10-1

Luhan

Je fixe la porte que je viens de claquée au visage de Silent, le souffle court. J'ai envie de vomir.
Je m'adosse à la porte et me laisse glisser le long de celle-ci pour finir assis contre elle, les genoux repliés contre la poitrine, essayant en vain de calmer ma respiration.

Arrête de paniquer Luhan...

Facile à dire ! Je pensais que cette vie était derrière moi, que tout ça c'était terminé. Que j'avais laissé mon passé et commencé une nouvelle vie. Mais il a fallu qu'ils me retrouvent. J'ai pourtant été discrète ! Je ne comprends pas ce qui a pu se passer...

Mon téléphone portable vibre sur le sol plus loin mais je n'ai pas la force d'aller le chercher et encore moins de répondre. Je décide de rester assise contre ma porte, toujours en sous-vêtements et en tentant encore de calmer ma respiration qui ne cesse de s'affoler.

Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi, dans cette position. Mais je commence à avoir mes membres ankylosés à force de rester statique. Mon cellulaire n'a pas cesser de vibrer, toutes les deux minutes a peu près.

Soudain, j'entends un crissement de pneus puis un claquement de porte et des coups se font entendre sur la porte à laquelle je suis adossée. La force des coups fait trembler le bois alors que la voix de Mariane s'élève :

- Luhan ! Luhan ! Tonne-t-elle en cognant contre la porte

Je ne réponds pas mais m'éloigne de la porte, ne supportant plus les rebondissements du bois contre mon dos, Mariane finit par comprendre que la porte n'est pas fermée à clé et pénètre dans ma chambre en trébuchant sur le seuil. Elle râle puis baisse la tête pour me découvrir recroquevillée sur le sol près du lit.

- Bordel Luhan qu'est-ce qu'il se passe ?!

Elle s'agenouille devant moi et un doigt sous mon menton, me force à relever la tête.

- Il s'est passé quelque chose de grave ? Je t'en supplie ne me dis pas que Silent... ajoute-t-elle après un temps d'arrêt

Je secoue négativement la tête et elle lâche un soupir de soulagement avant de planter son regard dans le mien pour me forcer à dire ce qui ne vas pas.

- Ils m'ont retrouvée Mariane... et toi aussi.

Son visage se ferme, ses lèvres se pincent et sa mâchoire se contracte alors que ses poings se serrent. Elle se laisse tomber sur le sol à son tour tout en secouant la tête de gauche à droite.

- C'est pas possible... c'est pas possible... murmure-t-elle encore et encore

- Je suis désolée... chuchotai-je

Elle garde le silence un moment avant de secouer à nouveau la tête.

- C'est pas de ta faute, tu as tout fait pour nous sortir de là. Finit-elle par dire.

Le silence revient, c'est un silence comme celui qu'ont les condamnés lorsqu'ils entendent la sentence se prononcer. Je sais d'avance ce qui va m'arriver : soit j'accepte le contrat proposé et alors je retourne dans les rouages de leurs systèmes... soit je meurs et Mariane aussi.

Je me lève et m'assois sur le lit, et attrape mon paquet de cigarette posé sur la table de chevet ; une fois une clope entre les lèvres je l'allume et tire avidement dessus. Dans ma tête c'est un véritable chaos, une guerre de sentiment. Je ne sais pas quoi faire et c'est la première fois que ça m'arrive.

Une fois la cigarette terminée, j'en allume une deuxième aussitôt, mon esprit est en ébullition. Pleins de flash de ma vie d'avant me polluent la tête, tant et tellement que j'en ai presque la tête qui tourne.

J'ai chaud, trop chaud... je jette la couverture sur le sol et me recroqueville sur la paillasse sur laquelle je suis. Puis je tremble, comme si j'étais prise de convulsion, je transpire comme si je venais de courir un marathon mais je sais que c'est faux : j'ai horreur du sport ! J'ai froid, tellement froid... je ne comprends pas ce qu'il m'arrive...

Je ne sais pas combien de temps je reste comme ça, dans un état végétatif à dormir, gémir, lutter pour rester éveillée. Chaque jour je me réveille en me demandant où je suis sans jamais parvenir à le deviner.
Je ne sais plus qui je suis, ni à quoi je ressemble. La pièce est vide mise à part cette paillasse dure où je dors et cette couverture rugueuse. Les murs sont blanc, immaculés et je ne porte rien d'autre qu'un vieux t-shirt et ma culotte. Mes jambes et mes bras sont couverts de bleus mais je ne sais pas d'où ils viennent. Est-ce que je me suis faite frappée ? Agressée ? Aucune idée.

- Luhan ?

Je relève la tête au son de la porte qui grince et détaille la personne qui vient d'entrer dans la pièce : un homme, environ un mètre quatre-vingt dix taillé comme un boxeur et dépourvu de cheveu.

