{𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 35} - 𝐿𝑒 𝑑𝑒́𝑏𝑢𝑡 𝑑𝑒 𝑙'ℎ𝑜𝑟𝑟𝑒𝑢𝑟

Gimli, perché sur la muraille, continuait de compter ses victimes à voix haute. Je surveillais régulièrement Ilmana et Harthad du regard, qui se tenaient à une dizaine de mètres.

- Isil! Me héla Legolas.

Je tournai la tête dans la même direction que lui. Un groupe d'Uruks flanqués de boucliers et de lances s'engageait sur le pont principal qui menait à l'entrée de la forteresse. Les archers s'orientèrent dans la direction et tirèrent, mais ils ne parvinrent qu'à en faire tomber quelques uns sur les côtés. S'ils forçaient l'entrée et envahissaient le bastion, nous étions perdus.  

- Je m'en occupe, retentit la voix d'Alcar.

- Comment ça?

Le dragon ne répondit pas et passa juste au dessus de nous. Il atterrit juste devant la formation et balaya le premier rang d'un coup d'aile, les faisant tomber dans le vide.

- Reviens tout de suite, ils vont te blesser!

- C'est les enjeux d'une bataille, Isil. Fais moi confiance et laisses moi faire pour une fois.

- Je...

Je me tus. Il avait raison. C'était bien un dragon, il pouvait se débrouiller! Il ne crachait pas de feu, il était de petite taille, mais c'était un dragon. La créature la plus redoutée de tout l'Arda. Originellement, créée par les ténèbres dans leur forme la plus pure.

Essayant de me sortir de la tête les images du cadavre de mon ami transpercé de lances, je me laissai emportée dans un état second. Un état ou je tuais mes ennemis un par un, sans fatiguer, sans penser à mes alliés qui tombaient à côté. Je voyais rouge, ou même noir, si bien que je n'entendis presque pas les hurlements de ma sœur.

- ATTENTION!

Je me figeai et regardai enfin autour de moi. Mon frère, non loin, s'était aussi arrêté et regardait, les yeux écarquillés, au pied de la muraille. Je me précipitai au bord. Les Uruks s'étaient écartés pour former un passage, laissant passer l'un d'entre eux qui brandissait une torche grésillante. Par les Valar...

- Abattez le, Legolas! Hurla Aragorn.

L'elfe obéit et tira une flèche dans l'épaule du monstre, qui n'arrêta pas sa course pour autant.

- Tuez le!

La deuxième flèche ne suffit pas non plus. Le monstre n'était plus qu'à quelques mètres du mur et de la cavité. Je me mis à courir vers mes amis. Le mur allait exploser. Legolas, Gimli, Ilmana et Aragorn n'étaient pas le problème. Mais Harthad ne survivrait jamais à cela.

- Sortez de là! M'écriai je.

- ISIL! ATTENTION!

Je baissai la tête assez vite pour voir l'Uruk se jeter en avant et disparaître dans le conduit, juste en dessous de moi. Trop tard. Je croisai le regard horrifié de Legolas une seconde avant que la muraille ne vole en éclats. Un énorme bruit retentit, puis je me sentis projetée dans les airs, en même temps que les autres soldats et les morceaux de pierre.

- Isil, j'arrive.

- NON! Harthad, sauve Harthad! Vite!

Je sentis l'hésitation du dragon par notre lien, mais il ne dit rien. Je fermai les yeux. Au moins, le petit serait indemne. Je m'en sortirais peut être avec des côtes cassées tout au plus. Dans l'explosion, j'avais lâché mes dagues. Espérons que mon arc finisse entier.

Je m'écrasai violemment sur le ventre, à l'intérieur de la forteresse. Je sentis le choc bien avant la douleur, et je restai étendue au sol quelques secondes avant de reprendre mes esprits et de rouler sur le côté. Je laissai échapper une exclamation. Mon corps tout entier me faisait souffrir, et ma tête tournait.

- Isil! Isil, ça va?

Je sentis quelqu'un se précipiter à côté de moi et poser la main sur mon épaule.

- Aller, lèves toi, ils arrivent! Me pressa la voix d'Ilmana.

Je rouvris brusquement les yeux et je me relevai d'un bond. Peut être trop vite, parce que je faillis tomber. Puis je levai les yeux vers le ciel, à la recherche d'Alcar. Au même moment, le dragon surgit, serrant Harthad contre sa poitrine, entre ses pattes. Il déposa doucement le jeune homme devant moi et je pris aussitôt ce dernier dans mes bras.

- Par les Valar, tu n'as rien. Merci, Alcar.

- Pour te servir, fit le dragon en mimant une révérence. Aller, ça va être la fête maintenant.

Il désigna d'un coup d'aile les dizaines d'ennemis qui s'engouffraient entre les murs écroulés, pataugeant dans le sol boueux dans lequel ils s'enfonçaient. Cela ne les arrêtait pas pour autant. Je poussai Harthad vers mon ami.

- Toi, tu restes avec lui, ordonnai je au garçon. Ça n'est pas discutable.

- Euh... c'est à dire que... je n'ai jamais volé à dos de dragon! S'exclama l'intéressé alors que son regard faisait des allers retours entre moi, Alcar et les Uruks qui approchaient.

- Montes, gamin, tu seras plus en sécurité dans les airs, assura le dragon. Isil, j'ai compris ta manœuvre, petit maligne.

- Quoi? Fis je innocemment.

- L'avoir sur mon dos m'empêche de m'approcher trop des ennemis, grogna t'il en se baissant pour faciliter la tâche à Harthad. Je ne peux pas me battre.

- Je suis démasquée, avouai je avec un soupir. Mais je préfère vous savoir hors de portée de leurs armes.

Le dragon hocha la tête et s'envola après un dernier regard dans ma direction.

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