{𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 39} - 𝐶𝑜𝑛𝑓𝑖𝑑𝑒𝑛𝑐𝑒𝑠
Aussitôt arrivés, nous fûmes accueillis par les femmes et les enfants. Alcar nous avait laissés à terre, Harthad et moi, pour aller se percher sur une tour.
- Mon fils! S'écriait quelqu'un. Mon fils! Où est mon fils...
Suzanne apparut brusquement devant nous et se jeta sur Harthad.
- Mon chéri! Tu es vivant, par tous les dieux! Tu es revenu!
- Oui, maman, fit il. Isilya te l'avait dit que je reviendrais.
La femme relâcha son fils pour me regarder de la tête aux pieds. Puis elle me prit dans ses bras. Ne m'y attendant pas, je mis un temps avant de retrouver mes esprits et je lui rendis son étreinte.
- Merci, merci infiniment, souffla t'elle. Je vous dois la vie.
- Ce n'est rien, je vous assure. Vous ne me devez rien. Je le referais si nécessaire, assurai je.
Elle s'écarte pour examiner minutieusement son fils. Puis elle me remercia une dernière fois et s'en alla, serrant Harthad contre elle.
- Tu sais maman, je pense que tu aimerais voler sur un dragon, entendis je le garçon dire. C'est fantastique!
Je souris en secouant la tête. Je l'aimais bien, ce gamin.
- Et moi donc.
- Oh, je me demande bien de quoi vous avez parlé tous les deux quand vous étiez dans les airs.
- De quoi voulais tu qu'on parle? On était en plein bataille, fit il innocemment.
Je levai les yeux au ciel et je partis à la recherche de mes amis. Eowyn serrait Aragorn dans ses bras, et quand mon frère s'en alla, je la rejoignis.
- Hey... désolée que tu n'aies pas pu combattre aujourd'hui, murmurai je.
- Isilya! S'exclama t'elle en m'enlaçant. Tu es vivante... et, ce n'est pas grave, la guerre n'est pas finie, ajouta t'elle d'une voix pleine de détermination.
Je lui souris puis regagnai l'extérieur. Je restai plantée un moment au milieu des débris avant d'apercevoir Legolas et Gimli. Je les rejoignis alors qu'ils semblaient en grande discussion. Le nain, assis sur un cadavre d'Uruk, fumait sa pipe tranquillement.
- Au total, quarante deux, disait l'elfe en lissant son arc de la main d'un geste désinvolte.
- Quarante deux? Répéta Gimli. Hmm, ce n'est pas mal pour un prince elfe aux oreilles pointues. Pour ma part, je suis assis sur mon quarante-troisième, reprit il en lâchant un petit rire.
Legolas saisit vivement une flèche, banda son arc et tira. La pointe alla se ficher dans le cadavre qui servait de siège au nain. Je m'avançai vers eux, curieuse.
- Quarante trois, rectifia l'elfe.
- Il était déjà mort! S'indigna Gimli.
- Il bougeait encore.
- Il bougeait encore, parce que ma hache est enfoncée dans son système nerveux! S'exclama le nain en accompagnant sa phrase d'un geste qui prouvait ses dires.
- Navrée de vous interrompre... intervins je en posant une main sur l'épaule du blond.
- ... mais inutile de vous disputer, aucun de vous n'est gagnant, ricana Alcar en flanquant un coup d'aile à Gimli en arrivant derrière lui.
- Oh, toi... grogna le nain. Tu me le paieras un jour, lézard insolent.
- Payer quoi? Sifflota le dragon.
- Les tomates juteuses? Tentai je.
- Hum, si vous permettez, j'aimerais connaître votre raison de nous interrompre, intervint Legolas en me jetant un coup d'œil.
- Oh, et bien à nous deux, il se peut que l'on ait même dépassé le triple de votre score à chacun, lançai je d'un air moqueur.
- Au total... cent soixante six exactement, confirma Alcar.
Nos amis écarquillèrent les yeux et le dragon sourit tout en avançant. Quand il passa à côté de moi, il me donna un petit coup d'aile qui me fit perdre l'équilibre. Je me rattrapai de justesse aux épaules de Legolas.
- Que disais je, toujours à tomber sur moi, se moqua l'elfe.
- Je suis peut être maladroite, répliquai je en lançant discrètement un regard noir à Alcar. Mais meilleure que vous au combat.
Je ponctuai ma phrase d'un sourire et je le laissai en plan, sous les yeux de Gimli. Ce dernier adressa ensuite quelques mots à l'elfe que je n'entendis pas car ma sœur apparut devant moi et s'exclama:
- On est tous vivants! Tu te rends comptes? Tous!
- Sauf Haldir.
Ces mots précèdent un long silence pesant entre nous. Génial, bravo Isil...
- Désolée, soupirai je. Mais... je pense que je ne réalise pas encore. Je ne serais pas dans cet état sinon. Je serais... perdue, désespérée. Dévastée.
- Où alors tu as compris, répondit elle d'une voix douce.
- Compris quoi?
- Les enjeux de la guerre, expliqua t'elle. Beaucoup de gens meurent. Tout le monde perd des proches, cela n'arrive pas qu'aux autres. C'est inévitable, et on ne peut passer notre temps à pleurer, car la guerre n'est pas terminée. Il faut se battre pour ce qui est juste, pour y mettre un terme afin que tous les morts n'aient pas péri en vain. Et après, il faut poursuivre sa vie en se disant que si eux ont donné la leur, c'était pour toi et pour tous ceux qui sont encore vivants.
- Comment sais tu tout cela? Tu parles comme si tu avais connu beaucoup de guerres et de pertes, murmurai je.
- Tu sais, avant de te rencontrer, j'ai eu quarante ans de vie, fit elle avec un petit rire. J'ai connu des gens qui sont morts devant moi. J'ai connu des mais, et... un garçon, dans ma jeunesse. Je l'ai perdu. J'ai aussi perdu Boromir il y a peu.
- Il y avait quelque chose entre vous, alors. Je le savais, fis je avec un sourire triste.
Je me dis en même temps que je ne connaissais peut être pas si bien ma sœur que ça. Je venais de découvrir une autre facette de sa personnalité: elle avait beaucoup souffert dans son passé, elle aussi a erré seule pendant longtemps avant que nous soyons réunies. Maintenant, nous étions ensemble. Et cela durerait, jusqu'à la fin.
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