1 : Breathe Me
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Assis à une table de café en terrasse, je savoure l'atmosphère animée de la rue qui s'éveille lentement sous les premiers rayons du soleil. Les passants pressés défilent devant moi, absorbés dans leurs pensées et leurs activités matinales. Des éclats de voix et le bruit régulier des voitures qui passent créent une symphonie urbaine familière, m'entourant d'une bulle de vie et d'énergie.
À mes côtés, mon frère engage la conversation d'un air détendu. Son regard curieux et pétillant témoigne de son intérêt pour mes occupations.
"Alors, comment se passe le travail, Marco ?, demande-t-il avec son enthousiasme habituel."
Je réponds à Satch d'une voix calme, laissant mon regard errer sur les alentours de la terrasse, absorbant chaque détail de ce tableau urbain familier :
"Oh, eh bien, je suis très content. Un de mes patients a quitté la clinique hier tout sourire. Il a fait de gros progrès. On a complètement arrêté son traitement, et il semble aller beaucoup mieux. Ça me fait quelque chose quand même, de me dire que je ne le verrais plus. Mais c'est tant mieux."
Le visage de mon rouquin de frère s'illumine à mesure que je partage ces petites victoires qui font la beauté de mon métier.
"Tu es vraiment taillé pour être psychiatre, lance-t-il avec un sourire. Ça te réussi bien, d'aider les gens."
Je ricane en buvant une gorgée de mon café.
Consultant ma montre, je réalise que le temps file.
"Oui, d'ailleurs, en parlant de ça, j'ai un rendez-vous dans une demie-heure. Je vais y aller."
Je fais un signe de tête à Satch en me levant de ma chaise. Alors que j'enfile ma veste, il me rappelle avec un sourire complice :
"N'oublie pas la soirée de samedi !
_Pas de risque, je réponds. L'ouverture de ton restaurant, ça se fête ! Je te promets d'apporter une bouteille de champagne. Après tout, une telle occasion mérite d'être célébrée dignement.
_Ah, là, tu me plais. Pour te remercier, j'apporterais une bonne bouteille de whisky à tes 30 ans."
Je pouffe de rire.
"J'aime pas, le whisky ! Et mon anniversaire est dans deux mois !
_Ah, oui. Toi, c'est le rhum, pardon. Enfin... Bon courage, frangin !
_Merci, à la prochaine !"
C'est avec un sourire que je prend la route de la clinique.
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Dans un tourbillon de douleur lancinante, je gis sur le sol, mes membres agités de spasmes incontrôlables. Mon ventre semble se tordre, étreint par une force invisible, me broyant de l'intérieur.
À travers le brouillard de ma vision trouble, je distingue plusieurs boîtes de médicaments vides, témoins muets de mes tentatives désespérées de fuir cette réalité comme le lâche que je suis.
Des larmes brûlantes inondent mes joues, mêlant leur amertume à celle qui consume mon âme. Je lutte pour reprendre ma respiration, mais chaque inspiration est un défi, chaque expiration est un supplice.
La chaleur oppressante de la pièce me fait suffoquer, chaque goutte de sueur devenant une brûlure supplémentaire sur ma peau meurtrie.
Mon téléphone, tel un bourreau insensible, continue de sonner sans relâche, chaque tintement résonnant comme un coup de poignard dans mon crâne déjà fracassé.
Je hurle, priant pour que tous ces bruits s'arrêtent, pour que le monde cesse de tourner. Mes doigts tremblants tentent désespérément d'attraper le téléphone, de mettre fin à cette torture sonore, mais ils glissent sur l'écran, impuissants face à ma détresse.
"Oh, putain ! T'as répondu ! Allo, Ace ? T'es là ? Ace ? Ace ! T'as encore bu, c'est ça ?"
Cette voix familière, empreinte d'une angoisse palpable, perce à travers le vacarme de ma propre agonie. Je voudrais lui répondre, mais mes mots se perdent dans un torrent de sanglots étouffés, noyés dans le désespoir qui m'envahit.
Mais qu'est-ce que j'ai fait ?
