Chapitre 13

Cela devait être une journée ordinaire. Une journée comme Hermione les aime. Mais bien que le soleil brillait de mille feu cette après-midi là, une menace planait, plus présente que jamais...

La journaliste avait rendez-vous avec le Serpentard à Fleury et Bott. Néanmoins, elle préféra se rendre sur son lieu de travail où elle se sentirait plus utile qu'à arpenter les rangées débordantes d'ouvrages poussiéreux. A vrai dire, ça ne ressemblait pas vraiment à Hermione de décliner une sortie culturelle. Mais son honneur de femme avait été bafoué avec la dernière lettre de Silver Serpentis. Amicalement. Ce mot lui trottait encore dans la tête. Comment avait-il pu manquer d'autant de tact à son égard ?

Hermione haussa les épaules se disant qu'elle avait très bien agit en ne venant pas sur le lieu de rendez-vous. Pourtant, quelque chose au fond d'elle lui disait qu'elle n'avait pas été tout à fait correcte. Cette missive venait d'une bonne intention ; après tout, il voulait juste se faire pardonner. Ce petit souffle de conscience ne tarda pas à disparaître. En effet, la Gryffondor imagina l'illustre Draco Malefoy attendre comme un benêt une femme qui ne viendrait pas au rendez-vous qu'il avait fixé. Un sourire narquois s'esquissa sur son visage qu'elle le recouvrait d'une mince couche de fond de teint. Elle se regarda une dernière fois dans son miroir de sa salle de bain avant de sortir de son petit appartement. En descendant deux étages plus bas, elle croisa Mrs Boxam et Olivier Pye qui tenaient une conversation animée. Quand elle arriva sur le dernier pallier, la concierge lui adressa un sourire radieux qui n'avait pas apparut sur ce visage ridé depuis des lustres. Olivier aussi semblait aux anges. Ils tenaient entre ses mains l'exemplaire de la Gazette du Sorcier.

-Merveilleux article Hermione.

Il lui fit une brève accolade et se détacha d'elle.

-Je dois y aller. C'est mon jour de visite pour Amy. Expliqua t-il en sortant, sa cape virevoltant derrière lui.

- N'oubliez pas de venir prendre le thé dès que vous voudrez mon cher Olivier ! Lança Mrs Boxam en se redressant sur ses pantoufles roses pour le voir disparaître par la porte d'entrée de la copropriété.

- Bon et bien moi aussi je dois aller au travail. Finit par dire Hermione un peu déboussolée par cet intermède.

Elle franchit le pas de la porte et transplana à son tour vers la rédaction de la Gazette du Sorcier. Là bas, une effervescence hors du commun agitait les employés. Des farandoles d'hiboux tournoyaient d'un air menaçant au dessus des bureaux. Paul Carter, Cynthia Clein et Boso le photographe essayaient d'en attraper au vol. Par ailleurs, Parvati Patil était sortit de son secteur afin de les aidés. Joey, quant à lui, était en train de discuter avec trois membres du ministère du département de la justice magique. Pendant ce temps, Rita Skeeter tenait une interview à Sorcière Hebdo avec un petit air suffisant qui la rendait vraiment antipathique. Hermione était perplexe. D'où venait toute cette agitation ? Pourquoi Tom ne lui avait pas encore lancé sa réplique acide de la journée et se contentait de la regarder avec un sourire goguenard ? Qu'est-ce qui pouvait être bien plus important pour Parvati que de répondre aux courriers du cœur ? De quoi Joey, responsable du secteur politique, pouvait être chargé ? Quelles étaient les raisons de la satisfaction apparente de Barnabas Cuffe ?

Une bouffée de curiosité piqua la journaliste. Il lui fallait une réponse à ses questions. Malheureusement pour elle, ce fut Rita Skeeter qui s'en chargea la première, à la vue de son air consterné.

-Je vous présente ma collègue, Hermione Jean Granger, sans qui cet article n'aurait pu naître. Déclara Skeeter en tendant un bras pour la désigné devant le par terre de journalistes.

