Chapitre 18

Chapitre 18

L'aube venait à peine de se lever et de tirer sa palette aux teintes rosées à travers le ciel. Les rayons que propageait le soleil inondaient la capitale anglaise de ces vertus. La lumière semblait se glisser partout ne faisant aucun laissé pour compte. Par exemple, un jeune couple enlacé au deuxième étage d'un immeuble profitait pleinement de la météo favorable pour cette journée printanière. La jeune femme reposait paisiblement dans les bras de l'homme allongé près d'elle. Seule ombre au tableau, c'était le gros chat au pelage orangé dont le regard lançait des éclairs au jeune homme assoupi dans le lit. L'animal était au dehors, sur le toit de la propriété, son museau aplatit contre la fenêtre de la lucarne donnant accès à l'appartement. Une haine sans pareil se lisait sur ses pupilles dilatées. Ses poils, hérissés par le vent, ondulaient sauvagement. Pattenrond n'avait pas encore digéré le fait d'avoir passer la nuit dehors au profit d'un inconnu.

Sentant un regard se posé sur sa nuque, Draco entreprit d'ouvrir l'œil. Son regard croisa celui de l'animal en furie qui avait déjà sortit les griffes et qui entaillait le verre de la fenêtre comme signe de menace. Le Serpentard lui tira la langue effrontément. Dans un feulement de rage, Pattenrond fit volte-face et s'éloigna de la fenêtre, la queue en panache. Draco esquissa un sourire vainqueur et s'étira longuement. Il reposa son attention sur Hermione encore endormit. Il enroula autour de son index une mèche brune. La Gryffondor semblait apaisée lorsqu'elle était dans les bras de Morphée.

Il décida de la laisser dormir pendant qu'il irait prendre sa douche. Au passage, il vit qu'un exemplaire de la Gazette du Sorcier avait été glissé sous le battant de la porte. Cela devait surement être Mrs Boxam, la concierge de la copropriété. Il déplia le périodique et lut les nouvelles du jour. C'était le 26 avril. Rien d'intéressant avait été publié à part un article sur le début des votes pour le ministre de la magie. Les urnes étaient ouvertes dès cette après-midi : ils devraient alors votés. Le journal stipulait que les résultats seraient déclarés le premier mai, jour du mariage de Neville Londubat. Draco jeta le journal sur la petite table à manger et disparut dans la salle de bain pendant un bon quart d'heure.

Pendant ce temps, Hermione se trouvant encore dans la mezzanine commençait à paniquer. En se réveillant, elle découvrit un lit étrangement vide mais encore chaud. Où était donc passé Draco ? Avait-il décidé de partir sans rien dire ? Sans qu'elle s'en rende compte, des larmes commencèrent à perler aux coins de ses lacrymales. Elle passa sa main dans ses cheveux comme elle le faisait lorsqu'elle était angoissée. A ce moment précis, elle entendit le verrou de la salle de bain s'actionner. Il était donc en bas. Hermione dévala l'escalier dans sa nuisette blanche et plongea dans les bras de Draco aux bords des larmes.

- Ne me fais plus jamais ça ! S'emporta Hermione en laissant des perles salées couler sur ses joues tandis qu'elle tapait à l'aide de ses petits poings sur son torse. Plus jamais Draco Malefoy.

Etonnée celui-ci la contempla avec un regard interrogateur :

- Qu'est-ce que j'ai encore fait ? Si c'est à cause du fait que je prends toute la couverture je n'y peux strictement rien c'est contre ma volonté...

- Ca n'a rien à voir. Finit-elle par avouer avec une petite moue. J'ai cru que... que tu m'avais abandonnée.

Draco resta outré pendant un certain temps se demandant comment une hypothèse aussi saugrenue avait pu frôler l'esprit de la lionne. Il l'a regarda avec un air incompréhensible et alla enfiler un t-shirt.

- Tu vois Hermione, la confiance ça se gagne. Prononça-t-il avec une voix triste. Et à ce que je vois, je n'ai toujours pas tiré le gros lot avec toi.

Il enfila sa veste et lui lança un dernier regard avant de se diriger vers la sortie.

- Attends Draco. Il s'agit d'un mal entendu. Je n'y pensais pas vraiment, c'est juste que j'ai vu ce lit vide je me suis fais une série de scénario catastrophe...

- Je pensais juste qu'après la journée que nous avons passée hier soir, tu m'aurais mieux compris Hermione.

- Ecoute Draco, je t'aime de tout mon être. Tu devrais plutôt t'inquiéter si un jour je ne crains pas de te perdre.

Elle déposa ses mains mutines sur les joues de l'homme qu'elle aime et se mit sur la pointe des pieds pour l'embrasser.