Une nausée violente s'empare de moi, et je sens cette brûlure acide familière remonter dans ma gorge, m'arrachant un cri de douleur indicible. Mes forces m'abandonnent peu à peu, me laissant à la merci de cette souffrance implacable qui semble me déchirer de l'intérieur.
Je tremble sans pouvoir m'arrêter, comme si je n'étais qu'une feuille morte perdue dans une tornade. Mes dents claquent toutes seules, et je me retrouve incapable de formuler convenablement mes pensées.
Qu'est-ce que j'ai fait ? Bordel, mais qu'est-ce que j'ai fait ?!
"Sa-Sabo... Je... je... je suis désolé... Je voulais... Je voulais ju-juste..."
Mes mots, à peine plus qu'un murmure brisé, se perdent dans l'abîme de ma détresse. La voix de mon frère, inquiète et paniquée, continue de retentir au bout du fil, mais ses paroles se mêlent dans un écho confus, noyées dans le tumulte de ma propre douleur.
Mes paupières lourdes se ferment lentement, m'engloutissant dans les ténèbres de l'inconscience. La douleur persiste, implacable, comme une lame enfoncée dans ma chair, me transperçant de part en part. Je pleure, non pas de faiblesse, mais de désespoir, implorant le silence salvateur qui mettra fin à cette torture interminable.
Le silence, c'est tout ce que je demande.
Mes yeux s'ouvrent de nouveau, et le monde qui m'entoure est si lumineux que j'ai l'impression que ma rétine est en train de brûler.
Les spasmes s'intensifient. Je ne peux plus penser à rien d'autre qu'à cette douleur affreuse que je me suis infligée.
Qu'est-ce que j'ai fait...?
Je hurle. De douleur, de rage, de désespoir. Je hurle si fort qu'au fond de moi j'espère devenir bientôt sourd.
Je hurle pour trouver enfin ce silence, mais il ne vient pas. Il n'y a que cette douleur, et cette voix au téléphone, cette voix que je connais si bien, cette voix qui me rappelle tant de souvenirs d'une époque perdue à tout jamais.
Sabo... Sabo, mon frère.
Qu'est-ce que j'ai fait ?
Putain, je suis un abruti.
Un cri parvient à se frayer un chemin hors de ma gorge :
"Aah ! Sa-Sabo !"
Mes yeux se ferment avec force.
Un puissant claquement, un bourdonnement insupportable dans mon oreille.
Ma porte, éclatée.
Des voix.
"Monsieur ? Vous m'entendez ? Monsieur !"
Le monde s'agite autour de moi, je tangue. Pourtant, je n'ai pas l'impression d'avoir bougé.
Les voix s'affolent autour de moi. J'entends la sirène. C'est infernal.
Le silence, c'était tout ce que j'avais demandé...
Il n'est jamais venu.
Je sens que mon corps se déplace. J'aimerais que cette douleur s'arrête enfin, mais le néant n'arrive pas.
J'entends alors cette voix, sa voix.
J'entends mon prénom, j'entends des pleurs, je sens une main serrer la mienne.
Je ne peux plus bouger, je ne peux plus voir.
Et bientôt, je ne peux plus sentir la chaleur sa peau.
Qu'est-ce que j'ai fait ?
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Assis derrière mon bureau, je parcours les notes de ma précédente séance. Les mots écrits sur le papier semblent danser devant mes yeux, se mêlant dans un tourbillon de pensées. Je tente d'analyser les notes que j'ai prises, cherchant une méthode pour aider mon patient au mieux.
La porte s'ouvre, me tirant de ma torpeur. Je retire mes lunettes et relève la tête pour accueillir ma secrétaire qui entre avec un air préoccupé.
"Marco, désolée de t'interrompre, mais tu as un nouveau patient cet après-midi, à 15 heures 30, annonce-t-elle d'une voix douce."
Je hoche la tête en signe d'approbation, mettant de côté mes notes pour me concentrer sur cette nouvelle tâche qui m'attend.
"Merci, Whitey. Je suis prêt à le recevoir. Qui est-ce ?, demandé-je en prenant une feuille vierge et un stylo pour noter les détails importants."