Un flash éblouissant aveugla Hermione tandis qu'un nuage verdâtre l'entourait du à un appareil photos magique. La Gryffondor toussa bruyamment avant de demander d'une voix enrouée :

-Mais de quel article parlez-vous ? Je n'ai pas encore soumis l'article sur la coupe du monde de Quidditch au rédacteur-en-chef.

Rita sourit. Pas d'un sourire bienveillant comme le faisait Dumbledor. Mais d'un sourire qui reflétait toute la perfidie du personnage.

-Et bien ma chère Hermione, vous êtes frappée d'amnésie ou je me trompe ? Je parle bien évidemment de l'article concernant la véritable identité de Silver Serpentis voyons. Clama Skeeter devant la horde de journalistes en furie.

Hermione pâlit. Malgré son fond de teint, son visage devint livide et blême. Elle se détacha de Rita et ses acolytes alors que Tom Salisbury riait aux éclats. Tel un fantôme, Hermione se dirigea vers l'arrière salle ignorant les cris de Paul Carter qui la suppliait de venir l'aider à détacher le courrier. Les rotatives de la presse à papier tournaient à une vitesse folle comme un tourbillon sans fin. Hermione tendit la main pour saisir un exemplaire du jour et elle n'eut pas besoin de chercher bien loin la cause de ce désordre. Tout était étalé à la une du journal.

-Le dandy dindon de la farce. Murmura Hermione stupéfaite.

Elle lut l'article jusqu'au bout avec difficultés mais ne pu empêcher ses larmes de coulées. Ainsi, le secret de Draco n'avait pas été préservé. Et la note de la fin indiquait à tout le monde qu'elle avait volontairement divulgué ses informations. Comment réagira Draco face à cela ? A-t-il déjà lus ce ramassis de mensonges ? Pour en être sur, elle devait allée le voir dès à présent. Elle devait lui expliquer par elle-même cet énorme malentendu. Il ne devait pas la croire capable, d'une si immonde trahison. Jamais. Elle rassembla tout son courage alors qu'elle déchirait avec rage le périodique et le jeta à ses pieds avant de s'en aller. Au dehors, elle transplana jusqu'à la chaumière aux citrouilles en essayant de rassembler des arguments convaincants à l'adresse de l'écrivain.

Arrivée à destination, un contraste saisissant la frappa. La rue de Ferview Cross Road n'était plus ce qu'elle était, comme si un bombardier avait semé quelques graines sur son passage. Des mottes de terre avait été retournée et des poubelles renversées. Les boîtes aux lettres de quelques riverains semblaient avoir été arrachées comme si un colosse les avait cueillit sur son passage. Mais l'horreur planait sans aucun doute au-dessus de la maison de Silver Serpentis. En effet, une version burlesque de la marque des ténèbres flottait d'un air paresseux parmi un ciel trouble constellé de nuages opaques. Quelqu'un avait surement lancé le sort Finite Incantatem afin de déstabiliser la météo à cet endroit précis. La différence météorologique était saisissante. Sur le trottoir d'en face, où se trouvait Hermione, un soleil rayonnant cognait contre sa nuque alors qu'une pluie torrentielle s'battait sur la chaumière aux citrouilles.

La Gryffondor courut vers l'entrée où la porte avait été sortie de ses gonds et vacillait dangereusement contre le mur du fond. Livres et cousins avaient été éventrés et les meubles renversés. Mais Hermione fit une découverte macabre. Allongé face contre le sol, Draco tremblait, nu. Il avait été lacéré de coups graves et un poignard avait été enfoncé dans son avant-bras gauche, tailladant son signe d'appartenance aux Mangemorts. Des bleus, virant parfois au violet, ponctuaient son corps et sa lèvre était légèrement enflée. Sa peau diaphane était marquée de toute part du mot « assassin » qui révulsa la Gryffondor. Elle s'approcha du corps inanimé du Serpentard et déposa sa main sur sa poitrine afin de pouvoir mesurer son pouls. Hermione paniqua quand elle s'aperçut qu'il était vraiment faible, voir quasi inexistant. Elle appliqua quelques sortilèges de guérisons qu'elle avait appris durant sa quête des Horcruxes mais les blessures restaient profondes. Hermione du retirer le poignard du bras de l'écrivain ce qui l'arracha une moue dégouté. Le poignard était recouvert d'un sang écarlate qui perlait sur le parquet ciré.

