«la vermine pourrira.»

  Son téléphone vibra dans sa poche alors qu'il rentrait chez lui. Il avait décidé de rentrer à pied. Il appréciait le sentiment de solitude et d'allégresse qui découlait du fait de marcher seul.

Il sortit l'appareil et décrocha.

«Inspecteur ?
—L'article fait forte impression. Il a été repris par plusieurs blogs et forums. Les gens sont divisés. La vérité apporte le débat.
—La vérité apporte beaucoup de choses. N'était-ce pas ce que vous vouliez en parlant de tout ceci avec moi ? Car j'avoue parfois ne pas vous comprendre. Vous m'avez confié que le voir mort serait à vos yeux une bonne chose, alors pourquoi?
—Je n'attendais rien, ce qui se fait se fait, c'est tout. Nous ne sommes pas des Dieux, Jeon. Nous ne décidons rien, nous faisons simplement ce que nous devons faire, chacun a son rôle dans toute histoire.
—Si personne ne décide d'être l'acteur principal alors il n'y a pas d'histoire, Inspecteur.
—Ahah, peut-être.
—Vous m'appeliez juste pour ça?
—Je me demandais quelque chose en fait... De quel côté êtes-vous, Jeon?
—Je suis journaliste, je ne fais que dire les faits.
—La manière de dire importe aussi. Quelles sont vos envies dans cette histoire? Protégez-vous Park ?
—Ma vérité me pousse peut-être à compatir avec lui.
—Il reste un meurtrier, corruption ou pas. Smile Breaker ou pas.
—Un homme peut-être responsable de ses crimes et victime de ceux des autres.»

Jungkook raccrocha alors, il n'avait pas envie de confronter davantage son point de vue avec celui de l'inspecteur: ils l'avaient déjà fait et ça n'avait rien donné.

Dans la soirée, l'article avait effectivement porté ses fruits: le sujet déjà brûlant du procès du meurtrier que la police recherchait depuis 3 ans, qui faisait trembler la population depuis 3 ans, se retrouvait invalidé par l'ombre de la corruption, comme si cette affaire n'était pas déjà assez sombre. Que penserait la population si elle savait qui était derrière tout ça. Si elle savait que celui souhaitant plongé Jimin dans la mort n'était autre que l'un de ses proches pour préserver l'image et la cote en bourse de sa société, allant jusqu'à supprimer l'existence de Jimin sur les dossiers administratifs, plus aucun document de lien de parenté, plus rien. Il avait renié son fils. C'était du moins l'hypothèse qu'il avait fait, et ce serait à Jimin de la valider.

L'article fit tant de bruit que les informations se mirent à en parler à la télévision et que les médias étrangers commençaient à regarder la situation de près. Les politiques n'allaient plus pouvoir ignorer la situation très longtemps s'ils voulaient s'assurer le soutien de leurs futurs électeurs, et Jungkook jubilait. Même le chef du troupeau des moutons était obligé de les guider là où ils désiraient aller de peur de perdre son troupeau.

Park Josung devait trembler devant ces informations. Peut-être tremblait-il également de peur de se faire tuer, comme le juge, comme l'avocat. Mais il n'avait rien à craindre, du moins il avait moins à craindre de la main de Jungkook que de sa langue, sur nombres de points. Mais pour l'instant son nom n'apparaissait nul part, et Jungkook ne l'avait pas mentionné: cet homme n'était pas à offrir en pâture à la population. Il voulait l'offrir à Jimin.

Et lorsque la nuit tomba et qu'il se retrouva seul chez lui, Jungkook soupira. Il s'était habitué bien plus qu'il ne voulait bien l'admettre à la présence du rouquin, à sa façon de parler, de bouger, de penser, d'envahir l'espace personnel de Jungkook avec une aisance déconcertante, et il devait bien admettre que la solitude qu'il appréciait avant s'était dernièrement transformé en quelque chose de plus amer.

Il but une gorgée de vin rouge et ferma les yeux. L'image du roux dansait devant ses paupières. Peut-être danserait-elle aussi dans ses rêves nostalgiques cette nuit.

Lorsqu'il se réveilla un message de Namjoon attira son attention.

Kim Namjoon
La sentence de Park est suspendue, une enquête pour corruption d'agents de justice est en cours. En revanche, la nature de la sentence en elle-même n'est pour l'instant pas envisagée. Vous avez simplement aidé Park a gagné du temps.

Jeon Jungkook
Ils ne trouveront rien avec cette enquête,
elle est juste pour la forme et calmer l'opinion publique.
Vous le savez aussi bien que moi.

Kim Namjoon
Effectivement. Les deux seules personnes qui auraient pu parler sont mortes...
L'enquête va néanmoins fouiller les rentrées et sorties d'argent ainsi que leurs téléphones, et surtout fouiner du côté d'un certain Park Josung, qui a été énoncé sur l'un des enregistrements retrouvés chez le Juge.

