Soleil ou La fonte des Neiges



- Regarde, Min, on dirait un oiseau.

Hoseok me regardait, un sourire pétillant et un regard qui me faisait grincer des dents.

-Cesse de me parler comme à un enfant.

Le brouhaha incéssant s'arrêta.

Tous les regards convergèrent vers moi.

Un silence, puis la pièce entière se reconcentra. Les acteurs ne devaient jamais perdre le pas.

Ou était-ce les danseurs ? Je ne sais pas, je ne m'en rappelais pas.

Peu importe, au final le coupable c'était toujours moi.

-Excuse-moi...

Ne t'excuse pas, c'est plutot moi qui dervais me mettre à genoux devant toi pour que tu veuilles encore de moi.

Je m'en voulais de toujours te faire vivre ça, mais les mots ne sortaient pas, j'avais bien trop peur que tu ne comprennes pas.

-Tu veux faire quoi ?

Je ne sais pas. Rien. J'ai juste besoin de toi. Ca me suffira.

-Rien.

Je n'y arrivais pas. Y parviendrais-je un jour ? Je ne savais plus, je ne savais pas.

Tu soupiras, mon souffle se coupa.

Est-ce que tu allais t'énerver cette fois ?

-Très bien, c'est pas grave, on peut juste rester là.

Et de nouveau, ton sourire se montra.

Mon coeur se serra, je ne l'aimais pas celui-là. Je voulais juste te prendre dans mes bras, je voulais juste que tu sois honnête pour une fois. Que tu cesses d'uniquement te concentrer sur moi.

Mais d'un autre coté, c'était si facile d'être comme ça. Juste toi et moi, ensemble, nos mains entrelaçées si fortement jusqu'à ce qu'elles en tremblent.

C'était si facile d'être comme ça, ensemble, à faire semblant que les pièces étaient toujours complètement ancrées les unes aux autres, si fermement accrochées qu'il faudrait une explosion pour les décrocher.

C'était si facile, de faire comme si elles ne hurlaient pas qu'on les rassemble, alors qu'elles se trouvaient là, éparpillés sur le sol depuis si longtemps qu'on finissait par ne plus se rendre compte qu'on se brulait les pieds à constamment marcher dessus. Depuis si longtemps, qu'au final, il ne nous rester plus tellement de temps avant qu'elles n'oublient comment c'était, lorsqu'elles etaient encore si énamourachées, avec tellement de proximité qu'on ne pouvait plus les imaginer comme des pièces ayant chacune leur singularité.

C'était si facile, qu'au final ça me donnait envie de pleurer.

Parce que si j'étais honnête, veritablement, avec mon être, je m'avouerais sans flancher que j'étais le seul de nous deux qui faisait semblant de ne pas voir que tout était sur le point de s'écrouler.

C'était si injuste, si injuste de ma part de faire comme si de rien n'était quand tu étais là, tous les matins, agenouillé, la tête baissée, à essayer de ramasser les débris que nos terribles nuits avaient laissées. Quand je te trouvais là, tous les soirs quand je rentrais, assis en tailleur face à notre puzzle complètement délaissé, desespéré à l'idée d'un jour arriver à de nouveau tout harmoniser.

J'avais si peur d'un jour rentrer et de te trouver dans le canapé en train de regarder la télé alors que les pièces se trouvaient encore plus dérangées que quand j'étais parti travailler.

J'avais si peur de te voir abandonner que je passais chaque putain des instants de nos soirées à t'éviter parce que je ne voulais pas être celui qui y assisterait.

J'avais si peur, si peur, si peur, que j'étais tétanisé. Je n'arrivais même plus à les toucher, ces pièces détachées. Je ne faisais que les regarder, drogué à l'idée d'un jour les revoir assemblées en un tableau puant le bonheur à plein nez. Un bonheur qui un jour, il y a ce qu'il me semblait maintenant des années, nous maintenait nos sombres nuits ensoleillées.

Mais aujourd'hui, même le plus grand des soleils ne suffisait pas à éclairer suffisament notre appartement pour nous réchauffer.

Mes mains et mes pieds étaient congelés alors que je me recroquevillai un peu plus sur moi-même, la couverture sur mes épaules glisssant légèrement avant que mon compagnon ne la rattrape, le visage neutre malgré le sourire dénué de sentiments l'ornant, et qu'il ne la replace correctement sans laisser ses yeux croiser les miens, avides, quémandeurs et désormais embués.

Peut-être que cette fois-ci, c'était le sourire faussé de trop que je n'aurais jamais du laisser se créer.

Peut-être que cette fois, en cette journée de printemps au soleil rayonnant à travers nos rideaux toujours fermés, tu allais vraiment me laisser.

Mais alors que j'allais enfin me décider à parler, à laisser de côté mes peurs les plus profondes sur le point de nous achever, tu finis par me regarder.

