite en avance un très bon réveillon du Nouvel An et on se retrouve la semaine prochaine !
CHAPITRE 23
Théo n'avait pas revu Balthazar et Victoria depuis son arrivée. Cependant, maintenant qu'ils les avaient devant les yeux, il n'était plus certain de vouloir rester. Les deux personnes les plus importantes de sa vie étaient allongées là, couvertes de trop nombreux fils reliés à des machines bruyantes. Il prit une inspiration et s'avança timidement vers le fauteuil installé entre les deux à son intention.
Il resta un moment immobile avant de les regarder. Il ne savait pas s'il s'agissait du temps passé loin d'eux, mais il les trouva effroyablement pâle. La condition de Balthazar s'était aggravée. Son corps était recouvert d'écailles rouge sang, certaines encore sanguinolentes. Pour faire des prélèvements, les mages avaient du en arracher certaines et le résultat n'était vraiment pas beau. Il avait maigri, tout comme Victoria. Les sondes les maintenaient en vie, mais il était difficile de combler les bienfaits de vrais repas.
Sa grande sœur n'était pas en meilleur état que lui. De grandes cicatrices, restes de l'explosion qui l'avait plongée dans cet état, étaient visible sur son torses et ses bras. Elle avait bien morflé. Ses longs cheveux blonds emmêlés lui rappelèrent un instant son enfance. Son père la disputait souvent en disant qu'elle ne pouvait pas se permettre de ne pas se coiffer si elle voulait un jour rentrer dans le paladinat. Les grandes aiguilles plantées dans sa peau le firent frémir d'effroi.
La situation était de plus en plus désespérée.
La porte s'ouvrit, Tesla resta un moment à l'entrée, hésitante, avant de rentrer et fermer derrière elle. Elle vérifia d'abord les constantes vitales de Balthazar, puis celles de Victoria, avant de se tourner vers Théo.
"Je suis désolée de ne pas avoir donné plus de nouvelles jusqu'à présent. Ils n'étaient pas stables et réussir à les faire "cohabiter" s'est révélé bien plus complexe que prévu.
— Parce que c'est le cas, maintenant ?
— Oui, dit-elle, triomphante. Leurs énergies opposées, démoniaque et lumineuse, rentraient constamment en conflit et les affaiblissaient tous les deux. Nous avons injecté un peu de sang de l'un à l'autre pour que leur organisme accepte l'autre psyché de force. Sur votre soeur, tout s'est bien passé. Sur Lennon, ça a été plus compliqué, étant donné que son démon n'est pas des plus coopératif. C'est ce qui a causé ses deux arrêts cardio-respiratoires. Mais la crise est passée et ses constantes sont revenues à la normales. Le chemin est encore long pour trouver quel type de malédiction les lient et la manière de la défaire, mais c'est déjà un énorme bond en avant."
Elle s'assit quelques secondes sur le lit de Balthazar et lui effleura les écailles. Théo fronça les sourcils. Y avait-il quelque chose entre les deux mages ? Pourquoi est-ce que ça l'énervait ? Pourquoi est-ce qu'il se posait seulement cette question d'ailleurs ?
"Cet après-midi, nous allons essayé de les réveiller, annonça t-elle. J'ai terminé une potion qui devrait leur permettre de vivre plus ou moins normalement le temps d'identifier le problème. Ils devront rester sous surveillance, mais cela nous octroieras un répit temporaire. Le seul problème, c'est que tôt ou tard, ce qui les ronge va combattre la potion et ce sera retour à la case départ.
— Combien de temps ?
— Difficile à dire. Dans le meilleur des cas, six ou sept mois. Mais comme nous ne connaissons pas leur malédiction, nous pourrions être surpris. Quelques jours, quelques mois, c'est difficile de répondre. Une fois réveillés, nous espérons qu'ils pourront nous en dire plus."
Elle garda le silence un instant avant de redevenir sérieuse.
"Je ne sais pas si Balthazar sera lui-même à son réveil. Les quelques fois où on l'a éveillé, ça ne s'est vraiment pas bien passé. Nous allons l'immobiliser du mieux que nous le pouvons, mais si jamais la situation dégénère vraiment, nous aurons besoin de vous pour...
— Oui, je comprends. Espérons qu'il n'y ai pas besoin d'en arriver là."
Le paladin resta un long moment à détailler le visage de Balthazar avant de se mordre la lèvre. Tesla le regarda hésiter un long moment avant qu'il n'ouvre finalement la bouche.
"Est-ce que l'Académie expérimente sur des sujets humains ? demanda-t-il de but en blanc."
Tesla se crispa sur la couverture. Il en déduisit qu'il s'agissait d'un sujet sensible. Elle prit le temps de retrouver une expression neutre avant de prendre la parole.
"Cela se faisait dans le temps, mais c'est interdit depuis près d'un siècle, par question d'éthique.
— Mais des personnes ont outrepassé l'interdiction ?
— Je sais ce dont vous voulez parler, et c'est un terrain glissant, grogna-t-elle. Je vais être honnête, oui. Oui, il y a une vingtaine d'années, une équipe de jeunes mages sous la tutelle de l'archimage de l'époque a effectué une série d'expériences interdites sur des sujets humains, et plus particulièrement sur des mages de première et seconde années. Ils étaient protégés par l'archimage et nous autres professeurs devions fermer les yeux pour ne pas devenir un "témoin gênant". Plusieurs professeurs ont perdu la vie en essayant de s'insurger contre ces méthodes."