D'un coup de baguette magique, elle fit apparaître son patronus de la forme d'une loutre argentée et l'envoya apporté un message à Sainte Mangouste, l'hôpital des sorciers. Elle se précipita vers le porte manteau et en extirpa la cape bleu marine de l'écrivain qu'elle attacha solidement autour de lui et le souleva avec peine. Elle le traina jusqu'à la cheminée et saisit une poignée de poudre de cheminette. Une fois tout les deux à l'intérieur du foyer, elle jeta les grains à ces pieds et formula sa requête. Un nuage vers émeraude les amena tout deux où ils le désiraient.

Paniquée, Hermione regarda fébrilement à droite et à gauche afin de distinguer un Médicomage parmi les patients qui regardaient l'arrivée d'Hermione avec curiosité et inquiétude. Elle se précipita vers l'accueil en déposant au passage Draco sur un siège. Les yeux clos, la tête inclinée, on aurait pu croire qu'il dormait ainsi. Sauf qu'il avait d'énormes tâches de sangs qui transperçaient l'étoffe de sa cape bleu marine, rendant le tissu noir d'encre par endroit. Hermione lui jeta un dernier coup d'œil avant de parler en toute hâte avec l'hôtesse d'accueil qui était occupé à se limer les ongles avec un air las qui ne pouvait se dissolver de son visage.

-C'est pourquoi ? Dit-elle d'une voix grinçante légèrement agressive.

-Mon ami est blessé. Il faut le soigner.

-On est dans un hôpital : je crois que cela fait partit de nos attributions. Répliqua l'infirmière. Nom ?

- Pardon ? S'enquit Hermione.

- Il me faut le nom de votre ami avant qu'il ne soit admis : c'est dans le règlement.

- Mais cela ne peut pas attendre. On lui a porté des coups graves et...

- Vous perdez encore plus de temps en débattant sur le contenu du règlement.

-Il s'appelle Draco Malefoy.

L'infirmière demeura stupéfaite et son regard devint oblique. Sur le standard était étalé la Gazette du Sorcier, une photographie de Draco, le teint blafard, derrière les barreaux en guise d'illustration. L'estomac de la journaliste se retourna et elle eu un affreux gout de bile qui lui remontait le long de la gorge.

-Je vais prévenir le directeur...

- Qu'est-ce que le directeur à avoir à faire là-dedans ?

- Il s'agit d'un criminel si vous l'avez oublié et je n'ai pas envie de perdre mon emploi en faisant une faute professionnelle.

- Perdre votre emploi est une calamité mais perdre une vie vous importe peu. Lança Hermione sur un ton dégouté. Ecoutez-moi bien sale petite arriviste sans cervelle, vous allez remplir le fichier d'admission sans protester sinon je tâcherai de faire un article odieux sur l'organisation de Sainte Mangouste. Et là, ça ne sera pas seulement votre boulot que vous perdrez mais toute crédibilité.

L'infirmière se tortilla dans son siège et agita sa baguette magique. Un dossier bleu turquoise surgit de nulle part ainsi que deux Médicomages qui prirent en charge Draco, toujours installé dans la salle d'attente. Ils le soulevèrent délicatement comme on l'aurait fait avec un nourrisson et l'installèrent dans un brancard.

La Gryffondor, fière de son petit effet, toisa l'infirmière qui maugréait des injures dans sa barbe. Elle eut un petit pincement au cœur lorsqu'elle vit le Serpentard partir vers le bloc opératoire.

