Chapitre 23

Hi! J'espère que vous allez bien?

Merci infiniment pour vos nombreux commentaires sur le précédent chapitre. J'espère sincèrement que ce chapitre vous plaira, même s'il est plus court que le dernier!

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CHAPITRE 23

« Les misères de la vie enseignent l'art du silence. » -Sénèque

(Why Am I Like This?_Orla Gartland)

Harry.

Je suis amoureux. Et c'est l'une des plus belles choses et des plus effrayantes à la fois. Le prénom de Louis résonne dans ma tête comme une pensée dont on ne peut pas se séparer. Mais le pire, c'est que je ne souhaite pas la chasser. Son prénom peut résonner autant de fois qu'il le souhaite dans ma tête.

Nous sommes le premier lundi des vacances, deux jours sont passés depuis le bal d'hiver, depuis notre première nuit avec Louis chez Zayn. Deux jours que j'ai du mal à sortir du lit, comme ce matin. Parce qu'à l'instant où je ferme les yeux, j'ai l'impression de ressentir les bras de Louis autour de moi, de sentir ses lèvres dans mon cou, ses mains descendre le long de mon torse jusqu'à mon intimité.

D'entendre son je t'aime.

Jamais je ne m'étais senti aussi proche de quelqu'un physiquement. Et Louis a rendu ce moment réconfortant, doux, rassurant.

Je souris, les yeux fermés, sentant un long frisson me traverser de la tête aux pieds. Lorsque j'ouvre de nouveau les yeux, c'est pour tourner la tête vers mon téléphone et vérifier l'heure. Neuf heures. Je prends le temps d'étirer, me surprenant à sourire à la vue des rayons du soleil qui s'échappent d'entre mes volets. En décembre, en Californie, la température peut varier de dix degrés à dix-huit. Mais je crois qu'on va plus se rapprocher des dix-huit cette semaine.

En sortant du lit, j'évite soigneusement du regard mes affaires de cours affaler sur mon bureau. On a beaucoup de devoirs pour ces vacances et je n'ai aucune motivation. Je sais que, à partir de la rentrée, tout va s'accélérer. On sera en Janvier, on va nous parler des études supérieures, de là où on souhaite aller, ce qu'on souhaite étudier, et je n'en ai aucune idée. J'ai déjà perdu avant le départ d'Aimée mais, depuis son décès, j'ai du mal à voir plus loin que demain. Du mal à m'imaginer dans le futur, à m'imaginer une vie d'adulte. En fait, je n'arrive pas encore à accepter que la vie continue sans elle.

Ça va faire huit mois qu'elle est partie. Je l'imagine encore rentrer à la maison. A notre maison à Manchester et nous appeler pour nous demander où est-ce qu'on est passé.

Mon coeur se serre à cette pensée et je soupire longuement avant d'ouvrir mes volets, plissant les yeux lorsque la lumière de l'extérieur rentre totalement dans ma chambre. A cette période de l'année, à Manchester, on avait de la neige. On savait que Noël arrivait. J'ai du mal à réaliser que Noël est dans quelques jours. Le premier sans Aimée. Je ne sais même pas si on va le fêter. Il n'y a rien à fêter cette année. Seulement des choses à pleurer.

Mon téléphone vibre sur ma table de chevet et le sms qui s'affiche réussit à me faire retrouver le sourire.

De Louis: Zayn est parti ce matin pour les vacances chez sa famille et...il a embarqué MON chargeur.

De Harry: Ton chargeur va + voyager que toi.

De Louis: Merci pour ton soutien.

De Harry: Je te prêterais un chargeur, j'en ai deux.

De Louis: MERCI.

De Harry: On se voit aujourd'hui? Pour que je te le donne?

De Louis: J'ai des trucs de prévu avec Lucia aujourd'hui... Je passerais peut-être dans la soirée ou demain. J'économiserais ma batterie en attendant.

J'essaie d'ignorer cette pointe de déception qui me fait perdre mon sourire. C'est normal que Louis ait prévu de profiter de ces vacances avec sa soeur. On s'est jamais dit qu'on les passerait ensemble. Mais c'est ce que je m'étais imaginé tout seul. La journée me paraît soudainement fade lorsque je l'imagine sans lui. Et les vacances aussi.

Je réponds tout de même qu'il n'y a pas de soucis avant de sortir de ma chambre, portant seulement mon jogging de pyjama. Lorsque j'arrive dans le salon, mes parents sont là. Je ne suis pas surpris de voir ma mère, son médecin l'a mise en arrêt maladie pour qu'elle puisse consulter régulièrement sa nouvelle psychologue et se reposer psychologiquement. Par contre, je suis surpris de voir mon père.