Théo serra les poings. L'entendre le mit encore plus en colère. Elle était au courant et n'avait absolument rien fait pour l'aider. Le paladin pointa la cicatrice sur le torse de Balthazar, celle qui hantait ses cauchemars ces derniers jours.
"Lennon était un des cobayes, finit-elle par lâcher devant son air accusateur. C'était une proie facile. Il se laissait marcher dessus, son démon l'empêchait de se dévoiler au grand jour. Il avait peu de famille également, sa disparition serait passée inaperçue si les expériences tournaient mal. Ce serait mentir de vous dire que nous avons essayé de le sauver. C'était un demi-diable, et les mœurs de l'époque, vous les connaissez parfaitement. Nous étions encore un établissement relié aux ordres de la Lumière à l'époque et nous ne pouvions nous permettre de défendre un hérétique sous peine d'y laisser notre peau nous aussi. Alors nous avons laissé faire, jusqu'à ce qu'il soit détruit physiquement et moralement. Lorsqu'il ne l'a plus supporté, il a tué l'archimage, puis ses apprentis, avant de fuir l'académie. Nous ne l'avons plus revu avant... Eh bien, avant il y a quelques mois, lorsque vos amis nous ont libéré du cercle temporel. J'ai été la seule à l'aider à fuir. Pas pour les raisons que vous pensez. Je voulais simplement devenir archimage. Vous pouvez me juger si vous le voulez, mais si vous étiez à ma place à l'époque, vous auriez agi exactement comme moi."
La froideur avec laquelle elle raconta l'histoire de son ami terrifia Balthazar. A quel point avait-il souffert ? Combien de temps cela avait-il duré ? Il serra les poings de rage. S'il avait été là, il aurait forcément agi. Il l'avait bien fait dans les cellules de sa propre église, alors qu'il devait être exécuté le lendemain.
"Il ne se souvient de presque rien, tenta de le rassurer Tesla. Chaque expérience se soldait par une suppression de la mémoire, afin d'éviter les problèmes. Lennon ne sait probablement même pas d'où viennent ces cicatrices. Je vous conseille de ne pas ouvrir les brèches de son passé. Il n'a pas besoin de savoir, de revivre ça.
— Sauf votre respect, ce n'est pas à vous de décider s'il a le droit de savoir ou non, répliqua Théo d'un ton glacial."
L'archimage baissa les yeux. La culpabilité brillait dans son regard, mais elle ne toucha pas le paladin. Il la voyait sous un nouveau jour. Cependant, toute cette histoire n'expliquait pas la présence des documents de Balthazar dans le laboratoire.
"Quelqu'un a survécu ? Après l'attaque, je veux dire ?
— Oui. Un des apprentis, un garçon de troisième année. Il travaille encore ici. Il est professeur.
— Et vous osez l'autoriser à travailler après ce qu'il lui a fait ?!
— C'est plus compliqué que ce que vous croyez. Il n'est plus dange...
— J'ai trouvé une putain de pièce qui parle de Balthazar comme d'un putain d'animal, réagit le guerrier d'une voix macabre. Les dernières entrées remontent à la semaine passée. Ne venez pas me dire qu'il n'est pas dangereux. Je suis pas un idiot, et je vais certainement pas le laisser continuer. Si je croise sa gueule dans un couloir, ne venez pas chialer parce que je lui aurais planté mon épée dans le cœur."
Ses yeux s'écarquillèrent de surprise.
"Je n'étais pas au courant, je vous le promets, je...
— Fermez-la. Juste, fermez-la. Ce type de personne, j'en ai croisé des centaines. Des meurtriers, des violeurs, des tueurs parmi les pires ordures. S'il y a bien une chose que j'ai appris, c'est qu'ils ne s'arrêtent jamais. Ils n'ont aucun remord, et tout le monde est au courant. S'il est toujours ici, alors vous êtes sa putain de complice. Allez vous faire foutre."
Le paladin se leva et quitta la pièce, furieux. Il traversa le couloir pour rentrer dans la chambre qu'il partageait désormais avec Mani et Cyrielle. La jeune fille et l'elfe sursautèrent quand la porte s'ouvrit avec brutalité. Théo se jeta dans son lit et hurla sa haine dans son oreiller, sous les regards choqués de ses deux compagnons. Ils se regardèrent, sans savoir quoi faire exactement pour calmer sa colère.
Cyrielle décida finalement d'intervenir. Elle s'avança prudemment pour s'asseoir sur le rebord du lit. Elle posa une main sur l'épaule de Théo et attendit. Le paladin ne réagit pas au premier abord, mais le contact lui fit du bien et il se calma peu à peu. Après cinq minutes, il se redressa doucement, le regard sombre. Ses deux yeux bleu électrique se tournèrent vers l'elfe.
"Je t'ai aidé au moment où tu en avais besoin, alors je veux que tu fasses la même chose pour moi. Je veux trouver l'enfoiré qui travaille sur Balthazar et le buter de mes mains.
— Théo... appela Cyrielle. Ce n'est pas une bonne idée. La vengeance par le meurtre n'apporte jamais rien de bon.
— T'es avec moi ? continua Théo en fixant l'elfe, l'ignorant.
— Vous êtes trop en colère, prenez le temps d'y réfléchir. S'il vous plaît.
— Oui, répondit Mani simplement.
— Bien."
Le paladin saisit son épée et quitta la chambre, Mani sur les talons. Cyrielle, en plein désarroi, les regarda partir avec impuissance. Elle se leva et courut vers la chambre de Balthazar. Elle devait arrêter ça.
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