Ma secrétaire s'approche de mon bureau, un dossier entre ses mains. Elle me tend le document, son expression empreinte de compassion.
"Il s'agit d'un jeune homme de 26 ans nommé Portgas D. Ace. Il vient d'être transféré dans la clinique après une tentative de suicide, explique-t-elle d'une voix calme, mais empreinte de gravité."
Je prends le dossier avec précaution, sentant le poids des mots inscrits sur la couverture.
"Merci, dis-je à Whitey Bay, qui quitte la pièce après un bref instant de silence."
Alors que je reste seul dans mon cabinet, le dossier de Portgas D. Ace entre mes mains, je sens une boule d'émotions se former dans ma gorge. Je prends une profonde inspiration, me préparant mentalement à rencontrer ce nouveau patient, conscient du défi qui m'attend.
Je parcours le dossier de Portgas D. Ace avec une attention particulière, laissant mes yeux glisser sur les mots imprimés sur les pages. Le nom du jeune homme résonne dans ma tête, évoquant une vague impression de déjà-vu, mais je peine à me rappeler où j'ai pu l'entendre auparavant.
Je me penche alors vers mon ordinateur. Fouillant dans la base de données de la clinique, je cherche des traces de consultations avec des psychiatres que je pourrais connaître.
Le nom d'Ace apparaît à plusieurs reprises, indiquant qu'il a consulté différents médecins au fil du temps. Cependant, aucun de ces noms ne me semble familier.
Poursuivant ma recherche, je clique sur le dossier de son médecin traitant, espérant y trouver des indices supplémentaires sur le passé médical d'Ace. Mes yeux parcourent rapidement les notes, révélant un historique troublé.
Ace a été admis aux urgences à trois reprises pour des surdoses éthyliques, signe manifeste d'une lutte intérieure contre ses démons. Mes yeux s'arrêtent sur les rapports mentionnant plusieurs épisodes de delirium tremens, confirmant les dangers liés à sa consommation excessive d'alcool. Je murmure :
"Il a déjà essayé d'arrêter de boire, alors..."
Je le note sur ma feuille vierge, décidant qu'il fallait absolument que je parle de ça avec lui. S'il a déjà eu des épisodes de delirium, ça montre qu'il a essayé de se sevrer. Maintenant, l'important est de savoir si c'était de son propre chef ou s'il a été placé en désintoxication.
Je n'ai pas vu d'admission dans une clinique ou un hôpital qui prouverait cela. S'il a déjà essayé d'arrêter de lui-même, c'est un bon début. Ça veut dire qu'il a encore un peu d'espoir, au fond.
Revenant au dossier principal, mes yeux se fixent sur les détails de sa dernière tentative de suicide. Une overdose de médicaments, accompagnée d'une grande dose d'alcool dans le sang. Les mots imprimés sur la page semblent peser sur mes épaules, témoignant de la douleur et de la détresse d'un jeune homme en quête d'échappatoire à sa souffrance.
Appuyant mon coude sur la table, je laisse échapper un soupir empreint de de compassion.
"Le pauvre..."
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Je suis conduit à la salle d'attente de la clinique, où je m'assois sur une chaise inconfortable, fixant mes converses d'un regard vide. Le poids de la culpabilité écrase mon cœur déjà meurtri, tandis que je rumine sur les choix qui m'ont mené à cet instant.
La voix de Sabo résonne dans ma tête, ses paroles empreintes d'inquiétude et d'amour revenant à mes oreilles comme si j'étais encore dans ce lit d'hôpital. Je revois le visage de Luffy, penché au-dessus de moi, sa détresse reflétée dans ses yeux larmoyants. Les souvenirs se bousculent, se superposant avec les images du poster anti-tabac accroché au mur de la salle d'attente, une ironie cruelle qui ne fait qu'accentuer ma propre douleur.
Mes jambes tremblent involontairement, agitées par une anxiété grandissante qui menace de me submerger. Je serre les poings, tentant en vain de calmer le torrent d'émotions qui gronde en moi.