-« Papa? Tu ne travaillais pas aujourd'hui? » Je demande en me dirigeant vers l'ilot centrale de la cuisine où ma mère se trouve avec le journal et une tasse de thé.

Mon père me suit jusqu'à la cuisine et échange un regard complice avec ma mère avant de me répondre:

-« J'ai prit ma journée. »

Je hoche la tête, qu'à moitié surpris finalement. Mon père se donne beaucoup plus de liberté depuis la dernière grosse discussion que nous avons eu tous les trois. Il veut être présent pour ma mère, pour moi, et s'occuper de lui aussi. Lorsqu'il n'est pas à la banque pour le travail, il reste à la maison et va régulièrement faire du sport avec le voisin d'en face.

-« Tu veux du thé? » Me propose ma mère.

Je hoche la tête et lui fait signe de rester assise, que je vais me servir. Ce que je fais en m'appuyant contre un meuble de la cuisine pendant que je me serre une tasse. La cuisine est étonnement calme. Mon père, qui fait normalement la discussion, se contente de cacher un sourire derrière sa tasse de café en échangeant des regards avec ma mère. Je fronce légèrement les sourcils, surpris, même si je devrais plutôt me réjouir qu'aujourd'hui fasse parti des jours où ils ont le sourire.

Une fois ma tasse en main, je préfère m'installer contre la fenêtre pour être au soleil. Je m'accoude au mur, regardant les voitures passer dans notre quartier. Ici, toutes les maisons ne possèdent pas de clôture. C'est un détail qui m'a surpris en arrivant ici. Notre maison en a, nous avons même un petit portail, comme on avait à Manchester. Mais nos voisins d'en face n'ont rien pour séparer leurs jardins.

Alors que je suis en pleine réflexion autour de simples clôtures , une voiture arrive dans le quartier. Mes yeux s'ouvrent un peu plus et, instinctivement, je demande lentement à mes parents:

-« Vous avez prévu quelque chose pour aujourd'hui?

-Oui, on t'emmène quelque part!

-Où est-ce qu'on va?

-Surprise!

-Et depuis quand Louis et Lucia sont vos complices? »

Mes parents me regardent avec de grands yeux avant de sourire, voir même de rire pour mon père. Je comprends alors que j'ai fait le bon rapprochement. Un sourire s'affiche sur mes lèvres tandis que je regarde de nouveau derrière la fenêtre où la voiture de Louis est en train de se garer devant chez nous. Mes parents qui préparent une surprise, Louis qui me dit qu'on ne pourra pas se voir aujourd'hui mais qui est maintenant devant chez moi, tout était préparé.

Je vois Louis et Lucia sortir de la voiture en souriant et je réalise au même moment que je suis encore en pyjama, les cheveux en pétard et que je ne me suis pas encore lavé les dents. Bon, Louis m'a déjà vu au réveil pas plus tard qu'il y a deux jours mais je me sens obligé de partir en courant en direction des escaliers.

-« Harry! » S'exclame mon père en me voyant partir.

-« Ouvrez-leur, j'arrive! » Je cri depuis l'étage.

J'entends les rires de mes parents, rapidement suivi par les voix de Louis et Lucia qui leur dit bonjour. En même temps que je me donne un coup d'eau avec du savon et me lave rapidement les dents, j'entends Louis présenter Lucia avant qu'ils ne parlent plus doucement. Je les soupçonne de parler de la fameuse surprise. Mais quelle surprise? Ce n'est pas mon anniversaire et nous ne sommes pas encore le vingt -cinq décembre.

Avant de descendre à nouveau, j'enfile un t-shirt. En même temps que je descend les escaliers, je me rapproche de Louis qui relève la tête en me voyant arriver. Il me sourit tendrement tandis que je pourrais rougir face aux pensées, du moins les souvenirs, qui m'ont traversés au réveil. Lorsque j'arrive face à Lucia et lui, je salue gentiment Lucia qui a attaché ses cheveux dans une longue tresse.

-« Salut.

-Hey. » Me répond Louis.

On se regarde sans savoir quoi faire devant mes parents et Lucia. Ils savent qu'on est ensemble mais je sais aussi que Louis est pudique alors je n'ose pas lui imposer quoi que ce soit. Voyant qu'il ne se rapproche pas de moi non plus pour m'embrasser, je me contente de lui sourire avant de me tourner vers mes parents:

-« Je peux savoir où on va maintenant? »

Mes parents partagent un sourire et c'est finalement mon père qui répond:

-« Tu verras lorsqu'on arrivera.

-Tu devrais aller te préparer. » Continue ma mère.

-« Mais je dois m'habiller comment? Il y a des vêtements à éviter? » Je demande, complètement perdu.