- Je sais que c'est avec toi que je veux profiter de mon présent et bâtir mon avenir.

Draco la serra fort dans ses bras et soupira.

- C'est dur de savoir conjuguer le verbe aimer.

Hermione entendait le cœur de Draco battre à tout rompre. C'est vrai qu'il devait vraiment tenir à elle pour se donner autant de mal. Elle l'avait tout juste réalisée hier.

- Je dois te laisser. Murmura t-il au creux de son oreille. Je dois aller voir mon éditeur pour publier mon prochain livre.

Hermione le laissa s'en aller en souriant faiblement. Avant qu'il ne s'éclipse, elle déclara :

- Draco, tu ne m'en veux pas ?

Il était dans les escaliers et se retourna à moitié.

- Absolument pas mon amour. On se retrouve au ministère à cinq heures pour aller voter !

Il disparut alors de son champ de vision. Puis elle referma la porte derrière elle. Elle se souvint aussitôt que si elle ne se dépêchait pas, elle risquait d'être en retard pour son premier jour de travail au sein de la garderie magique. Elle mangea son petit déjeuner à la va vite avant de se laver, puis s'habiller. Une fois prête, elle sortit à son tour et disparut dans la rue délabrée qui donnait accès à l'immeuble. Elle transplana jusqu'au Chemin de Traverse et trouva avec une facilité déconcertante son nouveau lieu de travail.

La façade de l'immeuble était recouverte de tâches multicolores qui donnaient un aspect assez artistique et qui donnait rapidement le ton. C'était bien un lieu réservé aux enfants en bas âge. La pancarte était légèrement de travers et n pouvait y lire ' The Little Wizzard Paradise '. Hermione souffla un bon coup avant d'entrer. L'endroit était encore vide puisqu'il était tôt. Elle trouva deux ou trois employés en train de ranger des bacs à jouet et passer la serpillère avant l'arrivée des enfants. Ils portaient tous un jean ainsi qu'un t-shirt violet accompagné du nom de l'enseigne. L'un d'entre eux était un garçon avec des cheveux châtains : il avait l'air fort sympathique. Les deux autres étaient des filles qui devaient être plus jeunes qu'Hermione.

La Gryffondor ne pu les saluer puisque la directrice de l'établissement arriva à ce moment précis. C'était une dame qui devait à avoir un peu moins de la quarantaine. Elle avait des cheveux courts et d'un brun étincelant.

- Voici donc notre nouvelle recrue. Vous êtes un peu en avance. Je m'appelle Branda Fisherman. Je vais profiter de ce laps de temps pour vous parler de l'organisation de la garderie ; de vos occupations et vous faire visiter. Mon bureau est par là.

Hermione la suivit docilement et remarqua que les autres employés avaient tournés la tête vers elle. Elles empruntèrent un couloir assez long sur lequel reposaient des fresques murales aux couleurs vives. Une porte en bois peint couleur bordeaux apparut aussitôt de nulle part.

-C'est pour éviter que les enfants mettent le bazar dans mes affaires. Précisa la directrice.

Branda Fisherman l'a fit entrer à sa suite dans son bureau. Il était assez grand et offrait une vue saisissante sur ce recoin du Chemin de Traverse. On voyait clairement la boutique de Tissus et Brodette et Hermione se rappela qu'elle devait aller s'acheter une robe de soirée pour le mariage de Neville se déroulant dans quelques jours. La directrice de la garderie lui indiqua un fauteuil en chintz avec un sourire bienveillant.

- Lorsque l'on m'a dit que la célèbre Hermione Granger postulait pour faire partie des employés de la garderie j'ai tout de suite sauté sur l'occasion. Une héroïne de guerre parmi nos joyeux petits bambins, qu'est-ce qu'on pourrait de mieux ?

- Une augmentation ? Tenta la brune avec une toute petite voix.

Branda Fisherman éclata de rire, renversant sa tête brune en arrière.

- Vous avez un sacré humour jeune fille. Dit-elle d'une voix enjouée. Bon alors, reprenons nos affaires...

Pendant près de trente minutes elle lui expliqua en quoi consistait son emploi, les précautions à prendre avec les enfants, savoir les faire manger, les amuser et faire respecter l'ordre. Etre ponctuelle, ne pas mélanger personnel et professionnel. En bref, le guide du parfait employé. Hermione acquiesça à chacun des avertissements que donnait sa supérieure hiérarchique. Néanmoins, ces pensées vagabondaient très loin d'ici, au près de Silver Serpentis...