Soudain, la porte du cabinet s'ouvre, brisant le silence de la salle d'attente. Le médecin appelle mon nom d'une voix calme et douce, m'invitant à pénétrer dans l'inconnu qui m'attend de l'autre côté.
"Portgas D. Ace ?"
Je me lève lentement de ma chaise, mes muscles tendus par l'anxiété qui me tient en étau, le cœur serré par l'appréhension.
Mon regard fixé sur le médecin qui m'attend à l'entrée du cabinet, j'avance d'un pas incertain vers ce qui semble être mon ultime épreuve.
Chaque pas résonne comme un écho sourd dans ma poitrine, faisant écho à la cacophonie de mes pensées tourbillonnantes. Je me sens comme un condamné marchant vers son jugement, le poids de mes actes pesant lourdement sur mes épaules.
Un frisson parcourt mon échine alors que je franchis le seuil du cabinet, pénétrant dans l'enceinte confinée qui abrite mon destin entre les mains d'un étranger.
Le médecin m'accueille avec un sourire compatissant, mais ses yeux scrutateurs semblent percer au plus profond de mon âme. Je détourne le regard, incapable de soutenir cette intense introspection qui menace de me submerger.
En entrant dans le cabinet, je suis frappé par l'atmosphère paisible qui y règne. De grandes plantes vertes, posées près d'une vaste fenêtre, apportent une touche de fraîcheur à la pièce. La lumière naturelle filtre à travers les feuilles, créant des jeux d'ombres apaisants sur le sol.
Je remarque des étagères pleines de livres fixées au mur, chacune regorgeant de volumes variés, allant des ouvrages académiques aux romans colorés. Quelques peintures vives décorent également l'espace, apportant une touche artistique à l'endroit.
Devant le bureau du psychiatre, deux fauteuils en cuir semblent m'inviter à m'y installer. Ils ont l'air confortables, bien plus que les chaises de la salle d'attente. Je m'assois dans l'un d'eux avec une timidité palpable, mes mains serrées sur mes genoux.
Le médecin m'adresse un petit sourire, un sourire qui se veut réconfortant, mais qui me met plus mal à l'aise qu'autre chose.
"Bonjour, Ace, dit-il calmement."
Je lève les yeux vers lui, mon cœur se serre, et réponds d'une voix faible, à peine audible :
"Bonjour, docteur..."
Le psychiatre sort une feuille et un stylo de son bureau, puis il se tourne vers moi avec un air de calme et de bienveillance.
"Je suis le docteur Marco Newgate, se présente-t-il. Comment vous sentez-vous aujourd'hui, Ace ?"
Je hausse les épaules, mon regard se perdant dans la plante derrière lui. Je ne sais pas quoi dire. La question paraît si simple, mais la réponse est un labyrinthe sans issue.
Voyant mon silence, Marco continue avec une voix douce et patiente.
"Est-ce que vous voulez parler de ce qu'il s'est passé ? De votre tentative ?"
Mes yeux se fixent sur mes converses. Je hausse de nouveau les épaules, incapable de formuler une réponse. La honte et le désespoir m'étreignent, rendant chaque mot impossible à prononcer.
Marco ne se laisse pas décourager. Il semble comprendre mon malaise et pose une autre question.
"Qu'est-ce que vous ressentez par rapport à cela ?"
Encore une fois, je hausse les épaules, me mordant la lèvre pour contenir l'angoisse qui monte en moi. Les mots restent coincés dans ma gorge, refusant de sortir.
Le psychiatre change de tactique, adaptant son approche avec une patience infinie.
"De quoi avez-vous envie de parler, Ace ?"
Je relève lentement les yeux vers lui, cherchant dans son regard une compréhension que je désespère de trouver. Puis, dans un murmure presque inaudible, je laisse échapper :
"J'en ai assez, de parler."
Il sourit doucement, comme s'il comprenait la profondeur de ma fatigue.
"Je sais que vous avez vu beaucoup de psychiatres avant moi, dit-il avec une douceur désarmante."
Je réponds, ma voix à peine plus forte qu'un souffle :
"Oui. Et voyez où j'en suis."