Jeon Jungkook
Qui serait assez bête pour laisser une
preuve d'une quelconque transaction de ce genre
ou conversation à ce propos sur son propre téléphone.

Kim Namjoon
Plus que vous n'avez l'air de le penser.

C'est donc pensif que Jungkook se leva et alla se préparer un café sans se concentrer sur ses actions. Il n'avait pas envie que l'enquête aboutisse. Park Josung devait appartenir à une justice bien particulière: une justice qui porterait le nom de Jimin.

Jimin était lasse. Il regardait le plafond de sa cellule alors qu'un énième étudiant en psychologie était venu le rencontrer dans l'espoir de soutirer des choses intéressantes sur lui, mais il devait bien avouer qu'ils étaient sa seule compagnie. Il était évident que Jungkook n'allait pas venir le voir, pourtant il cultivait cet espoir de le revoir avant de mourir.

«Monsieur Park?
—Hm?
—Je vous demandais si parfois il vous était arrivé de regretter un meurtre.
— "regretter" ? La réponse est évidente, non? On regrette si on ne tue qu'une fois, si c'est ciblé, comme le brigadier dans Carmen, vous voyez? Quelqu'un qui récidive encore et encore, ne peut pas regretter, sinon il arrêterait.
—Vous pensez que le regret aurait eu le pouvoir de vous stopper ? Vous n'aviez pas de but derrière ces meurtres que vous n'avez pas pu attendre ?
—J'en avais un.
—Puis ?
—Êtes vous enquêteur ou étudiant en psychologie ?
—I-Il est important de comprendre la motivation de certaines actions pour en déduire la psychologie qui en découle...
—Je n'ai pas envie qu'on me comprenne.
—Vous n'avez pas particulièrement l'air de quelqu'un de schizophrène...
—J'aime le poulet. Je déteste le poulet. Voilà ta preuve de schizophrénie, maintenant dégage.», dit froidement Jimin sans quitter le plafond des yeux, sa tête reposant confortablement dans ses paumes.
«...Êtes-vous vraiment Smile Breaker ?
—Tu ne m'as pas entendu ..? DEG-..!
— PARK JIMIN.»

Une voix que Jimin ne reconnue que trop bien fit échos dans le couloir étroit devant sa cellule: la voix du responsable des gardes de cette section de la prison de détention. Il s'était pourtant tenu à carreaux cette fois-ci? Il soupira et se tourna face au mur pour ne pas avoir à faire à cet individu. Mais une lumière rouge teinta le mur face à lui: les portes de sa cellule étaient en train de s'ouvrir. Puis des bruits de pas distincts: l'étudiant s'en allait, quatre gardes entraient.

«DEBOUT. »

Jimin les ignora et ferma les yeux. Il compta jusqu'à trois et les rouvrit, mais ils étaient encore là.

«JE COMPTE JUSQU'À TROIS. »

Décidément, tout le monde comptait jusqu'à trois aujourd'hui. Alors Jimin retenta l'expérience, peut-être que le timing du responsable serait plus juste que le sien. Il ferma à nouveau les yeux alors que le décompte commença.

«1....2.... 3. »

Des mains ferment lui saisirent les épaules, le mettant sur le ventre, le plaquant d'un genou sur le bas de son dos, puis lui bloquant les bras dans son dos jusqu'à ce qu'un métal froid ne lie ses poignets. Puis il sentit qu'on le tirait pour qu'il se lève. Il grogna et se retourna sur le dos pour repousser les gardes en leur envoyant férocement ses pieds.

«Ne me touchez pas.
—Alors lèves-toi.
—Laissez-moi.
—Park. Dernier avertissement.
—J'en ai rien à foutre.», fit-il avant de cracher sur les chaussures parfaitement cirées du responsable qui grimaça de colère.

Il lui attrapa les cheveux, et les gardes immobilisèrent ses pieds pour y placer des fers à leurs tours.

«Je serai au premier rang le jour de ta sentence, Park. Je me ferai un plaisir de te voir crever. Je ne regrette qu'une chose: que ce soit maintenant par injection létale. La chaise électrique bien plus douloureuse et spectaculaire tu ne trouve pas?
—Vas te faire foutre, de cette manière ou d'une autre, j'en ai rien à battre de mourir.
—Tu feras moins le malin lorsque la seringue s'enfoncera dans ton bras, Park. »

Puis il lui tira les cheveux, et Jimin grogna de plus belle avant de se retrouver à genoux devant lui, ils se toisèrent du regard, puis un garde le releva de force en tirant sur le métal retenant ses poignets.