Hermione restait donc seule, au milieu d'une salle froide et peu accueillante. Elle décida d'arpenter les couloirs sinueux de l'hôpital comme un spectre cherchant justice. Tout ce qui se passait autour d'elle lui semblait sans aucun intérêt comme si le cœur du monde s'était arrêté depuis le moment où Silver Serpentis était suspendus entre la vie et la mort. Cette simple pensée attrista encore plus la Gryffondor. Elle ne pouvait pas accepter l'idée qu'il puisse mourir, à cause d'elle, de sa négligence. Et la dernière image qu'il aurait d'Hermione serait d'une femme perfide et vengeresse. Des larmes tombèrent sur ses joues rosies par les émotions. Elle s'affala contre un mur où un tableau était accroché. Le personnage du tableau lui proféra des injures lorsqu'elle s'appuya contre sa toile. Hermione n'avait même plus la force de parler ou d'exprimer sa colère. La haine qui bouillonnait en elle tel un feu sempiternel. Qui avait pu commettre un acte d'une telle barbarie ? Quels monstres vivaient encore en liberté dans la communauté sorcière ? Au nom de quoi Draco avait-il souffert le martyr ?

La jeune femme sanglota de plus belle, son visage entre ses doigts graciles. Elle était au troisième étage, près d'une porte donnant accès à une des nombreuses chambres. En se retournant, Hermione se retrouva face à un petit écriteau : « Résidence des blessés et malades de la guerre – Série C22, femmes. » Elle tourna la poignée ouvragée de la porte et glissa à l'intérieur. Son instinct guidait ses pas qui claquaient dans l'air anormalement glacé. Si elle ne s'était pas trouvée dans un état second, elle aurait pensé qu'un simple bruit aurait pu alerter l'étage tout entier. Elle s'avança dans la chambre plutôt austère et remarqua que trois lits à baldaquins avaient été disposés contre le mur, alignés. Une femme était assise sur un tabouret grossièrement taillé et coiffait une poupée en murmurant des paroles inaudibles, les yeux dans le vague. Une autre, un peu plus loufoque, secouait les rideaux en parlant avec beaucoup d'enthousiasme dans une langue qui semblait étrangère pour tout être humain. Mais le plus surprenant aux yeux d'Hermione demeurait la dernière patiente, allongée dans le lit du milieu. Elle l'aurait reconnu entre mille, il s'agissait de Narcissa Malefoy. Elle semblait immobile et fixait le plafond, impassible à tout ce qui se passait autour d'elle. Elle avait de longs cheveux immaculés qui n'avaient pas du être coupés depuis des années et sa peau diaphane laissait entrevoir ses veines bleuté par endroit. Son corps chétif reposait dans une robe de chambre blanche immaculé qui lui donnait une allure spectrale. Pourtant, son lit avait l'air plus soigné et plus personnalisé que les deux autres. Hermione en déduit que quelqu'un passait souvent la voir. Un pot de bourgeons de mandragores gazouillait tranquillement sur la table de chevet où un médaillon vert émeraude serpentait autour du vase. Scotché contre le mur, une photo en noir et blanc contrastait avec la peinture rose saumon. Elle représentait trois petites filles souriantes qui portaient les uniformes de Poudlard. Sur leurs poitrines était brodé le sigle d'appartenance à Salazar Serpentard. Les deux plus âgés possédaient de larges boucles brunes qui les confondaient alors que la plus jeune, au milieu de la photographie, était blonde. Hermione ne pouvait se tromper, il s'agissait de Bellatrix, Andromeda et Narcissa : les trois sœurs Black. A l'arrière plan, le Poudlard express laissait échapper ses habituels panaches de fumée.

Hermione s'assit doucement sur une chaise se trouvant non loin du lit de la malade. Elle observa le visage de la mère de Draco en silence. Puis, elle lui saisit la main et pleura à chaude larme cherchant du réconfort auprès d'autrui. Narcissa resta immobile. Comme si on avait l'habitude de lui prendre la main et de pleurer sur son corps inanimé et chétif. Hermione se laissa aller pendant de longues minutes avant de murmurer :

-Votre fils... Draco... Il est ici, blessé. Je ne sais pas si vous m'entendez mais je voulais que vous sachiez que je prendrai soin de lui alors vous n'avez pas à vous inquiétez.

A la grande surprise d'Hermione, la femme qui parlait avec les rideaux s'approcha d'elle, d'un pas feutré et lui chuchota :

-Malade ?

