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Je n'ai pas prononcé un seul mot depuis mes dix ans. D'où mon pseudo : Silent.
Hugo, mon meilleur ami, j'ai grandit avec lui, est le seul à me comprendre, en un regard il capte ce qu'il me traverse l'esprit avec une justesse qui me faisait carrément flipper quand j'étais gosse. Ça a toujours été comme ça. Je sais que je lui causait avant, à lui et à tout le monde même.

Mais je n'y arrive plus.

Parfois, j'ai la gorge serrée tellement j'ai envie d'hurler. Les mots veulent sortir mais rien, pas un bruit. Tout ça à cause de Lui.

Je ne sais pas qui est ce « Lui », mais c'est comme ça que je l'appelle dans ma tête. Ce type qui m'a brisé et m'a coupé la voix. Celui qui m'a pourri la vie, mon enfance et m'a privé de ma famille.

C'était l'année de mes dix ans, je m'en souviendrai probablement toute ma vie : j'étais dans ma chambre entrain de dormir quand j'ai entendu du bruit au rez-de-chaussé. Mon chien à mes pieds a commencé à grogner et d'une caresse je l'ai enjoint à se calmer.
J'ai descendu les escaliers sur la pointe des pieds, mon chien sur mes talons.

« - Ne fais pas ça ! » avait hurlé mon père

Je m'étais stoppé dans ma descente, papa n'hurlait quasiment jamais. Et s'il m'avait vu ?

« - Donnes-moi le fric, James ! »

La voix était enrouée, comme si la personne était malade. Ma mère sanglotait, ce qui me serrait le cœur.

« - Et toi, arrêtes de chialer ! »

Prit d'inquiétude pour maman, j'ai foncé dans la cuisine d'où venait les voix. Depuis la commode posée près du mur du couloir je pouvais voir maman et papa autour de la table, serrés l'un contre l'autre.
Un éclat argenté m'avait fait sursauter, je m'étais cogné contre le mur et avait marché sur la patte du chien qui avait couiné de douleur. Aussitôt, j'avais été soulevé dans les airs et quelque chose de froid était entré en contact avec mon cou.

« - Donnes le fric putain ! Où je tue le gosse ! »

Papa avait obtempéré de suite, déplaçant un meuble, enlevant une plinthe dans le bas du mur et découvrant une cachette remplie de liasses de fric.
Le type avait explosé d'un rire sonore à quelque chose qui n'avait rien de drôle.

« - T'es vraiment trop con... avait-il dit

- Laisse Logan partir ! Avait supplié papa alors qu'un déclic se faisait entendre derrière ma tête

- Tu crois vraiment que le môme va s'en sortir ? Tu crois vraiment qu'il va le laisser vivre une vie normale ? Tu te trompes.

- Laisse-le s'en aller ! Insistait papa. »

L'homme m'avait lâché, j'avais aussitôt tourné mon visage vers le sien, mais je ne voyais que ses yeux, des petits yeux marrons et froid qui me transperçait du regard.

« - Cours, petit, cours. »

Mes jambes étaient lourdes, je ne pouvais courir. Je ne pouvais pas m'enfuir, je ne voulais pas m'enfuir. Et maman ? Et papa ? Venez-t-ils avec moi ?

« - Je t'aime Logan. » avait murmuré maman

Je me réveil en sursaut, le cœur battant à un rythme qui n'a rien de normal, le dos trempé de sueur et les cheveux rabattu sur mon visage. Je les dégage d'un geste de la main et m'assois en tailleur tout en tentant de calmer la douleur qui me broie de l'intérieur.

Boum.

Premier coup de feu. Je cours, les larmes coulent alors que papa hurle à s'en décoller les poumons.

Boum.

Deuxième coup de feu. Je n'arrive plus à pleurer alors j'ouvre la porte puis me précipite dans le seul endroit où je sais que je serai à l'abris, mon chien sur mes talons.

Je me passe la main sur le visage et tente de retrouver mon souffle alors que les hurlements de papa et les derniers mots de maman résonnent dans mon crâne inlassablement.