«Suis nous sagement maintenant, Park.
—Pourquoi le devrais-je ?», fit alors Jimin avec une goutte de dédain et surtout une défiance aveuglante.
«Tu vas être transféré dans un autre centre de détention en attendant ton exécution.
—... Pourquoi?
—Un journaliste à la noix à penser bon à créer une polémique autour de ton procès et donner le nom de notre charmant centre. Des manifestants sont dehors pour demander sa révision. On a ordre de te bouger de là pour éviter les soucis.»

Le nom de Jungkook traversa alors immédiatement l'esprit de Jimin. Il ne l'avait pas abandonné. Le roux connaissait l'intelligence sans limite du journaliste, il avait foi en lui. Il allait lui rendre sa liberté.

C'est avec cette pensée à l'esprit et un sourire narquois aux lèvres que le meurtrier suivit donc ses bourreaux jusqu'à un sasse. On lui enleva ses vêtements, le mettant à nu devant d'autres gardes aux regards froids alors que des mains couvertes de latex palpaient sa peau, son corps, dans les moindres détails.

«Vous flippez que je me sois caché une lame de rasoir dans le pif pour tous vous buter alors que vous ne me laissiez même pas toucher une cuillère ou quoi?
—Ferme-la, Park.»

Jimin rit alors qu'une main pressa avec violence sa nuque pour le faire se courber. La sensation de leur toucher lui donnait envie de gerber, de se retourner, de les frapper à mort, mais il se contint, se mordant la lèvre. Il détestait les regards perçants des gardes en face de lui qui scrutaient chaque parcelle de lui. Lorsque son regard croisa celui de l'un deux, le garde afficha un sourire pervers sur ses lèvres, et, toujours maintenu courbé, Jimin ne put que lui renvoyer un regard emplie d'une haine infinie envers le genre humain. Ils se pensaient supérieurs à lui en cet instant. De la vermine. Elle pourrira.

Il était maintenant dans le fourgon qui l'emmenait à sa destination inconnue. Cinq gardes étaient à l'intérieur avec lui, et vu la sensibilité de la situation, il pensait avoir vu un autre fourgon ouvrir la marche, les escortant. Cela faisait maintenant 10 minutes qu'ils roulaient lorsque le véhicule s'arrêta. L'un des gardes prit son talkie-walkie et l'activa, laissant place aux grésillements caractéristiques.

«Que se passe-t-il ?
—Un véhicule en travers de la route. Il semble y avoir eu un accident.»

Le garde pesta alors. Il devait se demander pourquoi ça devait tomber maintenant. Mais la réponse ne tarda pas à arriver lorsqu'ils entendirent la porte du chauffeur claquer et sentir leur fourgon redémarrer. Des voix traversèrent alors à nouveau le talkie-walkie.

«Pourquoi vous partez?
—On vient de me contacter pour me dire de faire un détour au vu de la situation.»

Les yeux de Jimin s'écarquillèrent l'espace d'un instant avant qu'il ne reprenne le contrôle de ses émotions. Cette deuxième voix appartenait à Jungkook. Il en était sûr malgré la mauvaise qualité de la retranscription. Mais il devait faire comme si de rien n'était. Il se mordit à nouveau la lèvre et vérifia rapidement du regard qu'aucun garde ne se soit aperçu de quoi que ce soit quant à la voix de leur conducteur.

«On vous suit.
—Non, gardez le circuit initial. Soyez un leurre en cas de soucis. Il vaut mieux se méfier. Restez sur vos gardes.
—Bien reçu.»

Jimin avait envie de rire, mais il se contint en mordant cette fois l'intérieur de sa joue et cacha son visage en le baissant, faisant mine de regarder ses pieds scellés une nouvelle fois au plancher du fourgon. Ils roulèrent à nouveau une quarantaine de minutes en silence. Ni lui ni les gardes ne savaient où ils étaient à présent. Il n'y avait pas de fenêtre, rien qui ne pouvait les aider à se localiser. Puis le véhicule ralentit, tourna, avança puis s'immobilisa.

Les gardes regardèrent leurs montres. 40 minutes entre les deux centres étaient environ le temps prévu. Avec le détours, ils ne paraissaient pas surpris des dix minutes supplémentaires. Ils se regardèrent, hochèrent la tête et enlevèrent les scellés qui maintenaient Jimin sur le banc. Le rouquin se leva le plus docilement du monde et attendis, les mains des gardes lui tenant fermement les bras alors que la porte arrière s'ouvrit. Le trait de lumière grandissant au fur et à mesure l'obligea à plisser les yeux. Et lorsqu'il les rouvrit, un homme en uniforme se tenait debout devant eux. La lumière du ciel les aveuglait, personne ne voyait son visage dans le contre-jour. Pourtant Jimin sourit et leva le menton d'un air dédaignant.

«Tu en as mis, du temps.
—Je sais, bébé.
—Qu-..?!»

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