- Non je ne suis pas malade. Il s'agit de son fils. Expliqua la journaliste en séchant ses larmes qu'elle ne pouvait plus contenir.

-Vient souvent.

La patiente pointa du doigt la photo et déclara :

-Lui.

Aux yeux d'Hermione, ses simples paroles lui mirent le baume au cœur. Elle savait qui était « lui ». Elle savait qu'il avait toujours aimé et protégé sa mère quoi qu'il advienne. Elle savait aussi qu'il ne l'abandonnerait pas et que par ce fait, il venait souvent. Hermione adressa un sourire reconnaissant à la femme qui se trouvait en face d'elle et s'en alla sans un mot. Comment une femme qui semblait avoir perdus la raison aux yeux de tous pouvait dire des choses aussi censées ? Le cœur d'Hermione chauffait. Il venait souvent. Il n'avait pas abandonné tout espoir. Il se battait contre la maladie. Pour l'amour de sa mère. Pour préserver sa madeleine de Proust. Sa pomme d'amour...

En descendant les escaliers afin de retourner à l'accueil, elle tomba nez à nez avec la personne qu'elle s'attendait le moins à voir dans un moment pareil. Harry Potter.

Ses cheveux semblaient plus ébouriffés que d'habitude et ses lunettes étaient recouvertes de suie. Sa cape pourpre faisait ressortir l'éclat de ses yeux vert qui scintillaient comme deux émeraudes. Il restait là, quelques marches plus bas, regardant Hermione qui avait encore les yeux embués par sa tristesse. Sans réfléchir une seule seconde, elle dévala les dernières marches et se jeta dans les bras de son meilleur ami qui faillit tomber à la renverse. Elle pleura. Harry resta silencieux. Il savait que cela avait un rapport avec l'hospitalisation de Malefoy. Il avait reçut dans la journée la Gazette et avait été surpris de lire l'article de Skeeter. Mais ne connaissant que trop bien cette journaliste sans scrupule, il se doutait bien que cela était basé sur un ramassis de mensonges. Ron aussi en était venu à cette conclusion. Pourtant, il gardait espoir en lui qu'Hermione s'était vengé de leur ennemi d'antan. Plus tard, ils avaient reçus un communiqué de Sainte Mangouste les avertissant de la situation actuelle. Harry s'était précipité sur les lieux par cheminée portative alors que Ronald réglait les détails de dernières minutes au ministère, le rejoignant plus tard. Ce scandale prenait des tournures encore plus catastrophiques qu'on aurait pu le penser. La santé et la sécurité d'un citoyen étaient en péril. Même si il s'agissait d'un ancien Mangemort, Harry ne supportait pas l'idée que quelqu'un ait dû subir cet affront. Au moment où il décida d'aller voir l'état de Malefoy par lui-même, il tomba sur Hermione en pleure.

-Calme-toi, ça va aller. Souffla t-il en lui passant une main réconfortante dans son dos.

- Tout est de ma faute. Hoqueta la Gryffondor.

- Viens on va s'asseoir, tu vas tout m'expliquer.

Harry prit la main de sa meilleure amie comme si ils ne s'étaient pas disputés récemment. Il l'assit sur une des chaises bancales se trouvant dans le couloir désert et s'installa à ses côtés.

-Je sais bien que Skeeter n'est pas digne d'avoir le titre de journaliste. C'est plutôt un rapace. Alors je voudrais ta version des faits Hermione. Je pense que tu seras plus en paix avec toi-même lorsque tu l'auras dit de vive voix. Et quoi que tu puisses me dire je ne me mettrai pas en colère. J'ai été vraiment odieux avec toi la dernière fois. Je me suis montré puéril alors qu'il ne s'agissait juste d'un article sur les sang-purs. En fait, j'ai eu tord sur toute la ligne. Pardonne-moi.

Hermione demeura stupéfaite.

-Oh Harry !

Elle lui saisit le cou et se mit à sangloter de plus belle.

-Hermione... Hermione... HERMIONE !

La jeune femme relâcha son emprise consciente qu'elle était sur le point de l'étrangler. Elle rougit faiblement et rit sous cape.

