CHAPITRE 15

Coucou ! On part à l'aventure en compagnie de Théo. C'est parti pour une quête plein de rebondissements :D

CHAPITRE 15

Théo effleura sa nouvelle armure du bout des doigts. L'acier était frais, la teinte plus sombre que la précédente. Un tout nouveau départ se profilait à l'horizon. Il poussa un soupir d'aise et releva la tête vers le miroir. Il s'était rasé pour la première fois depuis ce qui s'était passé et se sentait davantage en paix avec lui-même. La nuit avait calmé les esprits. Pas même un cauchemar était venu la troubler. Il devait rester concentré, la route qui s'annonçait était loin d'être sans risques.

"C'est bizarre de te voir dans une armure noire. Tu fais très chevalier des ténèbres, se moqua gentiment Grunlek. Ne la garde pas quand Balthazar va se réveiller, il va penser que tu viens l'achever."

Le visage du paladin s'étira d'un demi-sourire et il se tourna vers Grunlek. Le nain lui sourit en retour.

"Ma proposition tient toujours, reprit-il. Une fois tout ça terminé, il y a de la place à Fort d'Acier pour toi. J'aurais bien besoin d'un chevalier des ténèbres pour fermer le clapet des harpies du Conseil.

— Je vais y réfléchir, dit-il.

— Ah, déjà, ce n'est pas un non. Donc je considère que j'ai gagné."

Théo ne répondit rien. Le nain y mettait du sien, mais le cœur n'était pas à la fête. Ils savaient tous les deux ce qu'ils risquaient de perdre. Deux coups forts furent tapés à la porte. Les aventuriers se lancèrent un regard curieux avant de regagner le salon. Un soldat se tenait droit à côté d'une jeune femme un peu timide.

"Monsieur, annonça le soldat, cette jeune femme avance qu'elle devait absolument vous voir.

— Oui, vous pouvez disposer."

L'homme inclina la tête et sortit. Cyrielle s'avança timidement. Théo remarqua immédiatement le froncement de sourcils de Grunlek, mi-curieux, mi-surpris. Le paladin se dirigea vers un tiroir et en sortit deux seaux. Il les tendit à la jeune fille. Les larmes lui montèrent rapidement aux yeux, même si elle essayait de les contenir.

"Merci beaucoup, Messire, articula-t-elle difficilement sous le coup de l'émotion. Ce geste veut dire beaucoup pour ma mère et moi. 

— C'est normal. Tu es libre pendant deux ou trois mois ?

— Théo, tu n'es pas sérieux là ? demanda Grunlek. 

— C'est sur le terrain qu'on apprend le mieux."

La jeune fille se plaça au garde-à-vous, le regard déterminé. Un sourire étira le visage du paladin. Elle avait de la fougue et de la combativité, juste comme lui à son âge. Si Victor l'avait emmené en mission à cet âge-là, il était certain qu'il aurait beaucoup plus appris qu'à l'école. Et il comptait bien offrir cette chance à sa nouvelle protégée.

"Où partons-nous ? demanda-t-elle.

— Dans le sud, à la Tour des Mages. On doit y escorter ma sœur pour qu'elle aille se faire soigner. Je te laisse la journée pour te préparer, rendez-vous au crépuscule aux écuries. Bienvenue dans l'équipe, gamine."

Elle lui offrit un grand sourire et quitta la pièce. Grunlek se tourna vers lui.

"Qu'est-ce que tu fais au juste là ? Qui est-ce ?

— Mon écuyère, Cyrielle. Je l'emmène en apprentissage.

— Théo, ce n'est pas une mission d'escorte classique où l'on combat des gobelins là. Il y a des enjeux et des risques mortels. Tu vas la mettre en danger inutilement. Tu fais du transfert affectif sur cette gamine, si elle se blesse pendant le voyage, ou pire, c'est toi qui va tout prendre.

— Qu'est-ce que tu en sais ? grogna le guerrier, sur la défensive.

— Parce que j'ai vu Balthazar faire exactement la même chose sur Victor après ta mort, et que ça l'a presque détruit de comprendre qu'il n'était pas toi."

Le paladin ne trouva rien à répondre à ça. Il détourna le regard.

"Je ne suis pas Balthazar.

— Et cette gamine n'est pas Victoria, affirma Grunlek."

Théo baissa la tête. Il avait raison, certes, mais il ne comptait pas céder. Il ne pouvait l'avouer à voix haute, mais l'idée de se retrouver seul avec le silence le terrifiait. Il avait besoin de s'occuper l'esprit, de penser à autre chose. Il se sentait incapable de partir sur les routes avec juste la vie de sa sœur entre ses mains. 

"Je sais ce que je fais. S'il te plaît.

— Je ne peux pas t'en empêcher. Ce n'est que mon avis. Tu vas me manquer, s'adoucit le nain. Tu as intérêt à me tenir au courant tout au long de la route. Surtout si tu dois faire preuve de diplomatie à un moment ou un autre.

— Promis."

Théo redevint sérieux.

"Dès que tu repars, emmène Mani et Menki Dal avec toi. Ils ne sont pas en sécurité ici. Pas avec Fineas toujours dans les parages.

— Je veille sur eux, je te le promets."