Mes questions font légèrement rire Louis qui tente de cacher son sourire amusé derrière sa main.

-« Non, tu peux t'habiller comme d'habitude. » Rit ma mère.

Je hoche la tête et me dirige vers les escaliers pour la énième fois en moins de dix minutes. Mais je m'arrête soudainement au milieu des marches, hésitant avant de me retourner vers mes parents, Louis et Lucia. Ces derniers relèvent la tête en me voyant les regarder et je plante mon regard dans celui de Louis avant de lui dire d'un air détaché:

-« Tu veux venir vérifier si mon chargeur va avec ton téléphone? »

Je sais très bien qu'il va avec son téléphone, je lui ai déjà prêté lorsqu'il venait à la maison. Mais c'est juste une excuse pour l'avoir rien que pour moi le temps de quelques minutes. Louis semble comprendre mon idée puisqu'il sourit légèrement avant de me répondre:

-« Ouais, je te suis. »

Je me pince les lèvres pour cacher le plus grand sourire qui tente de me trahir et je manque de rougir en croisant le regard amusé de Lucia. Mes parents lui proposent quelque chose à boire en attendant et elle accepte en les suivant jusqu'à la cuisine.

Louis et moi nous dirigeons donc jusqu'à ma chambre et, une fois à l'intérieur, je me retourne vers lui en souriant.

-« Tu es un bon menteur. » Je lui dit en montrant mon téléphone et nos derniers messages.

Louis sourit fièrement avant de répondre tout en fixant le téléphone:

-« Je suis doué pour garder les secrets.

-Je devrais m'inquiéter? » Je lui demande en riant.

En même temps que je lui pose cette question, je m'approche de mon lit pour rabattre les draps et faire comme s'il était vraiment fait. Sauf que je n'entends pas le rire de Louis et qu'il ne me donne aucune réponse. Je relève mon regard vers lui pour le voir le regard perdu dans le vide et lui-même perdu dans ses pensées.

-« Louis?

-Alors, tu as une idée d'où on va? » Il me répond, ignorant ma dernière question.

Mon estomac se noue légèrement. Je sais que Louis a des secrets. Je ne sais pas pourquoi il ne s'entend pas avec sa mère et son beau-père, par exemple. Je sais que c'est assez grave pour qu'il vienne vivre chez Zayn et pour qu'il déteste Andy aussi. Ce n'est pas parce que je ne lui en parle pas que je n'y pense pas. J'aimerais en savoir plus, c'est vrai, au moins pour l'aider. Mais je lui ai promis qu'il n'était pas obligé de me confier quoi que ce soit s'il ne s'y sentait pas prêt.

Je décide d'ignorer à mon tour sa question, mais pas pour la même raison. Je l'ignore en m'approchant de lui, sentant mon coeur s'emballer lorsque mes mains viennent prendre en coupe son visage. Surpris, Louis me sourit doucement. Mais son sourire est aussi désolé. Parce qu'il sait que j'ai compris la réponse à ma propre question. Oui, je devrais sûrement m'inquiéter.

Je déglutis difficilement avant de fondre sur ses lèvres. Louis répond tendrement à mon baiser, enroulant ses bras autour de ma taille pour me rapprocher encore plus de lui. Mes pouces caressent ses joues tandis que mon souffle se mêle au sien. La baiser est doux, tendre, réconfortant encore une fois. Je veux juste lui faire comprendre que je suis là. Même si c'est horriblement frustrant de savoir que quelque chose ne va pas mais que celui qu'on aime préfère garder le silence.

Et le silence de Louis ressemble aux armures incassables qu'on rêve de porter lorsqu'on est petit.

Parce qu'on ne sait pas encore que l'armure nous protège mais fait aussi de nous une cible.

Qu'on aurait pas besoin de la porter si nous n'étions pas en danger.

Louis se protège avec ce silence. Mais se protège de quoi? C'est ça que j'ignore. Je me retiens de soupirer à ces pensées et décide de prendre sur moi pour sourire lorsque nos lèvres se séparent. Louis me sourit aussi avant de me dire en resserrant un peu plus ses doigts contre mes hanches:

-« Zayn m'a dit avant de partir que tu pouvais venir dormir à la maison quand tu veux pendant les vacances.

-Oh... »

Mon coeur mais aussi mon corps se réchauffent aux souvenirs de notre dernière nuit ensemble et je pourrais sentir mes joues rougir. Je crois que Louis est dans le même état que moi mais il arrive à faire comme s'il n'en était rien.

-« Je viendrais, alors. » Je réponds finalement.

