{𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 23} - 𝐿𝑒 𝑟𝑒𝑓𝑢𝑔𝑒

Quand notre destination apparut au loin, je me sentais très mal. J'étais montée derrière un cavalier qui me l'avait gentiment proposé, car nous étions tous à cheval. Plusieurs fois je faillis tomber, la tête embrumée. Alcar était dans le même état! Cependant, il réussissait à suivre le rythme, vu que personne ne semblait remarquer sa perte d'énergie.

- Tout va bien, Isilya? Me lança Legolas qui se tenait non loin.

- Je me sens... engourdie? Affaiblie? Exténuée? Énumérai je sans trouver de mot approprié pour la sensation qui m'envahissait.

- C'est votre blessure? Questionna l'elfe.

- Non, c'est justement à cause de cette fatigue que j'ai été blessée.

Il ne répondit rien mais jeta un coup d'œil à Alcar. À quelques centaines de mètres du Gouffre de Helm, les cavaliers lancèrent leurs chevaux au galop. Sur le flanc de la falaise, sculptée à même la roche, se dressait la forteresse. D'épais murs encerclaient le tout et formaient une barrière, protégeant les rues et les espaces qui constituaient la place.

J'étais déjà passée par ici, il y a très longtemps, pendant mes années d'errance, peu avant de rencontrer Ilmana. Et des dizaines d'années plus tard, accompagnée de ma soeur et du dragon, j'étais revenue au Rohan, mais à Edoras cette fois.

- Tu as déjà voyagé sur ces terres, lançai je à Alcar. Sauf que tu étais encore au stade caillou.

Le dragon marmonna quelque chose d'inaudible que je n'entendis pas. Mais... Inaudible? Rien n'était inaudible pour une elfe!

- Tu as dis quoi? Fis je.

- Tu n'as pas entendu? S'étonna t'il. Je disais simplement que j'étais peut être au stade caillou, mais toi tu étais déjà vieille.

- Pas autant que toi! Ripostai je. Encore aujourd'hui, je ne saurais dire combien de siècles, si ce n'est des millénaires; tu as passé dans ton œuf avant que je ne te trouve!

- Nous arrivons! S'exclama soudain un cavalier.

Je levai la tête vers les imposantes murailles qui nous faisaient face. Je ne m'étais jamais autant approchée, je n'avais fait que voyager dans les plaines...

- Alcar... commençai je.

- Inutile de s'en préoccuper, me lança le roi Théoden. Si nous entrons en sa compagnie, les gens comprendront qu'il n'est pas une menace.

Je hochai la tête, peu convaincue. Cela n'empêcherait pas la panique générale. Les dragons étaient des créatures des ténèbres, engendrées par Morgoth, le Noir Ennemi, il y a des âges de cela. Alcar était différent, mais ça, peu de gens le savaient...

- Laissez passer le roi! Clamaient les gardes
alors que nous nous engagions dans les rues étroites et bondées pour rejoindre la place principale.

Aussitôt que la monture s'arrêta, je descendis maladroitement en remerciant le garde. Des hommes vinrent saisir les rênes des chevaux et les emmenèrent, tandis que de nombreux autres venaient questionner les cavaliers. Eowyn arriva précipitamment et s'arrêta devant son oncle pour observer le groupe.

- Si peu... souffla t'elle. Si peu d'entre vous sont de retour!

- Notre peuple est sauf, fit Théoden en confiant son cheval à un garde. Nous avons payé cela par de nombreuses vies.

Je m'approchai de mon amie, suivie de Gimli et Legolas.

- Gente Dame... commença le nain.

- Le seigneur Aragorn? Où est il?

- Il est tombé.

Je baissai la tête. J'aurais aimé la rassurer en lui disant qu'il était bien vivant, mais comment expliquer ma certitude, et le fait que nous ne l'ayons pas cherché? 

Les larmes aux yeux, Eowyn tourna la tête vers son oncle, qui s'éloignait, l'air désolé. Et elle disparut dans une rue. Elle semblait beaucoup attachée à mon frère. Mais il était déjà fiancé...

- Il va revenir, murmura Legolas.

- Oui.

- UN DRAGON! UN DRAGON!

Oh non... je me tournai vivement vers la source du bruit. Alcar, qui se tenait contre un mur depuis notre arrivée, était maintenant l'objet de tous les regards paniqués et horrifiés des hommes et des femmes présents. Certains brandissaient des lances, et je m'interposai aussitôt entre eux et mon ami.

- C'est un ami du roi, lançai je aux hommes. Ne lui faites pas de mal, et nous ne vous en ferons pas.

Beaucoup furent convaincus par ma première phrase, et la deuxième, qui laissait sous entendre une menace, leur fit baisser les armes. Personne ne touchait à mon Alcar.

- Venez, Isilya, fit Legolas. Évitons que votre blessure ne s'aggrave et allons retrouver votre soeur.

Je fis signe à Alcar de nous suivre, et nous prîmes le chemin de ce qui ressemblait à une infirmerie.

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