La pièce retombe dans un silence lourd.
Marco se lève de sa chaise et contourne le bureau, déplaçant le deuxième fauteuil pour s'asseoir juste en face de moi. Son geste me surprend et je le regarde, silencieux, un peu déconcerté par cette approche directe.
Je prends le temps de l'observer. Ses cheveux blonds sont coupés courts, dans une drôle de coupe, ses yeux bleus reflètent une profondeur et une gentillesse que je n'avais pas remarquées en arrivant. Sa mâchoire carrée lui donne un air résolu, mais c'est la sincérité dans son regard qui me frappe le plus.
Il se penche légèrement vers moi, son expression empreinte de compréhension et de douceur.
"Pourquoi avez-vous fait ça, Ace ? demande-t-il, son ton plein de sincérité et d'intérêt."
Cette question, posée avec une telle honnêteté, me désarme complètement.
Je sens un nœud se former dans ma gorge, les mots que j'ai si longtemps retenus se bousculant pour sortir. Mon regard se détourne, cherchant refuge dans un coin de la pièce, mais les yeux de Marco restent fixés sur moi, m'encourageant silencieusement à parler.
Je prends une profonde inspiration, sentant le poids de ses attentes et de ma propre douleur. Les souvenirs défilent devant mes yeux, et je me retrouve à lutter contre l'envie de tout refouler, comme je l'ai toujours fait.
"Je... je ne sais pas, je murmure finalement, ma voix tremblant légèrement. C'est juste... c'était trop. Tout était trop."
Marco ne dit rien, mais je peux sentir son attention, son écoute. Il me donne l'espace nécessaire pour exprimer ce que je ressens, sans jugement ni précipitation. Et pour la première fois depuis longtemps, je sens que quelqu'un est vraiment là pour m'entendre.
Je me mords la lèvre, cherchant les mots justes.
"Je n'en pouvais plus... de cette... Douleur, cette... Solitude... Et... Et toute cette culpabilité... C'est... C'était comme si tout m'écrasait. Et je voulais juste que ça s'arrête."
Les larmes commencent à monter, brouillant ma vision, mais je continue, poussé par l'honnêteté du regard de ce psychiatre.
"Je... Je ne voulais plus me sentir comme ça. J'avais besoin de silence... Juste du silence..."
Marco hoche doucement la tête, son expression empreinte de compassion.
"Je comprends, Ace. Je suis là pour vous aider à trouver cette paix, d'une autre manière."
Ses paroles résonnent en moi, et pour la première fois depuis longtemps, j'ai envie de croire à ce qu'un psychiatre me promet.
Les mots de Marco font éclater en moi une digue longtemps maintenue. Les larmes que j'avais retenues si longtemps commencent à couler librement, transformant mes murmures en sanglots incontrôlables. Ma poitrine se soulève convulsivement alors que je cède enfin à l'émotion que je portais en moi comme un fardeau.
Marco, sans un mot, se penche légèrement et tend une boîte de mouchoirs. Je l'attrape d'une main tremblante, en tirant plusieurs feuilles pour essuyer mes joues inondées.
"Je... je m'en veux tellement, j'articule entre deux sanglots. J'ai essayé de couper les ponts avec tout le monde... Mais... mais il n'ont jamais cessé de s'inquiéter pour moi..."
Je serre les mouchoirs dans ma main, comme s'ils pouvaient absorber non seulement mes larmes, mais aussi ma douleur et ma culpabilité.
"Je me sens tellement honteux, je continue, ma voix brisée par les larmes. J'ai été si lâche, si égoïste. Je voulais juste... je voulais juste que tout s'arrête..."
Je revois le visage de Sabo, à l'hôpital, tordu par l'angoisse, et celui de Luffy, ses yeux pleins de larmes, comme si ces images étaient gravées au fer rouge dans mon esprit. Chaque fois que je ferme les yeux, ces visions reviennent, me tourmentant sans relâche.
"J'ai blessé tant de gens, dis-je en secouant la tête, les sanglots me bousculant toujours. J'aurais dû être plus fort. J'aurais dû..."