Louis sourit à ma réponse avant de me lâcher pour me laisser partir choisir mes vêtements. Je prends un boxer, un jean noir, un t-shirt simple et un sweat jaune pastel que ma mère m'avait offert il y a un moment mais que je n'ai pratiquement jamais porté. Je n'aime pas trop porter de la couleur d'habitude mais, je sais pas, je me dis que cette journée mérite de la couleur.

Lorsque je me retourne vers Louis, tous mes vêtements dans les bras, je me sens bête de lui demander, peu sûr de moi:

-« Euh... Je peux me changer ici ou tu veux que j'aille dans la salle de bain?

-Tu peux te changer ici, je vais me retourner. » Il me répond simplement en se tournant dos à moi.

Je ris légèrement en le voyant comme ça et, en même temps que je retire ce que je porte, je me surprend à lui dire:

-« C'est pas comme si tu ne m'avais jamais vu nu.

-C'est vrai. » Il répond toujours dos à moi. « Mais c'est mieux que je me retourne, cette fois.

-Pourquoi...?

-Pour qu'on ne soit pas en retard. »

Je comprends immédiatement le sous-entendu et heureusement que Louis ne peut pas voir la façon dont mon visage se déforme sous la surprise et le désir à la fois. Je déglutis difficilement et Louis rit en n'entendant aucune réponse de ma part. Je lui tend alors mon majeur, qu'il ne peut pas voir, avant de rire à mon tour en enfilant mes vêtements de la journée.

-« C'est bon. » Je lui dit en mettant mon pyjama dans ma corbeille de vêtements sales.

Louis se tourne vers moi et sourit en s'approchant pour attraper le bout de mon sweat en disant:

-« Il te va bien.

-Merci. »

Je souris doucement en retour et mon sourire s'étire un peu plus lorsque Louis vient m'embrasser, caressant ma nuque du bout des doigts avant de s'écarter et de laisser glisser sa main jusqu'à la mienne. Il l'attrape le temps de quelques secondes et je souris à ce touché, baissant la tête pour voir nos mains enlacées. J'aimerais que ça puisse être aussi simple au lycée aussi. Juste sa main dans la mienne.

-« N'oublies pas de me donner ton chargeur. » Il dit, me sortant de ses pensées.

-« Ouais, ça serait pas crédible si tu repars sans. » Je ris en m'éloignant de lui.

Je récupère rapidement le chargeur en question avant de lui tendre. Il me remercie en le mettant dans son éternel sac à dos qu'il ne quitte jamais. On s'échange un regard et je ne peux m'empêcher de sourire lorsque Louis vient m'embrasser une dernière fois avant que nous sortions de la chambre.

Lorsqu'on arrive dans la cuisine, je vois Louis s'arrêter pour fixer la scène qui se déroule sous ses yeux. Mes parents en train de rire avec Lucia, lui posant des questions sur ce qu'elle veut faire plus tard, sur ce qu'elle aime dans la vie. Le sourire de Louis disparaît avant de réapparaître plus tristement. Quant à moi, je sens mon coeur se serrer et se réchauffer en même temps.

La vie est si cruelle d'avoir retiré à mes parents leur fille.

De m'avoir retiré ma soeur.

Ouais, la vie n'a pas écouté lorsque ma soeur racontait ce qu'elle voulait faire plus tard.

Et je n'ai pas su le voir, lorsque ma soeur ne voulait justement plus de ce plus tard.

(Loving You_Seafret)

-« Au fait, comment va Zayn? Par rapport à Ava? » Je demande à Louis alors qu'on est dans la voiture.

Et qu'on roule jusqu'à je ne sais où. Mon père conduit et ma mère se contente de regarder plusieurs fois le GPS sur son téléphone, me faisant comprendre que c'est un lieu où on ne s'est jamais rendu. Ce qui n'est pas étonnant puisqu'on a pas vraiment visité la Californie depuis qu'on est arrivés. On connait la plage et notre quartier.

Sur la banquette arrière, je me retrouve entre Lucia et Louis qui me répond avec une grimace:

-« Il ne m'en a pas reparlé du week-end, mais je vois bien qu'il est mal. Il ne pourra pas être seulement ami avec Ava, je crois. Il l'aime vraiment bien.

-Je suis sûr qu'elle l'aime bien aussi. » Je ne peux m'empêcher de répondre. « Ça se voit!

-Peut-être, mais elle a bien été clair avec lui après leur baiser. C'est pas possible selon elle.

-Elle se met des barrières toute seule par rapport à ce qui lui est arrivé. » Je murmure tristement.

Louis se pince les lèvres en hochant la tête. On est vraiment mal placé pour blâmer Ava. On a fait que ça, se rapprocher et se rejeter. Et ce serait mentir de dire que je n'ai pas peur que ça recommence. Que Louis fasse comme Ava. Qu'il estime que ses secrets, ses problèmes que j'ignore, soient plus forts que notre relation.