Celui-ci venait d'atteindre l'arrière boutique de Fleury et Bott. Là bas, se trouvait le bureau de son éditeur. Il était venus le voir afin de lui soumettre son nouvel ouvrage ' Comment j'ai rencontré ma muse'. Il avait une certaine appréhension : il se demandait si cela allait plaire ou allait être tout simplement 'vendable'. L'éditeur, Karl Wayne, était justement en train de fouiller dans quelques dossiers, surement de nouveaux script arrivés d'ici peu. Draco Malefoy se gratta la gorge afin de signaler sa présence :

- Ah, voici ma vedette ! S'exclama Mr Wayne. Prends place Draco. Je vais chercher du thé... Enfin, mon assistant va s'en charger.

L'éditeur de Fleury et Bott disparut par l'encadrement de la porte laissant le Serpentard seul. Il prit place sur le fauteuil que lui avait désigné Mr Wayne et contempla la pièce : rien n'avait changé depuis la première fois qu'il était venu ici. Draco n'eut pas beaucoup de mal pour se remémorer ce souvenir.

C'était il y a plusieurs année de cela, au dehors, il faisait très froid : les températures étaient négatives. Draco avait été relâché d'Askaban au début de l'hiver et avait réussis à se payer une chambre à la Tête du Sanglier, monnayant quelques heures de travaille en temps que serveur. Cela lui permettait d'avoir un toit et avoir de quoi manger quotidiennement. Depuis qu'il avait quitté le monde carcéral, son apparence s'était dégradée. Il était devenu chétif et son teint était cireux, voir maladif. Depuis qu'il travaillait, il ne se rasait que le dimanche ce qui laissait apparaitre sur son visage une barbe de quelques jours. Après avoir achevé ses corvées, il avait eu l'audace de se rendre sur le Chemin de Traverse, ses premières œuvres à la main. Il s'était dit qu'il ne pouvait pas rester éternellement un garçon de taverne. Il était alors arrivé devant Fleury et Bott dans un piteuse état et avait rencontré Mr Wayne qui l'avait immédiatement accueillit. Ses projets lui avaient plus, ils avaient passé la nuit à lire des extraits, éclairé à la bougie. Ils avaient finalement conclut un marché, Draco insistant sur le fait qu'il voulait préserver son identité en restant anonyme aux yeux des lecteurs. Mr Wayne lui avait finalement versé un acompte pour lui garantir sa future publication. Draco était parti, recevant quelques galions d'or depuis longtemps...

- Alors Draco qu'est-ce qui t'amène ? Demanda Mr Wayne en revenant avec un service à thé.

- Et bien, j'ai finalement écris un nouveau livre. Je tenais à vous le soumettre.

Il tendit le livre couleur bordeaux à son éditeur qui s'en empara avec avidité. Il actionna sa baguette magique et la théière répandit du liquide fumant dans deux tasses en porcelaine, ajoutant un peu de sucre et un nuage de lait. Un coffret en bois surgit ensuite de nulle part pour se poser sur le bureau du directeur de Fleury et Bott. En s'ouvrant, Draco s'aperçut qu'il s'agissait d'une tabatière. Il y avait des cigarettes mentholées, des cigares, et une pipe. Mr Wayne la prit, l'alluma puis huma la fumée.

- Sers-toi donc. C'est un cadeau d'Arthurus Gottaway. Informa l'éditeur. Il croit pouvoir acheter mon électorat en m'envoyant des présents. Il n'empêche que s'est du tabac d'une excellente qualité.

Draco saisit une cigarette de son étui et l'alluma grâce à sa baguette magique alors que Mr Wayne continuait à lire l'ouvrage du jeune écrivain, sautant quelques passages. Contrairement à son habitude, le Serpentard était nerveux de la critique qu'allait faire son éditeur étant donné qu'il mettait son cœur à nu lors de son récit. Il ne pouvait qu'attendre, fumant sa cigarette en formant des petits cercles à l'aide de ses lèvres. La cendre tombait et le temps s'écoulait. Les deux hommes n'osaient prononcer un mot : l'un absorbé dans sa tâche, l'autre trop anxieux pour remuer ses lèvres. Au bout d'un long moment, Mr Wayne finit par déposer le prototype du livre et déclara :

- Pas mal. On ne tombe pas dans mièvre même si ça parle d'amour. Dans tout les cas je suis stupéfait de voir à quelle rapidité vous avez fournis un nouveau livre. Cela ne fait qu'un mois et quelques jours que Silver Serpentis est publié...

- Et pourtant, tout s'est passé vite. Termina Draco en éteignant sa cigarette.

- Amoureux Malefoy ?

- Comblé Mr Wayne. Répondit-il en se levant. Aussi, je voudrais qu'à la différence de mes anciens livres, vous rajoutiez mon véritable nom au dessous de mon pseudonyme.

Il se dirigea vers la sortie puis rajouta :

- A bientôt.