-Bon dis-moi la vérité maintenant. Qu'est-ce que Malefoy à avoir avec toi ?

- Et bien je...

Devait-elle vraiment lui dire tout ce qu'il se passait ? Pouvait-elle lui faire totalement confiance ? Comment réagira t-il lorsqu'il entendra le fin mot de l'histoire ? Et Ron ? Lui tournerait-il définitivement le dos ? Hermione prit une bouffée de courage et commença par dire :

-Quoi que je dise, quoi qu'il se passe je t'en prie ne m'interromps pas et ne pose pas de question. Un autre jour si tu veux mais pas maintenant. Je ne serai sans doute pas capable d'y répondre convenablement... L'article de Skeeter à raison sur certains points, tout a commencé le 7 mars à la sortie du livre de Silver Serpentis. Tu sais bien que depuis la publication de son premier ouvrage j'ai toujours adoré cet auteur. D'ailleurs, pendant nos pauses à l'école des aurors je ne me lassais pas de relire certains passages. J'attendais donc son autobiographie avec impatience. Je l'ai acheté et lu. Mais dès les premières pages j'ai vraiment été touchée et j'ai tenté de prendre contact avec mon auteur favori. Cela a prit un peu de temps avant que ma lettre ne lui parvienne mais cela s'est finalement fait. A partir de ce moment là, nous avons entretenu une correspondance épistolaire. Je recevais des lettres de lui plusieurs fois par semaine. Et un beau jour, il m'a proposé de le rencontrer non loin de Poudlard. Quand je l'ai vu, j'ai immédiatement reconnu Malefoy. Bizarrement, il ne m'a pas fallut longtemps avant d'encaisser la nouvelle. Silver Serpentis et Draco Malefoy ne faisaient qu'un. Nous avons passé l'après-midi ensemble et ça a été assez agréable. Ensuite, il m'a proposé de m'aider afin d'exploiter mon esprit journalistique : il faut dire qu'il en connaissait plus que moi dans le domaine littéraire. J'ai donc accepté son aide... Il m'a invité chez lui pour travailler. C'est grâce à lui que j'ai pu concocter cet article sur les sangs-purs même si l'idée venait de moi. Il y a deux jours je suis allée chez lui pour une autre leçon. Tout s'était très bien passé. En plus, je l'avais invité chez moi. Sauf que une fois sur place quelques choses s'est produit. Quelques choses que ni l'un ni l'autre n'avons pu contrôler... Nous nous sommes... embrassés. C'était vraiment étrange parce que Malefoy a toujours été quelqu'un que j'ai haï et qui me le rendait bien. Mais là tout était différent comme si chacune de nos barrières s'étaient brisées en éclats et qu'il n'y avait plus que lui et moi. Après quoi, il est resté un peu à la maison. Nous avons parlé de tout et de rien. Cependant, il a complètement changé d'attitude d'une minute à l'autre. Comme si il était revenu sur terre. Il est partit. Partit sans se retourner. Et la dernière fois que je l'ai vu ce n'est que quelques minutes plus tôt, allongé par terre et criblé de blessures... Je ne pourrai pas décrire ce que j'ai exactement ressentit à ce moment là. De la peine mélangé à de l'effroi et quelque chose de beaucoup plus profond encore... Harry, j'ai peur que se soit de l'amour... Je suis effrayé à l'idée d'être tombée amoureuse d'un homme qui m'a toujours détesté. Et aujourd'hui plus que jamais. Maintenant que Rita à publié cet article, tout le monde et lui y comprit doit croire que cette relation ne m'a servi que pour me venger. J'ai peur qu'il ne veuille plus m'adresser la parole après tout cela. Pourtant, ça serait compréhensible. Il doit me prendre pour ce que je ne suis pas : une traîtresse. Harry je suis désemparée, je ne sais plus quoi faire. Il est là, entre la vie et la mort à cause de la bêtise des gens. Et moi je suis ici, à m'apitoyer sur mon sort. Je ne mérite même pas ton attention. Je ne suis rien comme Ronald l'a si bien dit. A quoi bon lutter ?