-« Mais du coup t'invite Zayn et Ava à ta fête d'anniversaire? » Intervient soudainement Lucia en regardant Louis.

Ce dernier lui fait les gros yeux tandis que les miens s'écarquillent. Comment ça sa fête d'anniversaire? Je tourne violemment la tête vers Louis pour lui demander:

-« Attends, mais c'est quand ton anniversaire?

-Le vingt-quatre décembre. » Il marmonne en regardant Lucia qui sourit, plus amusée que désolée.

-« Tu comptais pas m'inviter?

-Quoi?Mais non c'est pas ça ! » Me répond Louis. « Je compte pas faire de fête tout court. C'est Lucia qui se met ça en tête.

-Je propose juste de fêter son anniversaire en même temps que le jour de l'an! Comme ça tout le groupe de soutien pourra être présent!

-C'est une bonne idée. » Je souris en me rangeant du côté de Lucia.

Louis nous regarde à tour de rôle avant de soupirer et de s'enfoncer un peu plus dans son siège. Ça attire l'attention de ma mère qui se retourne pour demander à Louis:

-« Quel âge vas-tu avoir, Louis?

-Dix-neuf ans. J'ai redoublé l'année dernière.

-Comme Harry. » Remarque mon père.

Je hoche simplement la tête. Inutile de préciser pourquoi j'en suis à ma seconde dernière année de lycée. Le décès de ma soeur. Je ne me présente même pas aux examens. On emménage ici. Je recommence ma dernière année. Et je croise un gars aux yeux bleus sur un toit.

-« On doit lui préparer une fête d'anniversaire pendant le jour de l'an. » Me chuchote Lucia.

-« C'est évident. » Je lui répond de la même façon.

-« Je vous entends. » Intervient Louis en se penchant vers nous.

Lucia et moi rions et je pousse Louis vers la portière, ce qui finit par le faire rire aussi. Je réalise au même moment que je dois maintenant lui trouver un cadeau de Noël et un cadeau d'anniversaire. Je n'ai aucune idée de ce que je peux lui offrir.

Et je n'ai pas vraiment le temps d'y penser maintenant puisque je remarque que mon père s'insère dans un parking. Je vois alors l'enseigne de l'établissement en plein air devant nous. Mais, surtout, j'entends les aboiements derrière.

Nous sommes à la SPA.

Je me souviens maintenant de la conversation que nous avons eu il y a quelques temps. Sur le fait que mes parents aimeraient adopter un chien. Parce qu'ils savaient qu'on en avait toujours voulu un avec Aimée.

-« Surprise...? » Lance ma mère lorsqu'on sort tous de la voiture.

Je souris doucement, ne sachant pas comment réagir. Je ne sais même pas ce que je ressens. De la joie à l'idée d'avoir un chien, de donner une seconde chance à un animal qui attend une famille, et à la fois de la tristesse de vivre ça sans Aimée. Louis semble le comprendre puisque je sens sa main caresser mon dos lorsqu'on se met à avancer vers l'accueil.

-« Ça va? » Il me demande discrètement.

-« Je crois. » Je souris doucement en hochant la tête.

Rapidement, une bénévole vient vers nous pour nous accueillir. Mes parents ont apparement déjà envoyé un mail pour prévenir la SPA que nous allions passer. Ils en ont profité pour remplir une fiche en ligne sur notre situation et notre maison. La SPA sont au courant que nous avons une maison avec jardin, pas d'enfants en bas âge, pas d'autres animaux, que nous sommes principalement à la maison, surtout maintenant que ma mère est en arrêt et que mon père favorise le télétravail dès qu'il peut.

-« Est-ce que vous avez tranche d'âge précise pour le chien?

-Non.

-Une race précise?

-Je m'en fiche, de la race. » Je réponds à la bénévole.

Elle sourit alors en hochant la tête.

-« Je suis heureuse de l'entendre. Certains chiens ici ne sont pas adoptés seulement parce que des familles cherchent une race avant tout, ne prenant pas la peine de rencontrer les chiens.

-C'est idiot. » Pouffe Louis en levant les yeux au ciel.

Et je suis bien d'accord avec lui.

-« Pour terminer, est-ce que vous avez une préférence pour le sexe de l'animal? Mâle, femelle?

-Je pense qu'on s'en fiche. » Dit mon père en nous regardant.