Le Serpentard se rendit au dehors et sourit sous le soleil radieux pour se rendre à son domicile. Il préféra marcher dans les rues bondées du Chemin de Traverse au lieu de rentrer directement chez lui afin d'attendre les cinq heures. Il sillonna la rue recouverte de pavés et s'arrêta devant quelques boutiques. Il s'arrêta devant Tissus et Brodette et entra à l'intérieur d'un air pensif. Le magasin regorgeait de vêtements en tout genre et se consacra sur le secteur réservés aux tenues de soirée. Au détour d'un rayon il tomba sur quelqu'un dont il ne s'attendait pas. Une chevelure flamboyante semblait être interrogatrice devant une robe blanche au rebord gris. C'était Ronald Weasley.

- Alors Weasley, on ne fait plus de perquisition au ministère ?

Le rouquin sursauta et se retourna, face au Serpentard. Il fit une moue de dégout avant de répondre :

- C'est fou comme tu parle comme ton père Malefoy.

- Au moins, je ne suis pas un vaut rien. Répliqua Draco.

Il vit clairement une lueur de défi s'insinuer dans les yeux noisette du Gryffondor.

- Un problème Weasley ? Fit remarquer Draco en reportant son attention sur un article mis en valeur.

- Oui, c'est toi le problème Malefoy. Tu es la pire vermine que je connaisse. Une souillure, un déchet. Je ne vois pas pourquoi Harry a prit ta défense au près du Mangenmagot : tu ne le méritais même pas. En fait, tout ce que tu possède tu ne le mérite pas. Ta liberté, ton argent, ta célébrité, Hermione...

Avant même que Ron puisse s'en rendre compte, Draco sortit sa baguette qui fendit l'air silencieusement. Un jet lumineux l'atteint en pleine poitrine qui le projeta à trois mètres de là dans un bruit assourdissant. Le roux sortit également sa baguette magique et lui envoya un sortilège que le Serpentard évita presque facilement.

- Et ça se dit auror ? Nargua Draco. Et bien rappelle moi de félicité le ministère concernant ses agents.

Ron semblait écumé de rage. Toujours sa baguette aux aguets, il semblait analyser l'attitude du Serpentard qui faisait le tri dans les articles que proposaient le magasin. Finalement, il extirpa du présentoir une sublime robe bleu turquoise. Elle possédait un léger décolleté et arrivait vers les genoux. Sous le regard interloqué du Gryffondor, il alla payer cette robe sans se renseigner du prix. Ron marcha sur ses talons :

- Alors, on a des tendances transformistes Malefoy.

- Figure-toi que c'est pour Hermione. Informa-t-il sous ses yeux médusés. Avec son nouveau travail, elle n'a pas eu une minute à elle pour s'en acheter une. Et le mariage de Londubat approche.

- Je te vois mal dans le rôle du petit-ami attentionné. Qu'est-ce que tu cache au juste ?

- Rien du tout. Tu devras t'y faire. Hermione et moi s'est sérieux et on ne compte pas se lâcher de si tôt.

- Je ne vois vraiment pas ce qu'elle te trouve. Tu as tout du mec pas stable et avec qui on ne peut rien construire.

- En tout cas, elle m'a préféré à toi. Tu devrais être heureux pour elle. C'est ton amie. Bon après, tu fais ce que tu veux mais viens pas te plaindre qu'elle ne t'adresse plus la parole.

Draco sortit de la boutique en emportant la robe qui était soigneusement rangée dans un sac. Il transplana alors jusqu'à la Chaumière aux citrouilles.

Il entra sans faire attention au courrier qui l'attendait et déposa le sac dans le hall d'entrée. L'écrivain se prépara un déjeuner puis sortit de la pièce. Il s'apprêta à monter pour faire une sieste lorsque le feu de sa cheminée se mit en route, projetant de longues étincelles vertes. Dans le nuage de fumée venait d'apparaître Amy et Pénélope Deauclair. Comme à son habitude, la fillette lui sauta dans les bras et déposa de gros baisers sur ses deux joues.

- Je suis trop contente de te revoir. Je suis venue t'apporter des friandises.

- Très gentil à toi ma puce.

- De rien. Avec maman, on voulait te voir pour t'annoncer une grande nouvelle ! S'exclama-t-elle.

- Oui, il se trouve que j'ai trouvé un emploi au sein de Sorcière Hebdo. J'aurais beaucoup de travail et je me demandais si s'était abusé de ta générosité si je pouvais déposer Amy chez toi de temps à autres.

- Ca me ferait vraiment plaisir Pénélope. Tu n'as rien à craindre : vous êtes toujours les bienvenues ici.

- Chouette ! S'écria la fillette. Je suis désolé, on ne peut pas rester : je dois aller voir mon papa. C'est sa journée.