Le psychiatre m'écoute avec une patience infinie, son regard rempli de compréhension et de soutien. Il ne prononce pas un mot, me laissant exprimer cette douleur enfouie en moi depuis si longtemps.
"Je ne sais pas comment réparer ça, finis-je par avouer, ma voix à peine plus qu'un murmure. Je ne sais pas comment continuer."
Marco hoche doucement la tête et ne dit rien pendant un moment. Puis, avec douceur, il m'affirme :
"Vous n'êtes pas lâche. Ce n'est pas de la lâcheté. Faire ce que vous avez fait demande même un incroyable courage, vous savez ? Mais il faut que vous compreniez que ce n'est pas une solution.
_Je le sais bien, je réponds d'une voix tremblante. Mais... Mais je ne savais plus quoi faire. C'était insupportable..."
Marco m'observe avec une compassion sincère, son regard ancré dans le mien, et hoche doucement la tête. Son calme m'apaise un peu, et nous restons silencieux un moment. Mes sanglots finissent par se calmer, les larmes cessant enfin de couler. Je prends une profonde inspiration, tentant de retrouver un semblant de contrôle.
Le psychiatre se penche légèrement en avant, brisant doucement le silence.
"Est-ce que vous voulez parler de votre problème d'alcool, noté dans votre dossier ?"
Je me mords la lèvre, hésitant. Finalement, je lâche :
"J'ai tout essayé, mais c'est impossible pour moi d'arrêter. Chaque fois que je pense avoir trouvé la force, quelque chose me ramène toujours à l'alcool."
Après un court silence, il pose une autre question.
"Pouvez-vous me parler de vos épisodes de delirium ?"
Je frissonne en repensant à ces moments d'horreur pure. Je prends une profonde inspiration avant de répondre :
"C'est... c'est un enfer. Mon cœur bat la chamade, et je perds tout sens de la réalité. C'est comme si mon propre esprit me trahissait."
Je serre les poings, sentant la panique monter en moi à la simple évocation de ces souvenirs.
"J'ai des sueurs froides, des tremblements. Parfois, je me mets à hurler sans même m'en rendre compte. Tout autour de moi devient flou, et je ne sais plus ce qui est réel ou non. J'ai l'impression de devenir fou. Et ensuite, il y a la peur... cette peur paralysante qui ne me quitte pas."
Marco reste silencieux, absorbant mes paroles, me laissant lui répondre sans m'interrompre.
"C'est vraiment épuisant, vous n'imaginez pas à quel point. C'est un cycle infernal, et je ne sais pas comment en sortir. J'ai essayé de trouver des solutions, mais rien ne fonctionne jamais. À chaque fois... À chaque fois que j'ai voulu arrêter, c'est arrivé. J'ai besoin de boire, je ne peux pas arrêter, ça ne marche pas."
Je baisse les yeux, fixant mes mains tremblantes. La honte et la frustration bouillonnent en moi.
"Je veux m'en sortir, mais je ne sais pas comment. Et chaque fois que je rechute, je me sens encore plus faible et désespéré."
Marco me regarde avec une compréhension silencieuse, puis il parle d'une voix douce mais ferme.
"Ce que vous vivez est extrêmement difficile, Ace. Mais il y a des moyens de vous aider, des traitements qui peuvent fonctionner. Ce ne sera pas facile, mais avec le bon soutien, vous pouvez y arriver.
_J'ai tout essayé. Vraiment. Mais chaque fois, c'est le cauchemar.
_Est-ce que vous avez essayé de faire une cure de désintoxication dans un hôpital ou une clinique ?
_Non... Jamais... Mais... Maintenant que j'suis là, c'est ce qui va m'arriver, non ?
_Oui, les médecins vont vous sevrer.
_J'peux pas... Je veux pas revivre ça ! Vous ne comprenez pas, c'est vraiment l'enfer !"
Le psychiatre se redresse pour appuyer son dos sur le dossier du fauteuil. Je murmure, la voix brisée :
"Je veux rentrer chez moi..."