Hermione se battait avec elle-même pour ne pas pleurer une énième fois. Harry, quant à lui, semblait perplexe plus qu'autre chose. Il finit par dire :

-Ecris-lui une lettre. C'est bien par là que tout à commencer n'est-ce pas ?

La jeune femme releva son visage rougis vers son meilleur ami qui lui souriait faiblement. Elle savait que désormais Harry serait de son côté et qu'il comprenait ce qu'elle ressentait à l'égard du jeune écrivain et que leur lien d'amitié n'en souffrirait point. Le brun se leva et prononça d'une voix morne :

-Prends soin de toi Hermione. J'en suis sur que ça finira par s'arranger. Nous nous reverrons d'ici peu. En attendant je dois aller voir comment se porte Malefoy et me charger de sa sécurité. Ron arrivera d'ici peu, si tu le croises je crois que ça vous fera un bien fou à tout les deux de discuter histoire de mettre de côté vos rancœurs du passé. A bientôt.

Il disparut au coin d'un couloir sinueux qui devait conduire au bloc opératoire. Hermione tremblait comme une feuille. Elle n'arrivait pas à mettre tout ce qui venait de se passer dans un ordre précis. Draco, son agression, l'hôpital, Harry...

D'un coup de baguette magique, elle fit apparaître une plume quelconque, de l'encre, un rouleau de parchemin ainsi qu'un support. Hermione rassembla son courage et son lexique afin de trouver les mots justes pour exprimer ce qu'elle ressentait. Chose qui n'était pas très aisé quand on venait d'être chamboulée sentimentalement parlant. Jamais elle n'avait écrite une lettre de ce genre. Jamais auparavant elle avait dû coucher ses sentiments sur un papier. La journaliste pensa qu'elle n'avait plus rien à perdre à présent : Harry avait raison. Elle trempa la longue plume dans son encrier et traça la première lettre de sa missive :

« Le jeudi 13 avril 1999,

Dans un couloir désert de Sainte Mangouste. Loin de toi, loin de tout...

Silver,

Je viens de retracer notre histoire à vive voix sur épaule consolatrice. J'aurais aimé que ce soit la tienne Silver. J'aurais désiré que tu me dises en cet instant même que tout se passera bien. J'aurais rêvé que tu m'embrasse encore une fois. Mais tu n'es plus là. Je t'ai vu sur le sol, comme au jour de ta naissance, si faible et démunis. Pourtant, une force exceptionnelle sommeille en toi comme un dragon prêt à rugir. Il faut que tu conserves ce don pour t'en sortir lors de cette opération. J'ignore encore la nature de tes blessures mais j'essais de rester confiante pour l'avenir. Je tente de sécher mes larmes dues à la tristesse qui m'accable depuis cet instant. Tu as surement dû lire l'article qui est paru dans la Gazette du Sorcier cet après-midi. Cependant, je peux te jurer sur mon honneur qu'il ne s'agit que d'un ramassis de mensonge. Tu liras dans mes yeux la vérité. Aussi, tu dois te demander pourquoi ce parchemin est constellé de gouttes salées comme si je l'avais rédigé au dehors, un jour de pluie. C'est parce que je pleure encore Draco. Je pleure de chagrin car même si tu es rétabli, rien ne sera plus comme avant. Tu me détesteras davantage alors que moi, je ne ressens rien à ton égard qui ressemble à de la haine. Je t'aime plus que je te déteste. En fait, je crois que je t'aime tout court. Pourtant, je sais que toi Draco, tu ne pourras pas m'aimer pour diverses raisons. Je suis ce qu'on t'a toujours appris à haïr les sang-de-bourbe. Tu as été élevé avec des principes selon lesquels ton sang ne mérite point d'être mêlé avec une sorcière indigne. En outre, je suis une Gryffondor et amie du Survivant. Tout mène à croire que nous ne sommes pas fait pour nous aimer, mais le contraire. Comment pourrions-nous un jour vivre notre idylle si le monde s'y oppose ? Je souhaiterai que tu me regarde comme une femme. Que tu brûle de désir en enfer en posant tes yeux sur moi. Que tu me trouve belle à te damner. Que tu m'aimes Draco...