Je me lève et ouvre la fenêtre puis retire le caleçon que je porte avant de me rendre dans la douche où j'allume l'eau froide. La tête penchée vers le sol, je ferme les yeux et apprécie l'eau qui coule sur mon crâne et mon corps tatoué. Je roule des épaules essayant de dénouer mon dos qui est tendu à la suite du cauchemar qui est venu hanter ma nuit comme à chaque fois.

Une fois lavé, j'enfile des vêtements propres : caleçon, t-shirt portant l'inscription « BlackSky MC », jean's, boots et ma veste en cuir noir. Je passe le doigt sur l'écusson « Sergent d'armes » et me retourne pour contempler l'écusson du Club qui orne le dos du cuir : une Harley avec une rose et deux pistolets entrecroisés sous six étoiles.

Ce blouson c'est probablement ce qui m'a sauvé la vie. Après tout ce que j'ai vécu, j'ai vite compris que le seul moyen de m'en sortir c'était de fermer ma gueule, de plus dire un seul mot et encore moins sur cette fameuse nuit où tout a basculé. J'ai grandit avec Hugo, élevé par sa mère, Olivia. Elle et Tony ont étés des vrais parents de substitution pour moi, surtout Olivia qui a agit comme une maman poule.
A mes dix-sept ans, j'ai officiellement intégré le club en tant que prospect pour une période d'un an avec Hugo. Rapidement, nous avons été accepté en tant que membre officiel et nous avons obtenus le droit de poser notre cul à la table, de voter et nos Harley ont pu être floquées aux couleurs du Club. Hugo été prédestiné à porter le cuir, à diriger le Club étant donné le lien de parenté avec le président. Aujourd'hui, il en est le vice-président et moi l'homme de main.

A croire qu'être muet m'a permit de mettre tout mes sentiments humains de côtés. Je suis ce qu'on appelle un vrai connard, une machine de guerre. Je bute tout le monde. Un contrat sur la tête de quelqu'un et je fais le job sans me poser de question. J'crois que c'est comme si en tuant des personnes parfois innocentes je me vengeais pour la mort de mes parents. Complètement idiot comme raisonnement mais c'est ce qui me permet de tenir et de ne pas me tirer une balle dans le crâne comme un putain de lâche.

•••

Je coupe le moteur de ma bécane et retire mon casque en me levant puis allume une clope avant de me diriger vers l'entrée du ClubHouse. Julia m'interpelle par mon surnom et me fais signe de venir vers elle, elle dépose une tasse de café devant mon nez avec un sourire tendre et s'apprête à repartir mais comme d'habitude, je l'attrape par la main et l'attire vers moi pour un bref baiser en guise de remerciement. Julia, c'est la seule meuf du Club avec qui je n'ai pas couché, la seule meuf qu'on ne considère par comme une brebis, une pute à bikers. La raison à cela ? Elle a grandit dans l'ombre du Club car son père est le frère d'un créateur de ce chapitre. Avec Hugo, nous avons passés notre enfance avec elle, d'ailleurs mon meilleur pote entretient une relation presque régulière avec elle, mais rien d'officiel. Ce connard n'est pas prêt de se poser et encore moins avec une meuf qui a autant de caractère que Julia.

- Ils sont en salle de réunion, me dit-elle

J'hoche la tête et avale rapidement mon café avant de filer vers le fond du bâtiment avant le couloir qui mène aux chambres, arrivé devant une double porte en bois ornée de l'emblème du club j'ouvre un battant et entre dans la pièce où tout mes frères sont déjà présent. Je file poser mon cul autour de la table, à la droite de Tony, en face d'Hugo et mon président hoche la tête avant de s'emparer de son marteau :

- La séance commence ! Dit-il en abattant le marteau sur la table en bois.

J'attrape le paquet que me lance Hugo et allume une clope tout en écoutant Will, notre trésorier déblatérer sur les dépenses du Club. Je m'ennuie à mourir dès qu'on parle d'argent, j'y comprends que dalle à tout leurs trucs de comptabilité.

- Silent.

Je tourne ma tête vers Nikolaï, un ex-soldat d'origine Russe qui vient de m'interpeller.