Marco esquisse un petit sourire triste et me demande en chuchotant :
"Vous savez que ce n'est pas possible pour le moment, n'est-ce pas ?
_Oui... Je sais... Mais vous pourriez... Vous pourriez me laisser partir..."
Je le vois croiser les jambes. Je serre mon jean entre mes doigts.
"Vous... Vous pourriez...
_Ace, vous venez d'essayer de mettre fin à vos jours. Vous pensez vraiment que je vais vous laisser rentrer chez vous comme ça ?
_C'est juste que... C'est... J'peux pas revivre ça... S'il vous plaît..."
Marco décroise les jambes et se penche vers moi.
"Ace. Les médecins vont vous sevrer de façon à vous éviter de revivre un épisode de delirium. Ne vous inquiétez pas, vous êtes entre de bonnes mains, ici."
Je souffle longuement, essayant de me persuader de ces mots, mais j'ai beaucoup trop de mal à les croire.
Après un long silence, Marco brise enfin le calme pesant en me posant une autre question :
"Avez-vous vraiment l'envie de vous sortir de votre alcoolisme ?"
Je me surprends à écarquiller les yeux, détournant soudain le regard vers les peintures accrochées au mur derrière lui. Je n'ose pas répondre, comme si la vérité était trop douloureuse à affronter.
Il poursuit son questionnement, sondant les profondeurs de mon âme :
"Votre plus gros problème est-il vraiment l'alcoolisme, ou buvez-vous pour fuir quelque chose de plus profond que ça ?"
Je baisse les yeux vers mes converses, touché par la pertinence de sa question. Je me sens démasqué, vulnérable sous son regard perspicace. Mais je reste silencieux, incapable de trouver les mots pour exprimer la douleur qui me ronge.
Marco insiste doucement, offrant un espace sûr pour dévoiler mes tourments les plus intimes.
"Souhaitez-vous en parler ?"
Pourtant, je demeure muet, perdu dans un océan d'émotions indescriptibles, incapable de trouver le courage de plonger dans les profondeurs de ma propre détresse.
Le silence persiste, épais et oppressant, remplissant l'air de l'incertitude qui pèse sur mes épaules.
Marco, avec une bienveillance perceptible dans son regard, observe attentivement le flot d'émotions qui traverse mon visage. Je me dérobe à son regard scrutateur, cherchant désespérément à dissimuler la tourmente qui agite mon cœur.
Alors que le silence s'étire entre nous, une question innocente jaillit de ses lèvres :
"Y a-t-il des choses qui vous passionnent, Ace ?"
Cette simple interrogation est comme une étincelle dans les ténèbres de ma détresse. Les mots que j'avais soigneusement retenus, refoulés, éclatent soudainement en un torrent incontrôlable de larmes et de chagrins.
Les émotions, refoulées pendant trop longtemps, se déversent en moi, libérant toute la douleur qui avait été soigneusement enfermée dans les abysses de mon être.
Marco, témoin de mon déferlement d'émotions, semble surpris par l'intensité de ma réaction. Mais dans ce moment de vulnérabilité, je suis incapable de retenir mes paroles, mes sentiments, mes souffrances. Avec une sincérité déchirante, je m'exclame, les mots lourds de vérité :
"C'est... C'est justement ça, le problème !"
Marco reste silencieux, observant mes larmes couler sans un mot, comme s'il comprenait la profondeur de ma douleur sans avoir besoin de paroles.
Puis, dans un élan de sincérité désespérée, je m'explique, mes paroles découpées par les sanglots qui secouent mon corps meurtri :
"J'ai... J'ai brisé tous mes rêves... Je ne peux plus... Je ne parviens plus à faire ce que j'aimais..."
Le silence qui suit est presque assourdissant, comme si l'univers lui-même retenait son souffle en attendant la réponse du psychiatre. Marco prend enfin la parole, sa voix empreinte d'une douceur apaisante.
"Qu'est-ce que c'était ?, demande-t-il simplement."
Mes lèvres tremblantes s'ouvrent pour révéler la source de ma peine. Dans un murmure à peine audible, je confesse :
"Faire de la musique."
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