Ma mère et moi hochons la tête puis la bénévole nous invite à la suivre. Avec nos informations, elle a fait une pré-sélection. On passe devant plusieurs cages et je vois Lucia faire une petite moue avant de dire à Louis qu'ils devront impérativement venir adopter un chien plus tard, lorsqu'ils habiteront ensemble. Louis sourit en hochant la tête tandis que je note que Lucia ne compte pas continuer de vivre chez leurs parents.

On nous présente plusieurs chiens et c'est horriblement dur de faire un choix. J'ai envie de tous les prendre, de tous les câliner et leur promettre une maison. Être ici me fait mal au coeur mais j'essaie de me réconforter en voyant les nombreux bénévoles s'occuper des chiens comme si c'était les leurs.

-« Il y en a un que tu penses choisir, mon chéri? » Me demande ma mère.

-« Je sais pas, je...

-Kaly! »

Je sursaute lorsque deux grands pattes atterrissent sur moi, me bousculant au passage. Je tourne alors la tête pour atterrir dans les petits yeux marrons d'un chien qui me regarde avec un bâton dans la gueule. Il est beige et me fait penser à un labrador mais je crois qu'il est croisé avec une autre race. La bénévole qui nous accompagnait jusqu'à maintenant se met à rire en voyant son collègue courir vers nous.

-« Désolé, Kaly s'est enfuie de sa cage lorsque je l'ai ouverte!

-Je crois qu'elle veut jouer. » Remarque Lucia.

Et, effectivement, Kaly continue de me regarder en bougeant la queue avant de se remettre sur ses quatre pattes pour déposer le bâton à mes pieds. Je ne peux m'empêcher de sourire, sentant mon coeur se réchauffer lorsque j'attrape le bâton pour lui lancer. Elle part immédiatement le chercher avant de me le ramener et de le déposer à nouveau à mes pieds.

-« T'as peut-être pas à choisir, finalement. » Dit doucement ma mère.

Louis la regarde en hochant la tête avant de rajouter:

-« C'est elle qui t'a choisi. »

Je ne peux m'empêcher de sourire en hochant la tête. Il y a quelque chose qui se passe et que je ne pourrais pas expliquer. Je regarde Kaly et il m'est impensable la seconde d'après de la laisser seule derrière moi, sans personne pour lui lancer son bâton. Je m'accroupis vers elle et tend ma main vers son museau. Elle me renifle durant de longue secondes avant de lécher mes doigts et de se coller à moi pour réclamer plus de caresse. Lorsqu'elle tire la langue, on dirait qu'elle sourit.

Les deux bénévoles nous regardent en souriant, tout comme mes parents, Lucia et Louis.

-« Elle a quel âge? » Demande mon père en caressant la tête de Kaly.

-« Cinq ans. Elle est joueuse, a besoin d'un jardin et est très affectueuse. Elle a besoin d'une présence, ça correspond à vos critères.

-Depuis combien de temps elle est là? » Je demande.

-« Depuis huit mois, elle est arrivée en avril. »

Mon coeur rate quelques battements et je croise immédiatement le regard de mes parents. Le sourire de ma mère se crispe tandis que mon père se fige quelques secondes avant de se remettre à caresser Kaly, un sourire triste sur les lèvres. Ce mois ne représente que de la douleur dans notre vie, et dans celle de Kaly aussi apparement.

-« On sait pourquoi elle a été abandonnée? » Je demande alors que Kaly s'allonge sur le dos pour que je lui caresse le ventre, me faisant rire.

-« C'est le voisin de l'ancien propriétaire qui nous a prévenue qu'elle passait ses journées enfermée sur un balcon minuscule où elle était obligée de rester assise. Lorsqu'on a voulu aller la secourir, le propriétaire était presque content de s'en débarrasser. Il l'avait acheté lorsqu'elle était encore qu'un chiot en cadeau pour son ex. Lorsque cette dernière l'a quitté, Kaly n'était plus un petit chiot mignon alors, vous comprenez, elle n'avait plus rien d'un cadeau à ses yeux. Il l'enfermait sur le balcon, ne la nourrissant qu'à peine. On soupçonne de la maltraitance puisque, la première fois qu'on a tendu un bâton vers elle pour lui lancer, elle s'est figée et s'est allongée en faisant pipi. On aurait dit qu'elle avait peur qu'on la frappe avec.

-Comment les gens peuvent être aussi cons. » Marmonne Louis en s'accroupissant pour caresser Kaly à son tour.

Je souris tristement, d'accord avec ses propos. Il me lance un regard avant de retrouver le sourire et de me murmurer:

-« Je crois qu'elle ne va recevoir que de l'amour désormais. »

Je hoche directement la tête, signe que mon choix est fait. Je me redresse pour regarder mes parents qui comprennent directement. Ils me sourient et ma mère s'avance pour m'embrasser la joue avant de déposer un baiser sur la tête de Kaly qui la lèche en retour, nous faisant rire. La bénévole nous propose une promenade en sa compagnie, pour voir si le courant passe même si c'est une évidence.