- T'as reçu du courrier ce matin.

J'attrape l'enveloppe cachetée qu'il me tends et l'ouvre puis sourit en découvrant la liasse de billet qui se trouve à l'intérieur. Je sépare la somme en deux et balance la moitié au centre de la table.

- Merci mon frère. Dit Will en s'emparant des billets pour les compter.

Ce fric vient d'un autre Club à qui j'ai vendu mes services, deux trois têtes à couper Rien de bien compliqué mais ça rapporte énormément. Étant donné que j'ai agis au nom du Club, la moitié lui revient de droit.

Par contre, quand j'agis pour mon compte personnel, c'est à dire par le biais de mon réseau, sans que quelqu'un contact en premier le Club, tout le fric me revient.

- Autre chose ? Demande Tony

Mes frères et moi échangeons un regard avant qu'ils ne secoue la tête de gauche à droite, je me contente d'écraser ma clope dans le cendrier à porté de main. Le président lève le bras portant le marteau et fait claquer ce dernier sur la table dans un bruit sourd.

Le crissement des chaises sur le parquet envahit la pièce aussitôt, et je me lève pour suivre mes frères quand Tony m'interpelle.

- Et ferme la porte, ajoute-t-il

Je fronce les sourcils mais obtempère tout de même avant de retourner poser mes fesses sur ma chaise.

- Les recherches ne donnent toujours rien.

Je serre les poings. J'ai besoin de réponse. J'en ai marre de ne pas savoir qui m'a privé de ma famille.

- Ne t'énerves pas, Silent. Je vais trouver. Je trouve toujours.

Je le regarde d'un air mauvais. Ça fait treize ans qu'il cherche sans jamais rien trouver !

- J'ai peut-être un arrangement avec Rodriguez pour mettre un de ces hommes sur le coup....

Je secoue la tête et lui montre mon majeur avant de repousser ma chaise et de l'envoyer dans le mur. Rodriguez ?! Vraiment ? Ce mec est un putain de malade ! Si jamais on lui demande un service, on doit lui rendre deux fois le prix ! Ce connard de Latino serait même capable de me faire buter un môme !

J'ouvre la porte si rapidement que le bois vient claquer le mur et laisser une petite entaille. Je porte deux doigts à ma bouche et siffle pour attirer l'attention de mon meilleur pote. Aussitôt, il lâche la pute qu'il avait entre les bras et me rejoins.

- C'est quoi le problème ?

- Euh...

- Bordel, réponds ! Insiste Hugo

- J'ai demandé à Rodriguez de me filer un coup de main pour Silent.

Hugo se tourne aussitôt vers moi et lâche une série de juron en croisant mon regard.

- T'es complètement con ma parole ?! S'insurge Hugo. Rodriguez va lui faire payer le prix fort s'il trouve des infos ! Il pourrait même lui demander de te buter et il ne serait pas en position de refuser !

- Eh ! N'oublie pas que tu t'adresse à ton président gamin ! Dit Tony en haussant la voix

- Et toi, n'oublie pas que t'es censé prendre soin de ton Club ! Balance Hugo auprès un regard échange entre nous

Il secoue la tête et ouvre la porte avant de quitter la pièce, je lève les yeux au ciel dans la direction de Tony comme pour appuyer les propos d'Hugo et le suit en plantant là notre Président.



Hello mes chatons motards 😍

Je rentre par avion ce soir, ce qui veut dire qu'à partir de la semaine prochaine je reprends le rythme de publications d'avant mes vacances !

Bref, nous avons un aperçu de l'enfance de Silent, du pourquoi il ne parle pas.... vous en pensez quoi ?

Hugo et lui sont hyper proches, vous savez maintenant la raison.

Des questions ?

Des idées pour la suite ?

Ça vous plaît toujours ?

La bise 💋

Oh !

Et un petit compte insta 📷 : &nnagrom_

auquel je vous invite à vous abonner si vous voulez voir les personnages que j'imagine ou que je choisis pour l'histoire je les posterai dessus ! Ainsi que d'autre chose... bref ! À bientôt ❤️

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