Ils s'étaient tout dit. Théo le laissa pour vaquer à ses occupations de la journée : de la paperasse, en majorité, mais aussi l'achat d'une nouvelle épée et le choix des chevaux. Il partait avec une charrette cette fois, et devait l'équiper en conséquence. Il opta pour deux juments de trait à la robe noire. Lui porta son intérêt sur un étalon à la robe grise parsemée de taches brunes, principalement à cause de son nom, sans qu'il ne puisse vraiment l'expliquer : Sébastien. De grandes mèches noires lui tombaient devant les yeux et, d'après le vendeur, il était capable de produire des sons si étranges que des comédiens l'avaient une fois embauché pour créer un orage sur scène. Quoi qu'il en soit, l'animal lui plut bien.

La journée se termina au marché. Théo acheta des provisions pour la route, de l'équipement de rechange pour la charrette et quelques potions de soin. Même s'il était décidé à emmener Cyrielle avec lui, Grunlek avait raison sur un point. Elle était inexpérimentée et il ne voulait pas qu'elle se blesse sans solution de secours. 

Lorsqu'il rentra au palais, la jeune fille l'attendait déjà devant les écuries. Elle portait une armure légère en cuir renforcé, les cheveux soigneusement replié en chignon. Une épée pendait à sa ceinture, ainsi qu'une fine dague et une bourse. Elle sourit au paladin, troublé par la force qu'elle dégageait. Cyrielle vint se mettre au garde-à-vous devant lui.

"Repos, lui dit-il en souriant. Pas besoin de toutes ces manières avec moi. Et appelle-moi Théo, s'il te plaît."

Elle hocha la tête, mémorisant l'information. Grunlek sortit du palais et se rapprocha d'eux. Il tendit un collier à Théo. Il le prit et le passa autour de son cou.

"Tu as intérêt à l'utiliser ou je te crie dessus jusqu'à ce que tu le passes à Cyrielle. Veille sur lui, dit-il à la jeune femme, ne le laisse pas faire trop de bêtises.

— Promis, votre Majesté.

— Bienvenue dans la famille, ajouta-t-il. Je dois repartir, dit Grunlek à l'attention de Théo, on m'attend en salle de réunion. Fais attention à toi et évite de t'attirer des problèmes. Et tiens-moi au courant dès que tu en sais plus pour Balthazar.

— Je ferai attention."

Le nain vint lui serrer les jambes avec affection. Théo, mal à l'aise, se contenta de lui tapoter la tête pour le rassurer. Il le lâcha finalement et l'encouragea du regard. Le paladin le comprit comme un signal de départ. Il jeta un coup d'œil à l'arrière de la charrette. Victoria était enveloppée d'une coque de psyché bleue. Curieux, Théo approcha la main. Elle était dure comme de l'acier. Rien ne pouvait passer au travers. Rassuré, il se tourna vers Cyrielle.

"Je vais monter avec toi sur la charrette jusqu'à ce qu'on soit en dehors de la zone urbaine. Ce sera plus discret."

Il posa les sacs à l'arrière du chariot et rabattit la toile qui protégeait sa sœur. Il accompagna ensuite Sébastien à l'arrière et l'attacha solidement à la charrette. Il ne connaissait pas encore sa monture et ne pouvait pas se permettre de le promener librement comme il le faisait avec Lumière. Cavalier et cheval avaient encore un long chemin à faire avant de s'apprivoiser. Théo grimpa ensuite à l'avant du chariot avec Cyrielle, déjà installée. La jeune femme ne tenait pas en place, visiblement excitée par le voyage.

"N'oublie pas qu'elle débute, lui rappela Grunlek, en bas. Ne la mets pas en danger inutilement.

— Oui, Papa, soupira Théo. On se revoit bientôt.

— Bon courage."

Le paladin saisit les rênes et donna un coup dessus. Les chevaux de trait se lancèrent au trot sur la piste et s'engagèrent dans la ville tranquillement. Un peu nerveux, Théo restait concentré. La dernière promenade s'était mal terminée et il ne voulait pas renouveler l'expérience. La main sur le pommeau de son épée, il surveillait les alentours. Pourtant, ce fut un bruit derrière lui qui l'alerta. Il se retourna et sursauta en voyant la tête d'un elfe trop connu entre les toiles.

"Mani ?! s'étrangla le paladin. Qu'est-ce que tu fous là ? T'es monté quand ?

— A l'instant. Je n'en peux plus de la vie de couple alors je m'incruste. J'espère que ça ne te... vous, corrigea t-il en s'apercevant de la présence de Cyrielle, dérange pas.

— En fait, commença Théo, ça me...

— Super ! s'enthousiasma l'elfe. Je surveille Victoria à l'arrière, je suis sage, promis."

Il disparut sans lui laisser le temps de répondre. Théo poussa un profond soupir qui amusa beaucoup sa jeune protégée.

"Il est bizarre, rit-elle.

— Et c'est que le début, lui donna raison Théo."

Le chariot et ses trois occupants quittèrent bientôt la ville pour s'engager dans les champs qui bordaient la grande cité. Alors que le soleil se couchait, le coeur de Théo se remplit de détermination. Il pouvait encore les sauver. Il y avait une solution à tous les problèmes, même les plus complexes.

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