- A bientôt Amy. Dit Draco en les regardant disparaître une nouvelle fois dans l'antre de la cheminée.

Le Serpentard entra dans sa chambre et enleva sa chemise afin de s'endormir. Il mit son réveil pour cinq heures moins le quart pour être à l'heure au rendez-vous qu'il avait fixé à Hermione dans la matinée.

Celle-ci venait justement de finir sa première journée de travail au sein de la garderie du Chemin de Traverse. Cela avait été vraiment épuisant mais très enrichissant. A la fin, elle avait même eu envie d'un bébé. Mais, elle n'en n'était pas encore là avec Draco. Elle était perdue dans ses pensées lorsqu'une voix familière l'interpella en pleine rue marchande :

- Hermione !

C'était Joe Jenkins, le responsable du secteur politique à la Gazette du Sorcier. Cela faisait si longtemps ! Il était assis à une table de Florian Fortârome avec d'autres collègues. Il y avait Parvati Patil, Paul Carter ainsi que Cynthia Clein. Ils lui avaient tellement manqués. Ces instants passés à ouvrir le courrier du cœur avec Parvati, ses bavardages autour d'une tasse de café avec Joey, ces disputes à propos des interviews et de la célébrité avec Paul et Cynthia qui était toujours serviable quoi qu'il arrive.

L'ancienne journaliste avança rapidement vers eux et leur fit la bise.

- Qu'est-ce que ça fait bizarre de vous voir ! J'ai l'impression que ça fait un siècle qu'on ne s'est pas vus. Et pourtant...

- Ceci n'était que l'affaire de deux semaines ! Compléta Joey et la prenant dans ses bras. Alors comment vas-tu ?

- Je suis d'excellente humeur. Répondit-elle. Tout va bien pour se concrétise avec mon petit-ami. J'ai pu retrouver un travail et je me sens mieux qu'avant.

- Heureuse d'apprendre que ça marche entre toi et Malefoy. Prononça Parvati. Qui aurait cru qu'un jour entre vous ça serait le grand amour ?

Hermione éclata de rire en commandant un sorbet. Le reste l'après-midi se passa rapidement pour eux. Ils s'amusèrent beaucoup, évoquant ce qui s'était passa depuis sa démission. La Gryffondor appris avec joie que Rita Skeeter était désormais sur un siège éjectable, entraînant avec elle Tom Salisbury. Ensuite, Parvati lui annonça qu'elle avait finalement loué des liens assez étroits avec Olivier Pye, le père d'Amy par le biais du courrier du cœur qui lui avait envoyé il y a plusieurs semaines de cela, quelques jours après la publication du livre de Silver Serpentis. La femme de Joey, Sarah, avait accouché il y a deux semaines environ d'un petit garçon du nom d'Evan. En fait, si on regardait bien, beaucoup de choses avaient changé depuis ce jour là. Le mois de Mars leur avait offert beaucoup d'opportunités et à tous.

C'et donc avec bonne humeur qu'ils se rendirent au ministère de la magie peu avant cinq heure pours se rendre aux urnes. Ils devaient voter pour le prochain ministre de la magie. Une fois dans l'atrium, une silhouette se détacha de celles des employés du ministère. Dans sa cape bleu marine, Draco lui lançait un sourire pendant qu'elle s'avançait vers lui entourée de ses anciens collègues. Il les salua brièvement avant de se rendre dans un ascenseur. Les salles de votes étaient au dernier étage, celui réservé au pouvoir exécutif. Une file d'une cinquantaine de personnes attendaient encore leur tour. Paul Carter et Joey Jenkins en profitèrent pour recueillir quelques témoignages

Au bout de trente minutes, ce fut à eux. Ils s'isolèrent pour valider leur vote et se retrouvèrent à la sortie. Hermione et Draco dirent au revoir aux journalistes puis s'en allèrent main dans la main.

- Alors tu as voté pour ce charlatan de Gottaway. Finit par dire Hermione en lui lançant un regard accusateur.

- Je sais que j'avais dis que je ne voterai pas pour Harry par principe. Mais après ce qu'il s'est passé pour le procès j'ai décidé de changer d'avis. Sachez que je ne suis pas quelqu'un d'ingrat Miss Granger.

Elle lui sauta dans les bras et chuchota :

- Vous ne pouviez pas me rendre plus heureuse Mr Malefoy.

-Hermione, je pense que nous devrions profiter de cette journée pour nous rendre au Manoir de mes ancêtres. Au moins, ce sera derrière nous.