Quelques secondes passèrent ainsi alors que je laissai mon regard troublé par mes sentiments tourbillonant incéssament se recouvrir de la chaleur du tien, brûlant d'une tendresse, d'une affection et d'un amour si puissant que je sentis les larmes me monter aux yeux et mes joues se couvrirent d'un rouge innocent.

Je ne savais pas comment tu faisais, pour te montrer toujours aussi tendre après tout ce temps.

Mais si il y avait bien une chose que je savais, bien entouré par toute cette négativité que je ne parvenais pas à contrôler, c'était qu'on s'aimait.

Et je crois que, quelque part, on s'était laissés convaincre que ça suffisait.

Je penchai un peu plus le visage vers la droite, approfondissant le contact entre nos deux peaux. Ta main raffermit sa prise sur mon epiderme brûlante en accrochant quelques mèches de mes cheveux, les tirant légèrement, et mon coeur palpitant un peu plus comme un bien heureux.

Ton regard glissa doucement de mes pupilles à mes lèvres, prenant tout son temps pour s'arrêter sur mes cils probablement humides, mes pommettes rougies, mon nez que je finissais avec le temps par trouver joli.

Tu souris, le regard si brillant d'émotions que je crus sentir mon coeur imploser.

Alors je t'embrassai.

Depuis combien de temps ne l'avais-je pas fait ?

Tu me répondis délicatement, et je savourai la sensation de ta bouche caressant la mienne en souriant.

C'était si plaisant, de te sentir de nouveau si près de moi, nos peaux se frôlant timidement avant de rapidement se complaire l'une contre l'autre alors que nous étions incapable de nous arrêter, notre souffle s'accélerant, notre organisme se nourissant du souffle que l'autre expulsait de ses poumons en tremblant.

Ca faisait si longtemps que nous n'avions pas fait véritablement l'amour que je crus mourir à plusieurs reprises, les émotions m'attaquant bien trop profondément.

Nos souffles érratiques, nos gémissements et nos je t'aime accompagnèrent bientôt les acteurs dans les loges, refermant le rideau pour se mettre à danser avec le décor, l'éclairant de leur joie d'être à nouveau à découvert en purifiant l'air. Ils dansèrent seuls un moment en hurlant, mais le rideau finit par se rouvrir et le seul spectateur par leur sourire.

Peut-être que ce soir là, il accepterait d'assister à une comédie plûtot qu'une tragedie.

Mon sourire ne me quitta pas durant de longues minutes alors que nos regards ne cessaient de s'embrasser.

Nous nous trouvions là, éssouflés, le rythme cardiaque affolé, et je me disais que ce serait une bien jolie photo à développer.

Je nous voyais bien l'accrocher dans l'entrée, au dessus du pot de roses fanées depuis des années, toujours là pour nous rappeler que le printemps vient toujours après l'hiver.

Mais notre hiver à nous, il se faisait long, n'est-ce pas ?

Si long que je doutais d'un jour le voir nous quitter.

Mais ce soir, j'avais envie d'espérer.

J'avais envie de me dire, de croire, que peut-être si le printemps finissait par arriver alors il en était de même pour les pièces détachées.

Peut-être qu'elles finiraient narurellement par se recoller, qui sait ?

Mais je n'avais plus envie d'attendre, je n'avais plus envie d'être spectateur.

Je voulais monter sur scène et jouer. Non pas jouer. Je voulais monter sur scène et t'aimer, simplement t'aimer. Comme tu le méritais.

Parce qu'au final, c'était sûrement la plus belle scène que je pouvais nous offrir en cette fin d'hiver marqué par un soleil qui ne voulait que nous réchauffer, mais qui malgré tout ne parvenait pas à convaincre la neige de décongeler.

Peut-être parce qu'au final, c'était à la neige de décider de ne plus rester figée.

Peut-être parce qu'au final, c'était à moi de tout lâcher. De m'étaler dans l'herbe mouillée sans me soucier de mes vêtement trempés. De m'allonger sur le sol et de laisser le soleil m'embraser.

Mais ça me paraissait si déplacé que je ne savais pas si je finirais par y arriver.

Je préfèrerais monter dans un fusée pour aller de moi-même jusqu'à lui pour me brûler.

-Hey, Jimin ?

Il m'éblouissait, mais j'avais encie de laisser mes lunettes pour m'en protéger sur le côté.

Peut-être que lui aussi parfois, il avait envie de se nuancer, de s'atténuer pour ne pas s'auto-brûler.

J'avais envie de l'y aider.

- Ça va aller.

Je tournai la tête sur le côté. De quoi tu parlais ?

-Toi. Tu vas bien aller.

Et parfois je me demandais si ça ne l'amusait pas de me voir pleurer.

Sûrement, mais je l'aimais.

Et c'est sûrement pour cela que ce soir-là, pour la première fois depuis des mois, quand il se brûla sous la chaleur et qu'en tombant la tasse de café bouillante se brisa, il ne fut pas le seul à se baisser pour ramasser les pots cassés.

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