Nous marchions de puis plusieurs longues minutes quand Gimli se mit à râler:

- Par tous les royaumes nains! Grogna t'il. Il n'y a aucun chemin dans ce sombre endroit. Je me croirais dans votre satanée forêt, seigneur Legolas.

Cette allusion à la Forêt Noire me replongea dans le passé, et je me rappelai la fois où j'avais suivi la compagnie de nains juste avant que les elfes Sylvestres ne les capturent. 

- Tenez donc, cela ne vous rappelle rien? Fis je à voix haute en direction du prince.

- Évidement, soupira t'il. Vous n'avez rien oublié de tout cela.

- Je me ferais une joie de vous le rappeler chaque jour de votre vie. 

- De quoi parlez vous? Questionna Aragorn d'un air curieux.

- Oh, rien! Fis je en agitant la main d'un geste vague. De notre soi-disante... rencontre?

- Vous vous connaissiez depuis longtemps? S'étonna mon frère.

- Bien sûr! S'esclaffa Gimli. Il n'a même pas résisté à se jeter dans ses bras lors de leurs retrouvailles! Pour un elfe, en voilà une bonne!

D'accord. Le nain avait raison... mais Legolas ne s'était pas "jeté" dans mes bras. Nous l'avions fait... en même temps.

- Cela faisait soixante que nous ne nous étions pas vus, me justifiai je en détournant le regard.

- Surtout que j'étais parti sans me retourner ni dire au revoir, comme un lâche, soupira t'il. J'étais vraiment un abruti à l'époque.

- Je vous ai déjà dit que j'aurais fait la même chose! Répliquai je. Et moi aussi, j'étais désagréable. En plus, j'ai essayé de vous tuer!

- Oh, c'est bon non? Protesta Gimli. Vous n'allez pas vous disputer pour savoir qui est le plus désolé!

- Une seconde, Isilya, tu as essayé de le tuer? Coupa Aragorn.

Je me tus. C'était vrai que cette histoire devait rester oubliée depuis longtemps... Mais Legolas se mit à raconter le passage des nains et des araignées, et j'enchaînai avec notre entrevue. Il n'avait pourtant pas l'air gêné ni vexé, alors qu'il y a quelques dizaines d'années il ne voulait pas du tout en entendre parler. Gimli et Aragorn étaient abasourdis.

- Ne vous inquiétez pas, assura le blond. Autrefois, j'étais mort de honte de m'être laissé surprendre comme ça. Aujourd'hui, je suis même prêt à en rire.

- Tant mieux! M'exclamai je. Vous ne m'en voudrez pas de vanter cet exploit à tous les passants, tout en vous le rappelant toute votre vie.

Une vie qui était éternelle en plus. Mais ma phrase sous entendait que je comptais rester avec lui... si nous survivions à cette guerre. Je chassai ces pensées et me remit en route. Nous ne devions pas oublier notre réelle intention.