Durant la promenade, Kaly ne fait que tourner autour de mes jambes pour que je lui lance son bâton. Mes parents ne peuvent s'empêcher de la câliner, tout comme Lucia qui court avec elle dans le grand pré qui entoure la SPA. Je ne peux m'empêcher de rire lorsque Kaly fonce soudainement vers Louis, manquant de le faire tomber.

Une fois la balade terminée, on retourne devant la cage de Kaly. Mais il est hors de question qu'elle y retourne.

-« On l'adopte. » Je dis à la bénévole.

-« T'as entendu ça ma belle? Tu rentres à la maison! » Dit la bénévole en caressant Kaly qui bouge la queue en tirant la langue.

Nous rejoignons l'accueil de la SPA où nous choisissons un collier et une laisse rouge. Enfiler le collier à Kaly est assez symbolique puisqu'elle laisse derrière elle celui de la SPA. Mon père s'occupe de leur acheter des gamelles et des croquettes, ma mère s'occupe des papiers d'adoption tandis que Louis me dit:

-« Je vais lui prendre des jouets.

-T'es pas obligé de...

-Je lui prends des jouets. » Il me coupe avec un sourire décidé.

Mon coeur se réchauffe et Louis me fait signe de le suivre avec Kaly. Lucia est trop occupée à caresser un chat à l'accueil. On arrive devant la grille où sont accrochés toutes sortes de jouets et Louis attrape d'abord une balle pour la montrer à Kaly.

-« Celle-là te plairait? » Il lui demande.

Pour toute réponse, Kaly s'assoit, ne lâchant pas la balle des yeux. Louis et moi rions et je décide de lui prendre, en plus du cadeau de Louis, une corde solide avec des noeuds. Ma mère parle déjà de lui en prendre d'autre lorsqu'elle ira faire les courses et je sais que Kaly va être très gâtée dorénavant.

-« Merci infiniment pour elle. » Nous dit la bénévole en faisant un câlin à Kaly pour lui dire au revoir. « Donnez nous des nouvelles par mail!

-Bien-sûr! On vous enverra des photos! » Répond mon père en souriant.

Après avoir remercié la SPA ,et leur avoir laissé un don afin qu'ils puissent financer le bien être des autres animaux, nous nous dirigeons vers la voiture. Kaly monte avec Lucia, Louis et moi à l'arrière et inutile de préciser que nous sommes bien serrés. Mais ça nous fait plus rire qu'autre chose. Kaly joue avec la balle de Louis, sa tête sur mes genoux, allongeant le reste de son corps sur Louis. Lucia, elle, tente d'éviter les coups de queue que Kaly menace de lui donner.

Je souris tendrement en regardant Kaly avant de me pencher vers elle pour lui murmurer:

-« Aimée aussi, tu l'aurais choisie. »

(Iris_Ben Hazlewood)

-« Bienvenue chez toi, Kaly! » Lance mon père en décrochant sa laisse.

Nous entrons avec elle dans notre jardin et, pendant que je referme le portail, je remarque que Kaly renifle de partout, marchant lentement. On reste immobiles, la regardant simplement faire. Elle a toujours la balle de Louis dans la gueule. Je m'approche d'ailleurs de ce dernier qui sourit tendrement en me voyant à ses côtés.

Puis, soudainement, Kaly lâche la balle pour sauter sur un bâton et le brandir fièrement.

-« Hey, ma balle! » S'exclame Louis, faussement outré.

-« Tu aurais plutôt dû lui offrir un tas de bâtons. » Pouffe Lucia en tapotant l'épaule de son frère.

Mes parents et moi ne pouvons nous empêcher de rire à cette scène tandis que Kaly se met à courir dans tous les sens, appréciant apparement son nouveau jardin. Elle en fait le tour avant de revenir vers nous pour déposer son bâton à mes pieds. Je m'empresse de lui lancer et elle court à toute allure pour le récupérer tout en sautant. Un sourire illumine alors mon visage mais aussi celui de mes parents. Ça faisait longtemps qu'on avait pas sourit aussi sincèrement, tous les trois.

-« Il est à moi! Hop! » Lance mon père en attrapant le bâton de Kaly.

Cette dernière se met alors à lui courir après, sous les rires de ma mère. Mon père remarque que Lucia rit aussi et lui fait alors signe de la rejoindre. La soeur de Louis semble hésiter jusqu'à ce que son frère lui donne un coup d'épaule, l'encourageant à y aller. Et c'est seulement lorsque je vois la soeur de Louis rire et courir avec mon père et Kaly que je réalise qu'elle est jeune, très jeune, mais que sa maturité nous le fait oublier.