La Gryffondor était surprise qu'il en prenne l'initiative. Elle savait que cela serait douloureux pour lui mais était bien décidé à affronter cette épreuve à ses côtés. Une fois au dehors, Draco prit une grande inspiration et transplana avec Hermione qui ne connaissait pas encore l'endroit où se trouvait le Manoir. Un tourbillon d'images les comprima puis le néant. Tout s'arrêta.

Ils arrivèrent devant une imposante bâtisse qui datait de plusieurs siècles. Hermione eut un sentiment désagréable lorsqu'elle se souvint la première fois qu'elle s'était rendue ici même, accompagnée d'autres prisonniers. Ils avaient atterrit sur la même petite route de campagne longeant quelques collines verdoyantes. Au bout d'une long allée recouverte de cailloux, un immense portail en fer forgé s'imposa à eux orné de la lettre « M » finement entrelacée.

Draco déglutit et s'avança d'un pas. Aussitôt, le portail se métamorphosa, le fer se chauffant pour former un visage effrayant qui parla d'une voix métallique, vibrante :

- Annoncez l'objet de votre visite.

- C'est moi, Draco. Répondit-il.

Dès lors, les battants du portail pivotèrent, leur laissant la voie libre. Hermione était intriguée et à la fois apeurée par cette demeure. Le long des grandes haies se tenaient des paons albinos qui déambulaient fièrement dans le jardin, secouant parfois leurs longues plumes blanches. Face à eux, le Manoir Malefoy siégeait avec fierté, ses pierres vieilles recouverte d'un lierre et de quelques feuilles de vigne qui grimpaient dans les étages supérieurs. En cette saison, on pouvait distinguer des grappes de raisin se détachant de la végétation par leur couleur pourpre. En tournant la tête, la Gryffondor aperçut une terrasse ayant pour plafond des glycines blanches qui faisaient tomber leurs fines pétales au gré de la brise. Même si le Manoir était abandonné par ses résidents depuis la fin de la guerre, le Ministère de la Magie avait tenue à le garder dans son état d'origine.

Draco s'arrêta sur le pas de la porte, regardant droit devant lui comme si il se lançait un défi intérieur. Hermione était plutôt anxieuse. Il n'était plus revenu ici depuis fort longtemps. Qu'est-ce que cela provoquerait-il en lui ? Elle l'ignorait mais voulait lui prouver qu'elle le soutenait quoi qu'il advienne. Hermione posa sa main sur son épaule en signe de réconfort puis sa tête sur son torse. Son cœur battait plus vite que la normale.

- Tu n'as rien à craindre. Murmura-t-elle. Je serai là.

- Merci. Dit-il d'une voix rauque.

La main du Serpentard, légèrement tremblante, se dirigea vers la poignée de la porte. Dans un grincement insupportable, celle-ci s'ouvrit leur laissant la vue sur une maison étrangement vide et sombre.

- Lumos. Prononcèrent-ils en cœur.

Leur baguette envoya quelques étincelles qui leur permirent de s'éclairer et d'observer ce qui les entourait. Les murs avaient conservés leur fraîcheur d'antan arborant des tapisseries lumineuses, beaucoup moins lugubre que celles accrochées fièrement au Square Grimmaud. Draco alluma quelques cierges avec un sort de feu. Peu à peu, le décor devint moins flou. Sur le mur de droite, un tableau spectaculaire faisait guise de fresque murale. Le cadre était surélever d'un mètre environ. De nombreux personnages de différentes époques les observaient avec un petit air curieux. Hermione déduisit très rapidement qu'il s'agissait de l'arbre généalogique de Draco où les ancêtres étaient animés d'une seconde vie. La Gryffondor ne trouva pas cela étonnant de voir que beaucoup d'entre eux avaient des cheveux d'un blond éclatant comme son petit-ami. Elle ne put poser une question qu'une voix stridente les interrompit :

- Il est revenu ! C'est Draco.

Une femme aux cheveux d'un gris presque blanc s'était penchée sur le rebord de la toile. A l'intérieur, il s'agissait d'un grand salon où des meubles avaient été peints avec un raffinement frôlant la perfection. A ces côtés, le Serpentard eut un léger sourire avant de déclarer :

- Hermione je te présente ma grand-mère du côté paternelle. Ca fait plaisir de te revoir grand-mère.

Celle-ci lui adressa un sourire remplit d'un bonheur non dissimulé ce qui ne devait pas convenir pour une Malefoy. Un homme barbu et roux avec une pipe ainsi qu'une veste en tweed se chargea de lui rappeler :

- Nous ne sommes pas dans un mélodrame Kitri.

- Pour une fois Zadrian. Laisse-moi un peu en paix.

Celui-ci renifla dédaigneusement avant de s'en aller plus loin dans le décor, s'appuyer contre cheminée où un feu ronflait. Draco se tourna vers Hermione et lui dit :

- Zadrian appartient à la famille Weasley et à la famille Black à la fois. Ronald et moi sommes des cousins éloignés par alliance. Cela arrive souvent chez les sang-purs.