- Est-ce que ça va, Luhan ?

Je fronce les sourcils, Luhan ? C'est comme ça que je m'appelle ?

- Oui, tu t'appelle bien Luhan, gamine. Allez-viens. On t'as assez dorlotée comme ça !

Je le regarde quitter la pièce et laisser la porte ouverte, l'homme ne se retourne pas, il doit se douter que je vais le suivre... j'hésite un court instant puis me lève et à mon tour franchie le seuil de la porte.

Il marche vite, d'un pas rapide et sûr. Nous déambulons dans les couloirs puis on monte un escalier avant d'errer à nouveau dans un couloir pour finalement s'arrêter devant une porte blanche, l'homme passe un badge sur la porte et elle se déverrouille.

- Tu me suis. Ordonne-t-il doucement

L'intérieur est immense, des dizaines et dizaines de bureaux devant lesquels se tiennent du personnel, le claquement des claviers en ait presque assourdissant tant ils sont nombreux, on traverse la salle où je peux sentir le regard de tout ces gens sur moi et me voilà à tirer sur mon t-shirt pour cacher mes fesses.
On monte un petit escalier en métal et je découvre un grand bureau avec des vitres en guise de mur, au centre il y a un bureau massif et un homme se trouve assis devant, en pleine discussion avec un autre homme.

Nous attendons cinq minutes au moins, j'ai perdue la notion du temps donc peut-être moins, avant que les deux hommes se lèvent et que le premier, un type au regard sombre qui glisse sur mes jambes nues n'en sorte.

- Deck ? Fais-la entrer !

Je dénommé Deck, celui qui est venu me chercher dans ma chambre me prends par le coude et me fais entrer dans le bureau duquel il referme la porte aussitôt. Il se place devant, comme pour empêcher quelqu'un d'entrer.

- Luhan, bienvenue !

Je le regarde fixement, je sais pas qui est cette Luhan ! Ce n'est pas moi ! Je m'en souviendrai... non ?

- Assieds-toi.

Il m'indique le fauteuil en face du bureau mais je reste obstinément debout devant, en secouant la tête en guise de négation.

- Je suis où là ?! Demandai-je finalement, ouvrant la bouche pour la première fois depuis des jours

Ma voix est enrouée, comme si elle avait très peu servie ces derniers temps ou que j'étais malade peut-être. L'homme sourit d'un sourire froid et s'assoit en réajustant la cravate de son costume bleu nuit avant d'ouvrir la bouche :

- Bienvenue au C.E.F.S. Dit-il dans un sourire

- Ok et en français ça donne quoi ? Lançai-Je alors que Deck toussote pour cacher son rire

- C'est le Commando d'Elite des Forces Secrètes.

Le C.E.F.S ?! C'est quoi ce bordel ? Qu'est-ce que je fous là moi ?

- Tu te souviens de quoi ? Demande le type

- Vous êtes qui au juste ?! Dis-je en même temps que lui

- Ah oui, je manque à tous mes devoirs... je suis Freddy Cook. Chef du C.E.F.S des États-Unis. Bref, pouvez-vous répondre à ma question Mademoiselle Luhan ? Demande-t-il d'une voix presque douce

- J'me souviens de rien. J'sais même pas qui j'suis. Grognai-je

Il sourit et m'indique un écran noir que je n'avais pas encore remarqué, derrière lui. D'un coup, il s'éclaire et des images de ce qu'il semblerait être une caméra de surveillance montre une jeune brune se débattant avec force des bras de deux policiers, elle arrivent à s'échapper avec beaucoup de coups, des uppercuts et surtout le fameux coup de genoux dans les couilles.

Je souris devant les images, tant mieux pour elle, j'ai jamais aimé les flics... Oh mon dieu ! La jeune fille lève les yeux au ciel et tombe soudainement au sol, laissant apparaître un des deux flics, un tazer à la main. La vision de cette vidéo est tellement douloureuse que j'en frissonne.

- On vous a sauvé la vie, Mademoiselle Luhan, vous nous êtes donc reconnaissant.

Hein ? C'est moi ça ?

Mon regard se pose sur les vitres autour de moi et j'accroche mon reflet : brune, élancée... je m'approche et me contemple, pas de doute c'était bien moi sur la vidéo...

- Vous étiez à la rue, droguée, révoltée... on vous donne une chance de vous faire une place dans la société.

- Très bien, j'accepte. Dis-je doucement

Après tout... je n'ai aucun souvenirs de ma vie de débauche, autant en commencer une nouvelle, ce n'est pas donné à tout le monde une deuxième chance !

Hello mes chatons, ce chapitre est en deux partie, la suite arrive prochainement 😉

Alors qu'en pensez-vous ? Le commando d'Elite tout ça ?

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