Lorsque ma mère se permet finalement d'aller jouer avec Kaly, j'ai l'impression que mes yeux peuvent se mettre à piquer à tout moment. Je déglutis difficilement, tentant de faire partir cette envie de pleurer. Je suis heureux et triste à la fois. Heureux de nous voir comme ça et triste de réaliser qu'on essaie d'aller de l'avant parce qu'on commence à comprendre que Aimée ne reviendra pas, jamais.

Mais, tendrement, des doigts viennent effleurer les miens. Je baisse la tête pour voir la main de Louis chercher la mienne jusqu'à doucement l'attraper. Je souris à ce geste, surpris qu'il veuille bien le faire devant mes parents. Louis, qui regardait nos mains jusqu'à maintenant, relève la tête vers moi en souriant doucement.

Puis il regarde sa soeur jouer avec mes parents et mon coeur se serre lorsqu'il m'avoue:

-« J'aurais aimé que Lucia grandisse avec des parents. »

Je me pince les lèvres. Louis nous a avoué, lors de la dernière réunion du groupe de soutien, que son père était en prison. Sans en dire plus. Sans nous dire pourquoi. Je n'en sais pas plus sur sa mère ni sur son beau-père, à part que ce dernier à Andy comme fils. Aux propos de Louis, je comprends que leur mère ne doit pas être beaucoup présente non plus. Mais il en parle qu'à travers Lucia. Comme s'il était désolé seulement pour elle. C'est pourquoi je ne peux m'empêcher de lui répondre:

-« Et j'aurais aimé que tu grandisses aussi avec des parents. »

Surpris, Louis tourne la tête vers moi et, avant qu'il ne me réponde, je reprends:

-« Je commence à comprendre que vos parents ne sont pas présents comme vous l'aimeriez, mais tu en parles comme si Lucia était la seule victime de tout ça. Je sais que tu souhaites la protéger mais qui te protèges, toi? »

Louis ouvre la bouche avant de la refermer pour se pincer les lèvres, les traits de son visage se figeant autant que ses doigts autour des miens.

-« Personne. Parce que tu ne laisse personne te protéger. » Je murmure alors en caressant sa peau avec mon pouce.

Louis me regarde un instant avant de baisser la tête, ne rajoutant rien de plus. Je sais qu'il est perdu dans ses pensées, et que ce n'est pas aujourd'hui non plus qu'il réussira à m'en dire plus, à me raconter son histoire. Je soupire alors discrètement avant de lui serrer la main pour attirer son attention. Il relève la tête vers moi, d'un air désolé, mais je ne lui laisse pas le temps de s'excuser. Je me penche pour l'embrasser. Un doux mais rapide baiser, par peur de le mettre mal à l'aise devant mes parents.

Pourtant, lorsque j'écarte légèrement mon visage, Louis regarde mes parents, Kaly et Lucia avant de me regarder à nouveau. Son regard passe de mes yeux à mes lèvres et je sens sa main se faire plus moite dans la mienne. Puis ses lèvres se retrouvent de nouveau sur les miennes. Louis m'embrasse passionnément et doucement à la fois. Parce que la passion, je la ressens dans cette nouvelle barrière qu'il laisse tomber. Parce que c'est comme ça avec Louis. Il ne sait pas lui-même lorsqu'il arrivera à franchir une étape de plus, il ne sait pas quand est-ce que son coeur se sentira prêt à se confier. Il s'est construit la plus solide des armures et rares sont les fois où il me laisse atteindre sa peau.

Il pense se battre seul. Il pense pouvoir cacher ses regards de tristesse lorsqu'il regarde Lucia avec mes parents. Il pense pouvoir cacher cette douleur que je ressens à travers nos baisers. Il pense pouvoir éterniser ce silence pour berner les gens qu'il aime, faire croire que tout est sous contrôle, qu'il peut tout arranger lui-même.

S'il savait.

S'il savait à quel point je n'ai aucune armure sur moi.

Mais que, malgré ça, la personne qui s'est promis de le protéger, c'est moi.

MAIL À LA SPA:
Petit message pour vous dire que Kaly est bien arrivée à la maison. Et qu'elle ne lâche déjà plus Harry! Merci pour ce que vous faites pour eux.


...

J'espère que ce chapitre vous aura plu..?

Nouveau petit personnage, Kaly! Vous allez souvent la voir maintenant!

Harry se pose de plus en plus de questions sur les secrets de Louis...

Et Noël approche!

Je vous remercie encore infiniment pour tout et vous envoie tout mon amour. A très vite pour le prochain chapitre!

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