Hermione était interloquée. Elle qui croyait tout savoir sur le monde de la sorcellerie. Ron et Draco cousins ? C'était comme imaginer un Graup dans une équipe de gymnastique ou quelque chose du même genre.

- Au fond, dans le fauteuil se trouve mon grand-père Abraxas. Il est mort d'une dragoncelle à un âge avancée, d'où mon prénom.

Un vieil homme tourna la tête vers eux et inclina légèrement la tête.

- Debout à ses côtés, s'est ma cousine Aurore. Elle est morte lorsqu'elle avait dix-sept ans. Suicidée parce qu'elle ne voulait pas d'un mariage forcée.

Une jeune fille, d'apparence assez frêle agita sa longue natte blonde et sourit d'un air triste pendant qu'un petit garçon malicieux qui ressemblait à s'y m'éprendre à Draco déambulait sur un balai volant miniature. La voix du Serpentard se noua :

- Et là, c'est mon petit frère, Silver. Il est mort d'une maladie infantile lors de ces six ans. Il n'y avait pas encore de remède à l'époque. J'ai voulus lui rendre hommage en empruntant son prénom. Je voulais qu'il soit fièr de moi.

Le garçonnet s'approcha doucement vers eux avec un sourire gêné. Il se mit à genoux de telle sorte qu'il arriva à leur taille. Il déposa une petite main contre la toile et de l'autre côté on y vit toute ses lignes et chacune de ses nervures. Draco déposa sa main d'homme contre la sienne comme un signe de reconnaissance. Seul le papier les séparait comme s'ils appartenaient à deux univers différents.

- Tu m'as manqué. Prononça le petit garçon d'une voix aigu. Grand-père n'a pas arrêté d'être désagréable. Il m'a même forcé à apprendre à jouer aux échecs et tu sais Zadrian il a mit le feu au tapis alors grand-mère est arrivée et lui a tiré les oreilles. Il a hurlé comme une fille. C'était drôle à voir. Judith a commencé à éclater de rire et n'en pouvait plus. Du coup, elle est tombée sur le tapis en flamme. Les pans de sa robe ont pris feu et Aurore est arrivée et a agité sa baguette et nous a tous sauvé. Si tu avais été là, tu aurais ris : j'en suis sur. Et toi, que s'est-il passé pendant ton absence ? On n'a pas arrêté de se faire du souci. Oncle Bartemius disait que personne ne reviendrai plus ici, à part les touristes. Mais moi je savais que tu reviendrais. Je disais : « Nom d'un hyppogriffes bouseux je vous dis que mon frère reviendra » Ils ne me croyaient pas tu sais. Alors, raconte-nous tout Draco. On a hâte de savoir.

Tous les membres de la famille Malefoy et Black semblaient avoir arrêtés leurs activités pour observer le Serpentard. Il prit une inspiration et débuta son récit :

- Après la guerre, père et moi nous nous sommes fais arrêter séparément. A l'issus du procès, il était décidé que nous purgions nos peines respectives à Askaban. Maman ne s'en est toujours pas remise. Elle a eu une espèce de choc et elle est toujours internée à Sainte-Mangouste.

Mrs Black, la vieille horreur qui avait son tableau peint à Square Grimmaud, étouffa un hurlement strident en pensant au sort de sa nièce. La mère de Narcissa s'était évanouie près du divan, Zadrian l'aidant à retrouver contenance. Draco reprit :

- Je suis resté un certain temps incarcéré. On m'a finalement libéré sous condition. Papa y est encore puisqu'il était un des plus grands fidèles de Vous-Savez-Qui. Je suis partie refaire ma vie en vagabondant sur les rues. Je ne pouvais plus revenir au Manoir puisque le ministère l'avait saisit, le coffre familial à Gringotts était verrouillé et on m'avait confisqué ma baguette. Je pouvais juste transplaner à l'intérieur du territoire. Je suis retourné vers les environs de Poudlard. Là-bas, Alberforth Dumbledor, le patron de la Tête du Sanglier m'a accueillit en temps que serveur. J'y suis resté quasiment un an. Pendant ce temps, je passais mes journées à nettoyer cette taverne et le soir j'écrivais pour oublier.

- Mon petit-fils obligé de travailler comme un Cracmol pour avoir de l'argent. Rugit Abraxas Malefoy. C'est un scandale, une insulte à notre lignée ! Une infamie...

Kitri, sa femme lui prit le bras et le rassit sur le divan où la mère de Narcissa était toujours dans un état second.

- Si on l'interrompt toute les deux secondes il ne pourra jamais finir voyons. Déclara-t-elle sagement.