Je ne sais pas pourquoi c'est aujourd'hui plutôt qu'hier que je m'en aperçois. Et aujourd'hui demeure plus que jamais... Cette phrase de ton dernier livre traduit parfaitement mon état d'esprit parce que je crois que tu as su trop fortement touché mon cœur. Par conséquent, tu laisseras une marque indélébile après ton passage. Si je persiste dans cette direction, je ne serai que trop mal payée de mon amour. Tu ne m'aimes pas et je dois m'en persuader. A ton réveil, il sera peut-être venu le temps des adieux. Si je ne pleure pas devant toi c'est parce que mes larmes coulent à l'intérieur. Tu seras là, dans ton lit d'hôpital me lançant un regard acide qui transpercera le cœur pour ma traitrise alors que tu déchireras la lettre sans souffler mot. Les papiers qui tomberont à tes pieds seront comme des fragments de mon âme. Je fixerai le sol, tel un témoin passif d'un crime révulsant. Je n'oserai pas crier « M'aimes-tu ? » de peur d'entendre cette réponse qui fouettera l'air comme une sentence irrévocable. J'espère, au fond de moi, que celle-ci sera positive. Néanmoins, je doute encore surtout après ce qu'il vient de se produire.

Tout ces regards, tout ces baisers échangés et cette passion ressentie me donne encore le tournis. Je suis enivrée par un doux parfum qu'est l'amour et je n'ai pas pu détecter cet aromate sur toi alors que tu le portais chaque jour que je te voyais. Maintenant que tout ceci est finit, je me rends compte à quel point tu comptais pour moi et que ta perte me sera surement fatale. Tu sais, j'aurais voulu venir te voir hier, au Chemin de Traverse. Or, un seul petit mot de ta part me fit changer d'avis. J'étais alors balancée entre raison et passion. Mon corps entier voulait te rejoindre là bas alors que ma tête, remplie d'honneur, me dictait le contraire. En effet, dans ta dernière lettre tu parles d'amitié. Ce que nous avons partagé n'a donc pas compté pour toi ? Ne suis-je qu'une simple amie avec qui tu t'amuses ? J'ose espérer que ce qui s'est passé entre nous n'était que le fruit d'une attirance mutuelle basée sur la sincérité. Pour moi c'était le cas : j'étais sincère à chaque instant, n'en doute jamais. Ce journal à beau médire de moi tu sais bien que je ne serai pas capable d'être quelqu'un d'autre que moi-même. Si à cause de ce qui est écrit tu décides de ne plus m'adresser la parole, je sombrerai dans la souffrance mais je comprendrai. Ce qui est sûr, c'est que je donnerai ma démission le plus tôt possible afin de réparer cette injustice...

Amoureusement,

Ta Calamity Jean. »

Hermione roula le parchemin et le cacheta sans se relire de peur de changer d'avis à la dernière minute et se leva comme un automate, à la recherche de la chambre de Draco. Quelques étages plus haut, elle tomba sur Harry et Ronald dans un couloir en pleine discussion avec un Médicomage. Lorsqu'elle arriva à leurs côtés, Ronald la fixa comme si c'était la première fois de la vie qu'il la voyait.

-Hermione, tu es toute pâle. Tu dois aller te reposer. Déclara le rouquin sans la quitter des yeux.

- Je vais rentrée chez moi, ne t'en fais pas. Avant ça, je voudrais te demander une faveur Harry. Dit Hermione d'une toute petite voix. Tiens, donne ça à Draco quand il se réveillera.

Le rouleau de parchemin passa d'une main à une autre devant les yeux ébahis de Ron. Pourquoi Hermione semblait-elle si familière avec l'ancien Mangemort ? Il était sur le point de poser des questions lorsque le regard d'Harry le lui déconseilla fortement.

-Je le lui donnerai Hermione. Je te le promets.

- Merci et à bientôt.

La journaliste tourna les talons, les épaules plus légères. Il est vrai que cela lui avait fait du bien d'écrire ce qu'elle ressentait. Encore faudrait-il que ses sentiments soient réciproques...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top