- Merci grand-mère. Dit Draco. Un jour j'ai eu l'audace de contacter le directeur de Fleury et Bott pour lui soumettre l'œuvre que j'avais faite. Il a tout de suite été enchanté et tout s'est passé très vite. L'acompte, la signature du contrat, la publication, le succès puis l'argent. J'ai finalement pu me payer une nouvelle maison. Par la suite, j'ai rencontré Hermione : la femme avec qui je partage ma vie dorénavant.

Il tendit une main à la Gryffondor qui s'avança avec les joues écarlates. Cela revenait à s'immiscer en plein conseil de famille telle une inconnue. La famille Malefoy la jaugea avec des yeux remplis d'hostilité, parfois de la curiosité. Cependant, elle fut surprise de pouvoir lire de la joie et de la bienveillance dans le regard de certains.

- Je savais bien que tu ne finirais pas avec Pansy ! Lança joyeusement Silver avec un sourire radieux.

- Il est vrai qu'elle avait un petit quelque chose de désagréable. Admit Zadrian en s'approchant un peu plus près.

- Méfis-toi Draco, je crois que ta fiancée couvre une dragoncelle. Jura Abraxas.

Hermione porta instinctivement sa main à son cou :

- Ce n'est qu'un grain de beauté ! Justifia-t-elle.

- Ma mère me disait toujours que c'était un signe du diable. Rapporta la mère de Sirius avec un sourire malsain. Je la connais : c'est une Sang-de-Bourbe amie avec Potter. Je les ai vus dans mon autre tableau détruire ma maison, cassant mes objets. Kreatteur ma tout raconter. Une vrai diablesse cette fille là : elle lui a offert un cadeau pour Noël. A un elfe de maison, vous vous rendez compte ?

- Hermione a toujours eu une grandeur d'âme. Certifia Draco en serrant la main qui était dans la sienne. Sang-de-bourbe ou non vous devrez faire avec : je l'aime.

- Vous croyez que Lucius le répudiera lorsqu'il apprendra la nouvelle ? Chuchota Aurore à l'oreille de Kitri.

- Dans ce cas, il aura à faire à sa vieille mère. Hors de question que Draco soit exclu de cette famille. Il est bien trop Malefoy pour ça.

- Bien dit Kitri ! Rajouta Abraxas. Mais ça me gène un peu... S'ils en viennent à faire des enfants, leur sang ne sera pas pur comme il devrait l'être.

- Sans vouloir t'offenser grand-père, je pense que mon sang est assez pur pour deux.

Hermione rougit involontairement.

- Je prendrai soin de lui. Avec le temps, j'ai appris à l'aimer et je crois que je ne pourrais plus me passer de lui. C'est assez étrange comme situation mais vous devez me croire.

- Nous allons vous laisser, nous devons faire le tour du propriétaire. Annonça Draco en s'éloignant avec elle.

- Au revoir !

Hermione et Draco s'éloignèrent et avancèrent dans le Manoir obscure qu'ils éclairèrent au gré de leur pas. Ils s'aventurèrent dans la cuisine où un four magistral trônait au centre de la pièce. Le salon était somptueux, tout comme le bureau, ainsi que la bibliothèque qui comprenait plus de livres que dans celle de Poudlard. Même des années après, ce lieu avait gardé une richesse indéniable. Des documents iconographiques ponctuaient leur visite, Draco lui racontant tel ou tel souvenir. Puis, ils finirent par atteindre un escalier sublime de marbre blanc. Une partie descendait vers le bas et Hermione se douta que s'était là où se trouvaient les cachots. En montant, ils visitèrent quelques chambres qui étaient décorés avec soin.

En fait, cette visite aurait pu être une banale. Mais lorsque l'on racontait l'histoire du manoir à partir de la guerre, tout prenait une autre envergure. Les cachots où des gens avaient été torturés, violés, tués. La cuisine où des elfes mourraient de faim tout en servant des plats succulents. Le salon où Hermione avait subit le sortilège Doloris par la tante à Draco. L'escalier au long duquel des tableaux représentant des scènes d'assassinats de Né-Moldus. Les chambres aux apparences irréprochables mais dans lesquelles des Mangemorts avaient exercés leur besoin héroïque auprès de jeunes filles capturées. Au final, ils avaient pu parler de la guerre dans ce cadre. Ils avaient pu exorciser leurs vieux démons et repartir ainsi sur de bonnes bases. Hermione et Draco rebroussèrent chemin et quittèrent cette maison hantée.

Ils s'éloignèrent du Manoir Malefoy en silence. Une fois la grande grille passée, ils se prirent la main et transplanèrent ensemble jusqu'à la Chaumière aux citrouilles...

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